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02/05/2015

Se souvenir d'Albertine Sarrazin

L'astragale

De Brigitte Sy

Avec Leïla Bekhi, Reda Kateb

 

Les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Je me souviens de la mort d'Albertine Sarrazin, à Montpellier,  lors d'une banale opération de l'appendicite, alors qu'elle était en pleine gloire après la sortie de l'Astragale, son récit autobiographique. Un destin trop bref.

Elle y raconte son évasion de prison. C'est à ce moment qu'elle se casse l'astragale, un petit os du pied, et surtout qu'elle rencontre Julien, son grand amour. 

Les moments où Leïla Bekhi lit, en voie off, des extraits du livre sont ceux que j'ai préféré car ils montrent à quel point Albertine écrivait magnifiquement.

Elle mettait des mots sur ce sentiment universel et intemporel, l'amour. Un amour difficile à vivre pour ces deux petits malfrats qui partagent leur temps entre cavales et incarcérations. C'est en prison qu'ils se marieront. Comme dans les films, en bonne "gagneuse" de son bandit de coeur, elle tapinait pour survivre.

Le film, en noir et blanc pour nous replonger dans l'ambiance de l'époque, se concentre sur leur rencontre et leur première année. Quand Julien décide de faire sa vie avec Albertine.

Leïla Bekhti est une actrice sublime, avec un air souvent enfantin, mais je suis gêné quand l'acteur, ou l'actrice, n'a pas l'âge du personnage. Albertine avait 19 ans. Sa grande différence d'âge avec Julien est un des éléments clés de l'histoire. Leïla a 31 ans et seulement quelques années de différence avec son partenaire...

Même avec beaucoup de talent, il est difficile de confondre une femme de 19 et une de 31... 

Les cinéphiles pourront retrouver la version de 1969, quelques années après la mort d'Albertine, avec Marlène Jobert, et pourront comparer. Je ne me souviens plus quel âge avait Marlène Jobert à l'époque.

 

 

15:53 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

29/04/2015

Léa Seydoux fait des ménages

Le journal d'une femme de chambre

De Benoît Jacquot

Avec Léa Seydoux, Vincent Lindon

D'après le roman d'Octave Mirbeau

 

Chronique sociale sur la condition de domestique il y a un peu plus d'un siècle. Pour les gens issus du monde rural, où il n'y a pas, déjà,  de travail pour tout le monde, les "places" peuvent être bonnes...ou moins agréables. Comment empêcher que des gens qui ont du pouvoir en abusent ? Pour les patrons, abus sexuels, pour leurs épouses, abus de pouvoir, pour bien montrer qui commande.

Cette classe domestique ne peut affronter ses patrons, mais n'en pense pas moins et, bien entendu rêve  de changer de condition. En particulier par le mariage. Ce dont certains hommes profitent.

Chronique sociétale également pour montrer ces rentiers provinciaux qui vivent leur hypocrisie comme ils respirent. Le maître peut abuser des domestiques, à condition que cela ne coûte rien. Le capitaine à la retraite peut vivre maritalement avec sa "bonne", mais à condition qu'elle reste dans la société à la place voulue par sa condition.

La sensualité naturelle de Léa Seydoux ne fait d'exacerber les situations dans lesquelles les femmes sont, par définition, des proies.

Vincent joue à la perfection le rôle du domestique taiseux, mais qui n'en pense pas moins, bougonnant par peur d'être sentimental, voulant être d'abord pragmatique et calculateur. Il n'a de relation avec le curé que dans son antisémitisme militant. L'affaire Dreyfus n'est pas loin.

 

 

17:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

27/04/2015

les racines chrétiennes de l'Europe

L'Europe est-elle née au Moyen- Âge ?

Jacques Le Goff

 

Je me souviens, il y a quelques années, du débat sur les "racines chrétiennes de l'Europe". Devaient-elles être mentionnées dans le préambule de ce qui aurait du être une Constitution européenne, en réalité un Traité,  refusé par les Français, ce qui permit à d'autres, en particulier les Britanniques, de l'enterrer. 

Pour le célèbre médiéviste Jacques Le Goff, la réponse est claire : ça qui constitue l'Europe au Moyen-Âge, c'est sa commune appartenance au christianisme. Au temps de l'Empire romain, les autres c'étaient les "barbares", mais l'octroi de la citoyenneté romaine à tous les citoyens de l'Empire changea la donne. Il y eu donc, "nous", les Européens, et "eux" , essentiellement les musulmans. Les conquêtes de l'Empire ottoman dans les Balkans, dont la célèbre bataille de Kosovo (le champ du merle), font faire que "la menace turque va être un des ciments de l'Europe".

Le christianisme est "l'instrument du métissage" entre les Barbares, Celtes et Germains et les Latino-Européens. "A la naissance de l'Europe, s'affirme, dès le début, la dialectique de l'unité et de la diversité." "La dialectique entre unité et diversité est le fond même de l'histoire européenne."

Mais si, au Moyen-Âge, être Européen , c'est être chrétien, cela s'accompagne "d'un rejet, contrairement à l'Islam ou au christianisme byzantin d'une théocratie". Avec un "équilibre entre la foi et la raison." Abélard, au delà de sa relation amoureuse avec Héloïse a donné une place décisive à l'esprit critique en posant comme principe "la première clé de la sagesse, c'est une interrogation continuelle." 

Bien avant le programme européen "Erasmus", une Europe des universités se met en place, avec échange de professeurs et d'étudiants. En théologie, mais aussi, beaucoup, en droit. Déjà l'Europe des juristes !

Le Moyen-Âge voit aussi naître une "Europe de la persécution", pour "détruire tout ferment de souillure", contre les hérétiques, les juifs, les homosexuels, les lépreux. "La société chrétienne du Moyen-Âge a commencé à construire l'antisémitisme européen."

"La législation barbare , sur les unies du droit romain, prolongea, malgré tout, une Europe du droit." Et l'adoption de la "minuscule caroline" en a fait la première écriture européenne.

"L'Europe sera un monde du pain." Avec comme boissons dominantes, le vin, favorisé par la pratique religieuse,  la cervoise et le cidre, en fonction du climat.

"Une Europe du textile a engendré une Europe des marchands." Et de là, une "Europe de la mer" et une "Europe de la banque". Et même une "Europe de la fraude fiscale." Déjà, "une Europe de globalisation des échanges économiques, mais d'aggravation des inégalités sociales et politique était née."

Et, comme "le temps , c'est de l'argent", "un rythme s'est imposé jusqu'à nous, celui de la semaine, entraînant un rapport entre le temps de travail et le temps de repos." "L'Europe de la fin du XVe siècle est une Europe du temps précieux, du temps approprié par les individus et les collectivités constitutifs de l'Europe éventuelle."

La réponse à la question posée par le titre du livre est donc : "La Moyen-Âge a constitué le mouvement décisif de la naissance, de l'enfance et de la jeunesse de l'Europe."

 

16:29 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

25/04/2015

Erlandur et les clochards

Les nuits de Reykjavik

Arnaldur Indridason

éditions Métailié noir

 

Erlandur n'est pas encore commissaire. Il vient d'entrer dans la police. Il est de service de nuit. Avec tous les inconvénients pour sa relation de couple. La nuit, il est le témoin compatissant de la misère du monde, alcoolisme, accidents de la circulation qui en découlent, violences conjugales, tentatives minables de cambriolage, trafics en tous genres. Et les clochards... Il en connaissait un , en particulier, et n'arrive pas à croire au caractère accidentel de sa mort. "Erlandur se demandait si le manque de zèle de ses collègues tenait au statut social de la victime." Donc, en dehors de toute procédure, il s'obstine à poser des questions...jusqu'à connaître la vérité.

Une belle brochettes de personnages touchés par des drames humains avec Reykjavik, et l'Islande, "la pauvreté de la nation",  en toile de fond.

 

 

11:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar

23/04/2015

Du 9.3 à la place Maïdan

Cerise

De Jérôme Enrico

Avec Zoé Adjani, Jonathan Zaccaï

 

Cerise est une adolescente de banlieue, qui n'a d'intérêt que pour les magazines people, au point d'en devenir déscolarisée et déculturée. Ses SMS sont des monuments d'orthographe. Rebelle contre sa mère comme peuvent l'être les adolescentes. Elle est maquillée comme un camion volé et déguisée comme une fatale Lolita. Elle est donc envoyée chez son père, en Ukraine.

Je ne suis pas allé voir ce film pour la peinture de l'ado rebelle. Mes filles ont passé ce cap depuis un certain nombre d'années, et la question ne se pose pas (pas encore ?) pour ma petite fille. Même si elle a bien changé depuis la photo qui est sur ce blog, mais pour le choc culturel !

Choc culturel avec le lycée français de Kiev, élitiste comme le sont tous les lycées français à l'étranger. Choc culturel avec la vie quotidienne en Ukraine. La grand-mère et ses copines qui la prennent sous leurs ailes lui feront voir la vie d'une autre façon.

Et puis, il y a le mouvement de protestation et d'occupation de la place Maïdan, qui n'était pas prévu au scénario initial, et qui donne une dimension supplémentaire au passage à l'âge adulte de l'adolescente.

Malgré quelques gags plaisants, le film gagnerait à avoir un peu plus de rythme. Notons au passage que Tchernobyl n'est pas vraiment dans la banlieue de Kiev.

Il faut regarder Zoé Adjani pour elle même, et ne pas chercher de points de comparaisons avec sa célèbre tante. Malgré son talent Zoé ne parvient pas à nous faire croire qu'elle n'a que quatorze ans !

 

 

11:50 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma