Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/03/2012

L'itinéraire politique de Jean-Luc Mélanchon

Mélanchon, le plébéien

 

Lilian Alemagna et Stéphane Alliès

 

Editions Robert Laffont

 

 

De l'avis général, Jean-Luc Mélanchon, "Méluche", "Mélanchounet", fait une excellente campagne électorale. Pour reprendre une expression que je l'ai entendue souvent utiliser dans nos années essonniennes, il va chercher les électeurs "avec les dents".

Il profite de la retraite d'Arlette L. et du retrait d'Olivier B.

 

Au delà des désaccords politiques, Jean-Luc Mélanchon est une personne attachante, une forte personnalité, à la fois affective et implacable.

 

Les deux auteurs, journalistes à Libération pour l'un, à Médiapart pour l'autre, retracent bien son itinéraire, avec sympathie mais sans complaisance.

 

Jean-Luc Mélanchon, orateur plébéien,  ne peut que se sentir mal à l'aise au Parlement européen, où le temps de parole dépasse rarement les trois minutes, et où la recherche du compromis est la règle inflexible pour qui veut exister.

"Une institution qu'il juge adémocratique, antidémocratique et sur une pente totalitaire"

 

"Autoproclamé "tribun du peuple", il compte bien jouer son meilleur rôle : celui d'un plébéien contre l'oligarchie"

 

"Pour réussir en politique, il faut avoir ou beaucoup d'ambition, ou beaucoup de convictions"

 

"N'attends pas que les gens pour qui tu te bats te donnent raison. Bas-toi ! Essaie juste de ne pas te tromper" (un responsable trotskyste sud-américain)

 

"Le PS fonctionne sur un modèle féodal, des relations d'allégeance et de service. Quand le service n'est pas là, on prête allégeance à un autre" (François Delepierre)

 

"Jean-Luc est dans une relation "qui m'aime me suive, et si tu ne me suis pas c'est que tu ne m'aimes plus" (Françoise Castex)

 

"Intransigeant, partial, intolérant, et arbitraire, mais sachant prendre des décisions, franc-tireur, très militant, rigoriste, doctrinaire" (François Lamy)

 

"J'ai toujours eu de la sympathie pour Mélanchon parce que c'est quelqu'un qui pense par lui-même, qui réfléchit, qui lit et qui a un certain talent d'expression. Je n'ai pas toujours partagé ses analyses et ses choix, mais j'ai toujours eu de l'estime pour le militant qu'il était" (Lionel Jospin)

 

"Il faut qu'il contrôle tout, tout le temps, tout le monde" (Benjamin Stora)

 

"Il se prétend jauressien mais il est plutôt guediste"

 

Citations de Jean-Luc Mélanchon :

 

"Le militantisme, c'est l'engagement pour des idées mais aussi un acte de construction de soi"

 

"Il y a une dérive épouvantable qui consiste à penser que l'authenticité d'un homme est dans son intimité"

 

 

09:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

12/03/2012

Schengen

Pitoyable

 

Il a fallu plus de trente ans pour passer d'une Europe de la libre circulation des marchandises (avec toutes les réglementations pour trouver des "normes européennes")- Traité de Rome, à une Europe de la libre circulation des personnes- Traité de Schengen. Et encore, avec bien des règlements et des restrictions. S'il n'y a plus de postes de contrôles aux frontières, il y a des contrôles partout et à tout moment sur le reste du territoire (voir le film de Dany Boon).

 

Contrairement à ce que j'ai lu et entendu aujourd'hui, il ne s'agit pas d'un nouveau virage de la campagne du candidat sortant, mais de la poursuite de la même ligne nauséabonde pour tenter d'arriver en tête au premier tour en détournant quelques électeurs d'extrême droite.

 

L'Europe n'est pas populaire, voir Le Monde de samedi : il faut donc taper sur l'Europe le dimanche, et mieux encore sur les "technocrates" qui décideraient des flux migratoires (sic !).

Avec l'Europe l'autre ennemi, encore et toujours, c'est l'étranger, le bouc émissaire des problèmes. Chacun sait qu'en période de crise, depuis l'Antiquité,  la xénophobie rencontre toujours un grand succès.

 

16:56 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : schengen

10/03/2012

le chef d'oeuvre d'Octavio Paz

Le labyrinthe de la solitude

 

Suivi de Critique de la pyramide

 

Octavio Paz

 

Prix Nobel de littérature 1990

 

Editions NRF Gallimard

 

 

1949 (excellente année), Octavio Paz est à Paris. Il occupe un poste subalterne à l'ambassade du Mexique. Il a du temps libre, en particulier pendant les vacances. Il se plonge dans la rédaction d'un essai sur "l'essence du Mexique" et des Mexicains.

 

Son texte dépasse de loin ce cadre. Non seulement le "Labyrinthe" se veut "une dénonciation passionnée de la société moderne dans ses deux versions, capitaliste et totalitaire", mais il souligne que "nous devons penser pour notre compte, afin d'affronter un futur identique pour tous". "Chacun dépend des autres, il réclame leur présence", dans "le labyrinthe de la solitude". "Les masses modernes sont des conglomérats de solitaires", selon "le rythme double de la solitude et de la communion".

"Nous allions à la recherche de nous mêmes et nous avons rencontré les autres".

 

"Chaque homme recèle la possibilité d'être, ou plus exactement d'être à nouveau, un autre homme"

 

"La femme ne cherche pas, elle attire. Dans la vie quotidienne, sa fonction est de faire régner la loi et l'ordre, la piété et la douceur"

 

"Dis moi comment tu meurs, je te dirai qui tu étais"

 

"Les Espagnols, en arrivant au Mexique, rencontrèrent des civilisations complètes et raffinées" ; "ensemble de peuples, nations et cultures autonomes, avec leurs traditions propres, exactement comme le monde méditerranéen"

"La conquête du Mexique serait inexplicable sans la trahison des dieux, qui renièrent leur peuple"

"Les dieux ne sont pas de simples représentations de la nature. Ils incarnent aussi les désirs et la volonté d'une société qui se divinise en eux" ; "l'homme invente des dieux à sa ressemblance"

"L'Espagnol est simple : il insulte Dieu parce qu'il croit en lui"

 

"Les idées et le travail comptent peu. La seule valeur est la virilité qui s'impose par elle même"

 

"Tous pensent, avec un optimisme hérité de l'Encyclopédie, qu'il suffit de décréter de nouvelles lois pour que la réalité soit transformée"

 

"Le positivisme offre une nouvelle justification aux hiérarchies sociales. Mais ce n'est plus le sang, ou l'héritage, ou Dieu qui expliquent les inégalités : c'est la Science".

"Toute révolution tend à établir un âge mythique"

 

"L'amour est  scandale et désordre, transgression : celle de deux astres qui rompent la fatalité de leurs orbites et se rencontrent" ; "Dans notre monde, l'amour est une expérience à peu près irréalisable. Tout s'oppose à lui : la morale, les classes, les lois, les races et jusqu'aux amoureux eux-mêmes"

 

"Vivre, c'est se séparer de celui que nous avons été pour nous interner dans celui que nous allons être, dans un avenir toujours étranger"

"Nous vivons en orphelins du passé, et avec un avenir à inventer. L'histoire universelle est une tâche commune. Et notre labyrinthe, celui de tous les hommes"

 

 

La "Critique de la pyramide" a été écrite vingt ans plus tard. "La critique de l'autre commence par la critique de soi-même" ; "La critique nous dit que nous devons apprendre à renverser les idoles, apprendre à les annuler en nous-mêmes"

 

"La définition de l'homme comme être qui travaille doit être échangée comme celle de l'homme être qui désire"

 

"Ou bien le Mexique développé absorbe et intègre l'autre, ou bien le Mexique sous-développé, par le simple poids mort de la croissance démographique, finira par asphyxier le Mexique développé"

 

"La valeur suprême n'est pas l'avenir : c'est le présent. L'avenir est un temps fallacieux qui ne cesse de nous dire : "l'heure n'est pas venue", ce qui revient à nous nier. Le futur n'est pas le temps de l'amour : ce que l'homme aime vraiment, il l'aime maintenant"

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

09/03/2012

indigestes infidèles

Les infidèles

 

De sept réalisateurs

 

Avec Jean-Oscar-César Dujardin et Gilles Lellouche

 

 

Un film à sketchs. Les plus courts sont les meilleurs. Sauf peut-être celui, avec une Sandrine Kimberlain,  impériale, où les "Adultères anonymes" se réunissent sur le modèle des "Alcooliques Anonymes".

 

Si vous avez vu la bande-annonce, vous avez vu l'essentiel, non tiré en longueur.

 

Dujardin et Lellouche jouent des personnages entre la tête à claques et le pathétique, entre l'esprit potache et le crétinisme.

 

Un film de "potes" ? Peut-être les deux "potes" se sont bien amusés à faire le film. Je me suis beaucoup moins amusé à le regarder, et j'ai attendu, en vain, le moindre éclat de rire.

 

 

08:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

08/03/2012

tirer les leçons du printemps arabe

La révolution arabe

 

Dix leçons sur le soulèvement démocratique

 

Jean-Pierre Filiu

 

Editions Fayard

 

 

Jean-Pierre Filiu est un universitaire, spécialiste du monde arabe, reconnu internationalement. Il y a quelque temps, j'avais parlé dans ce blog de son livre "Mitterrand et la Palestine".

 

Première leçon : "les Arabes ne sont pas une exception" :

"Les Arabes ne furent unis sous le même drapeau que dans les premiers temps de l'islam, quand l'expansion du jihad les projeta du Golfe vers l'Océan"

"La paix de Camp David a prouvé comment un Traité avec Israël garantissait un soutien occidental, à la fois durable et substantiel"

"Le Pakistan a été transformé en défense avancée du camp occidental face à la poussée de l'armée rouge" ; "La dictature islamisante fut consolidée avec le soutien des Etats-Unis"

"La Perestroïka a déstabilisé, dans tout le monde arabe, les systèmes de parti unique inspirés du modèle soviétique"

"L'épouvantail de la République islamique iranienne servit à justifier l'impunité des gardes prétoriennes, en Irak comme en Algérie"

"L'Amérique avait bel et bien pris parti : elle donnait une priorité absolue à la stabilité régionale et aux accords de paix avec Israël"

 

Deuxième leçon : "Les musulmans ne sont pas que musulmans"

"La différenciation entre les sphères politique et religieuse a été amorcée dès le milieu du VIIIe siècle"

"C'est Sadate qui a fait, en 1971, inscrire dans la Constitution que l'islam est la religion de l'Etat"

 

Troisième leçon : "La jeunesse est en première ligne"

"Le chômage de la jeunesse arabe est deux fois supérieur à la moyenne internationale"

"La priorité absolue est accordée à des profits rapides et substantiels"

"Les diplômés de l'université sont trois fois moins employés que les travailleurs non qualifiés"

"Le paternalisme social se heurte aux tendances prédatrices de la clique dirigeante"

"On a le futur pour lequel on se bat" (place Tahrir)

 

Quatrième leçon : "Les réseaux sociaux ne font pas le printemps"

"Il n'y a pas eu de révolution 2.0, mais un nouvel instrument dans la boîte à outils révolutionnaire"

 

Cinquième leçon : "On peut gagner sans chef"

"Il se pourrait que la dynamique acéphale du soulèvement démocratique, parfois ignorée au profit de la concentration sur la génération Facebook, soit la véritable nouveauté de cette révolution arabe"

"Les protestataires ne veulent pas tuer le père-dirigeant, ils veulent qu'il "dégage"

"Les régimes en place ont systématiquement éliminé toute concurrence potentielle, en conjuguant la répression et la cooptation"

"C'est parfois la tribu qui compense le filet de sécurité sociale, détruit par les programmes de libéralisation"

 

Sixième leçon : "L'alternative à la démocratie est le chaos"

"La fermeture du champ politique jeta dans l'activisme violent toute une partie de la mouvance islamiste"

"Les autocrates de la région s'enrôlèrent d'autant plus volontiers dans la "guerre contre la terreur" qu'ils pouvaient assimiler leur opposition intérieure aux partisans et sympathisants d'Al-Qaïda"

"Le chaos devenait littéralement la règle à mesure que les instincts prédateurs de la clique dirigeante gagnaient en voracité"

"La liquidation physique et les punitions collectives devinrent des ripostes systématiques pour étouffer la moindre voix dissidente"

"La révolution arabe a enterré l'alternative dictature ou islamisme, qui avait été une aubaine historique pour tous les autocrates"

"La seule alternative à la démocratie est le chaos : c'est bien pourquoi les dictateurs s'acharneront à rendre le plus chaotique possible la transition démocratique"

 

Septième leçon : "Les islamistes sont au pied du mur"

"Durant les années 80, les Frères musulmans, ralliés au légalisme et les wahhabites, au salafisme sourcilleux, coopérèrent pour étendre l'influence islamiste dans tout le monde arabe"

"Les Frères musulmans se trouvèrent partout pris entre le marteau de la répression étatique et l'enclume de l'escalade extrémiste"

"Les Frères musulmans soignent leur image de défenseurs de l'ordre et de la sécurité"

"La seule variable commune aux divers islamistes arabes est d'avoir été pris de court par le soulèvement démocratique ; ils ne sauraient prétendre l'avoir provoqué ni inspiré"

 

Huitième leçon : "Les jihadistes n'intéressent plus que les dictateurs"

"Le mouvement démocratique est parvenu à renverser en quelques semaines les régimes de Ben Ali et de Moubarak que la terreur jihadiste s'était avérée incapable de déstabiliser au fil des ans. Cet échec historique s'accompagne de l'effondrement de deux des piliers de sa vision et de son programme : le refus absolu des élections et la dénonciation de la "trahison" des Frères musulmans"

"La vague démocratique prive Al-Qaïda de discours, de programme, de perspective et d'assise"

 

Neuvième leçon : "La Palestine au cœur demeure"

"Les paraboles satellitaires, parfois légales, le plus souvent tolérées, ont brisé le mur de l'ennui des télévisions gouvernementales" ; "Al-Jazira tranchait par ses débats virulents et ses empoignades enflammées"

"L'opération "plomb durci", sur Gaza est un moment traumatique sans doute aussi important pour cette génération que le fut le choc du désastre de juin 1967 pour ses grands-parents" ; "Ces images révoltantes sont diffusées par les chaînes arabes"

"Beaucoup de futurs animateurs de la contestation populaire manifestent à cette occasion contre la guerre de Gaza"

"La solidarité avec la Palestine demeure "l'autoroute pour le cœur des Arabes"

"A Gaza, les énergies islamistes, détournées d'Israël, travaillent de plus en plus à corseter la population locale dans un ordre moral sans précédent"

 

Dixième leçon : "La renaissance n'est pas une partie de domino"

"La révolution arabe œuvre à rendre à la vie un corps social paralysé par les différents autocrates, leurs cliques prédatrices et leurs polices débridées"

"Le mur de Berlin des Arabes était le mur de la peur"

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)