09/02/2012
l'état du monde 2012
Nouveaux acteurs, Nouvelle donne
Sous la direction de Bertrand Badie et Dominique Vidal
Editions "La découverte"
La formule de "l'Etat du Monde" continue à évoluer.
Il y a cinq ans, prenant en compte les changements technologiques, la formule, née il y a trente ans, avait radicalement changée, de format, de présentation, d'esprit. Les archives étaient mises sur un CD-Rom. Depuis 2009 elles sont sur un site internet. En achetant le livre nous avions un code d'accès.
Cette année le livre et le site sont séparés. Le livre coûte 3 euros moins cher, mais il faut payer 10 euros pour avoir un code d'accès aux archives. J'espère surtout que l'accès sera plus fiable, car l'année dernière j'ai souvent pesté de ne pouvoir accéder au site malgré mon code d'accès.
Autre changement : ces dernières années "l'état du monde" était analysé en cinquante "idées forces" regroupées en cinq chapitres. Cette année, les analyses sont un peu plus longues, mais elles sont moins de trente, en trois chapitres. D'une année sur l'autre le livre a perdu une centaine de pages.
La première partie est centrée sur "les ruptures. Le vieux monde bousculé". Il est vrai que l'année 2011 a été riche de ce point de vue.
La seconde partie est l'antithèse : "Inertie et résistances des institutions".
Le livre se termine, comme les années précédentes, par les "conflits et enjeux régionaux" : de l'Iran et l'Irak à l'Europe centrale en passant par le Congo, le Mexique, le Pakistan et l'Afghanistan, sans oublier la Mer Jaune.
Au total un livre comme d'habitude indispensable à celles et ceux qui s'intéressent à "l'état du monde".
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
08/02/2012
initiation à la vigne, au vin, et à la BD
Les ignorants
Récit d’une initiation croisée
Etienne Davodeau
Editions Futuropolis
Etienne Davodeau est auteur de bandes dessinées. Son copain Richard est vigneron. Il lui demande de l’initier au travail de la vigne et du vin. Parallèlement, il l’initie au monde de la bande dessinée. Le lecteur est deux fois gagnant, assistant au travail du vigneron, qui commence sur la terre, « le vin comme un lien puissant et mystérieux entre la terre et l’homme ». Tout comme nous assistons à la fabrication d’un livre, « objet autonome, permanent et pour tout dire un peu magique, incarné par les mains d’un lecteur ».
Un livre gouleyant, qui mérite les éloges de la presse, et de celles et ceux qui l’ont lu, et qui souligne qu’il y a bien des façons de produire un vin et de réaliser un livre.
Comme Richard, le vigneron, je préfère boire de l’eau qu’un vin qui ne me plait pas. Et peu trouvent grâce à mon palais. J’ai été fasciné par ce travail d’élaboration, face aux contraintes, aussi bien pour le vin que pour la BD. Avec, en prime, la rencontre avec quelques vignerons et quelques auteurs de BD.
J’espère que le succès de cet album incitera les lecteurs qui ne l’ont pas encore lu à découvrir « Lulu, femme nue », l’album précédant d’Etienne Davodeau, dont j’ai déjà parlé, en bien, sur ce blog.
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
07/02/2012
Séguéla : la publicité politique dans la peau
Le pouvoir dans la peau
Jacques Séguéla
Editions Plon
Jacques Séguéla, homme de publicité, a "dans la peau", non pas le pouvoir, mais la publicité politique dont il fait, une nouvelle fois l'apologie.
Il a connu la gloire pour avoir inventé les slogans mitterrandiens de "La force tranquille" et "Génération Mitterrand". Il se croit obligé de nous expliquer pourquoi il aime tant l'actuel Président, alors qu'il n'est pas difficile de comprendre les affinités de l'homme à la Rolls avec l'homme à la Rolex.
Bien entendu quand le Roi se trompe, c'est à cause de ses mauvais conseillers.
Bien entendu, comme toute girouette, ce n'est pas lui qui a changé : "Je n'ai pas changé de camp, c'est mon camp qui a changé"
Le côté le plus agréable du livre se trouve dans les anecdotes. Par exemple quand Mitterrand refuse de monter dans la Rolls de Séguéla, ce qui prouve qu'il avait du bon sens politique, donc le sens de la communication.
Le plus intéressant, dans cette période électorale, est contenu dans les "fondamentaux" de la communication politique résumés par Séguéla :
- "On vote pour une idée, pas pour une idéologie" ;
- "On vote pour soi, pas pour son candidat" ; "Trop généraliste, on n'intéresse plus personne, chacun n'étant occupé que par ses attentes particulières"
- "On vote pour un homme, pas pour un parti" mais "si l'on ne vote pas pour un parti, on ne peut pas être élu sans lui" ;
- "On vote pour le professionnalisme, pas pour l'amateurisme" ;
- "On vote pour un projet, pas pour le rejet" ;
- "On vote pour le cœur, pas pour la rancœur : "On ne crée pas l'envie à coups de dégoût, fût-ce de son adversaire" ; "Se faire élire, c'est se faire préférer" ;
- "On vote pour le futur, pas pour le passé" : "Il n'est de nostalgie que du futur"
- "On vote pour le BCBG, pas pour le bling-bling" ;
"La simplicité est mère de l'efficacité"
"L'électeur se nourrit de rêves, pas de ragots" ; "Alterner savamment le conte de fées et le compte de faits" ; "Se mettre à l'écoute de son électorat et de ses désirs enfouis" ; "Surprendre les gens avec ce qu'ils attendent"
"Notre monde est régi par une accélération de l'information que nous ne maîtrisons plus"
"Nul ne peut être élu sans faire campagne, qui joue les accélérations de victoire ou de défaite"
"Une élection est une danse nuptiale. Sans création de désir, pas d'acte, pas de vote. D'où la nécessité pour tout candidat de charmer, étonner, séduire, sans trahir sa force intérieure" ; "François Mitterrand fut le seul à intégrer qu'une élection joue sur l'affect avant de jouer sur l'intellect" ; "Etre en campagne, c'est comme faire l'amour. Si vous n'y prenez pas de plaisir, c'est que vous ne savez pas y faire" (Hazel Blears, parlementaire travailliste).
"Savoir oser reste l'apanage des vainqueurs"
"Le plus important pour gagner c'est de surmonter ses cicatrices"
"Gouverner aujourd'hui, c'est décevoir"
"La vieillesse, que l'on se l'avoue ou non, est le signe de l'égoïsme. Son temps de vie se réduit, comment ne pas penser d'abord à soi ?"
"Le bonheur est désormais dans le près...de chez soi"
"Nous sommes passés d'une société cartésienne qui disait "Je pense donc je suis", à une société de l'émotionnel qui dit "Je ressens donc j'aime" (Vladimir Jankélévitch)
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
06/02/2012
Un projet de Traité inopportun et juridiquement contestable
CONSEIL EUROPEEN : DES DECISIONS INEQUILIBRIBRES
ET LEGALEMENT DISCUTABLES
Une semaine après le Sommet européen, l'opinion se renforce, dans les milieux européens, que ce nouveau traité intergouvernemental n'est pas nécessaire, et que la question de sa ratification reste ouverte (résultats des référendums au Danemark et en Irlande ? Et en France ?). Il apparait clairement comme une double opération électoraliste de Merkozy.
Un traité qui divise l'Europe
Le fait que le Pacte de stabilité ne soit pas basé sur le modèle du Traité européen existant constitue une mauvaise approche. Au lieu d'œuvrer pour l'unification de l'Europe, ce traité la divise en "deux Europes", une Europe des 27 et une autre des combien ? De plus, il est inacceptable que certains gouvernements refusent de signer "l'initiative pour la croissance et l'emploi".
Si ce projet était ratifié, il y aurait donc deux Traités sur l'Union européenne : l'un communautaire, et l'autre intergouvernemental.
Les juristes spécialistes debattent déjà de leur compatibilité.
Un appel pour plus de solidarité sur la croissance et l'emploi
Lors des négociations du Conseil, une série de mesures ont été débattues afin de promouvoir la croissance et l'emploi.
Ce démarrage est très faible. Alors que des sanctions peuvent être appliquées à un Etat membre qui ne respecte pas les critères de stabilité financière, rien n'est prévu si un pays échoue à mettre en place des mesures visant à améliorer l'emploi et la croissance. Il y a un déséquilibre évident entre le Pacte de Stabilité fondé sur un traité et l'Initiative pour la croissance et l'emploi basée sur une simple déclaration.
La lutte contre le chômage des jeunes reste faible et des mesures concrètes pour créer de l'emploi n'ont pas été prises.
Une étude a été faite. Quel pays aurait payé le plus de pénalités, si les dispositions prévues dans ce "Traité avaient été appliquées ces dernières années ? L'Allemagne, aujourd'hui donneuse de leçons !
Pénaliser les pays en difficulté sans prendre des mesures de croissance, revient à prétendre guérir l'anémie par des saignées.
Des garanties démocratiques insuffisantes
Le Parlement européen ne s'est vu octroyé qu'un rôle limité dans les négociations futures sur le Pacte de Stabilité auxquelles le Président du Parlement "pourrait être invité" Il est inacceptable de limiter ainsi le rôle du Parlement européen. On doit pouvoir être sûr que l'UE ne devienne pas un "directoire" qui s'imposerait aux autres gouvernements nationaux mais une entité légale fondée sur la pleine participation des peuples représentés au sein du Parlement européen.
08:02 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : europe
04/02/2012
les bas-fonds de la mondialisation
La frontière
Patrick Bard
Point policier n°P1102
"La frontière", c'est celle qui sépare le Mexique et les Etats-Unis, "la frontière la plus traversée au monde, légalement, ou illégalement", avec comme point de passage, Ciudad Juarez, la ville rendue célèbre par les "féminicides". "La ville où le diable a peur de vivre". "Les bas-fonds de la mondialisation". "Aussi loin que portait le regard, le bidonville avait grignoté l'espace".
Patrick Bard invente le personnage de Zambudio, journaliste espagnol qui enquête pour le compte d'un grand quotidien madrilène. Comme beaucoup de détectives privés de romans, Zambudio boit et fume trop, son couple bat de l'aile, mais il a un flair terrible pour enquêter.
Le roman nous fait découvrir les conditions de vie et de travail horribles de ces femmes, dont des dizaines ont été retrouvées mortes. "Toutes ces jeunes filles appartenaient à des familles pauvres, la plupart étaient des ouvrières des maquiladoras".
Meurtres rituels d'une secte ? Serial killers ?
Avertissement de l'auteur : "Ciudad Juarez est bien la ville violente décrite dans le roman. Les conditions de travail des ouvrières de la frontière, aussi incroyables puissent-elles paraître, correspondent strictement à la réalité. La série d'assassinats dont il est question ne relève, hélas, pas de la fiction".
"Les Mexicains ne vont pas vers la mort, ils y retournent, car ils en viennent" (Carlos Fuentes)
"On trime toute la semaine dans les maquiladoras, et avec nos salaires, on ne peut prétendre à rien d'autre que ces taudis en carton".
"Le monde ouvrier du XIXe siècle décrit par Dickens, avec ses grisettes jetées dans la prostitution par des maquereaux qui les ramassaient dans les bals populaires. Il y avait même Jack l'éventreur". "Des proies consentantes, fascinées par leurs prédateurs".
"Les femmes ici, c'est un réservoir de chair fraiche.""Embauchées en masse dans les multinationales, parce qu'elles sont plus malléables".
"Avec les accords de libre échange, c'est toute la zone frontalière qui sert de laboratoire d'expérimentation au commerce économique mondial"."En quinze kilomètres, des salaires divisés par dix." L'utilisation de substances toxiques prohibées aux Etats-Unis. "Le problème des nuages toxiques, c'est qu'ils ne connaissent pas les frontières". "Crime économique contre l'humanité serait le mot qui convient".
A Ciudad Juarez plus qu'ailleurs le capitalisme international est intraitable jusqu'à en être meurtrier, et les Américains n'ont pas le beau rôle.
La violence horrible à l'état pur, dont la transposition cinématographique serait insoutenable.
"Au Mexique tout peut arriver, sauf la justice".
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature