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04/06/2016

Hollywood au temps de la "liste noire"

Dalton Trumbo

de Jay Roach

avec Bryan Cranston, Diane Lane, Helen Mirren

 

Il ne faut pas oublier la paranoïa anticommuniste qui a saisi les USA au début de la "guerre froide".La "commission des activités anti-américaines" menée par le sénateur Mac Carthy, qui a donné son nom à cette période, le maccarthysme, était obsédée par la chasse contre les progressistes.

Dalton Trumbo est un des dix d'Hollywood a avoir refusé de répondre à cette commission. "Il estimait que le Congrès n'avait aucunement le droit de l'obliger à révéler ses opinions politiques", explique sa fille. Même si ses idées étaient bien connues. 

Il sera donc placé sur une liste noire l'obligeant à travailler sous différents prête-noms. C'est anonymement qu'il remportera deux Oscars, dont l'un pour "Vacances romaines".

Il retrouvera la lumière lorsque Kirk Douglas imposera que le nom de Dalton Trumbo figure au générique de Spartacus, malgré les menaces de boycott des anti-communistes. Les manifestations à l'entrée des cinémas cesseront lorsque le Président Kennedy prendra la défense du film et invitera tous les Américains à aller le voir.

Otto Preminger portera le coup de grâce à cette liste noire en affichant, lui aussi, le nom du scénariste au générique d'un de ses films,  sous son vrai nom.

Jay Roach, quand il était étudiant en cinéma, a eu pour professeur, l'un des amis de Dalton Trumbo, lui aussi sur la liste noire.

Jay Roach a réalisé plusieurs films qui tournent autour de la politique, dont "Moi député" (pour le titre français) passé inaperçu chez nous, mais que j'avais bien aimé, et dont j'ai parlé dans ce blog.

 

15:48 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

26/05/2016

Elle, Isabelle Huppert

Elle

de Paul Verhoeven

avec Isabelle Huppert

Anne Consigny, Laurent Lafitte, Charles Berling

 

10 ans après son dernier film, et surtout 24 ans après "Basic Instinct", Paul Verhoeven offre un rôle magnifique à Isabelle Huppert, actrice prodigieuse qui nous fait complètement oublier qu'elle a 63 ans. Il est vrai qu'elle s'est fait connaître dans "Les valseuses" pour son rôle d'adolescente, alors qu'elle avait 21 ans...

Son personnage est une patronne qui mène sa vie d'un pas décidé et sans scrupule. Elle est violée. Le film montre des pulsions sexuelles ambigües, donc perturbantes, surtout quand elles sont assorties de violences !

Un film prenant.

16:50 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

23/05/2016

Algérie et fabricants d'armes

Paix à leurs armes

Olivier Bottini

éditions Black Piranha

 

Le représentant d'une importante entreprise allemande de fabrication d'armes est enlevé en Algérie.

Le gouvernement accuse les islamistes d' AQMI (Al Qaida au Maghreb Islamique).

Le policier, allemand,  en poste à l'ambassade allemande d'Alger veut y voir de plus près, sans l'autorisation des autorités algériennes.

Le personnage principal du roman n'est pas le policier mais l'Algérie et ses plaies mémorielles : l'occupation française, la guerre de libération, l'armée au pouvoir depuis l'indépendance, la décennie sanglante de lutte contre les islamistes ("la décennie noire"), les démocrates marginalisés.

 

"A 18 ans, les fils sont difficiles. Ils aimeraient être quelque chose, mais ne sont encore rien. De tristes chasseurs qui n'ont pas encore attrapé de proies, figés entre l'adolescence et la virilité."

"La mémoire collective de la domination coloniale française était encore bien ancrée dans la population." Je dois dire que je suis stupéfait d'entendre les responsables du FLN dire à des gens presque tous nés après 1962 que tout est de la faute de la colonisation. "Les 2/3 de la population ont moins de 35 ans, dont 30% sont chômeurs."

"Un Etat policier semi-démocratique ! un baril de poudre au vu du taux de chômage élevé chez les jeunes, de la répartition injuste de la rente pétrolière, de la crise du logement, de la pauvreté !"

"40% de tous les bakchichs versés dans le monde le sont au cours de négociations avec des produits d'armement. Plus de 20 milliards d'euros par an."

"Les politiciens du FLN s'étaient juré d'arabiser également les Berbères."

 

17:03 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar, algérie

19/05/2016

La clé de la Révolution française...et de la nature humaine

Sieyès

La clé de la Révolution française

Jean-Denis Bredin

de l'Académie française

éditions de Fallois

 

Singulière destinée que celle de l'abbé Sieyès qui se rend célèbre en janvier 1989 avec son pamphlet "Qu'est ce que le Tiers Etat ?"...et qui termine sa vie comme comte, avec des armoiries, et pair de France. Sans parler de sa "Grand-croix de la Légion d'honneur ."

"En 1789, il avait excommunié les privilèges, les honneurs qui "corrompent l'opinion et dégradent les âmes."

Entre le moment, glorieux, où il propose aux représentants du Tiers-Etat (il n'est pas parvenu à se faire élire par le clergé) de se constituer en "Assemblée Nationale", et le moment, moins glorieux, où il sert de marchepied à Bonaparte,  le 18 Brumaire, Sieyès s'est fait discret, surtout pendant la Terreur. Il ne réapparait qu'après la chute de Robespierre. "Responsable de 1789, innocent de 1793".  Chef du gouvernement après le coup d'Etat de Prairial, Directeur en 1799, donc bien placé pour organiser le coup d'Etat au profit d'un futur empereur.

Cette vie, qui a duré quatre-vingt-huit ans, est l'occasion pour Jean-Denis Bredin de raconter l'époque, en particulier les soubresauts de la Révolution.

Jean-Denis Bredin n'est pas historien mais juriste . Sieyès semble avoir été un "juriste de la Révolution", un spécialiste de droit constitutionnel au moins autant qu'un homme politique, même s'il a été élu plusieurs fois dans les différentes assemblées parlementaires, ayant présidé certaines,  avant d'être nommé, par Bonaparte,  président du Sénat. Sieyès est un légaliste. Bonaparte avait besoin de sa caution.

Théoricien du système représentatif, la dernière Constitution portant la marque de ses idées, imaginera des "représentants" cooptés et non élus.

Pas étonnant qu'un prêtre "de base" ait critiqué le systèmes de séparation de la société en trois ordres. "L'épiscopat était devenu l'apanage des familles nobles. Plus un seul roturier sur les 130 évêques de France. L'Eglise, comme l'armée, était devenu le champ clos de la noblesse."

 

 

16:01 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire

17/05/2016

Le dossier noir de la relation franco-syrienne

Les chemins de Damas

Christian Chesnot et Georges Malbrunot

éditions Robert Laffont

 

Le régime syrien n'en finit pas de massacrer son peuple. Les auteurs,  journalistes, l'un à France Inter, l'autre au Figaro décortiquent les relations entre la France et la Syrie.

L'histoire avait bien commencé,  en 1920,  quand la France s'est vue attribuer un "mandat" de gestion de la Syrie et du Liban. La France avait alors favorisé l'émancipation de la minorité alaouite, malmenée par l'empire ottoman, lui octroyant, de plus, un "Territoire" autonome.

Le livre s'ouvre par l'assassinat de l'ambassadeur français à Beyrouth, en 1981. Puis par les attentats de la rue Marbeuf et de la rue des Rosiers en 1982. Crime de la France, aux yeux du régime syrien : avoir sauvé Arafat, encerclé dans Beyrouth. "Pour Damas, qui s'est toujours considéré comme le propriétaire de la cause palestinienne, Arafat est un concurrent qu'il ne faut pas défendre."

"C'est le souvenir de tous ces assassinats qui a entretenu ensuite l'hostilité d'une large partie du Quai d'Orsay à l'encontre de la Syrie."

"Aux obsèques du raïs syrien, Jacques Chirac est le seul chef d'Etat occidental à être présent." "Une fois au pouvoir,Bachar recevra chaque vendredi matin un appel de Jacques Chirac." Celui-ci se rendra compte que le chef de l'Etat syrien n'écoutait pas ses conseils. Même s'il avait eu des velléités de réformes, les durs, et les prédateurs,  du régime ne l'auraient pas permis. "Sous Hafez, il y avait une forme de redistribution. Sous Bachar, on passe directement à la prédation."

"La coopération a porté ses fruits. Nous avons pu déjouer nombre d'attentats ciblant la France"."Si les dommages sur la vie de nos soldats déployés au Liban dans le cadre de la FINUL ont pu être évités, c'est en grande partie grâce à la coopération sécuritaire franco-syrienne."

Mais Chirac ne pardonnera jamais l'assassinat de son ami proche Rafic Hariri.

Quand Sarkozy est élu, "sa seule ligne de conduite, c'est de faire de l'anti-Chirac." "Il va plaider la cause du président syrien partout et même jusqu'à Washington."

 Quand la révolte éclate en 2011, "ils ont réagi comme un régime qui se sait minoritaire :en usant d'une force extrême pour survivre." En face "les intégristes sont hostiles à une révolte pacifique parce que, justement, peu représentés à l'intérieur." "Le pouvoir durcit son implacable combat contre les opposants pacifistes." "L'arrivée des premiers djihadistes étrangers sur le sol syrien permettra au régime de justifier sa théorie du complot."

Le Quai d'Orsay, tenu alors par Alain Juppé, va commettre l'erreur de "croire dur comme fer qu'Assad va tomber." "Il ne voulait pas savoir si le régime allait tenir, mais comment il allait tomber." "Une question de semaines."

L'axe Moscou / Téhéran / Damas / Beyrouth a été complètement sous estimé.

On a assisté à "la montée en puissance de l'aide militaire russe", "l'entrée en force des combattants du Hezbollah". "L'Iran également apporte son soutien financier."

"On a cru qu'on allait convaincre les Russes de voter une résolution contre la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU..."

Fabius va poursuivre la même ligne. "Dans l'équation syrienne, Laurent Fabius va snober Iraniens et Russes." "Comment espérer résoudre la tragédie syrienne sans les associer ?"

"Les Américains ont réalisé que les soi-disants "zones libérées" voulues par la France étaient en fait en train de tomber sous la coupe des groupes djihadistes." "Les Américains ont été très tôt conscients des lacunes de l'opposition et du danger que représentaient les djihadistes." "Le Conseil militaire supérieur de l'Armée syrienne libre est miné par la corruption." "Le Conseil national syrien est occupé par ses querelles intestines."

"L'afflux de militants djihadistes partant des grandes villes françaises pour rejoindre le champ de bataille syrien est une forme de défaite pour la France."

Maintenant, il faut "maintenir les opposants de la Coalition nationale syrienne en respiration artificielle, mais la priorité désormais est d'empêcher la sanctuarisation d'un califat djihadiste moyenâgeux au coeur du Moyen-Orient."