11/08/2019
Quelle vie ont eu nos grands-parents ?
Histoire de Rose et Jean Duchemin
Alphonse Karr
éditions des falaises
Mon fils m'a ramené d'Etretat, berceau de la famille Vallin, un petit livre racontant la vie de Rose Duchemin, née Vallin.
Une vie de dur labeur, à la limite de la misère ("nous étions pauvres honteux"). Une vie à demander au boulanger de pouvoir payer le pain, principale nourriture avec les pommes de terre, à crédit, au retour de pêche.
Sur la couverture on voit des femmes, et des hommes, tourner autour du cabestan pour remonter le bateau de pêche sur les galets. Une scène racontée par ma grand-mère paternelle. Les femmes attendaient sur la grève. Dès que les bateaux étaient en vue, le rappel était lancé pour que toutes les disponibles viennent tourner afin de remonter les cordes, et donc les bateaux.
Rose, treizième enfant de la maison Vallin, mariée en 1815 afin de son mari soit exempté de partir à la guerre de Napoléon.
Jean Duchemin était marin. Mais si pauvre qu'il n'avait pas de filet pour participer à la pêche. ("il faut six filets pour avoir son lot à la pêche du hareng") Seule solution : prendre un crédit. Une pêche difficile puisque déjà à l'époque les marins se plaignaient que les harengs aient quitté nos côtes. "Nous avons à présent un pays bien triste pour la pêche, nos côtes sont stériles."
Rose élèvera seize enfants. Sept garçons et neuf filles. "Il ne faut pas crier après les enfants pour se faire craindre, on est plutôt servi à les prendre par la douceur. Quand on crie après eux, ils vous haïssent de suite ". La mer lui prendra deux garçons, dont l'ainé.
Aujourd'hui une école d'Etretat porte le nom de Rose Duchemin.
Alphonse Karr, romancier et journaliste (il fut même rédacteur en chef du Figaro de 1836 à 39) prête sa plume pour raconter la vie de Rose, en certifiant qu'il a reproduit fidèlement son récit.
17:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, histoire
31/07/2019
La Raison au service de la Justice
Ne tirez pas sur le philosophe !
Frédéric Lenormand
J.C. Lattès
L'éditeur de Frédéric Lenormand le présente comme le "San Antonio du thriller historique", ce qui est placer la barre un peu haut. Le style est vif et plein d'humour, très agréable à lire. L'énigme policière est secondaire, comme cela était le cas avec Frédéric Dard.
Ce roman met en scène un Voltaire menant l'enquête en se basant sur la raison, face à Madame du Châtelet plus intuitive. Ils aboutiront aux mêmes résultats.
Le livre est une occasion de rappeler la vie quotidienne au temps de Louis XV.
"Je suis le Don Quichotte des malheureux" (Voltaire)
"L'Eglise n'interdisait plus l'examen des trépassés, pourvu qu'on s'abstînt d'y chercher l'emplacement de l'âme ou le secret de la vie."
"Quand on n'est plus très beau ni très jeune, on a intérêt à être très propre."
08:00 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, histoire
28/07/2019
Nettoyage "ethnique"
Echanger les peuples
Le déplacement des minorités aux confins polono-soviétiques
1944/1947
Catherine Gousseff
éditions Fayard
Il y a peu, je parlais dans ce blog de "l'Europe barbare", de l'historien anglais Keith Lowe qui consacrait une vingtaine de pages aux échanges de populations entre l'Ukraine et la Pologne, en raison des changements de frontières intervenus à la fin de la deuxième guerre mondiale. Catherine Gousseff consacre tout son livre à cet "échange".
De 44 à 46, près de deux millions de personnes se croisèrent, chassées de leurs demeures, dans l'indifférence internationale.
Les Polonais étaient généralement les maîtres dans ce qui devenait la partie occidentale de l'Ukraine, mais ils y étaient démographiquement minoritaires. Ils furent menacés, s'ils ne partaient pas, d'être déportés vers le Donbass, ou même la Sibérie. Les hommes étaient enrôlés de force dans l'armée rouge. Ils partirent complètement dépouillés.
Les Ukrainiens étaient nombreux en Pologne. Dans un premier temps ils acceptèrent leur déplacement vers la "mère patrie", partant avec leur matériel agricole et leurs animaux. Placés dans des fermes collectives miséreuses, ils ne tardèrent pas à reprendre le chemin de l'Ouest. La Pologne leur donna alors la possibilité d'aller encore plus vers l'Ouest, repeupler les terres prises sur l'Allemagne vaincue.
Dans les deux cas, la haine déferlait, faisant des dizaines de milliers de victimes. L'intolérance confessionnelle aggravait la situation. Les églises étaient incendiées avec les villages.
Les plus nombreux à être expulsés furent les douze millions d'Allemands expulsés d'Europe centrale vers l'Allemagne, où ils n'étaient pas les bienvenus.
Les voyages se firent dans des conditions épouvantables. Pas de trains, pas d'abris, pas de nourriture, des attaques de bandes armées pour voler le peu qu'il restaient à ces populations déportées, viols des femmes...
Une page noire de l'histoire de l'Europe.
08:48 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
26/07/2019
Louis IX
Saint Louis
Scénario : Mathieu Mariolle et Alex Nikolavitch
Historiens : Etienne Anheim et Valérie Theis
Dessin : Filippo Cenni
Couleurs : Hugo Poupelin
"Les grands personnages de l'histoire en bandes dessinées"
Le Monde, Glénat et Fayard
Saint Louis est un mythe de l'histoire de France, et ce mythe a finit par recouvrir la réalité du personnage historique.
Louis IX était croyant, comme on pouvait l'être, sans nuances, au Moyen-Âge. Il était entouré d'ecclésiastiques, en particulier issus des ordres mendiants. Il s'est attaqué aux jeux d'argent, au blasphème, à la prostitution...et aux Juifs. Se considérant comme "un roi chevalier", il a conduit plusieurs croisades, dont une qui lui a coûté la vie. Mais sa canonisation doit beaucoup à la volonté du Pape Boniface VIII de chercher un compromis avec Philippe Le Bel, petit-fils du Saint. L'étroitesse des rapports entre l'Eglise et les capétiens ancre la croyance dans la "race sainte" capétienne, détenant le pouvoir royal par la volonté de Dieu.
Cette BD montre, derrière le Roi, le Saint, l'homme.
16:02 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire
23/07/2019
Prière
Pénitence
Philip Kerr
éditions du Masque
Philip Kerr est décédé l'année dernière. Il nous reste ses livres. Les éditions du Masque ressortent, en format de poche, un roman de 2013.
Le héros en est un agent du FBI qui ressemble comme un frère à Bernie Gunther, le policier fétiche de Kerr. Même détachement, même esprit sceptique et sarcastique. Et même style de l'auteur.
Sur la piste d'un tueur en série, au Texas, le policier va rencontrer une Eglise évangélique dont les fidèles prient un Dieu vengeur. Des "christianistes", "aussi dingues que les islamistes, simplement ils chantent des chants plus sirupeux." En France on parlerait de secte. Aux USA toute secte est considérée à égalité des Eglises.
"Prière" est le titre original, "Pénitence" le titre de la version française. Mais la pénitence commence par la prière...
Je n'ai pas aimé les parties qui échappent au rationnel.
"Quand les dieux veulent nous punir, ils exaucent nos prières." (Oscar Wilde)
18:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar