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21/10/2007

l'élégance du hérisson

L'élégance du hérisson

 

 

Muriel Barbery

 

 

Editions NRF Gallimard

 

 

Prix des libraires, Prix "Georges Brassens" (de l'année dernière)

 

En tête des ventes

 

 

 

Imaginez une concierge de 54 ans, philosophe cachée, femme cultivée qui le cache soigneusement, et une adolescente,  surdouée mais qui se garde bien de le montrer, suicidaire,  de 12 ans.

 

Cela donne un livre des plus agréables. Un peu intellectuel quand même, avec plein de références littéraires, musicales et cinématographiques, surtout russes et japonaises. On voit bien que l'auteur a fait Normale Sup et est agrégée de philo.

 

 

Je dois à ce livre de mieux comprendre Marx. Quand le grand barbu dit : "à chacun selon ses mérites" : tout le monde peut comprendre, en sachant que ce n'est pas comme ça que cela se passe. Quand il dit "à chacun selon ses besoins", on devine que c'est encore plus utopique, même si Karl ne vivait pas au temps de la société de consommation et de la pub à la tous les instants (voir ma note sur 99F). Mais la nature humaine ne fait-elle pas que les besoins, nous en créons de nouveaux dès que les autres sont rassasiés ? Grâce à ce livre je sais que l'explication se trouve dans "L'idéologie allemande" de Marx : "les hommes, qui se perdent de désirer, feraient bien de s'en tenir à leurs besoins. Dans un monde où le désir sera muselé, pourra naître une organisation sociale neuve, lavée des luttes, des oppressions et des hiérarchies délétères." "Qui sème le désir récolte l'oppression" : très stoïcienne comme philosophie !

 

 

Les réflexions de Renée :

 

"Qu'est ce qu'une aristocrate ? C'est une femme que la vulgarité n'atteint pas, bien qu'elle en soit cernée."

 

"La politique, un jouet pour les petits riches qu'ils ne prêtent à personne".

 

"En primates que nous sommes, l'essentiel de notre activité consiste à maintenir et entretenir notre territoire de telle sorte qu'il nous protège et nous flatte, et à forniquer de toutes les manières que nous pouvons, fût-ce en fantasme. Aussi usons-nous une part non négligeable de notre énergie à intimider ou séduire, ces deux stratégies assurant à elles seules la quête territoriale, hiérarchique et sexuelle" ;

 

"Ce qui préoccupe avant tout le primate, c'est le sexe, le territoire et la hiérarchie" ;

 

"Ce rosaire laïc que l'on appelle télécommande" ;

 

" Les riches se convainquent que leur vie suit un sillon céleste que le pouvoir de l'argent creuse naturellement pour eux" ;

 

"Les enfants aident à différer la douloureuse tâche de se faire face à soi-même et les petits enfants y pourvoiront ensuite" ;

 

 

Les réflexions de Paloma :

 

"Je me demande s'il ne serait pas plus simple d'enseigner dès le départ aux enfants que la vie est absurde, ça ferait gagner un temps considérable" ;

 

"L'Homme n'a pas beaucoup progressé depuis ses débuts : il croit toujours qu'il n'est pas là par hasard" ;

 

"Nous sommes programmés pour croire à ce qui n'existe pas, parce que nous sommes des êtres vivants qui ne veulent pas souffrir. Alors, nous dépensons toutes nos forces à nous convaincre qu'il y a des choses qui en valent la peine" (bien entendu à la fin du livre Paloma découvrira les choses qui en valent la peine !)

 

"Il faut sans cesse reconstruire son identité d'adulte, cet assemblage bancal et éphémère, si fragile, qui habille le désespoir" ;

 

"A quoi ça sert de mourir, si ce n'est à ne pas souffrir ?"

 

"Il faut se donner du mal pour se faire plus bête qu'on est" ;

 

"La lucidité rend le succès amer, alors que la médiocrité espère toujours quelque chose"

 

" Si on redoute le lendemain, c'est parce qu'on ne sait pas construire le présent"

 

"Je ne vois que la psychanalyse pour concurrencer le christianisme dans l'amour des souffrances qui durent" ;

 

"Il n'y a qu'une seule chose à faire : trouver la tâche pour laquelle nous sommes nés et l'accomplir du mieux que nous pouvons, sans croire qu'il y a du divin dans la nature animale"

 

 

L'élégance du hérisson : à l'extérieur bardé de piquants, à l'intérieur, simplement raffiné".

 

 

08:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

20/10/2007

Le conseil des troubles

Le Conseil des troubles

 

 

Fréderic H. Fajardie

 

 

Editions : J.C. Lattès

 

 

 

1692 : Paris

 

 

Un héros aux super pouvoirs (dernier descendant de l'Atlantide), chevaleresque, connaissant la cachette du fabuleux trésor des Templiers, poursuivi par :

 

- le Grand Maître de l'Ordre Teutonique (pour le compte du "Conseil des troubles", sorte de G8 avant la lettre, qui veut éviter les "troubles" à l'ordre du monde),

 

-  un tueur à gages (payé par un concurrent jaloux de son succès auprès d'une belle Marquise - qui d'Amour, mourir le font),

 

- un général des Mousquetaires du Roi (également jaloux, à cause d'une Baronne, cette fois),

 

- sans parler de l'incompétence du Maréchal de Villeroy, ami d'enfance de Louis XIV, à la fin d'un règne qui aura fait 700.000 morts,  lors des différentes guerres (voir la note de samedi prochain sur "Les fêtes galantes"), qui risque de le faire tuer à la guerre (dite "de la Ligue d'Augsbourg"), plus surement que tous les méchants lancés à ses trousses.

 

 

Il y a de l'Amour, de l'action, des meurtres, la lèpre ramenée des croisades et qui n'a pas encore disparue (voir les notes sur "Le complot des Franciscains" et "Monestarium").

 

La fin révèle l'emplacement du trésor des Templiers : j'y suis allé (sans pelle) : personne n'a encore creusé pour vérifier : soit l'auteur s'est déjà servi, soit je suis le seul à avoir lu le livre, soit celui-ci manque un peu de crédibilité ?

 

 

Citations :

 

"Le mouvement est le seul contre-feu à l'ennui, et à la mort".

 

 

"Elle est belle comme un ange, mais sotte comme un panier",  n'est pas de l'auteur, et  s'adressait non pas à une actrice mais à la favorite du Roi, Mademoiselle de Fontange : d'ailleurs ça rime avec "ange" : vous pouvez le faire aussi si vous avez une "copine" qui s'appelle Solange !

 

 

Fréderic Fajardie s'est fait connaître par ses romans policiers "noirs" (poche/ Folio), et dans notre région par son récit : "Metaleurop, paroles ouvrières" (éditions 1001 nuits).

 

 Son premier roman historique, "Les foulards rouges", qui se passe au moment de la "Fronde", a obtenu le "prix des relais H" et mériterait d'être réédité en poche.

 

 

09:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2)

13/10/2007

Le gentilhomme au pourpoint jaune

Le gentilhomme au pourpoint jaune

 

 

Arturo Perez-Reverte

 

 

Editions : Seuil (et collection "Point"

 

 

 

1626 : Madrid

 

 

C'est un roman de capes et d'épées, avec des capes et des épées, un peu "macho".

 

Un complot est ourdi contre le Roi d'Espagne Philippe IV (arrière petit fils de Charles Quint).

 

C'est le "siècle d'or" de la littérature espagnole : Tirso de Molina, Lope de Vega, Pedro Calderon, et le roman est semé de petits poèmes.

 

Le théâtre est prospère, malgré les critiques de l'Eglise, qui ferme les yeux puisqu'elle touche une partie des recettes en contrepartie de son absolution.

 

C'est aussi le temps des duels "héritage d'hommes durs, arrogants et intrépides, issus de huit siècles passés à égorger les Maures", et qui jurent "par les couilles de Lucifer" !

 

Sans vouloir contredire l'auteur, le duel n'était pas une spécificité espagnole. La noblesse française ne respectait pas l'interdiction de duels décidée par Richelieu. Sans parler des Allemands qui ont gardé longtemps cette tradition de duels à l'épée, même après le début des duels aux pistolets.

 

Roman un peu trop espagnol également quand l'auteur déclare : "la Reine était très belle, et française, fille du grand Henri IV, le Béarnais. Elle régnait aussi loyalement sur l'Espagne que sa belle sœur,  Anne d'Autriche, mariée à Louis XIII,  le faisait sur sa patrie d'adoption, la France".

 

En fait Anne "d'Autriche", sœur de Philippe IV d'Espagne était une Habsbourg, famille régnant sur la moitié de l'Europe, dont Aire-sur-la-Lys, et le "Nouveau Monde". Ce que l'on apprend peut-être pas aux écoliers espagnols, mais qui figure dans nos livres français d'Histoire, c'est qu'en 1636, alors que les Espagnols occupent la Picardie et se dirigent vers Paris, la Reine de France, sœur du Roi d'Espagne, est prise en flagrant délit de correspondance avec l'ennemi...

 

 

Si vous voulez découvrir les aventures du héros de ce roman, la première s'intitule "le capitaine Alatriste" et porte le numéro P725 dans la collection "Points".

 

Ces aventures viennent d'être portées à l'écran, mais, malgré trois "Goyas", l'équivalent espagnol de nos "Césars", malgré l'Europe,  je crains que nous n'ayons pas le plaisir de voir ce film en France...

 

 

09:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (10)

09/10/2007

Une vie à gauche

Une vie à gauche

 

 

Jean Le Garrec

 

 

Editions de l'aube

 

 

 

A l'occasion des dernières élections législatives, Jean Le Garrec a mis un terme à sa responsabilité de député du Nord. Il avait quitté le Conseil régional Nord Pas-de-Calais, dont il était le Président du Groupe socialiste, à l'occasion du dernier renouvellement de celui-ci.

 

 

J'ai connu Jean, il y a bien longtemps. J'avais 20 ans. Il en avait 20 de plus que moi. Il les a toujours et les porte fort bien.

 

C'est par son intermédiaire que j'ai connu Pierre Mauroy, à qui je dois presque autant que Roland Huguet.

 

Ensemble, nous avons milité pour une synthèse entre "les deux gauches", entre Mitterrand et Rocard, au Congrès de Metz en 1979.

 

 

En 1981, Jean est devenu ministre, chargé des nationalisations.

 

Quand, un peu plus tard,  il est devenu ministre de l'emploi, il m'a proposé de remplacer, au poste de Chef de son Cabinet, notre ami commun, Gilles Bardou, devenu depuis membre du Conseil d'Etat. J'ai refusé. J'avais quitté la SNCF pour le Groupe socialiste du Parlement européen,  sans idée de retour,  tant mon travail me plaisait. Mon épouse n'a pas eu trop de mal à me convaincre de ne pas céder à cette offre.

 

Pour une fois je n'ai pas suivi l'envie d'aller voir "ailleurs et plus loin" dont Jean parle à plusieurs reprises dans son livre.

 

 

A l'époque, Jean ne savait pas que Marcel Le Garrec, qui l'avait élevé n'était pas son père biologique. Il n'a appris que bien plus tard, largement passé la cinquantaine,  qu'il était le fruit d'un amour caché de sa mère avec un bel italien,  disparu tragiquement au large de la Bretagne. M'aurait-il confié ce terrible secret de famille ?

 

"Ma vie a son secret, mon cœur a son mystère..."

 

 

Citations :

 

 

" Les grands chefs socialistes sont ceux qui parviennent à arbitrer le vieux débat entre l'aspiration légitime à un monde meilleur et la prise en compte des réalités".

 

 

"L'honnêteté, notamment intellectuelle, ne suffit pas pour gagner les élections. Il faut aussi faire rêver à des lendemains qui chantent, pour susciter un élan."

 

 

"Le bon manager est celui qui choisit des collaborateurs meilleurs que lui." (Merci de m'avoir proposé d'être un des tes principaux collaborateurs...)

 

 

"L'important, c'est la volonté d'agir où l'on se trouve".

 

 

"J'ai besoin de lire, de regarder des films, de voir le monde. Comment asseoir une vision politique sans curiosité intellectuelle."

 

 

09:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)

06/10/2007

La ligne pourpre

La ligne pourpre

 

 

Wolfram Fleischhauer

 

 

Editions : J.C. Lattès

 

 

 

1599 : Paris

 

 

Gabrielle d'Estrées, maîtresse officielle d'Henri IV,  meurt soudainement d'une crise d'éclampsie,  juste avant le mariage que lui avait promis le Roi.

 

 

L'auteur est historien d'art,  et il utilise la forme du roman pour parler de l'énigme de ce tableau très connu, mais anonyme, qui se trouve au Louvre,  et  qui représente Gabrielle d'Estrées, les seins nus,  en compagnie d'une autre jeune femme qui lui pince le sein, énigme qu'il relie aux interrogations, légitimes, sur la mort soudaine de Gabrielle.

 

 

Gabrielle d'Estrées, comme le Roi ancienne protestante, a joué un rôle important dans la conversion d'Henri IV ("Paris vaut bien une messe").

 

Elle a 20 ans de moins que le Roi, mais 10 ans de plus qu'Henriette d'Entraygues, future favorite du Roi, que celui-ci a rencontré peu de temps avant la mort de Gabrielle.

 

Pour la petite histoire, le dernier grand amour d'Henri, Charlotte de Montmorency, avait 10 ans de moins qu'Henriette, donc 40 ans de moins que lui !

 

Henri a promis le mariage à Gabrielle et cette promesse de mariage à Gabrielle semblait sérieuse : tous les préparatifs étaient en cours.

 

Il y a, néanmoins,  quatre "bémols" :

 

1) le divorce avec "La Reine Margot" n'était pas encore prononcé, Marguerite de Valois n'ayant même pas encore donné son accord. Elle semblait plus encline à donner son accord pour un nouveau mariage d'Henri avec Marie de Médicis,  que pour laisser la place à la maîtresse du Roi. Et le Pape semblait dans les mêmes dispositions : oui à l'annulation du premier mariage,  pour un mariage avec la catholique militante Marie de Médicis (après l'assassinat d'Henri IV par Ravaillac, elle empêchera la guerre qu'avait déclarée le Roi contre les Pays-Bas espagnols), mais pas vraiment d'accord pour la protestante convertie Gabrielle, même si le Pape craignait un peu que le Roi de France ne suive l'exemple du Roi Henri VIII d'Angleterre (voir la note sur "Dissolution") ;

 

2) les négociations avec les Médicis, en particulier sur l'importante dot de Marie,  continuaient, et Henri avait dramatiquement besoin d'argent ;

 

3) Henri n'était pas avare en promesses de mariage. Après la mort de Gabrielle, il  fera la même promesse à Henriette, et même par écrit. Et il ne la tiendra pas davantage,  à la suite d'une fausse couche de celle-ci !

 

4) Gabrielle a donné à Henri des enfants, dont César, qui a été légitimé, nommé Gouverneur de Bretagne, puis Duc de Vendôme et Grand Maître de l'Ordre de Malte.

 

César pouvait-il devenir Roi de France si sa mère devenait Reine ? Cela n'aurait-il provoqué une nouvelle guerre civile ?

 

 

 

Il est donc clair que la mort subite de Gabrielle est "providentielle" et arrange beaucoup de monde, à commencer par le Roi. Faut-il considérer, comme le Pape,  que "Dieu a fait jouer la Providence" ? Ou la Providence a-t-elle été un peu aidée ?

 

La crise  d'éclampsie a pu être provoquée par ce que l'on appelle aujourd'hui un "stress" très important (dû au mariage ou à la connaissance du fait que  ce mariage n'aurait pas lieu, bien qu'annoncé, ce qui aurait humilié Gabrielle ?), par une fausse couche ? (naturelle ?), ou tout simplement par un taux d'albumine trop important ?

 

 

Et c'est là qu'intervient le mystère du tableau, dont on ne connaît ni l'auteur, ni la date. Comme le dit un proverbe allemand,  cité dans le roman : "l'œil dort jusqu'à ce que l'esprit l'interroge et le réveille".

 

Il est inconcevable que Gabrielle,  favorite du Roi,  et éventuelle future Reine,  ait posé nue. Il n'existe aucun autre exemple dans l'histoire de la peinture. Les nudités picturales prenaient toujours comme prétexte la mythologie. La femme qui se trouve à côté de Gabrielle est présentée, postérieurement,  comme étant sa sœur, "Duchesse de Vilars", ce qu'elle ne deviendra que 30 ans après la mort de Gabrielle...

 

L'hypothèse de l'auteur est que, dans cette époque qui aimait les rebus et les devinettes, et donc les tableaux symboliques, le peintre, anonyme, dénonce, probablement après la mort de Gabrielle,  les "mariages ratés" du Roi avec ses favorites, et qu'à côté de la blonde Gabrielle se trouve non pas sa sœur,  mais la brune Henriette,  qui va lui succéder comme favorite du Roi. Le geste du pincement du sein est généralement interprété non pas comme érotique mais comme un symbole de maternité. Gabrielle et Henriette ont toutes deux connu des grossesses tragiques, les empêchant, l'une après l'autre de se marier avec le Roi. Dernier indice concordant : Gabrielle tient dans sa main un anneau nuptial. Il existe à Florence, dans la ville des Médicis, un tableau un peu analogue, encore plus explicite,  sur lequel la blonde transmet à la brune un anneau non matérialisé.

 

 

09:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)