02/06/2020
Le roman vrai de la mafia du CO2
D'argent et de sang
Fabrice Arfi (journaliste Médiapart)
éditions du Seuil
D'un côté deux gamins de Belleville qui ne traînent pas longtemps sur les bancs de l'école communale. Ils deviennent les roi de l'arnaque.
De l'autre côté, de Paris, et de la société, Arnaud, éduqué mais sans aucun scrupule.
Ensemble, ils montent une des plus importante arnaque à la TVA, basée sur la bourse aux quotas de CO2 prévue par "le Protocole de Kyoto", un accord international basé sur le principe "pollueur + payeur". Un millier d'installations classées parmi les plus polluantes se trouve en France.
Il faudra des années aux énarques de Bercy, des douanes, de la brigade financière, de la Caisse des dépôts, pour démonter la combine. Résultat : au moins deux milliards perdus pour les finances de l'Etat. La Cour des Comptes arrive au chiffre de 1,6 milliards. "Une arrogance, un aveuglement, une inconséquence sidérante, une bêtise incommensurable, bref un fiasco d'Etat !"
"L'intelligence de rue de quelques sans-grade de Belleville, qui ont su s'associer avec les bonnes personnes au bon moment, est parvenue à duper l'intelligence diplômée des meilleurs énarques."
"Le tiroir était grand ouvert et les gars se sont servis dedans, mais ce n'est pas la faute du tiroir."
"Samy est sorti le grand gagnant de la répartition avec 120 millions pour lui, devant 60 ou 70 millions à Marco et 20 millions à Arnaud (qui perdra tout au jeu)."
La différence entre deux milliards et à peine plus de 200 millions ? Il faut bien payer des intermédiaires...
La vie super luxueuse de l'ultra-richesse des trois ex-gamins se terminera un jour, au mieux en prison, au pire...
Ayant bénéficié des largesses de l'un d'entre eux : "Bibi" et sa femme, qui ne payaient jamais rien quand ils venaient en France.
Une enquête qui se lit comme un roman !
16:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : enquête
31/05/2020
l'amour, des 70's à #metoo
Un homme qui passe
Dany et Denis Lapière
éditions Dupuis / Aire libre
En Bretagne, en pleine tempête, un photographe bourlingueur et suicidaire sauve une jeune femme sur un voilier en perdition. Poussé par celle-ci il raconte sa vie amoureuse sans attache et sans promesse, au fil de ses reportages photographiques. De quoi choquer une jeune femme de la génération #metoo qui le classe dans la catégorie des "prédateurs sexuels", même s'il n'a jamais violé ni même forcé aucune.
Dany est un dessinateur bien connu de la BD belge, et Denis Lapière un scénariste chevronné. Ensemble, ils ont réussi un bel album, plein de sensibilité, et de nostalgie pour notre génération.
17:37 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
25/05/2020
Tenter de comprendre la Birmanie
Aung San Suu Kyi,
Rohingya,
et extrémistes bouddhistes
Frédéric Debomy, Benoît Guillaume
massot éditions
Je suis de ceux qui avaient une photo de "la dame de Rangoon" affichée dans leur bureau. Celles et ceux qui entraient ne pouvaient pas ne pas la voir. Au fil des années j'ai écrit régulièrement, pour le compte du groupe socialiste du Parlement européen, des propositions de résolution pour défendre les droits de l'Homme en Birmanie. Je comprends ce que Aung San Suu Kyi a souffert, en prison ou assignée chez elle. J'ai rencontré son mari à Chicago, en marge d'une convention du parti démocrate. Je sais que l'armée veut garder la réalité du pouvoir, et donc l'étroitesse de la marge de manoeuvre du gouvernement, surtout sur la question des minorités.
D'où mon désarroi face au drame honteux des Rohingas.
Frédéric Debomy et Benoît Guillaume connaissent la Birmanie. Ils s'y sont rendus plusieurs fois et y ont de nombreux contacts, surtout parmi les défenseurs des droits de l'Homme. Ils montrent par leurs dessins. Des faits, peu de jugements, pour nous laisser nous faire notre propre idée.
Ils parlent des Rohingya, mais également d'autres minorités, comme les Karens, et les Chins très soutenus par le PPE, et les Américains, parce que majoritairement chrétiens (ça, c'est moi qui l'ajoute)
"Je me retrouve à écouter ceux qui m'expliquent que les droits de l'homme passent après l'intérêt national et que la démocratie n'est pas toujours la priorité."
"Les moines extrémistes ont aussi poussé au crime."
"Donner un peu de pouvoir à Aung San Suu Kyi a permis aux militaires d'obtenir ce qu'ils souhaitaient : le rétablissement de relations correctes de la Birmanie avec la partie du monde qui n'appréciait pas leur dictature."
"Il y a un réflexe de défense d'une fierté fragile : on se referme."
"On opprime le plus faible par crainte du plus fort."
"Quand la politique dérive vers les obsessions identitaires, il me semble que c'est très dangereux." "En Birmanie comme en France, quand il est question d'identité les problèmes sont à l'avenant. Je crains que l'esprit de tolérance ne mette encore du temps à s'affirmer."
"Il y a des politiciens irresponsables qui vont dans le sens des préjugés au lieu d'inciter à les dépasser. Ils pensent que de cette façon, ils deviendront populaires. C'est jouer avec le feu."
"La Birmanie a derrière elle des décennies de conflits qui s'expliquent par le refus de l'armée birmane de prendre en compte une demande des minorités : vivre dans un Etat fédéral et non dans un Etat centralisé, sous domination des Birmans bouddhistes."
Le livre ses termine par la situation des femmes :
"être une femme en Birmanie, c'est être confinée à un rôle d'éternelle mineure. Les jeunes femmes obéissent à leurs mères."
"Il suffit d'observer que le statut des nonnes n'est pas égal à celui des moines."
"La femme doit à l'homme déférence et respect."
"Au Parlement birman, il y a 10% de femmes."
18:51 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bd, birmanie
23/05/2020
Lublin 1938/1944
Au nom de l'enquête
Marcin Wronski
Actes noirs / Actes Sud
Lublin, au sud-est de Varsovie, sur la route vers l'Ukraine.
En 1938, une jeune femme est violée puis étranglée.De mystérieuses sécrétions maculent le corps de la victime. Le commissaire Zyga Maciejewski enquête. L'année suivante, même chose, alors que l'armée allemande envahit la Pologne. "Au nom de l'enquête", Zyga accepte d'être intégrée à la fameuse Kripo, la police criminelle allemande, bien connue des lecteurs de Philip Kerr. N'étant un "collabo" que pour des raisons de recherche d'un criminel, Zyga est recruté par la résistance, ce qui contrebalance son appartenance à la police allemande.
Zyga est obsédé par ces meurtres. D'autres identiques suivront. Pour Zyga, ils occultent les milliers de morts causés par les nazis, en particulier l'extermination du ghetto, et les morts du camp de concentration de Majdanck. Avec les nazis, le crime est dans l'ordre des choses.
En 1944, ce sont les troupes soviétiques qui bombardent Lublin puis s'installent dans la ville, ce qui n'empêchent pas Zyga de se concentrer sur la recherche de son tueur en série. Enfin avec succès.
17:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, histoire
20/05/2020
Salomon, maître des djinns
Soliman le Magnifique
scénario : Clothilde Bruneau, Esteban Mathieu
historien : Julien Loiseau (maître de conférences en histoire de l'islam)
dessin : Cristi Pacurariu
couleurs : Andrea Meloni, Mad5 Factory
Le Monde / Glénat / Fayard
Il n'y a qu'un seul Dieu, il ne peut donc y avoir qu'un seul Empereur. Soliman n'a jamais reconnu Charles Quint comme empereur romano-germanique. Soliman a bénéficié de la faveur des armes, en particulier de l'artillerie la plus puissante de son temps, grâce aux innovations de ses artilleurs francs, et donc de la main de Dieu.
A la tête d'un Empire allant de Buda à La Mecque ainsi que le Yémen, et de Tunis à Bagdad, il avait pour concurrents les Habsbourg, ainsi que le Shah d'Iran.
Il conduisit en personne dix expéditions en Europe et trois en Asie. Avec deux échecs : Vienne et Malte.
A la tête de ses troupes à plus de 70 ans, afin d'éviter d'être évincé par son fils le plus populaire au sein de l'armée, il n'a pas hésité à le faire exécuter, ainsi que les jeunes enfants de ce dernier.
Les Balkans ne cessèrent de former le coeur de l'Empire ottoman.
"Le canon de la loi doit toujours succéder au fracas des armes."
08:05 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire