13/08/2007
Près de la mer
Près de la mer
Prix "témoin du monde" 2007 de Radio France International
Abdulrazak Gurnah
Editions Galaade
L'auteur, originaire de Zanzibar, est professeur de littérature en Angleterre.
Son roman nous offre des allers et retours entre ses deux pays, ces deux îles, où il est "près de la mer", à travers l'histoire d'un vieil homme parti de Zanzibar, pour demander l'asile politique en Angleterre, où il retrouvera un autre exilé, intimement lié à son histoire. Il nous offre également des allers et retours dans le temps (des "flash-back" comme on dit au cinéma) qui nous amènent à découvrir l'histoire ancienne et plus récente de l'Afrique orientale (moins connue des Français que la côte occidentale) baignée par l'Océan indien et donc ouverte aux influences arabes et indiennes.
Toutes ces histoires entremêlées sentent le vécu, et justifie son prix "témoin du monde".
Extraits du livre :
"Qu'a fait notre gouvernement de pire que ce à quoi il s'était livré jusqu'ici ? Il a truqué les élections et falsifié les chiffres au vu et au su des observateurs internationaux, alors qu'il n'avait fait auparavant qu'emprisonner, violer, tuer et avilir ses citoyens !"
"Il dansait sur l'air du cha-cha-cha des défenseurs de réfugiés en leurs saintes défroques"
"On ne cesse jamais de désirer la vie, de se donner des raisons d'exister"
"Chair trop massive, Oh! Si tu pouvais fondre, t'évaporer, te résoudre en rosée !" (Shakespeare, Hamlet)
"Avant les cartes, le monde était sans limite. Ce sont les cartes qui lui ont donné forme"
09:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2)
10/08/2007
Sexus politicus
Sexus politicus
Christophe Deloire et Christophe Dubois
(Journalistes au Point et au Parisien)
Albin Michel
Ce livre est dans la droite ligne de "l'Histoire d'amour de l'Histoire de France" qui tente de nous expliquer l'Histoire par les relations sexuelles des puissants (la Maintenon, la Pompadour etc.).
"En France, sexe, amour et politique sont indissociables". C'est souvent vrai, nous l'avons vu encore récemment, mais il y a quand même d'autres "moteurs", d'autres paramètres que le sexe dans la vie politique, même si cela peut compter, même si le pouvoir est un aphrodisiaque puissant, pour les hommes, mais également pour les femmes attirées par les hommes qui ont du pouvoir ("la vérité, Jean-François, c'est que le pouvoir, ça fait bander", m'a dit un jour un très important ministre de la République, à l'allure austère (mais pas l'austère qui se marre, un austère que je n'ai jamais vu rigoler en public. Heureusement que ça fait bander puisque cela attire les femmes).
Tout le monde sait que Giscard, Mitterrand et Chirac aimaient les femmes, et que c'étaient réciproque. Je ne pense pas que cela ait eu beaucoup d'influence sur leur conduite des affaires de la Nation. Personne n'a jamais osé prétendre que la maman de Mazarine n'ait jamais joué aucun rôle politique d'influence auprès du père de son enfant.
Le livre raconte que Chirac a longtemps été l'amant d'une importante journaliste du Figaro (c'est un passage obligé à Droite ? les hommes politiques de gauche séduisent-ils les journalistes de Libération ? le fait de FH ait "fauté" avec une journaliste de Paris Match prouve l'évolution de la vie politique ? pourquoi l'inverse n'est pas vrai ? pourquoi les femmes politiques ne séduisent-elles pas les journalistes hommes ?) mais les auteurs n'osent quand même pas prétendre qu'elle a été son inspiratrice.
Les auteurs affirment que "le pouvoir reste obsédé par la conquête des femmes". De mon poste d'observation, je dirai plutôt que la détention du pouvoir aide grandement à la conquête des femmes (la réciproque semble moins vrai pour les femmes qui ont du pouvoir).
Ceci étant dit, n'attendez aucune révélation croustillante. On apprend, par exemple, qu'un parlementaire a été surpris, dans le quartier parisien du Marais, avec un chanteur de variétés, dans une position compromettante, en voiture. Mais les noms ne sont pas donnés (législation sur le respect de la vie privée), et peut-être les noms nous auraient été complètement inconnus : il y a tant de parlementaires et de chanteurs de variétés que nous ne connaissons pas.
Un livre qui ressemble également parfois à un ramassis de ragots : "il se raconte que...", "il paraitrait que..." sans que ces journalistes n'aient fait le moindre effort d'investigation. Un exemple : "il paraitrait que DSK aurait été vu au restaurant d'une célèbre boite échangiste parisienne". Pour faire plus vrai, le nom de cet établissement est même donné. Un simple coup d'œil sur "Pariscope" permet de constater qu'il n'y a pas de restaurant dans cette "boîte"...
Au total un livre décevant.
09:10 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (5)
07/08/2007
Dictionnaire égoïste de la littérature française (citations)
Sur l'amour
"Parle plus bas, si c'est d'amour" Paul-Jean Toulet
"Dites je vous aime et sautez sur la femme" (Stendhal)
"Un peu de passion augmente l'esprit, beaucoup l'éteint"
"Ce désert où règne la solitude et la récrimination, et que les hommes nomment l'amour" (Samuel Beckett)
"Ce qu'il faut avoir dans la femme, n'est pas la femme, c'est l'amour" (Germain Nouveau 1851/1920)
"On se trouve seulement après avoir ajouté des remords aux regrets et des fautes aux souffrances"
"Nous parlions d'amour de peur de nous parler d'autres choses" (Benjamin Constant dans "Adolphe")
"Le temps est chassé durant les saccades de la jouissance" (Michaux)
"Marquise si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux" (Corneille)
(Tout le monde connaît la réplique imaginée par Tristan Bernard et mise en chanson par Brassens, au nom de la marquise : "j'ai 26 ans mon vieux Corneille, et je t'emmerde en attendant...")
"On ne guérit pas de sa jeunesse" (Léon-Paul Fargue)
"Son cœur était comme la mer, qui est le jouet de tous les vents contraires" (Fénelon)
"A force d'être malheureux, on finit par devenir ridicule" (Xavier de Maistre) (Je mets ça pour les chagrins d'amour...)
09:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2)
06/08/2007
Un reptile par habitant
Un reptile par habitant
Théo Ananissoh
Gallimard
Collection "continents noirs"
Qui a tué le colonel Katouka, homme de confiance du Président ?
Pourquoi a-t-il été tué chez Edith, qui appelle au secours Narcisse, son amant occasionnel, alors qu'il est au lit avec sa maîtresse "régulière" ?
Katouka préparait-il un coup d'Etat ? Sa disparition suspecte entraîne la liquidation de ses partisans.
La violence est-elle le seul moyen d'action politique, et moral, en Afrique ?
Un petit roman policier, un peu politique et, un peu érotique aussi, car Narcisse aime les femmes, à l'écriture concise et avec un enchaînement rapide des actions.
09:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3)
04/08/2007
Hélicos, histoires authentiques
Hélicos
Histoires authentiques
Fréderic Lert
Editions : "altipresse"
Je ne suis jamais monté dans un hélicoptère, même au sol, je ne sais pas si cela m'arrivera un jour, mais en cette saison d'évasion, j'ai pris plaisir à lire ce livre qui raconte, de façon vivante, y compris souvent avec le "suspens", des aventures réelles dont un ou des hélicoptères ont été les vedettes.
La première histoire commence le 8 décembre 1941, le jour de l'attaque japonaise sur Pearl-Harbour, quand une étrange machine, ressemblant à un "batteur à œuf" géant prouve qu'il est possible de décoller verticalement.
Dès 1944 un exemplaire de cette machine volante réussira la première opération de secours, pour récupérer, en Birmanie, les occupants, blessés, d'un avion tombé derrière les lignes japonaises.
L'exemple sera suivi et la France utilise des hélicoptères pour les évacuations sanitaires pendant la guerre d'Indochine, sous l'impulsion d'une femme hors du commun, Valérie Andrée, capitaine de l'armée, chirurgien, parachutiste, qui apprend à piloter les hélicoptères dans ses moments d'accalmie. 12.000 blessés seront ainsi évacués.
Les Américains utiliseront abondamment les hélicoptères pendant leur guerre du Vietnam (cf. le film "Apocalypse Now") mais aussi pour les opérations de secours, telle celle qui a consisté à récupérer, au nez et à la barbe de l'ennemi, une "mère supérieure" de plus d'un quintal, à l'étroit dans la cabine de pilotage, ou un blessé se débattant au point de se saisir, temporairement, du "manche" de pilotage de l'appareil.
C'est également un hélicoptère qui ira récupérer, en territoire ennemi, malgré les erreurs de la chaîne de commandement, le pilote d'un F117 américain abattu par un missile serbe.
Tous les sauvetages ne sont pas militaires, à l'exemple des secours portés, par les services civils et militaires, en septembre 2002, aux sinistrés du Gard et de l'Hérault, piégés par les inondations, (1.300 habitants évacués par une vingtaine d'hélicoptères).
Beaucoup plus au Nord, 104 des 138 personnes sauvées lors du naufrage du ferry "Estonia", entre Tallin et Stockholm, la plus grande catastrophe maritime depuis le Titanic, l'ont été par des hélicoptères à bord desquels des plongeurs avaient embarqué.
Et puis, comme dans tous les domaines, il y a la volonté de se surpasser : par exemple un atterrissage, bien évidemment en hélicoptère, sur le "toit du monde", l'Everest, à 8.850 mètres au dessus du niveau de la mer, avec des vents violents transformant l'engin volant en fétu de paille, avec le risque d'extinction de la turbine, en raison de la raréfaction de l'air, pour prouver aux potentiels clients indiens que les engins français peuvent travailler au delà de 6.000 mètres d'altitude.
Les échecs ne sont pas oubliés non plus, afin de ne pas donner un tableau trop idyllique de l'engin : certains sont anecdotiques, comme cette tentative, avortée, de traversée de l'Atlantique, sans poser les "patins", sur les traces de Lindbergh, ou cet hélicoptère qui s'écrase (heureusement sans dommage pour le pilote) en voulant remettre dans le droit chemin un chameau parti vagabonder en emmenant sur son dos un matériel de transmission essentiel dans le désert tchadien.
Echec militaire aussi quand les hélicoptères deviennent vulnérables face aux avions, plus rapides qu'eux, qui les obligent à voler le plus près du sol (maximum 15 mètres, "au delà, c'est le monde des avions"), les mettant à la merci des missiles sol/air, et surtout, pour terminer, le terrible fiasco de l'opération "Eagle claw" (les "serres de l'aigle") destinée à sauver les otages américains en Iran. Opération dont l'échec permettra à Ronald Reagan de devenir Président des USA en battant le Président sortant, démocrate, Jimmy Carter. Tout ça parce que les pilotes des hélicoptères n'avaient pas été correctement préparés (pour cause de "secret défense") aux conditions rencontrées dans le désert iranien.
Au total un livre d'évasion qui vaut bien des romans...
09:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2)