12/11/2011
souvenirs d'une sale guerre
Les soldats de l'aube
Déon Meyer
Point policier P1159
Déon Meyer est un écrivain vedette en Afrique du Sud. Quand j'étais là bas, il y a quelques semaines, la version anglaise de son dernier livre était dans les vitrines de toutes les librairies. Si la traduction française est littérale, il s'appellera "Traces". Comme je suis un peu paresseux, j'ai préféré attendre la traduction, et je me suis contenté d'un de ses livres plus anciens, en français, et en format de poche.
L'enquête est menée par un ex-policier devenu détective privé, qui lutte contre l'alcoolisme qui lui a déjà fait perdre sa femme.
Il est chargé, contre forte rémunération, de retrouver le testament volé d'un homme torturé et assassiné.
Comme toujours chez Déon Meyer, son enquête l'amène vers le passé de l'Afrique du Sud, le temps de l'apartheid, ces années 70 pendant lesquelles ce pays envoyait ses soldats lutter contre les indépendantistes marxistes de Namibie et d'Angola. "Le grand combat contre le communisme mettait parfois de bien étranges compagnons dans le même lit". "Dieu sait si ce pays avait des secrets ! A en remplir des hangars entiers. Mort, torture, armes chimiques et nucléaires, missiles balistiques et listes d'assassinats".
"44 tonnes de documents brûlés en 93".
"La femme en victime sans défense qu'on doit manipuler, objet de prédilection du tueur en série"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
05/11/2011
Afrique du Sud, 1952
Justice dans un paysage de rêve
Malla Nunn
Editions des deux terres
Traduction du titre original : "Un bel endroit pour mourir".
Septembre 1952, dans une petite bourgade rurale d'Afrique du Sud. "Une époque où le terme "immoralité" était appliqué aux rapports sexuels interraciaux et non à la multitude de lois qui privaient tant de gens de leur liberté".
Un policier débarque de la capitale pour enquêter sur la mort du chef de la police locale.
Très rapidement, il est dessaisi de l'affaire au profit de la police politique. Pour le pouvoir en place, qui vient d'instaurer l'apartheid, le coupable ne peut être que noir et communiste. Dans "La pâle figure" les coupables ne pouvaient être que juifs, puisque cela servait la propagande du pouvoir.
"Huit ans après les plages de Normandie et les ruines de Berlin, on parlait encore d'esprit afrikaner et de pureté de la race dans les plaines africaines"
Pour régenter les rapports entre les êtres humains, le pouvoir s'appuie sur la Bible de l'Eglise hollandaise réformée. Mais est-il possible de réglementer l'Amour, et même les attirances sexuelles ?
Bien qu'écarté, l'inspecteur Emmanuel Cooper reste et se plonge dans "les secrets et les mensonges de la petite ville".
"Le métier d'inspecteur était l'un des rares à ne pas être soumis à la loi interdisant le contact entre les races."
"Les Boers authentiques n'avaient pas besoin de faire preuve de bon goût : Dieu était à leur côté"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
30/10/2011
Républicains ou Vendéens ?
L'énigme de la rue Saint-Nicaise
Laurent Joffrin
Editions Robert Laffont
Il n'y a pas d'énigme de la rue Saint-Nicaise. Le jour de Noël 1800, "qu'un arrêté du gouvernement venait de rétablir après sept ans d'interdiction révolutionnaire", le Premier Consul échappe à un attentat (une bombe dissimulée dans une charrette, rue Saint-Nicaise), en se rendant à l'Opéra. Les coupables sont connus. D'où la difficulté d'en faire un roman. Laurent Joffrin, brillant journaliste du Nouvel Observateur puis de Libération, y parvient en romançant l'enquête qui conduit à la vérité.
Au temps du nazisme les coupables se devaient d'être juifs (voir ma note sur "La pâle figure"), au temps de l'apartheid d'être noirs (voir ma note sur "Justice dans un paysage de rêve"), Bonaparte, à ce moment politique, qu'il voulait de réconciliation nationale, avait besoin qu'ils soient républicains. "C'est une course entre la politique et la justice. La justice a trois longueurs de retard...Comme toujours."
A l'occasion de l'enquête, le lecteur rencontre non seulement Napoléon, mais aussi Fouché, "trop républicain" dont "l'intelligence avait atrophié le cœur", Madame Récamier, Madame de Staël..."Là où se croisaient les passions les plus grandes, celles qu'attisent la luxure, l'argent et le pouvoir". "L'or et la galanterie sont des ingrédients de la politique".
Avec des retours en arrière vers la terrible guerre de Vendée.
"Il n'y avait plus de privilèges, sinon ceux que l'on se taillait soi-même"
"Les principes veulent une liberté de religion, mais non une obligation de culte"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
29/10/2011
l'étincelle qui a embrasé le monde arabe
Par le feu
Récit
Tahar Ben Jelloun
Membre de l'Académie Goncourt
Editions NRF / Gallimard
Dans une fiction, sous forme d'hommage, Tahar Ben Jelloun raconte les jours qui ont précédé le sacrifice, par le feu, de Mohamed Bouazizi, jeune diplômé mis dans l'impossibilité de survivre en vendant des fruits et légumes.
"A force d'être écrasé, humilié, nié dans sa vie, il a fini par devenir l'étincelle qui embrase le monde"
"Le croyant est disposé au malheur ; Dieu le met à l'épreuve ; alors patience..."
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
23/10/2011
Berlin et Vienne après guerre
Un requiem allemand
Philip Kerr
Troisième tome de la "trilogie berlinoise"
Prix des lecteurs 2010 Livre de poche policier, N°31644
1947. Le détective privé Bernard Gunther ne s'attarde pas longtemps à Berlin, qui a reçu 75 000 tonnes de bombes. "Berlin ruinée par la vanité des hommes". Il a froid et il ne mange pas à sa faim. Sa femme flirte un peu trop avec un officier américain. ("Les seules femmes en qui on peut avoir confiance, ce sont les femmes des autres".) Il tue un soldat russe qui tentait de le dépouiller. Il accepte une mission à Vienne.
Contre forte rémunération, il doit prouver l'innocence d'un de ses anciens adjoints de la police berlinoise. Il croisera la route d'une association de "vieux camarades", ces anciens SS qui se font passer pour morts, que les Américains recyclent dans l'anticommunisme et les Russes dans le goût de l'ordre. "La Ratline était la principale filière d'évacuation clandestine des nazis recherchés". "Aujourd'hui, on croirait qu'ils n'ont été qu'une poignée". "Il existait une certaine base théologique pour refuser l'idée d'une culpabilité allemande collective. La culpabilité, expliquaient les prêtres, est une affaire personnelle entre un individu et son Dieu".
Les agents sont parfois doubles, sinon triples. Le "Troisième homme" et John Le Carré ne sont pas loin.
Avec le style caractéristique de Philip Kerr : "mon crâne palpitait comme les flancs d'un doberman excité." ; "La matinée était plus froide qu'un couteau de circoncision".
"Le langage bureaucratique était la seule langue qu'un Britannique pourrait parler en dehors de la sienne"
"Une très jolie fille doit veiller à se partager équitablement entre tous"
"Le mythe d'une armée française victorieuse est une idée presque insupportable pour un Allemand"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature