01/04/2015
Immortel Cabu
L'intégrale Beauf
Cabu
éditions Michel Lafon
Lorsque j'ai acheté ce gros volume de 320 pages de bandes dessinées et de dessins d'humour, Cabu était bien vivant.
J'ai déjà parlé dans ce blog de deux autres gros albums de Cabu: celui sur New-York et celui consacré au jazz.
Le personnage du "beauf" est né dans les pages de Charlie en 1973, archétype du Français très moyen. Ces dernières années, le cheveu rare coiffé en catogan, il était dans le Canard enchaîné.
Spécialiste du "ya ka, faut qu'on", je l'imagine bien électeur du Front National.
Dans la période actuelle, cela m'a fait du bien de voir Cabu se moquer de lui.
Les dessins ne sont pas chronologiques mais thématiques : de "votez beauf" jusqu'au "beauf sportif", en passant par le "beauf extrême", le "beauf au quotidien"', etc. Il y a même une "madame beauf" !
08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
31/03/2015
Anti terrorisme au Pays Basque
Au fer rouge
Marin Ledun
éditions "ombres noires"
Lutte contre le terrorisme. Au pays basque, elle signifie lutte contre l'ETA (829 assassinats, dont 343 civils, de juin 1968 à mars 2010). Au nom de celle-ci, des deux côtés de la frontière, certains policiers n'hésitent pas à enfreindre la légalité, avec la complicité de magistrats complaisants. "Un pays basque parallèle fait de violence et de cadavres".
A ces réseaux illégaux, se superposent le trafic de drogue(s). Pour blanchir l'argent, rien de mieux que les agences privées de sécurité ("un secteur en pleine expansion, très lucratif : la peur"), et surtout l'immobilier, même, ou surtout sur des terrains insalubres.
Dans ce monde de brutes, une sémillante lieutenant de police fait le ménage, sans état d'âme, et sans perdre de vue la priorité : la lutte contre le terrorisme qui, "depuis 2001, représente le nouvel eldorado des Etats démocratiques occidentaux."
08:14 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
26/03/2015
Un itinéraire exemplaire en Languedoc
Ainsi vont les destins des hommes
André Vezinhet
éditions "Au diable Vauvert", collection "citoyens en politique"
Après plus de quarante ans de vie politique, André Vezinhet, Président du Conseil général de l'Hérault prend sa retraite et se raconte.
Je savais qu'André Vezinhet était Aveyronnais et particulièrement attaché à la belle petite ville de Nant, au pied du plateau du Larzac, entre Causses et Cévennes. Je ne savais pas qu'il en avait été conseiller municipal. Grands parents agriculteurs, père enseignant : méritocratie républicaine.
J'ai connu André Vezinhet en 1983, alors que j'organisais la tenue des journées parlementaires européennes socialistes à Montpellier. A l'époque André travaillait encore à l'Institut de Recherche Agronomique, mais, surtout, il était le Premier adjoint de ce personnage hors du commun, Maire de Montpellier, ville qu'il a transformée, George Frêche.
André Vezinhet raconte son admiration et son amitié avec George Frêche, sa terrible colère et la fâcherie quand il lui a annoncé qu'il préférait devenir Président du Conseil général plutôt que n°5 sur la liste aux élections régionales...que George a perdu cette fois là ! "George Frêche, qui avait été mon ami, que j'avais tant admiré et soutenu, ne pouvait admettre que j'avais ainsi échappé à son cercle d'influence."
Quelques remarques sur le grand homme sont à fleurets à peine mouchetés.
André Vezinhet raconte aussi ses mandats trois au Sénat qu'il a préférés à ses cinq ans à l'Assemblée nationale. Puis il a été heureux de ne plus pratiquer le cumul des mandats.
Il porte un regard critique, et même sévère, sur la réforme territoriale en cours.
Il va manquer dans l'Assemblée départementale de l'Hérault qui sera élue dimanche prochain. Raison de plus pour aller voter !
"Rien n'est plus noble et gratifiant que l'action politique quand elle est pratiquée dans le respect des codes de la morale et de la déontologie."
17:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élections départementales
25/03/2015
Le retour d'Ulysse
Ulysse
Les chants du retour
Jean Harambat
Prix de la BD 2014 Le Point
éditions Actes Sud BD
La guerre de Troie aurait eu lieu au XIe siècles avant notre ère. Tout le monde connaît, plus ou moins, l'histoire, racontée par Homère quatre siècles plus tard : la guerre qui dure dix ans, l'Iliade, le cheval de Troie, Achille et son talon, puis le retour d'Ulysse, l'Odyssée, qui dure également dix ans. Et son épouse Pénélope qui l'attend. Tout le monde connaît la fin heureuse.
Cet album illustre les aventures d'Ulysse entre son retour dans son île jusqu'à l'heureux dénouement.
La bonne idée est de donner aux lecteurs les éclairages des grands hellénistes Jean-Pierre Vernant, Jacqueline de Romilly, Pierre Vidal-Naquet, François Hartog.
"Quelle illusion de vouloir réduire la poésie à la réalité."
Apparition également de Jean-Paul Kauffmann, journaliste, écrivain, otage au Liban pendant trois ans, au début des années 80. Il raconte : "ma libération était comme une seconde naissance." Je me souviens des actions de sa femme pour le faire libérer.
Autant que sa femme, c'est son identité qu'Ulysse veut reconquérir. Et Pénélope "veut l'Ulysse de sa jeunesse", pas le vieil homme qu'il est devenu ! Et à l'époque l'espérance de vie était plus courte, et le vieillissement plus rapide.
"Ulysse déclare que la chose la plus importante pour des gens qui vont se marier, c'est la communauté de pensées et de sentiments."
"Dans l'amour chacun récupérant l'autre se récupère lui même".
"Pour la première fois l'homme analyse ses sentiments et découvre la vie intérieure. La psychologie est née" (Jacqueline De Romilly). La psychanalyse un peu également en raison des relations "freudiennes" entre Ulysse et son fils Télémaque.
Ulysse rencontre Achille dans le monde des ténèbres : "J'aimerais mieux être sur terre domestique d'un paysan que de régner parmi les ombres. Quand la vie a franchi la barrière des dents, elle ne revient jamais." "Aveuglement des vivants, nous dit Achille. Seule au final compte la vie telle que nous l'éprouvons tous les jours, avec ses joies et ses malheurs." "L'Odyssée est une réponse à l'Iliade" ; "Que deviendrait chaque jour si tout ce que chaque jour apportait n'était pas précisément si fragile ?" (JP Vernant)
"On insiste pas assez sur le fait qu'Ulysse se bat contre l'aristocratie (les seigneurs prétendants) avec l'aide du "bas peuple".
Un album qui sort vraiment de l'ordinaire.
19:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
16/03/2015
polar en Mongolie
Yeruldelgger
Ian Manook
Prix Quais du polar 2014
Prix SNCF du polar 2014
Grand prix des lectrices d'ELLE, policier
Livre de poche n°33600
Yeruldegger ("cadeau d'abondance") est le prénom d'un commissaire qui ressemble étrangement au commissaire islandais Erlendur, d'Indridason, en beaucoup plus violent. Lui aussi a des problèmes avec sa fille qui ne lui pardonne pas de la délaisser pour faire son métier de flic. Lui également ne se pardonne pas d'avoir perdu un petit être cher.
Mais Ian Manook n'est pas Mongol. Il est Arménien de Paris. Il pourrait être classé comme "écrivain voyageur". Il nous raconte les coutumes de la vaste plaine mongole. "Ce pays qui avait coupé tant d'arbres qu'il en avait inventé le désert". Au fil de l'enquête, nous saurons tout sur la façon de bien préparer et déguster la marmotte, et nous en apprendrons beaucoup sur la situation géopolitique de la Mongolie et ses relations avec la Chine et la Corée. Et même qu'en Chine, la fête des amoureux est le septième jour du septième mois. "Nous sommes sous la coupe économique des Chinois qui se comportent en occupants." "D'où ce nationalisme xénophobe qui grandit à Oulan-Bator".
"La Mongolie découvrait le tourisme comme une seconde source de revenus après l'extraction des minerais."
Je suis généralement admiratif de l'imagination des romanciers. Dans ce livre, la violence, la cruauté de certaines scènes dépassent mon imagination, et je ne supporterais pas de les voir au cinéma.
"Il importe peu que nous ne voyions pas de la même façon le paysage identique que nous regardons. L'essentiel est de le regarder ensemble". (Patrick Manoukian)
"Une bonne intrigue se construit autour de sentiments et d'émotions universels évoqués à travers le récit de destins individuels."
"Les rêves sont un langage. Ils ne sont ni divinatoires ni prémonitoires. Ils ne font qu'essayer de te dire ce que tu n'oses encore t'avouer. Tout ce qui fait ton rêve est déjà en toi."
"Eviter les combats inutiles, qui ne sont que la preuve de l'inefficacité de toute autre chose, mais ne jamais reculé une fois le combat engagé. Toujours avancer, sans colère, toujours à son rythme, esquiver l'attaque en avançant, frapper les appuis".
"Semer le désordre pour appeler à l'ordre, salir les étrangers pour appeler à la préférence nationale, gangrener les pouvoirs pour les discréditer, infiltrer la police pour la manipuler."
"Les Mongols ont régné sur un quart du monde par la seule terreur. Ni par notre culture, ni par notre art, ni par notre pensée."
"La république mongole qui, il y a cinquante ans, brûlait ses dissidents dans les chaudières de ses locomotives."
"Si Gengis Khan vivait de nos jours, il ne serait qu'un Kim Jong-un".
"Ce n'est pas l'espoir d'une autre vie qui doit te faire vivre la tienne ici-bas."
17:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar