04/02/2015
L'argent est au bout du haschich
La route du kif
Renaud De Heyn
Récits graphiques
Editions Les Arènes XXI
Renaud De Heyn, coopérant belge, a enseigné la bande dessinée aux Beaux-Arts de Tétouan. Il a aimé la région de Ketama, la seule où la culture du kif est autorisée, lui donnant un monopole de fait depuis Mohamed V.
Les familles paysannes ont besoin de vivre, et celles qui cultivent le kif s'en sortent mieux que les autres. Ils ne vivent plus dans la misère, dans un climat très rude, alternant, chaque année, sur des sols pauvres, les cultures de blé er de kif, qui a besoin de beaucoup d'attention, bien plus de travail que le blé, et beaucoup d'engrais.
Malgré la culture du kif, l'exode continue.
Tout le monde fume : "le nombre de personnes ayant des problèmes neurologiques est impressionnant."
Légaliser ? "le kif perdrait trop de valeur" !
"Passer en Europe est de plus en plus difficile. Pour rentabiliser le voyage, il faut des quantités de plus en plus importantes. Le trafic devient de plus en plus violent."
Les couleurs de la BD sont splendides, parfois de vrais tableaux.
18:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
28/01/2015
Intouchables
Les fermiers aux pieds nus
Joe Sacco
Récits graphiques
éditions Les Arènes XXI
Pas besoin de présenter Joe Sacco, Maltais vivant aux USA. Il a donné au reportage graphique ses lettres de noblesses, en particulier à Gaza.
Ce récit graphique nous emmène en Inde, pays qui compte deux fois plus d'enfants sous-alimentés qu'en Afrique noire, entre Delhi et Calcutta, dans l'Etat d'Uttar Pradesh, un des Etats les plus pauvres de l'Inde, chez les pauvres paysans parmi les pauvres : les "intouchables", victimes de la barrière des castes, y compris au sein des "castes arriérés ", victimes de leur endettement à des taux usuraires, contractés pour survivre.
La mécanisation rend superflu le travail de ces travailleurs agricoles journaliers.
L'ancien premier ministre Rajiv Gandhi a admis que 85% de l'aide était détournée par des fonctionnaires corrompus.
Ils ont abandonné tout esprit de résistance, après avoir constaté que leur situation empirait chaque fois qu'ils tentaient de faire valoir leurs droits.
21:31 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
24/01/2015
La fin de règne de Ramsès II
Sous l'acacia d'Occident
Christian Jacq
éditions Robert Laffont
Fin de règne et donc fin de la saga de Ramsès II.Toujours romancé.
Le Pharaon bat les longueurs de longévité : il aura régné soixante sept ans.
Pour consolider la paix avec les Hittites, il épouse la fille de l'Empereur.
Christian Jacq présente les Hittites comme "un peuple de barbares qui traite les femmes comme des créatures inférieures", alors que je lis dans "Une histoire du monde antique", écrite à plusieurs mains par d'éminents universitaires : "l'Empire hittite, en réservant une place de choix à la femme fut, à cet égard, une exception au sein des royautés orientales."
La paix assurée avec les Hittites, ce sont les tribus libyennes qui se révoltent..."Au coeur du désert de Libye, le chef de tribu n'absorbait ni vin ni bière, considérant ces boissons comme démoniaques parce qu'elles brouillaient les idées."
Christian Jacq fait partie de ceux qui affirment qu'il n'y avait pas d'esclavage dans l'Egypte pharaonique. "Les êtres humains sont le troupeau de dieu, nul individu n'a le droit d'en traiter un autre comme un objet sans âme ou une marchandise. La loi de Maât exige un contrat entre celui qui ordonne un travail et celui qui l'accomplit ; sinon la joie ne peut circuler ni dans l'oeuvre la plus sublime ni dans le travail le plus modeste."
"Moïse, luttait pour l'application d'une vérité révélée et définitive, Ramsès bâtissait jour après jour la vérité d'une civilisation."
"Chercher le plus haut, le plus vital, c'est toujours suivre la bonne route."
"Un certain nombre d'appétits m'ont quitté. Peut-être est-ce le début de la sagesse." "Quand la curiosité s'éteint, il faut savoir s'arrêter."
" La mort est notre meilleure conseillère, car elle situe nos actions à leur juste place et permet de distinguer l'essentiel du secondaire."
21:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
20/01/2015
Sur les routes d'Iran
Un thé en Iran
Olivier Kugler
Grands reporters, Récits graphiques
éditions Les Arènes XXI
Olivier Kugler a accompagné, dans sa cabine, un chauffeur routier iranien. Que boit, à longueur de journées, un chauffeur routier iranien ? Du thé ! Très sucré et par litres.
Le récit, qui montre une réalité de l'Iran dans ses profondeurs, est présenté sous forme de croquis coloriés par zones.
Volontairement, pour ne pas mettre son hôte en danger, Olivier Kugler n'est pas rentré dans les questions politiques, ni géopolitiques.
08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
18/01/2015
Déclin et chute de la double monarchie austro-hongroise
La marche de Radetzky
Joseph Roth
Points P8
Je voulais parler de ce livre l'année dernière, à l'occasion de la commémoration de 1914. Je suis en retard. Mais le livre est toujours là, depuis 1932, considéré, avec quelques raisons, comme un chef d'œuvre de la littérature européenne du XXe siècle.
La "marche de Radetzsky" est une musique de Johan Strauss père, composée afin de fêter l'écrasement de l'insurrection italienne par le maréchal Radetzky. C'était en 1848. Cette année là un jeune homme montait sur le trône du Saint Empire Romain Germanique, un tout jeune homme : François-Joseph.
Joseph Roth a donné à son livre ce titre parce qu'il considérait cette marche comme "la Marseillaise du conservatisme." "Mourir au son de la marche de Radetzky était la plus facile des morts."
Le livre s'ouvre sur la bataille de Solferino, victoire pour les Français, mais défaite pour les Autrichiens, pendant laquelle le grand-père Trotta, d'origine paysanne et slovène, devenu capitaine, a le réflexe de sauver la vie du jeune empereur. Il est élevé au rang de baron et devient la référence familiale. Il ne veut pas que son fils devienne militaire, celui-ci devient donc préfet, avec un esprit militaire, y compris dans l'éducation de son fils. Le petit-fils, personnage central du roman devient officier sans en avoir le goût.
Comme la majorité des officiers il s'ennuie et, comme beaucoup d'autres, il sombre dans l'alcool et le jeu, donc les dettes, "dans la candide médiocrité à laquelle les avait préparés l'école militaire et la discipline traditionnelle". "Cette soif de l'alcoolique qui est une soif de l'âme et du corps."
A sa demande, il est nommé à la frontière russe (aujourd'hui l'ouest de l'Ukraine), où certains font le trafic d'immigrés clandestins russes.
Quand la guerre commence l'armée autrichienne bat rapidement la retraite devant les cosaques. Tous les Ukrainiens de l'Empire sont suspects d'être des traites. "La guerre de l'armée autrichienne commençait par des tribunaux militaires, pour faire peur aux vivants. Mais les vivants de toute la région avait pris la fuite."
Le roman montre les forces centrifuges : les peuples veulent devenir Nations. Les Hongrois, que l'archiduc François-Ferdinand, se réjouissent ouvertement de l'assassinat de celui-ci à Sarajevo. Et les Croates ne supportent plus de vivre sous la domination des Hongrois. Les Tchèques sont nationalistes.
"Notre monarchie est fondée sur la piété ; sur la croyance que Dieu a choisi les Habsbourg."
"L'Empereur François-Joseph était présent parmi ses sujets comme Dieu dans le monde, enfermé dans sa sénilité glacée, éternelle et effrayante."
Les forces centrifuges sont également sociales. Les ouvriers se permettent de faire grève, chose inimaginable. "La social-démocratie était évidemment un danger, mais aussi un contrepoids." "Les jeunes officiers s'imaginaient que le "peuple", c'est à dire la couche inférieure de la population civile, revendiquait son égalité de droits avec les fonctionnaires, les nobles et les négociants. On ne pouvait, en aucun cas, la lui accorder si l'on voulait éviter une révolution."
"Ce Midi, qui avait été jusqu'à présent une expression géographique, brillait de toutes les ensorcelantes couleurs d'un paradis inconnu."
"Elle souriait des lèvres, des yeux, des seins."
"L'âge approchait, à pas cruels et silencieux"
"La maladie n'était qu'une tentative de la nature pour habituer l'homme à mourir."
17:54 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature