03/08/2007
La femme du Ve
La femme du Ve
Douglas Kennedy
Editions de Noyelles
La "femme du Ve" est une femme mystérieuse, rencontrée dans le Ve arrondissement de Paris, dans un appartement luxueux de la place du Panthéon.
Attirante et sensuelle, affirmant : "après 50 ans toutes les femmes pensent la même chose : "c'est foutu !", et prouvant le contraire...
Cette femme énigmatique rencontre le "héros", Harry, parti des USA pour fuir un cauchemar : sa femme l'a quitté, sa fille ne lui parle plus, l'étudiante avec qui il a eu une relation coupable s'est suicidée...
"A la base de la culture américaine, il y a une conviction profonde : qui dit transgression dit punition." Alors que "la méthode française c'est de compartimenter, d'accepter la logique cartésienne de deux univers distincts dans une seule vie. De ne pas nier la tension contradictoire entre le sens des responsabilités familiales et l'illusion de la liberté" car "comment résisterions-nous à l'absurdité de la vie sans les faux-semblants ?".
Il vit de nouveaux cauchemars, subissant des aventures de plus en plus extravagantes ("la foi est l'antithèse de la preuve logique".../..."la réalité dans laquelle les autres vivent est presque toujours différente de la notre"), dans un Paris que l'auteur décrit comme s'il voulait dégoûter ses lecteurs américains d'y mettre les pieds.
Ils ont des relations sexuelles ("Ah, le sexe ! Infaillible antidote à tous les doutes, à tous les découragements...".../..."Rien d'étonnant que nous soyons tous à la recherche d'intimité. Non seulement, elle nous permet de nous accrocher à quelqu'un et de nous convaincre que nous ne sommes pas seuls au monde, mais elle offre aussi une échappatoire à la routine prosaïque de notre existence", mais "qu'est-ce que c'est, l'amour ? Un moment par ci, un autre par là, la sensation fugitive d'avoir établi le contact avec quelqu'un...".
La question qui sous-tend le livre : sommes nous maîtres de nos vies ? Et accessoirement : avons nous un(e) ange gardien(ne) ? Car "nous avons tous une ombre et nous avons tous des fantômes qui nous accompagnent" !
09:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (9)
02/08/2007
Qui connait Madame Royal ?
Qui connaît Madame Royal ?
Eric Besson
Editions : Grasset
Je n'avais pas envie d'acheter ce livre. Je n'avais pas envie de le lire, surtout pas pendant le combat. Il a été un coup de poignard non seulement dans le dos de notre candidate, mais aussi dans le dos de tous les militants qui faisaient campagne pour elle. Ségolène a payé, cher, sa remarque "qui connaît Monsieur Besson ?", dont elle s'est excusée auprès de lui. Le livre, entretien avec un journaliste du Nouvel Observateur, a été un succès de librairie.
Marie-Jeanne me l'a prêté. Je l'ai lu, vite. Je ne le regrette pas.
Comme le dit Claude Bartolone, pas précisément un admirateur de Ségolène Royal :
"Si tous les responsables politiques qui ont connu des insatisfactions au cours de leur carrière écrivaient un brûlot, il faudrait construire une deuxième bibliothèque François Mitterrand".
Si Besson attaque Ségolène Royal, il s'en prend beaucoup plus largement au PS, à son fonctionnement et à son Premier secrétaire, qu'il considérait comme son ami.
Comme tous les auteurs des livres sur la campagne dont j'ai parlé sur ce blog, il considère que "l'inorganisation est consubstantielle à cette campagne et au fonctionnement "particulier" de la candidate", dont les déclarations sont "la marque d'une incompétence, d'une absence d'expérience, d'une méconnaissance des dossiers, qui est très lourde". "La ligne, c'est qu'il n'y a pas de ligne !" ; "Seule sa propre gloire la motive" ; "elle balançait à la foule, sans vergogne, avec un grand sourire, des mesures importantes qui n'avaient jamais été discutées, ni préparées." Il part car il en a assez "de ces déperditions d'énergie, de cet amateurisme, de cette improvisation indignes d'un grand parti prétendant diriger la France".
Organisateur d'un colloque avec des économistes progressistes réputés, européens et américains, y compris un prix Nobel, il est mortifié d'apprendre que la candidate n'y assistera pas et même qu'il doit tout annuler, et il constate : "si Ségolène ne voulait pas que des économistes crédibilisent sa campagne et l'aident à déterminer une ligne à la fois de gauche, sociale et moderne, je n'allais pas être plus ..."royaliste" qu'elle".
Il supporte mal que Ségolène Royal nomme comme "porte-parole" Montebourg et Peillon, "leaders d'une mouvance qui n'a cessé de jouer contre le parti et ses dirigeants ; deux leaders qui ont moqué, méprisé, insulté François Hollande".
Après avoir fait le panégyrique de François Hollande, de son humour, il dénonce "son incapacité à gérer une organisation et ses ressources humaines, son refus systématique de décider". (Il avait quand même décidé de confier d'importantes responsabilités à Eric Besson...).
C'est un homme blessé qui dit avoir "compris ce que valaient nos discours sur la fraternité et le débat d'idées".
Selon lui le projet socialiste est caractérisé par un "jusqu'au-boutisme verbal corrigé par des pirouettes stylistiques".
Il culpabilise d'avoir traité Sarkozy de "néoconservateur" américain avec un passeport français" car il se souvient de l'avoir entendu dire "la France n'est pas libérale et ne le sera jamais".
Contrairement à Cambadélis, qui regrette que le PS n'ait pas tapé assez sur Sarkozy, (voir ma note sur son livre "parti pris"), il considère que "si nous avions été capables de nous doter d'une doctrine et d'un vrai programme, nous n'aurions pas eu besoin de ça".
Je suis surpris qu'il soit devenu un sous-ministre de Sarkozy, car il "n'approuve certainement pas son programme, ses exemptions d'impôts, son bouclier fiscal", première mesure du gouvernement auquel il semble si heureux d'appartenir. Il en perd en crédibilité sur sa sincérité.
09:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)
01/08/2007
Les cris de l'innocence
Les cris de l'innocence
Unity Dow
Actes Sud
Collection : "Actes noirs"
Unity Dow est la première femme juge à la Cour suprême du Botswana. Avant d'occuper ce poste elle était spécialisée dans le droit des femmes et des enfants.
Son roman reflète cette préoccupation puisqu'il parle d'un meurtre "rituel" dont a été victime une très jeune fille.
Bien qu'Unity Dow soit juge, le livre ne se termine pas en nous donnant l'assurance que la justice triomphera et que les méchants seront punis mais par cette angoissante question face aux horreurs que des hommes peuvent faire subir à des enfants : "y a-t-il un monstre qui dort en chacun de nous ? Et si nous sommes réellement paralysés par la peur, si nous n'osons pas affronter ce mal, qui prendra garde aux cris de l'innocence ?".
09:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3)
31/07/2007
Dictionnaire égoïste de la littérature française (citations)
Sur la littérature
"Je ne veux plus faire de critique littéraire, Cela m'empêche de lire" (Dorothy Parker)
"Une œuvre est achevée quand son auteur sent qu'il ne peut plus rien y ajouter, y toucher sans l'abîmer, quand il n'en peut plus, qu'il est fatigué, vaincu" (Pierre Reverdy)
"Un livre est toujours, plus ou moins, une protestation contre la mort" (Léon-Paul Fargue)
"L'immortalité, quand on tient à la vie, ne console pas de la mort" (Simone de Beauvoir)
"Comment voulez vous que j'aie le temps d'observer, j'ai à peine le temps d'écrire" (Balzac)
"Je demande la permission de dire des horreurs, c'est à dire une partie de la vérité" (Stendhal)
"Quand tout le monde aura de la gloire, comment pourra-t-on se distinguer" (Balzac)
"Plus j'étais enclin à croire à mon importance, plus tu me donnais le sentiment de mon néant" (Mauriac)
09:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2)
28/07/2007
une police secrète : la protection rapprochée
Une police secrète : la protection rapprochée
Antoine Coletta
Editions : "atelier de presse"
Il m'arrive rarement de parler d'un livre pour le déconseiller : pour une fois c'est le cas.
Je ne sais plus dans quel journal ou magazine j'avais vu mentionner, de façon positive, ce livre, mais je l'ai refermé avec le sentiment de m'être fait "avoir" par ce titre racoleur.
L'auteur est journaliste, spécialiste des faits divers, fils de policier.
Il parle des "gorilles", prêts à donner leur vie pour celles et ceux qu'ils protègent, mais, comme dans le film "le désert des Tartares", ils passent à attendre une éventuelle attaque qui ne viendra jamais, ou devant laquelle ils seront impuissants, bref, une mission impossible, mais qui provoque bien des désagréments pour les personnes protégés.
Cette police n'a rien de "secrète", elle est plus ou moins visible : discrète dans les phases de préparation, déployée pour être dissuasive autour de la personne à protéger.
Nous n'apprenons rien sur la vie de ces policiers (bien moins que dans la BD "RG" dont j'ai parlé il y a quelques jours) et sur la rivalité entre services. L'auteur nous perd dans des méandres administratifs dont nous n'avons que faire.
Le seul moment où l'auteur s'anime un peu, c'est pour nous livrer un plaidoyer en faveur de Bastien Thierry, officier (circonstance aggravante), auteur, au nom de "l'Algérie française", d'une tentative d'attentat (au "Petit Clamart"), contre le Général De Gaulle, que celui-ci a refusé de gracier.
Pour finir le "tableau", ¼ du livre est constitué d'annexes auxquelles je n'ai pas trouvé beaucoup d'intérêt.
09:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)