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02/12/2008

Carla et Carlito

Carla et Carlito

 

Ou la vie de château

 

Enquête : Philippe Cohen, Scénario : Richard Malka, Dessin : Riss, Couleur : Isabelle Lebeau

 

Editions Fayard,

Collection 12bis

 

 

Quelque part en France,  en 2011, à l'Institut "Jean-Marie Bigard", un groupe de thérapie rassemble quelques un(e)s des déçu(e)s de Sarkozy.

Il y a là Cécilia, Arnaud Lagadère, délaissé au profit de Boloré, François Fillon, Bernard Kouchner, G.M. Bénamou, David Martinon, Jean-Marie Cavada...

Et pendant ce temps là, toujours en 2001, rue de Solferino, dans ce qui fut les locaux du PS, se retrouve l'O.C.O. (Opération Contre Ouverture) organisation à laquelle veulent adhérer Debré, Copé et Devedjian, rejoints par Rachida.

 

Tout cela sert de fil conducteur à un récapitulatif, peu tendre, de la première année de présidence.

Les "planches" qui mettent côte à côte les déclarations d'une part du candidat, d'autre part du Président sont particulièrement révélatrices.

 

Aucun "scoop" dans cette enquête, juste un rappel des faits à partir de coupures de presse judicieusement sélectionnées.

Un scénario original pour servir de fil conducteur sans lasser.

Des dessins, plus ou moins ressemblants, pour une galerie,  assez vaste,  de portraits, français et étrangers.

Des couleurs qui accrochent l'œil sans être agressives.

 

Et pour terminer cette angoissante question : va-t-il se représenter ?

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique, bd

29/11/2008

mort d'une héroïne rouge

Mort d'une héroïne rouge

 

Qiu Xiaolong

 

Points policiers n°1060

 

 

Cet été, pendant les Jeux Olympiques de Pékin, la parution, en feuilleton, dans Le Monde, d'un des romans de Qiu Xiaolong m'a incité à relire le livre qui l'a rendu célèbre.

 

Pour l'auteur, qui a émigré après les tragiques évènements de la place Tienanmen, le roman policier est prétexte pour montrer la vie quotidienne à Shanghai et Canton, "ville spéciale au sens où la plupart des codes socialistes orthodoxes ne s'y appliquaient pas". "A Canton, il n'existait aucun animal que les habitants n'aient pas trouvé le moyen de transformer en mets délicat". "La cuisine fait partie intégrante de la civilisation chinoise"(voir ma note sur "l'affaire du cuisinier chinois).

 

Les évènements se déroulent il y a bientôt vingt ans,  et les choses ont bien évoluées depuis, en particulier les habitations et la circulation. La pollution n'a fait qu'augmenter.

Dans cette Chine capitaliste, "les scientifiques gagnent moins que les marchands ambulants". Mais peut-être qu'ici aussi les scientifiques gagnent moins que certains commerçants ?

 

L'énigme se déroule un an après la répression de Tienanmen,  et la résolution du mystère criminel ne peut être que politique. Quelle est la ligne politique juste, à un moment où la "stabilité politique" est le mot d'ordre impératif de la direction ? Alors qu'en réaction à la "révolution culturelle", le nouveau mot d'ordre est : "regardez vers l'argent".

Faut-il porter "un coup symbolique aux tenants de la ligne dure, pour qu'ils cessent de se mettre en travers des réformes", "démontrer la détermination du Parti à combattre la corruption ?"

De la réponse dépend la poursuite de l'enquête, puisque la victime est une "travailleuse modèle de la Nation", une "héroïne rouge".

"Nous avons été élevés dans ces mythes communistes du modèle. En fait, cette notion trouve ses racines dans le confucianisme."

Confucianisme que l'on retrouve dans la sagesse populaire citée dans le livre :

"On n'étreint les jambes de Bouddha que dans le désespoir".

"L'homme n'est jamais que ce qu'il a décidé de faire, ou de ne pas faire".

"Ce n'est jamais une bonne idée d'effrayer un serpent en remuant les herbes".

"Ce ne sont pas les individus qui font les interprétations, mais les interprétations qui font les individus".

 

Inventant un personnage de flic poète, l'auteur imprègne son livre de poésie :

"Que m'importent les jours qui m'attendent,

Si, ce soir, ton plaisir avec moi est complet"

"C'est donc ça, l'hypnose de l'amour. Sa métamorphose. Être envouté. Sans défense. Sans poids, sans substance."

"Qui dit que la splendeur d'un brin d'herbe récompense

L'amour du printemps qui revient toujours ?"

22/11/2008

SAS cruel soleil levant

Le défecteur de Pyongyang (2)

 

Gérard De Villiers

 

Cruel soleil levant

 

Editions Gérard De Villiers

SAS n°169

 

 

Dans ce deuxième tome, il n'est plus question du "défecteur".

 

Deux questions concernant la Corée du Nord sont traitées (avec violence) :

- Le recyclage de l'argent des trafics, de drogues, et surtout de fausses monnaies, par des banques de Macao ;

- Les relations compliquées entre le Japon et la Corée :

1. Le Japon a un complexe, de culpabilité et/ou de supériorité à l'égard de la Corée, en raison de son passé colonial (invasion en 1905, annexion pure et simple de 1910 jusqu'à la deuxième guerre mondiale) ;

2. L'enlèvement de Japonais par le régime nord-coréen, dans les années 70 ; le but étant, pour le Nord-Coréens, de les faire parler pour mieux comprendre la mentalité japonaise et entraîner les agents nord-coréens infiltrés au Japon. Depuis,  le régime nord-coréen s'est excusé, mais n'a pas restitué les restes de toutes ces victimes ;

3. L'existence d'une importante communauté coréenne immigrée au Japon. Certaines familles y vivant depuis le temps de la colonisation. Certaines organisations de cette communauté (Chosen soren) apportent un soutien constant à leurs familles restées au Nord, mais aussi au régime, par anti américanisme. Comme le montre le roman, la communauté coréenne au Japon est discriminée, ce qui entretient un sentiment de ghetto et donc de révolte,  qui profite au régime "communiste" de Pyongyang.

 

Une confirmation implicite dans ce livre : la CIA n'hésite pas à utiliser des mafias locales, quand cela l'arrange et Mr De Villers considère, manifestement, que la CIA est toujours "au service des bonnes causes". Il a  bien compris que "Bush veut absolument obtenir un deal avec les Nord-Coréens. Il emploie la carotte et le bâton. SAS, c'est le bâton ! ". Et il est clair que Mr De Villiers préfère le bâton à la carotte.

 

Une petite précision pour terminer : "Joseon", est, effectivement,  le nom donné à la Corée au Japon, mais aussi en Corée,  parce que c'était le nom du royaume millénaire qui s'étendait sur la péninsule coréenne. Selon la légende, ce nom,  qui signifie "le pays du matin calme", a été donné 2333 ans avant JC (pour vous situer dans l'Histoire, c'est juste après la chute de Jéricho) par le père fondateur de la Corée, Tangun, qui, toujours d'après la légende, serait né de l'accouplement d'un Dieu et d'une ourse...

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

15/11/2008

SAS, le défecteur de Pyongyang

SAS, Le défecteur de Pyongyang (1)

 

Gérard De Villiers

 

7 000 kms d'angoisse de Pyongyang à Bangkok

 

Editions Gérard De Villiers, SAS n°168

 

 

David Martinon, ancien porte parole de Sarkozy, candidat puis Président qui l'avait désigné pour prendre sa succession à la mairie de Neuilly, enseignait à "Sciences Po." Et il conseillait à ses étudiants de lire SAS pour les données géopolitiques que contiennent ces livres.

 

Si on met à part les scènes de sexe, inséparables de cette littérature, et les actions propres aux romans de ce type, il faut reconnaître,  qu'au moins de ce volume,  l'essentiel y est : la dictature, paranoïaque,  du régime de Corée du Nord, son financement par le trafic de fausses monnaies et de drogues, et surtout le parcours des "défecteurs" (ceux qui font défection, mais mot que mes petits dictionnaires ignorent).

 

1) Celles et ceux qui font défection pour des raisons politiques sont ultra-minoritaires : ceux qui partent le font parce qu'ils n'en peuvent plus de la pauvreté, qui peut tourner à la famine, comme en 1996,  même si la fuite du pays est passible de la peine de mort ;

2) Le régime exerce un chantage sur les familles pour empêcher les départs. C'est pour cette raison que la plupart des départs actuels sont le fait de femmes, soit célibataires, soit pour des "regroupements familiaux" ;

3) Il y a d'importantes communautés coréennes en Chine, en particulier à proximité de la frontière ; ces communautés aident souvent ceux qui fuient ; souvent dans un esprit missionnaire évangéliste ; souvent aussi elles sont infiltrées par des agents de renseignements nord-coréens ; souvent également elles sont liées à des filières mafieuses chinoises qui abusent de la situation de faiblesse de ces réfugié(e)s, en particulier si ce sont de jeunes femmes, qui peuvent se retrouver "vendues" ;

4) Le défi est, effectivement, non pas tant de franchir la frontière avec la Chine, même si cela reste un moment très dangereux, mais  comme l'indique le sous-titre du livre, de parcourir les "7.000 kms d'angoisse de Pyongyang à Bangkok", où ceux qui arrivent jusque là seront pris en charge par des organismes internationaux, avant de pouvoir rejoindre la Corée du Sud.

 

Le livre montre très bien tout cela, et ce n'est pas, hélas, du roman.  

 

Je n'ai relevé qu'une erreur de "politique étrangère" dans le livre : "Les Nord-Coréens n'accepteront jamais de parler directement aux Américains, il faut passer par les Chinois".

La réalité est exactement l'inverse : depuis des années les Coréens du Nord voulaient parler directement avec les USA, ce qui constituait pour eux une sorte de reconnaissance "de facto", et les Américains refusaient, et les Chinois servaient d'intermédiaires. Aujourd'hui, s'il y a toujours des pourparlers à six (les deux Corées, les USA, la Chine, le Japon et la Russie), les négociations se font de plus en plus directement entre Américains et Nord Coréens.

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

09/11/2008

Yasmina Khadra au Parlement européen

Rencontre avec Yasmina Khadra

 

 

Dans son dernier livre "Ce que le jour doit à la nuit", l'auteur revient à son pays natal, l'Algérie, après nous avoir emmenés en Palestine ("L'attentat"), en Irak ("Les sirènes de Bagdad") et en Afghanistan ("Les hirondelles de Kaboul", voir note sur ce blog).

 

Yasmina Khadra est né, dans une tribu de bédouins, donc de poètes,  Mohammed Moulessouhoul. Il était militaire, il écrivait, et ça ne plaisait pas à sa hiérarchie qui, pour ne pas lui laisser le temps d'écrire l'envoyait dans de difficiles missions lointaines. Mohammed n'entendait pas accepter le comité de censure que voulait lui imposer l'armée. Un jour qu'il était en mission,  son éditeur parisien réclamait un fax avec sa carte d'identité. Il a demandé à sa femme d'envoyer la sienne, et Mohammed est devenu Yasmina, libre de toute censure.

Cette ambigüité, "dualité assumée",  ne lui déplaît pas et, "drag queen de la littérature",  il n'en défend que mieux la cause des femmes, dans ses livres et dans la vie : "la femme n'est pas l'avenir de l'homme, elle est sa vie" ; "les hommes ne méritent pas les femmes, ils cherchent le bonheur là où il n'est pas, au lieu de le chercher dans l'Amour ; aimer les femmes, c'est le chemin du bonheur" ; "les hirondelles de Kaboul ne peuvent pas faire le printemps parce qu'elles sont niées par les hommes" ; "les femmes ne peuvent compter que sur elles mêmes pour s'émanciper".

Traduit dans 35 pays, il refuse de céder devant les menaces qui pèsent contre les écrivains algériens qui écrivent en français. Pour cette raison, il refuse d'écrire en arabe. Il a été traduit en 29 langues, y compris l'hébreu,  avant de l'être en arabe.

Il assume la contradiction qui l'amène à être nommé directeur du centre culturel algérien de Paris, par le Président algérien, alors qu'il ne ménage pas ses critiques contre le régime ("politiquement, l'Algérie mérite mieux").

 

Il considère :

1) que la culture est un territoire de partage ;

2) que la victoire d'Obama est plus culturelle que politique ;

3) qu'aucune religion ne peut être au dessus de la vie humaine.

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature