17/03/2012
L'itinéraire d'Octavio Paz
Itinéraire
Octavio Paz
Prix Nobel de littérature 1990
Editions Gallimard, collection "Arcades"
Autobiographie politique, et intellectuelle qui commence avec la révolution mexicaine et se termine avec l'effondrement du communisme, en passant par la guerre d'Espagne.
Un condensé de l'histoire du XXe siècle par un de ses témoins écrivains, à cheval sur plusieurs continents.
"En ce temps là, contrairement à notre époque, les institutions scolaires de l'Etat jouissait d'un grand prestige"
"On nous apprenait à nous servir du langage comme d'un outil, une arme, une prolongation de la main"
"Peut-être la véritable imagination - à l'opposé de la fantaisie - consiste-t-elle à voir la réalité de tous les jours avec le regard du premier jour"
"Tâche d'être modeste, mais pas humble. L'humilité appartient aux Saints ; la modestie aux gens bien nés"
"Depuis la Contre-réforme, le combat engagé par l'Eglise contre le corps n'a pas été moins impitoyable que sa lutte contre les hétérodoxies"
"Que cherche le voyageur ? Peut-être cherche-t-il son destin ? Peut-être son destin est-il de chercher ?"
"La femme est la porte de la réconciliation avec le monde"
"L'orthodoxie idéologique et l'orthodoxie sexuelle sont toujours les alliées de la xénophobie"
"Toutes les visions de l'histoire sont un point de vue, mais il est clair que tous les points de vue ne sont pas nécessairement fondés" ; "l'histoire est une intersection entre un temps et un lieu"
"L'opposition entre ce que nous pensons et ce que nous ressentons n'est pas rare"
"La culture est une hybridation"
"Le remède au nationalisme n'est pas l'Empire, mais une confédération de nations"
"La tolérance implique que nos convictions religieuses et morales ne s'imposent qu'à ceux qui les partagent avec nous"
"Moi j'allais de par le monde. Mes paroles furent ma maison"
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10/03/2012
le chef d'oeuvre d'Octavio Paz
Le labyrinthe de la solitude
Suivi de Critique de la pyramide
Octavio Paz
Prix Nobel de littérature 1990
Editions NRF Gallimard
1949 (excellente année), Octavio Paz est à Paris. Il occupe un poste subalterne à l'ambassade du Mexique. Il a du temps libre, en particulier pendant les vacances. Il se plonge dans la rédaction d'un essai sur "l'essence du Mexique" et des Mexicains.
Son texte dépasse de loin ce cadre. Non seulement le "Labyrinthe" se veut "une dénonciation passionnée de la société moderne dans ses deux versions, capitaliste et totalitaire", mais il souligne que "nous devons penser pour notre compte, afin d'affronter un futur identique pour tous". "Chacun dépend des autres, il réclame leur présence", dans "le labyrinthe de la solitude". "Les masses modernes sont des conglomérats de solitaires", selon "le rythme double de la solitude et de la communion".
"Nous allions à la recherche de nous mêmes et nous avons rencontré les autres".
"Chaque homme recèle la possibilité d'être, ou plus exactement d'être à nouveau, un autre homme"
"La femme ne cherche pas, elle attire. Dans la vie quotidienne, sa fonction est de faire régner la loi et l'ordre, la piété et la douceur"
"Dis moi comment tu meurs, je te dirai qui tu étais"
"Les Espagnols, en arrivant au Mexique, rencontrèrent des civilisations complètes et raffinées" ; "ensemble de peuples, nations et cultures autonomes, avec leurs traditions propres, exactement comme le monde méditerranéen"
"La conquête du Mexique serait inexplicable sans la trahison des dieux, qui renièrent leur peuple"
"Les dieux ne sont pas de simples représentations de la nature. Ils incarnent aussi les désirs et la volonté d'une société qui se divinise en eux" ; "l'homme invente des dieux à sa ressemblance"
"L'Espagnol est simple : il insulte Dieu parce qu'il croit en lui"
"Les idées et le travail comptent peu. La seule valeur est la virilité qui s'impose par elle même"
"Tous pensent, avec un optimisme hérité de l'Encyclopédie, qu'il suffit de décréter de nouvelles lois pour que la réalité soit transformée"
"Le positivisme offre une nouvelle justification aux hiérarchies sociales. Mais ce n'est plus le sang, ou l'héritage, ou Dieu qui expliquent les inégalités : c'est la Science".
"Toute révolution tend à établir un âge mythique"
"L'amour est scandale et désordre, transgression : celle de deux astres qui rompent la fatalité de leurs orbites et se rencontrent" ; "Dans notre monde, l'amour est une expérience à peu près irréalisable. Tout s'oppose à lui : la morale, les classes, les lois, les races et jusqu'aux amoureux eux-mêmes"
"Vivre, c'est se séparer de celui que nous avons été pour nous interner dans celui que nous allons être, dans un avenir toujours étranger"
"Nous vivons en orphelins du passé, et avec un avenir à inventer. L'histoire universelle est une tâche commune. Et notre labyrinthe, celui de tous les hommes"
La "Critique de la pyramide" a été écrite vingt ans plus tard. "La critique de l'autre commence par la critique de soi-même" ; "La critique nous dit que nous devons apprendre à renverser les idoles, apprendre à les annuler en nous-mêmes"
"La définition de l'homme comme être qui travaille doit être échangée comme celle de l'homme être qui désire"
"Ou bien le Mexique développé absorbe et intègre l'autre, ou bien le Mexique sous-développé, par le simple poids mort de la croissance démographique, finira par asphyxier le Mexique développé"
"La valeur suprême n'est pas l'avenir : c'est le présent. L'avenir est un temps fallacieux qui ne cesse de nous dire : "l'heure n'est pas venue", ce qui revient à nous nier. Le futur n'est pas le temps de l'amour : ce que l'homme aime vraiment, il l'aime maintenant"
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03/03/2012
Artemio Cruz est mort
La mort d’Artemio Cruz
Carlos Fuentes
Folio n°856
Artemio Cruz est mort. Ancien combattant de la Révolution, devenu député, fort riche pour avoir su détourner à son profit la révolution agraire, « à l’époque où Juarez mit en vente les biens du clergé et où un commerçant, à condition d’avoir quelques petites économies, pouvait se rendre maître d’immenses terres » (comme dans l’Angleterre de Cromwell et la France révolutionnaire…), ayant oublié son idéal pour assouvir sa soif de puissance. « Tu ne seras pas coupable de la morale que tu n’as pas créée ». Sa mort est l’occasion de revoir sa vie : 1941, 1919, 1913, 1924, 1927, 1947, 1915, 1934, 1939, 1955, 1903, et pour finir 1889, année de sa naissance. Rien de linéaire donc. « En choisissant, tu cesseras d’être tous les hommes que tu aurais pu être. ». « La mémoire est le désir satisfait, aujourd’hui que ta vie et ton destin ne font qu’un ».
Plus facile à comprendre avec une connaissance minimum de l’histoire contemporaine mexicaine.
« Les femmes s’habituent à tout : cela dépend de l’affection qu’on leur donne »
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01/03/2012
Le Clézio et le Mexique
Le rêve mexicain
J.M.G. Le Clézio
Prix Nobel de littérature 2008
Folio "essais" n°178
1517 : Hernan Cortés, représentant de la Renaissance espagnole, rencontre, puis affronte, l'Empereur aztèque Moctezuma.
Le Clézio s'appuie sur les récits du soldat Bernard Diaz del Castillo, puis du franciscain Bernardino de Sahagun.
Avec cette question finale : que serait devenue notre civilisation si elle n'avait pas détruite celle des Aztèques ? "Comment auraient évolué ces civilisations, ces religions ?" "Quelle philosophie aurait pu grandir ?" Que serait notre monde si les valeurs de cette civilisation n'avaient pas été exterminées ? "De quelle richesse les Conquérants européens nous ont-ils privés ?"
"L'homme d'Occident doit réinventer tout ce qui faisait la beauté et l'harmonie des civilisations qu'il a détruites"
"C'est l'extermination d'un rêve ancien par la fureur d'un rêve moderne"
"De la verroterie contre de l'or, excrément du soleil, l'ère coloniale pouvait commencer"
"Les véritables symboles de la Conquête : les chaînes et les lingots"
"Ce qu'on appelle la civilisation : l'esclavage, l'or, l'exploitation des terres et des hommes, tout ce qui annonce l'ère industrielle"
"Sans l'or, sans la matière première, sans le travail des esclaves surtout, quel eût été le sort de l'Europe et de sa "révolution industrielle ?"
"Le rituel cruel et sanglant du peuple aztèque n'est pas un décor ; il est la vie, il est la mort, somptueux et chatoyant avec ses masques, ses costumes, sa "regalia" de plumes d'or et de turquoises"
"Il n'y a sans doute pas eu dans l'histoire du monde peuple plus occupé par le sang"
"Le sang est le symbole de cette ivresse mystique, qui permet la rencontre entre les hommes et les dieux"
"Les chants et les danses ne sont pas seulement des prières ou des actions de grâce. Ils sont aussi des scènes magiques qui matérialisent les forces mystérieuses de l'au-delà."
"C'est le mythe des Amazones qui guide les Conquérants vers le Nouveau Monde"
"Les grands mythes de genèse sont ceux qui se répondent d'une civilisation à l'autre"
"Le mépris du civilisé pour le barbare a pour corollaire l'admiration, l'envie, une sorte d'aspiration refoulée"
"Derniers visionnaires du monde moderne, les Indiens, confrontés à la violence de la Conquête européenne, trouvent dans l'illusion de l'immortalité la force d'un combat sans espoir"
"C'est la foi religieuse qui soutient la lutte des peuples barbares contre l'envahisseur chrétien. Il s'agit bien d'une guerre sainte".
"Le message d'amour et de justice des premiers missionnaires où s'exprimaient les concepts moraux de la Renaissance, ne pouvaient rencontrer que l'incompréhension, puis la méfiance au fur et à mesure que ces paroles étaient contredites par la brutalité des Conquérants militaires, spoliateurs et faiseurs d'esclaves"
"Le rêve barbare, commencé dans l'ivresse d'une guerre sainte contre les envahisseurs, est devenu au long des siècles symboles du désespoir et de la mort"
"La mort est la seule issue pour les derniers nomades, devenus hors-la-loi"
"Pour les Mayas, comme pour les Aztèques, le but n'était pas la maîtrise des lois de l'univers, mais la perception de la destinée"
"La vie sur la terre n'est qu'un bref instant entre le chaos initial et le chaos final"
"L'homme naquit d'une flèche envoyée par le soleil"
"Il y a une inquiétude personnelle, une interrogation sur soi-même et sur le monde qui est le propre de la création littéraire"
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25/02/2012
le grand classique de la littérature mexicaine
Juan Rulfo
Pedro Paramo
Folio n°4872
“Dans la violence de Pedro Paramo, l’on perçoit le mouvement circulaire du temps, la cruelle harmonie du chaos, l’ironie des plus anciens rêves de l’homme », écrit J.M.G. Le Clézio dans son essai « Le rêve mexicain ».
« Pedro Paramo », unique roman de Juan Rulfo, est considéré comme le grand classique de la littérature mexicaine. Le lecteur y retrouve l’illustration des mythes ancestraux mexicains : les vivants vivent avec les morts et leur parlent. Et réciproquement. Les morts se parlent aussi entre eux. Il y en a même qui parlent tout seul, comme chez les vivants.
L’histoire se passe il y a un siècle, dans un Mexique rural, où la lutte pour la terre est omniprésente, où l’exode vers la ville a déjà commencé, où les propriétaires ont tous les droits, malgré le passage de partisans de Pancho Villa, que fuyaient les parents de l’auteur.
Juan part à la recherche de son père, Pedro Paramo, dont il découvrira la vie, la mort, et qu’il n’est pas son seul bâtard.
« Toi, Tu ne t’occupes que des âmes. Et ce que je veux de lui, c’est son corps. Nu et brûlant d’amour, bouillant de désirs. »
« Mais pourquoi faut-il toujours que les femmes aient un doute ? »
« Pourquoi crois-tu te mêler de la révolution ? Si c’est pour demander la charité, tu es complètement dépassé ? »
« Je ne me lassais pas de regarder cette apparition, qui était toi. Douce, lustrée de lune ; ta bouche bouillonnée, mouillée, irisée d’étoiles ; ton corps se diluant dans l’eau de la nuit ».
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