25/04/2015
Erlandur et les clochards
Les nuits de Reykjavik
Arnaldur Indridason
éditions Métailié noir
Erlandur n'est pas encore commissaire. Il vient d'entrer dans la police. Il est de service de nuit. Avec tous les inconvénients pour sa relation de couple. La nuit, il est le témoin compatissant de la misère du monde, alcoolisme, accidents de la circulation qui en découlent, violences conjugales, tentatives minables de cambriolage, trafics en tous genres. Et les clochards... Il en connaissait un , en particulier, et n'arrive pas à croire au caractère accidentel de sa mort. "Erlandur se demandait si le manque de zèle de ses collègues tenait au statut social de la victime." Donc, en dehors de toute procédure, il s'obstine à poser des questions...jusqu'à connaître la vérité.
Une belle brochettes de personnages touchés par des drames humains avec Reykjavik, et l'Islande, "la pauvreté de la nation", en toile de fond.
11:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
19/04/2015
Suite de l'épopée des Normands de Sicile
Le Hors venu
Viviane Moore
10/18 "grands détectives" n°4084
1156, Palerme. Sur le trône de Sicile, Guillaume Ier, dit "le Mauvais", fils de Roger II, premier roi, normand, de Sicile. Il est Normand, mais son allégeance au Duc de Normandie, roi d'Angleterre, n'est que théorique. Les Normands n'ont pourtant conquis la Sicile, qu'il y a moins d'un siècle. Contre les Musulmans qui l'avaient prise aux Byzantins. "La Sicile avait eu bien des maîtres : Phéniciens, Corinthiens, Romains, Ostrogoths, Grecs, Arabes...et aucun d'entre eux n'avait renoncé volontairement à ses charmes."
Carrefour de civilisations, Palerme abrite des communautés musulmanes, byzantine, juive, lombarde...et normande. Celle qui détient le pouvoir.Plus pour très longtemps, mais cela est une autre histoire !
Héritage des occupations précédentes, le harem tient une grande place.
Pendant que Guillaume fait la guerre, ou part à la chasse, l'émir gère les affaires. En joueur d'échecs, et sans hésiter à réprimer durement les opposants, réels ou supposés. Les Musulmans sont des boucs émissaires parfaits. Il y a même une secte de djihadistes !
Nous retrouvons nos deux héros, partis de Barfleur la même année. Hugues de Tarse veille toujours sur Tancrède d'Anaor, supposé être le petit-fils de Roger II. Une menace pour son oncle Guillaume ? Tancrède se sent "Hors venu" (venu d'ailleurs) bien que natif de Sicile.
Ce n'est qu'à la moitié du roman que l'émir donne l'ordre à Hugues de Tarse d'enquêter sur une série de meurtres. Il trouvera le coupable, et son mobile : la vengeance qui, chacun sait, est une très mauvaise conseillère.
16:52 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar, histoire
11/04/2015
Héloïse romancée
Héloïse, ouille !
Jean Teulé
éditions Julliard
Abelard a écrit son autobiographie. Beaucoup d'historiens ont écrit sur Abelard, son rôle théologique, philosophique, et son amour pour Héloïse, avec les conséquences que tout le monde connait...et qui ont largement contribué à son passage à la postérité. "Ouille" est le cri qu'il est censé avoir poussé auprès d'Héloïse après l'ablation de ses génitoires.
Jean Teulé en tire un roman, bien troussé, qui s'inspire de la réalité historique sans s'y laisser emprisonner.
Ainsi, ce n'est pas le chanoine Fulbert qui aurait offert à Abelard une chambre chez lui, mais Abelard qui a demandé au parrain d'Héloïse de le prendre comme pensionnaire, contre un fort loyer...et des cours particuliers, alors qu'il était le professeur le plus célèbre de Paris. Dès ce moment, il avait une idée de ce qu'il souhaitait. D'après son autobiographie, Abelard, à 38 ans, n'avait jamais connu l'amour charnel. Ce que nous appellerions aujourd'hui "le démon de midi" ? Il affirme que la nièce du chanoine l'a séduit "par l'abondance de son savoir", en ces temps où suivre des études n'était pas chose courante pour les filles. Il semblerait que la belle Héloïse avait alors 16 ans, et non 18, comme dans le roman de Teulé ! Abelard rattrape le temps perdu...Jusqu'à ce qu'Héloïse soit enceinte de ses oeuvres.
Pour parler de l'amour physique , Teulé alterne les termes anciens et les mots actuels, très crus.
Abelard emmène Héloïse enceinte en Bretagne, c'est à dire, à l'époque, à l'étranger. Ce que Teulé ne signale pas. Mais il montre bien l'incroyable égoïsme d'Abelard qui oblige Héloïse à entrer au couvent, afin de sauver sa carrière. Et Héloïse accepte et se sacrifie par amour, pour l'amour de l'homme qu'elle aime. Héloïse sera donc, "une religieuse cultivée comme peu de femmes le sont en ce siècle."
Fulbert avait accepté le "mariage de compensation" qui était encore en pratique au XXe siècle : la fille est enceinte, le garçon l'épouse pour réparer. C'est parce qu'Abelard ne respecte pas ce mariage en envoyant Héloïse au couvent, que Fulbert paie des hommes de main pour lui faire subir la peine alors prévue pour les époux adultères : il sera châtié par là où il a péché.
Les controverses théologiques sont un peu plus difficiles à suivre. La tentative d'Abelard d'appliquer à la religion les principes de la logique est, bien entendu, condamnée par les pères de l'Eglise, que Teulé décrit comme majoritairement ivrognes. "Sous forme de cent cinquante questions, il pointe toutes les incohérences de la religion chrétienne." "Le raisonnement par la logique est une usurpation de l'autorité divine et donc un blasphème". Bernard de Clairvaux, qui sera plus tard sanctifié, est le principal accusateur. Il est particulièrement "soigné" par Teulé qui le qualifie "d'avorton" et de "hyène en soutane". Abelard finira par être déclaré "hérétique", condamné au silence perpétuel, mais recueilli par Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, et grand adversaire de Bernard de Clairvaux.
Héloïse et Abelard ne seront réunis que dans la mort (aujourd'hui au Père Lachaise). Tous les deux au même âge, donc avec vingt, ou vingt deux, ans d'écart.
"Un beau conte d'amour et de mort".
"Felicitas habetur in ista et non in alia" (Le bonheur se possède dans cette vie et pas dans une autre)
13:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
03/04/2015
Morts mystérieuses à Montpellier
Soleil noir
Armèle Malavallon
Prix du polar 2015 VSD
éditions "les nouveaux auteurs"
En juillet, à Montpellier, il fait chaud, très chaud. Mais de là à retrouver calcinée une paisible retraitée...Puis un deuxième tas de cendres deux semaines plus tard ? Tous les cas de "combustion humaine spontanée" sont recensés. Est-ce crédible ? La loi des séries ?
S'il s'agit d'un tueur en série comment l'empêcher de récidiver ? Quel était le lien entre les deux victimes pour en éviter d'autres ? Ou était-ce aléatoire ?
Un vrai bon polar, avec en arrière plan la question de la maltraitante des enfants.
Armèle Malavallon est vétérinaire, spécialiste des maladies infectieuses.
18:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
02/04/2015
La guerre de 1000 ans
Les Gaulois contre les Romains
Joël Schmidt
éditions Perrin
L'auteur démontre que les hostilités entre les Gaulois et les Romains ne se sont pas limitées à "la guerre des Gaules" de Jules César, mais qu'elles ont duré dix siècles, avec comme point fort l'occupation de Rome par Brennus en 390 avant notre ère, avec sa fameuse phrase "Vae Victis", malheur aux vaincus.
Il affirme également que la romanisation de la Gaule ne fut qu'un leurre et qu'en réalité, il y eut sans cesse des révoltes gauloises contre l'Empire romain, jusqu'à la chute de Rome au Ve siècle.
Pour appuyer ces deux thèses, l'auteur s'appuie sur les révoltes de tous les Celtes. Il est incontestable que les Gaulois étaient des Celtes, mais beaucoup d'historiens, s'appuyant sur l'archéologie, réfutent l'idée que tous les Celtes étaient des Gaulois. Les fameux Celtibères, par exemple. Il y a discussion également concernant les Bretons : incontestablement Celtes, mais Gaulois ?
Autre problème : présenter les Gaulois comme une Nation, alors que chaque groupe avait ses propres intérêts et donc ses alliances, ou ses révoltes, contre Rome. Chacun sait que Jules César n'aurait jamais conquis la Gaule sans l'aide de ses alliés gaulois, et qu'ensuite l'armée romaine a bénéficié de l'appui de Gaulois, cavaliers réputés. Une phrase comme "les Gaulois, toujours prêts à aider un ennemi de Rome" ne me semble pas exacte, car Romains et Gaulois furent souvent alliés pour lutter contre les invasions venant de Germanie.
L'auteur a probablement raison de souligner que la romanisation a été essentiellement un phénomène urbain, ne touchant pas les campagnes profondes. Mais n'était-ce pas dans les villes que se trouvaient les classes dirigeantes ? Et même à la campagne, les "villas" romaines, ne reprenaient-elles pas les grands domaines gaulois ?
Les Chrétiens qui refusent la religion publique romaine, sont ils rebelles parce que chrétiens, ou parce que Gaulois ?
Les fameuses "bagaudes" étaient-elles une révolte contre Rome, ou une tentative de survivre par le brigandage de Gaulois réduits à la misère ?
08:18 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire