17/03/2006
Considérations sur le malheur arabe
Considérations sur le malheur arabe
Samir Kassir
Editions "Actes Sud"
Partout la nostalgie d'une gloire fantasmée se double d'une impuissance citoyenne.
Egypte : "bureaucratie qui combine les désavantages du capitalisme d'Etat et l'ultralibéralisme. Le vrai pouvoir réside dans l'institution militaire. Népotisme qui a multiplié les voiles sur les têtes et les contraintes sur la liberté de pensée."
Soudan : "extraordinaire dilapidation des richesses naturelles".
Lybie : "société fermée sous surveillance policière".
Maroc : "accaparement des richesses".
Tunisie : "société encagée ; pratiques mafieuses qui gangrènent la croissance."
Algérie : "régime qui n'a de civil que la devanture ; enrichissement de la caste au pouvoir ; répression génératrice de guerre civile"
Irak : "dilapidation des richesses ; violence aveugle qui se justifie par le messianisme religieux."
Syrie : "sous l'éteignoir depuis 40 ans ; asséchée par les réseaux mafieux ; Lybie sans le pétrole."
Liban : "la guerre a privé le monde arabe de l'un de ses laboratoires de modernité."
Yémen : "zone de non droit régentée par des clans."
Emirats arabes : "la modernisation reste un trompe l'œil".
Arabie Saoudite : "train de vie somptuaire de 7.000 princes face à une population où la pauvreté ne se cache plus."
Partout le recours à la religion canalise la frustration face à l'échec des Etats et l'absence de démocratie.
Alors que dans les années 60 "le voile était devenu suffisamment rare pour être remarqué, avec la richesse pétrolière le monde arabe a été rattrapé par l'arriération des pays de la péninsule arabique."
Samir Kassir
Editions "Actes Sud"
Historien, enseignant, journaliste, éditorialiste, Libanais, Sami Kassir s'est fait connaître du grand public pour la pire des raisons : il a été assassiné, probablement par des agents à la solde du régime syrien qu'il dénonçait avec virulence.
Historien, Samir Kassir se plonge dans le mythe de "l'âge d'or" arabe sur lequel s'appuient les fondamentalistes religieux, et son corolaire : la "renaissance", par le retour à la "pureté originelle".
Partout la nostalgie d'une gloire fantasmée se double d'une impuissance citoyenne.
Bien entendu, le problème palestinien est au cœur du "malheur" arabe, impuissant à changer le rapport de forces face à un Etat israélien disposant de l'arme nucléaire et adossé à la superpuissance américaine.
S'assumer comme victime permet de gagner le paradis, ce qui fait les beaux jours de l'islamisme radical devenu majoritaire au sein de la résistance palestinienne, alors que le "kamikaze" n'appartient pas à la culture historique arabo-musulmane.
Journaliste, Samir Kassir passe en revue les différents Etats arabes, sans concessions :
Egypte : "bureaucratie qui combine les désavantages du capitalisme d'Etat et l'ultralibéralisme. Le vrai pouvoir réside dans l'institution militaire. Népotisme qui a multiplié les voiles sur les têtes et les contraintes sur la liberté de pensée."
Soudan : "extraordinaire dilapidation des richesses naturelles".
Lybie : "société fermée sous surveillance policière".
Maroc : "accaparement des richesses".
Tunisie : "société encagée ; pratiques mafieuses qui gangrènent la croissance."
Algérie : "régime qui n'a de civil que la devanture ; enrichissement de la caste au pouvoir ; répression génératrice de guerre civile"
Irak : "dilapidation des richesses ; violence aveugle qui se justifie par le messianisme religieux."
Syrie : "sous l'éteignoir depuis 40 ans ; asséchée par les réseaux mafieux ; Lybie sans le pétrole."
Liban : "la guerre a privé le monde arabe de l'un de ses laboratoires de modernité."
Yémen : "zone de non droit régentée par des clans."
Emirats arabes : "la modernisation reste un trompe l'œil".
Arabie Saoudite : "train de vie somptuaire de 7.000 princes face à une population où la pauvreté ne se cache plus."
Partout le recours à la religion canalise la frustration face à l'échec des Etats et l'absence de démocratie.
Alors que dans les années 60 "le voile était devenu suffisamment rare pour être remarqué, avec la richesse pétrolière le monde arabe a été rattrapé par l'arriération des pays de la péninsule arabique."
La voix de Samir Kassir va manquer dans le contexte actuel. Restent ses livres...
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13/03/2006
écrits d'Afrique
Ecrits d'Afrique
Jean Hélène
éditions de la Martinière
Une sélection de ses textes, écrits de 1990 à 2003, pour RFI et pour Le Monde, ont été rassemblés et cela devient un livre indispensable pour comprendre l'Afrique et ses drames : la Somalie, le Rwanda, l'Ethiopie et l'Erythrée, le Zaïre, le Liberia, etc.
Cela ne se lit pas comme un roman, mais article après article, impossible de ne pas regretter de ne pas l'avoir lu plus tôt, de ne plus pouvoir le lire au fil de l'actualité...
Jean Hélène
éditions de la Martinière
Jean Hélène, 50 ans, correspondant de Radio France Internationale à Abidjan, a été assassiné, il y a deux ans par un policier ivoirien beaucoup trop nerveux.
Une sélection de ses textes, écrits de 1990 à 2003, pour RFI et pour Le Monde, ont été rassemblés et cela devient un livre indispensable pour comprendre l'Afrique et ses drames : la Somalie, le Rwanda, l'Ethiopie et l'Erythrée, le Zaïre, le Liberia, etc.
Cela ne se lit pas comme un roman, mais article après article, impossible de ne pas regretter de ne pas l'avoir lu plus tôt, de ne plus pouvoir le lire au fil de l'actualité...
10:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
24/02/2006
Pourquoi ils se battent
Pourquoi ils se battent
Voyages à travers les guerres du Moyen-Orient
Renaud Girard
Flammarion
Renaud Girard est "grand reporter" au Figaro, journal qui n'est pas ma lecture habituelle. Mais il faut reconnaître que son livre est clair et intelligent, posant bien les problèmes de la région.
Les premiers chapitres sont consacrés au problème israélo-palestinien, nœud ou prétexte de bien des crises. Ils ont été écrits avant la victoire du Hamas aux élections palestiniennes, mais on y trouve les raisons qui pouvaient laisser présager leur victoire : les accords d'Oslo ont été systématiquement sabotés, non seulement par le Hamas, mais aussi par les dirigeants israéliens successifs, en particulier de Droite. Qu'a reçu l'autorité palestinienne en contrepartie de ses concessions ? Pas l'arrêt de la colonisation. Rien qui aurait pu lui permettre de faire face à la montée islamiste, en particulier à Gaza, le plus grand ghetto du monde (2/3 de la population vivant dans des camps de réfugiés et ayant pour héros le Hezbollah libanais et les "martyrs" kamikazes).
Le 11 septembre ne pouvait servir de prétexte : les terroristes ne venaient pas d'Irak. Leurs financements venaient de l'Arabie Saoudite wahhabite et de Dubaï, "alliés" des USA.
La traque de Ben Laden et des talibans n'est pas non plus un succès : le gouvernement afghan ne contrôle que la capitale, et le reste du pays est aux mains des seigneurs de la guerre liés aux trafiquants d'opium.
Comme toutes les guerres, celles du Moyen-Orient sont contre-productives et c'est la population civile qui souffre le plus !
Voyages à travers les guerres du Moyen-Orient
Renaud Girard
Flammarion
Renaud Girard est "grand reporter" au Figaro, journal qui n'est pas ma lecture habituelle. Mais il faut reconnaître que son livre est clair et intelligent, posant bien les problèmes de la région.
Les premiers chapitres sont consacrés au problème israélo-palestinien, nœud ou prétexte de bien des crises. Ils ont été écrits avant la victoire du Hamas aux élections palestiniennes, mais on y trouve les raisons qui pouvaient laisser présager leur victoire : les accords d'Oslo ont été systématiquement sabotés, non seulement par le Hamas, mais aussi par les dirigeants israéliens successifs, en particulier de Droite. Qu'a reçu l'autorité palestinienne en contrepartie de ses concessions ? Pas l'arrêt de la colonisation. Rien qui aurait pu lui permettre de faire face à la montée islamiste, en particulier à Gaza, le plus grand ghetto du monde (2/3 de la population vivant dans des camps de réfugiés et ayant pour héros le Hezbollah libanais et les "martyrs" kamikazes).
Au lieu de s'investir dans la recherche de solutions offrant un avenir aux Palestiniens et aux Israéliens, comme Carter et Clinton avant lui, W. s'est fourvoyé en Irak, obtenant l'effet exactement inverse de ce qu'il disait rechercher : la guerre et la misère jettent une génération entière d'Irakiens dans les bras de l'Islam, chacun replié sur son identité religieuse, sunnite ou chiite, faisant courir le péril d'une guerre civile.
Le 11 septembre ne pouvait servir de prétexte : les terroristes ne venaient pas d'Irak. Leurs financements venaient de l'Arabie Saoudite wahhabite et de Dubaï, "alliés" des USA.
La traque de Ben Laden et des talibans n'est pas non plus un succès : le gouvernement afghan ne contrôle que la capitale, et le reste du pays est aux mains des seigneurs de la guerre liés aux trafiquants d'opium.
Comme toutes les guerres, celles du Moyen-Orient sont contre-productives et c'est la population civile qui souffre le plus !
En conclusion, l'auteur considère que l'Europe ne doit être accueillante que pour ceux qui adhèrent à ses valeurs démocratiques, la tolérance ne devant pas profiter aux intolérants et qu'elle doit aider les USA à régler, prioritairement, le problème israélo-palestinien.
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17/02/2006
Le dernier des capétiens
Le dernier des Capétiens
François Mitterrand
Guy Gauthier
Editions "France-Empire"
La "thèse" de l'auteur est simple : François Mitterrand se situe dans la tradition monarchique millénaire de la France.
Il l'est assurément tant il considère qu'en tant que Président, il incarne la permanence de la France, au delà des vicissitudes politiques.
Il l'est également tant son amour pour la France, son Histoire, ses territoires, ses couleurs, est connu.
Selon l'auteur, feu le Comte de Paris lui même, lui qui aurait pu prétendre au trône, considérait François Mitterrand comme "le dernier Capétiens".
L'auteur part de la rencontre, en 1939, des deux jeunes gens, en Belgique, où se trouve en exil celui qui sera surnommé par certains "le prince rouge" en raison de sa fibre sociale.
Et l'auteur d'en déduire que François Mitterrand ne pouvait pas être "Action française", puisque ce mouvement royaliste d'extrême droite avait été répudié tant par le Pape que par la famille "royale". François Mitterrand appartiendrait à cette droite rurale, catholique et légitimiste, qui s'est opposée dès 1830 à la fausse aristocratie, celle de l'argent, qui sera incarnée plus tard par Valéry Giscard soit disant d'Estaing, puis au Bonapartisme, ce mythe de l'homme providentiel, auquel François Mitterrand, à partir de 1958 assimilait le Général De Gaulle.
Le Président Mitterrand est le gardien de la cohésion nationale et de la solidarité, le protecteur du peuple et des faibles face aux abus des féodalités, l'héritier du fameux cri de Louis XIII : "Vive mon peuple".
A noter enfin que, comme les Capétiens, François Mitterrand ne s'est jamais rendu au Vatican, afin de montrer l'indépendance de la France vis à vis du Saint Siège !
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13/02/2006
L'énigme François Hollande
François Bachy
éditions Plon
Il y a un an, après les régionales et les européennes, les médias le portaient aux nues, depuis le NON des Français au référendum il est dans les abysses, même s'il vient de remporter le Congrès du PS.
Les "guignols" de Canal + le moquent en benêt informe.
Je suis bien placé pour savoir ce que sa gentillesse apparente peut cacher. C'est peut-être en ce sens qu'il est une énigme ?
Le livre de Bachy, qui l'a suivi de près, raconte des journées marquantes : le soir de la défaite de Jospin, le soir de la défaite du référendum européen, mais aussi le soir de la victoire du OUI lors du référendum interne. Le lecteur suit Hollande en Corrèze et rue de Solferino, les chapitres les plus intéressants.
Les deux dernières parties sur ses relations avec les autres hommes politiques du "top 10", socialistes ou de droite, sont un peu décevantes.
Et puis, bien sûr, surtout depuis qu'elle est en tête des sondages pour la présidentielle, il y a Ségolène...
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