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15/09/2007

Monestarium

Monestarium

 

 

Andréa H. Japp

 

 

Editions Calman-Lévy

 

 

 

1306, Abbaye de femmes, dans le Perche

 

 

Il faut attendre la page 140 pour le premier meurtre, mais après les choses s'accélèrent, malgré les efforts de la très jeune Mère Abbesse aidé du Comte venu en voisin.

 

Il y a les gentil(le)s, les méchant(e)s, les repenti(e)s, la lèpre ramenée des croisades (comme dans "Le complot des Franciscains", cf. ma note de la semaine dernière).

 

 

Au delà de la lutte interne pour le pouvoir dans le monastère, il y a ce terrible secret qui pourrait ébranler l'Eglise (quoi que ? car Elle en verra d'autres...), basé sur cette question fondamentale : "Dieu a-t-il créé l'Homme à son image ?", en tenant compte de la relativité entre le temps des hommes et le temps des Dieux, car "la connaissance est sacrée, mais elle est également dangereuse pour qui la manie mal ou la corrompt".

 

A cette question, nous connaissons la réponse de Gainsbourg : "Dieu est un fumeur de havane", et celle de Nougaro : "Dieu est nègre". Et pourquoi pas une Femme, pendant qu'ils y sont ?

 

Quand on pense qu'il y a des gens qui croient que le monde a réellement été créé en 7 jours, que ce n'est pas une parabole mais une vérité divine puisque c'est écrit dans Le Livre...

 

 

Citations tirées du roman :

 

"La politique est comme une femme aimée aux yeux d'un amoureux qui se languit" ;

 

"On peut rompre en visière lorsque le parti de l'autre a cessé de vous intéresser, encore faut-il vous assurer qu'il n'aura jamais les moyens de vous le faire regretter." ;

 

"On ne se bat dignement que contre de dignes adversaires" ;

 

"Tous les avatars diaboliques que j'ai rencontrés de par le monde étaient désespérément humains" ;

 

"C'est parfois à travers l'utopie que l'on atteint l'inaccessible" ;

 

"Les femmes intelligentes sont sans âge, ou alors elles ont tous les âges à la fois".

 

09:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4)

08/09/2007

Le complot des Franciscains

Le complot des Franciscains

 

 

John Sack

 

 

Editions Michel Lafon

 

 

 

Assise (Italie) 1271/1276

 

 

Pourquoi la dépouille de François, devenu "Saint" en 1228,  a-t-elle disparu en 1230 ? (pour n'être retrouvée qu'en 1818).

 

 

François ne voulait pas de la création d'un "Ordre". Comme Dominique (cf. ma note sur "Labyrinthe"), il avait fait vœu de pauvreté. Ses "frères" devaient vivre uniquement de mendicité et ne rien posséder. Cela leur semblait le meilleur moyen de sauver l'Eglise.

 

 

Ce roman raconte la lutte entre ces idéaux, repris par quelques uns des compagnons de François et leurs disciples,  qui veulent être au service des plus pauvres, en particulier les exclus parmi les pauvres, les lépreux (mal ramené des croisades), face au réalisme de ceux qui veulent "installer" l'Ordre, le consolider, l'institutionnaliser.

 

L'idée même de monastères franciscains n'est-elle pas antinomique avec l'idée de François d'aller vers les pauvres en vivant de charité ?

 

 

 

Il aurait peut-être été utile de rappeler dans le roman, pour celles et ceux qui ne sont pas spécialistes, qu'en 1230 le Pape Grégoire IX avait tranché en dispensant les Franciscains de suivre le "testament" de François...d'où les persécutions contre les "purs" qui tenaient à leur vœu de pauvreté.

 

Ce que le roman ne mentionne pas non plus, est que Jérôme d'Ascoli, que l'on voit apparaître comme "ministre général" de l'Ordre, sera,  en 1288, le premier Franciscain à devenir Pape, sous le nom de Nicolas IV, et qu'on lui reprochera son favoritisme pour ses "frères".  

 

La lutte des "spirituels" ne s'arrêtera pas en 1276 (quand le roman se termine),  puisqu'un siècle plus tard,  le Pape Jean XXII publiera une "bulle" déclarant que la pauvreté du Christ n'avait pas été absolue et de nombreux Franciscains fidèles au "testament" de François, il est vrai parfois très violents dans leurs attaques contre l'Eglise et les Papes successifs,  seront emprisonnés (comme dans le roman) et même condamnés au bûcher,  comme hérétiques.

 

Ce n'est que beaucoup plus tard, en 1526, que les "héritiers" de cette tendance au sein des Franciscains seront autorisés à s'organiser pour revenir à la règle de François : ce sont les "Capucins".

 

J'y reviendrai bientôt à propos d'un autre roman : "La Reine crucifiée".

 

 

Pour agrémenter le roman, il y a des histoires d'Amour (impossibles ?), et il est question de la condition des femmes, dont il faut se méfier puisque "c'est par les femmes que le démon pénètre dans le cœur des hommes" (Saint Chrysostome).

 

 

Avec en conclusion cette question un peu angoissante : c'est bien de chercher la vérité, mais pour en faire quoi ?

 

09:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3)

06/09/2007

Le rugby, c'est facile !

Le Rugby, c'est facile

 

 

Olivia Decorte

 

 

Editions "La joie de lire"

 

 

 

Impossible d'ignorer que la Coupe du monde de rugby va commencer.

 

Difficile de choisir dans la multitude de livres sortis pour l'occasion.

 

 

"Le rugby, c'est facile" n'explique pas les règles, un peu compliquées, de ce sport, c'est un regard poétique qui dévoile les valeurs profondément humaines qui font la force du rugby : souplesse, agilité, tonicité, puissance, endurance, audace, capacité à rebondir et à ne pas se laisser impressionner, et par dessus tout la solidarité, pour échapper aux assauts de l'adversaire.

 

 

Très bien pour mettre les 5/10 ans, et leurs mamans,  dans l'ambiance.

 

Des valeurs applicables également dans d'autres domaines...

 

 

La semaine prochaine, toujours sur le rugby, mais dans un autre registre, je parlerai du numéro spécial publié par la revue d'études constitutionnelles et politiques "Pouvoirs" !

 

 

 

09:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (12)

01/09/2007

Labyrinthe

Labyrinthe

 

 

Kate Mosse

 

 

Editions J.C. Lattès

 

 

 

1209/1244 et 2005 Carcassonne, montagnes ariégeoises, Montségur.

 

 

"L'Histoire est un roman qui a été, le roman est une histoire qui aurait pu être"

 

Emile et Jules Goncourt.

 

"C'est par la compréhension du présent que les vérités du passé resurgiront" (Kate Mosse).

 

Mais il ne faut pas oublier que l'Histoire est essentiellement écrite par les vainqueurs...

 

 

Ce roman, constitué de deux histoires imbriquées (l'une au XIIIe siècle, l'autre contemporaine) qui n'en font qu'une,  tourne autour de la tragédie cathare. Les "purs" selon l'étymologie grecque de "cathare", selon une dénomination jamais utilisée à l'époque, car ils se contentaient de s'appeler entre eux les "bons hommes", ces tenants d'une croyance religieuse assurément hérétique pour l'Eglise catholique, se basant sur des croyances plus anciennes encore. C'est pour lutter contre cette hérésie que fut créée la "Sainte Inquisition" et qu'une croisade fut menée par le légat du Pape par les Barons du Nord de la France pour s'approprier les fiefs de ceux du Sud, vassaux du Comte de Toulouse, lui même vassal du Roi d'Aragon. Croisade au cours de laquelle furent massacrés les Biterrois, avec ce mot resté dans l'Histoire, attribué au légat du Pape : "tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens !"

 

 

Le Labyrinthe (titre du livre) est un symbole ancien, en particulier dans le Midi de la France, mais on en trouve un également sur le sol de la cathédrale de Chartres. Il est le symbole d'un pèlerinage spirituel vers une "Jérusalem" symbolique, pour ceux qui n'ont pas pu partir en croisade, un chemin vers une "terre promise" et donc la vie éternelle, une sorte de recherche du "Graal".

 

L'histoire du "Graal" ("les cheveliers de la table ronde") a été écrite par Chrétien de Troyes, dont le protecteur était Philippe d'Alsace, Comte de Flandres, tombé à Saint Jean d'Acre en 1191. Il a donné son nom à une place d'Aire.

 

Le "Graal" serait la coupe ayant recueilli le sang du Christ pendant son agonie. Les Cathares étaient-ils les gardiens de cette coupe ? Le Graal,  c'est  la représentation symbolique  de la rédemption et du salut,  pour la vie éternelle (n'est-ce pas pour notre rédemption que, selon le Christianisme, le Christ est mort sur la croix ? n'est-ce pas pour leur rédemption que les croisés partaient délivrer le tombeau du Christ ?). Peut-être, comme le dit le roman,  "le véritable Graal réside dans l'Amour transmis", et concernant la vie éternelle : "c'est à travers les histoires partagées du passé que nous ne mourrons jamais" ?

 

 

 

Deux citations tirées du livre :

 

"Convoitise, soif du pouvoir, peur de la mort, aucun de ces sentiments n'a changé. Les bonnes choses de la vie ne changent pas non plus : l'amour, le courage, la charité, la volonté de conduire sa vie selon ses propres convictions" ;

 

"S'approprier, assimiler les idées et les puissants symboles appartenant à d'autres est le moyen par lequel survivent les civilisations".

 

 

Deux petits rectificatifs historiques :

 

Le roman met en scène un Dominicain,  à Carcassonne, en 1209. S'il est vrai que Dominique Guzman, le futur "Saint Dominique" était à Montpellier dès 1206, pour prêcher contre les "bons hommes" hérétiques, en ayant l'intelligence de reprendre leur exemple de pauvreté, d'humilité et de charité, l'ordre des Dominicains n'a été fondé qu'en 1217.

 

De même, en 1209, Saint François d'Assise est cité par un personnage du roman. S'il est vrai que,  dès 1206,  François d'Assise a mis fin à sa vie dissolue, en 1209 il n'avait que quelques disciples et il ne deviendra "Saint François d'Assise" qu'en 1228 (cf. la semaine prochaine "Le complot des Franciscains").

 

 

Deux éléments du livre  m'ont laissé perplexe :

 

- Pourquoi imaginer une collusion contemporaine entre les Cisterciens et les Jésuites ? Ces deux ordres,  si différents,  n'ont jamais eu "d'atomes crochus" ;

 

- Pourquoi avoir donné le nom d'Authié à un personnage particulièrement antipathique : énarque lepéniste (un énarque qui devient avocat, c'est déjà peu crédible !), fanatique et intolérant alors que ce nom d'Authie symbolise, pour tous ceux qui connaissent l'Histoire des Cathares, la dernière tentative, au début des années 1300, d'une "Eglise de la reconquête" des "purs" ?

 

 

En conclusion : à lire si vous allez passer vos vacances en Ariège ou à Carcassonne, ou si vous faites une excursion à Montségur.

 

 

09:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)

25/08/2007

Les piliers de la terre

Les piliers de la terre

 

 

Ken Follet

 

 

Livre de poche n°4305

 

 

 

1135/1174, Sud de l'Angleterre.

 

 

Jack aime Aliéna et Aliéna aime Jack. Mais Jack et Aliéna sont trop pauvres pour se marier. De plus, Aliéna a promis à son père, sur son lit de mort, de veiller sur son jeune frère, Richard, qui a besoin d'un équipement, qui coûte cher, pour devenir chevalier.

 

Aliéna doit-elle accepter la proposition de mariage d'Alfred, le maître maçon et demi-frère de Jack ?

 

Et puis il y a également les amours tragiques de Tom, le maître bâtisseur,  avec Agnès puis avec Ellen.

 

Il y a les méchants, qui le sont vraiment, et les héros qui ont toutes les qualités, comme cet Abbé Gwynedd, Gallois comme l'auteur, ce qui rend les aventures un peu prévisibles...

 

C'est Bérénice ou "les feux de l'amour" selon vos références.

 

 

Heureusement il n'y a pas que cela dans ce roman historique de Ken Follet, célèbre principalement pour ses "thrillers" : il y a la vie quotidienne des pauvres, des nobles, des moines, les filles qui ne vont pas à l'école, même si ce sont les femmes qui prennent le quotidien en charge, surtout quand les hommes se font la guerre où partent aux croisades !

 

 

Il y a la lutte pour le pouvoir entre Maud (Mathilde), fille d'Henri 1er et son cousin Stephen (Etienne), car on ne va quand même pas laisser le pouvoir à une femme...et l'émergence d'Henri "Plantagenêt", fils de Maud et donc arrière petit-fils de Guillaume "le conquérant" (ou "le bâtard" si vous ne l'aimez pas), Normand donc par sa mère et Angevin par son père, marié à Aliénor d'Aquitaine qui apporte une sacrée corbeille de mariage qui lui permet de s'imposer en Angleterre. Contrairement à ce que j'ai lu dans "l'Histoire de France pour les nuls", et comme le raconte "les piliers de la terre", Henry n'est devenu Roi qu'après son mariage avec Aliénor. Deux de leurs enfants resteront dans l'Histoire : Richard "cœur de lion" et Jean "sans terre".

 

 

En bonus dans le roman : le meurtre de Thomas Beckett, archevêque de Canterbury, un peu trop rebelle à son Roi, et la pénitence d'Henry II. Mais je ne suis pas aussi optimiste que Follet quand il écrit : " le pouvoir d'un Roi n'était pas absolu : la volonté du peuple était la plus forte !". En fait le peuple n'avait, malheureusement,  rien à dire à l'époque. C'est devant la puissance de l'Eglise, et de son pouvoir politique,  qu'Henry s'est incliné.

 

 

Mais la vraie vedette de l'histoire est La Cathédrale, qui doit être parfaite, dans le moindre détail,  puisqu'elle est destinée à Dieu et qu'elle doit durer jusqu'au "jugement dernier", en respectant les proportions "cœur de la beauté". Cathédrale qui profite de la rencontre à Tolède de savants mathématiciens qui traduisent de l'arabe les travaux d'Euclide,  et de l'exemple de Saint Denis qui a créé ce que l'on appelle pas encore dans ce temps là,  le "gothique" mais le "style français" et qui allie deux techniques complètement nouvelles : les voutes à nervures et les arcs ovales,  qui font que le poids ne repose plus sur les murs mais sur les piliers (d'où le titre !). Cela permet d'avoir des murs moins épais et des fenêtres plus grandes que l'on peut colorier (par exemple en rosaces) ce qui donne une lumière inhabituelle.

 

  

 

09:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4)