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14/04/2012

Libye : rien n'est réglé

Les fous de Benghazi

 

Gérard De Villiers

 

SAS n° 191

 

 

Déception. Non pas que SAS, à l'image de DSK ait soudain fait vœu de chasteté, mais ces livres, au delà de leurs défauts, ont généralement la qualité d'une bonne analyse de la situation géopolitique des pays dans lesquels l'action se déroule. Du moins les informations fournies recoupent celles que je peux avoir par ailleurs.

 

Dans ce livre consacré à la lutte suivant le soulèvement démocratique en Libye, il y a des points incontestables :

 

"Les armes des soldats kadhafistes sont dans la nature. Beaucoup ont été pillées par la population, d'autres sont parties vers le sud, le Niger et le Mali, pour renforcer les katibas de l'AQMI." Les évènements du Mali en ont apporté la preuve.

 

"Parmi les opposants à Kadhafi, les seuls organisés étaient les islamistes"

 

Le C.N.T. ne contrôle pas la situation.

 

Un des enjeux essentiel est de "récupérer les milliards de $ d'avoirs libyens gelés par les Etats-Unis qui hésitent à les rendre au CNT"

 

D'autres  sont plus discutables :

"Le général Younès, ancien ministre de la défense de Kadhafi étaient particulièrement haï par les Islamistes, en raison du rôle qu'il avait joué dans la répression contre eux". C'est exact, mais pourquoi les islamistes n'ont-ils pas attendu la chute de Kadhafi avant de supprimer Younès ?

 

Deux piliers du roman me laissent interrogatif :

 

1) Le groupe terroriste le plus actif serait une branche des "Frères musulmans".

Les "Frères" ont choisi la voie légale et politique dès la fin des années 70, ce qui a provoqué la naissance de groupes terroristes dissidents,  comme le "Jihad islamique". Les terroristes islamiques considèrent les "Frères" comme des "traitres".

Les résultats électoraux en Tunisie, au Maroc et en Egypte les confortent dans cette stratégie légaliste, même si, sur ce terrain et dans ces pays, ils risquent d'être débordés par plus radicaux qu'eux.

Rien ne permet d'affirmer que les "Frères" auraient une branche terroriste.

 

2) Le Qatar serait le financier des terroristes libyens.

Beaucoup de choses peuvent être reprochées aux Qataris. Par exemple de vouloir obliger le PSG à quitter le "Parc des Princes". De ne pas être une démocratie occidentale, dans une région où cela n'existe pas. Tout le monde sait qu'il y a des luttes au sein de la famille régnante. Des membres de la famille pourraient être tentés de chercher à déstabiliser l'actuel chef de la tribu. De là à imaginer celui-ci en train de jouer double jeu,  et de financer des groupes terroristes alors qu'il mène ouvertement une politique pro-occidentale ? Je suis plus que dubitatif.

 

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07/04/2012

qui est-on sans mémoire ?

Palestine

 

Hubert Haddad

 

"Prix Renaudot Poche 2009"

 "Prix des cinq continents de la francophone 2008"

 

Livre de poche n°31461

 

 

 

A proximité d'Hébron, point "chaud" de contact entre colons israéliens et Palestiniens, un jeune soldat israélien est blessé et choqué, rendu amnésique.

"Qui est-on,  sans mémoire ?"

En vêtements civils, il est recueilli par deux Palestiniennes. Sans identité, il devient Palestinien, et vit la vie et les souffrances, l'humiliation et la répression,  d'un peuple occupé.

 

Eternelle question du hasard qui nous fait naître d'un côté ou de l'autre d'une frontière. Un film récent, "Le fils de l'autre" l'évoque également.

 

 

"La violence consommée a une étrange douceur. Tout se passe dans une boucle du temps qu'aucune raison ne contrôle"

 

"Il faut toujours parler. Aux moribonds, aux fous, aux ânes, même aux ennemis !"

 

"Tu détisses chaque nuit le temps passé pour garder l'âge de ton amour"

 

"Cette Cisjordanie morcelée que les colons débarqués de New-York ou de Paris appellent Judée-Samarie en héritiers définitifs".

 

"A part le Cantique des Cantiques, il n'est jamais question d'amour dans la Bible, pareil pour le Coran..."

 

"Nous sommes bannis de chez nous, délogés, dépossédés, tous captifs. Partout des murs dressés, des barrages, des routes de détournement. Est-ce qu'on peut vivre comme ça, parqués dans les enclos et les cages d'une ménagerie ? Veut-on nous pousser au suicide, à la dévastation ?"

 

"La paix ? C'est le droit du plus fort !"

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

05/04/2012

Israël - Palestine : garder espoir ?

Les Arabes et la paix

 

Entre guerre et diplomatie 1977 / 2010

 

Denise Ammoun

 

Editions Fayard

 

Denise Ammoun est la correspondante au Caire de "La Croix" et du "Point".

Elle nous parle beaucoup du rôle de l'Egypte, pays où elle vit, du Liban, son pays d'origine, de la Cisjordanie et de Gaza, de Kadhafi qui "s'était juré de faire assassiner Sadate",  un peu de la Jordanie, du rôle d'intermédiaire très discret du Maroc,  pratiquement pas du rôle des Etats du Golfe, et c'est dommage.

 

L'auteur retrace, longuement, le cheminement de Sadate vers un Traité de paix avec Israël. "La paix contre le Sinaï", mais sans rien sur l'autonomie palestinienne. Sous la pression des USA, et du FMI. La poursuite de l'implantation de colonies en Cisjordanie, malgré la promesse faite au Président Carter à Camp David.

 

Les guerres du Liban, partagé entre Israël et la Syrie. "Pour la première fois, l'armée israélienne a envahi une capitale arabe". "L'invasion a favorisé la naissance du Hezbollah."

 

1980 : l'Union européenne affirme "le peuple palestinien doit être en mesure d'exercer pleinement son droit à l'autodétermination".

Un mois plus tard, la Knesset annonce officiellement l'annexion de Jérusalem-Est, "capitale éternelle et indivisible de l'Etat hébreu".

Presque vingt ans plus tard l'Union européenne précisera "droit à l'autodétermination, "y compris à avoir un Etat".

Arafat au Parlement européen qui "évoque la reconnaissance du droit à l'existence d'Israël et la création d'un Etat palestinien".

 

1991 : Madrid "pour la première fois une conférence réunissant les délégués de l'Etat hébreu avec tous ses voisins arabes, sans aucune exclusion", "possible grâce à la fin de la guerre froide". "Le chef de la délégation palestinienne rappelle que toutes les résolutions de l'ONU relatives à la Palestine n'ont jamais été appliquées".

 

1993 : Oslo : "Gaza d'abord". "L'OLP reconnaît un Etat et Israël une organisation." ; "Absence de référence à un futur Etat palestinien". "La fin de l'occupation n'est pas mentionnée, le gel des implantations n'a pas été exigé". Mais "l'OLP est enfin un interlocuteur à part entière". "La perspective d'un Etat se dessine".

 

1995 : accord de Washington : la Cisjordanie est découpée en trois zones, dont 3% sous autorité palestinienne. Rabin est assassiné.

 

2002 : La "feuille de route" américaine, "jamais véritablement appliquée",  et la création du "Quartet".

 

2007 : Annapolis, dernier accord en date. "Abbas gouverne un territoire réduit à sept agglomérations".

 

2008 : "Plomb durci" sur Gaza : 1 400 tués, en majorité des civils et des enfants, et des milliers de blessés".

 

J'ai été déçu. J'espérais une analyse du cheminement des Etats arabes pour effacer la condamnation de Sadate et parvenir, à l'unanimité,  en 2002, à une initiative historique, proposant à Israël "l'échange de la terre contre la paix".

Cette proposition de reconnaissance d'Israël par tous les Etats arabes, contre la création d'un Etat palestinien,  dans les frontières de 1967, est toujours sur la table.

On se souvient de la réponse donnée par le gouvernement israélien de l'époque : réoccupation de toutes les villes de Cisjordanie et début de la construction du "mur de séparation"...sur le territoire palestinien.

 

"La restitution des territoires est le seul moyen de freiner l'extrémisme régional"

"Celui qui est incapable de modifier son mode de pensée ne peut en aucun cas initier un changement dans la réalité et donc ne peut réaliser aucun progrès."

 

Conclusions de l'auteur : "les Arabes ont étalé leurs faiblesses, leurs divisions, et leurs surenchères". "La poursuite de la colonisation découpe la Cisjordanie en bantoustans, et finira par entraver tout possibilité de créer un Etat palestinien viable". Mais "il faut garder espoir !"

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04/04/2012

les relations entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient

Les meilleurs ennemis

 

Une histoire des relations entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient

 

Première partie 1783 / 1953

 

Jean-Pierre Filiu et David B.

 

Editions Futuropolis

 

 

Jean-Pierre Filiu est un spécialiste du Moyen-Orient. J'ai déjà parlé,  dans ce blog, de son dernier livre "La révolution arabe. 10 leçons sur le soulèvement démocratique".

Je ne connaissais pas le travail de David B.

 

Le livre, tout en noir et blanc, sauf la couverture, se découpe en quatre parties :

 

D'abord l'Antiquité, ce qui fait mentir le sous-titre qui mentionne 1783. Avec l'épopée de Gilgamesh au "pays des cèdres", en 2 400 avant JC. Un des textes irakien les plus anciens retrouvés à ce jour, et qui a imprégné l'imaginaire de toute la région. Malicieusement, les auteurs ont placé dans la bouche de Gilgamesh des propos tenus par George Bush lors de l'invasion de l'Irak.

 

Deuxième partie : la "barbarie", l'histoire des pirates, chrétiens et musulmans qui sillonnaient la Méditerranée. La capitale des pirates musulmans est Alger, tenue par les frères Barberousse, pour le compte du sultan de Constantinople.

Quand l'Amérique devient indépendante, ses navires ne sont plus protégés des pirates par les navires de guerre anglais.

Les pirates ignorent les Etats-Unis, mais cela ne les empêchent pas de rançonner les navires américains.

A la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, les Américains organisent leur première expédition maritime dans la région, contre le pacha de Tripoli et ses pirates libyens, puis contre Alger, pour obtenir des conditions favorables pour naviguer en toute liberté.

 

Troisième partie : le pétrole.

Les Etats-Unis n'établissent des relations formelles avec l'Empire ottoman qu'en 1862. Ses représentants sont très actifs dans la corruption des fonctionnaires locaux, et ses missionnaires religieux sont nombreux.

Mais ce n'est qu'avec le besoin vital en pétrole, à partir de la deuxième guerre mondiale,  que les Etats-Unis s'impliquent réellement au Moyen-Orient.

Le seul pays qui puisse satisfaire les besoins américains et qui ne soit pas sous la coupe britannique est l'Arabie Saoudite, seul pays au monde à porter le nom de la dynastie régnante, qui a chassé les Hachémites, soutenus par les Britanniques, entre les deux guerres.

Depuis, "la sécurité énergétique des Etats-Unis est assurée en échange de la sécurité stratégique du royaume saoudien".

 

  La quatrième partie est consacrée à la description du Coup d'Etat organisé par la CIA, avec l'aide des mollahs et de quelques militaires et journalistes,  contre le premier ministre iranien progressiste,  Mossadegh, qui avait eu l'impudence de nationaliser le pétrole.

"Le contre coup de l'opération est l'élimination de la Grande-Bretagne de la région. Le temps des puissances coloniales est révolu, vient celui des Etats-Unis."

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, moyen-orient

03/04/2012

François Hollande gentil ?

La force du gentil

 

Marie-Eve Malouines

 

Editions JC Lattès

 

 

Marie-Eve Malouines est chef du service politique de "France Info". Elle pose deux questions : "François Hollande est-il un vrai gentil ?", "Son image est-elle un atout ou une faiblesse ?"

"Le pouvoir peut-il s'accomplir autrement que par l'affrontement ? Incongrue, bienvenue ou mal fichue, l'équation dépasse le seul terrain politique. Cette audace constitue à la fois la faiblesse, et la force de François Hollande".

 

"Il fait des morts par inadvertance"

"Il prend tout, il ne donne rien"

"François n'exige aucune fidélité, et en parallèle, il n'a jamais été fidèle"

"Il vaut mieux être dans le pouvoir réel que dans le pouvoir affiché" ; "François Hollande s'est toujours tenu dans l'ombre, mais tout près du puissant" ;"Au Parti Socialiste, pour survivre, il faut un protecteur. Pour ne pas se faire marcher sur les pieds, il faut un parrain"

"Dans le combat politique, la victoire ne repose pas uniquement sur ses forces, elle dépend également de la division de l'adversaire"

"Pour gagner un combat électoral, ou une investiture, il faut créer les conditions de sa propre légitimité."

"Cet admirateur de Jean Jaurès préfère le rassemblement et la synthèse aux  scissions"

"Il ne dénigre jamais autrui" ; "Il ne se met jamais publiquement en colère. Son ton est toujours maîtrisé"

"François Hollande est un robin des bois fiscaliste"

"Son ambition ne réside pas dans le fait de gagner le pouvoir, mais de le pratiquer" ; "J'ai d'autant plus envie d'exercer le pouvoir que je le connais" (FH)

"Il ambitionne de rompre avec la tradition selon laquelle la gauche ne reste jamais plus d'une seule mandature aux manettes de l'Etat"

"Il est le seul homme politique qui n'ait pas besoin d'une psychanalyse"

"François a la goût du secret, c'est la qualité des hommes d'Etat"

"Dans le passage du "nous" au "je" réside la grande révolution intérieure de François Hollande"

"Il se décrit comme porteur de certaines valeurs spirituelles, de ce qu'une religion peut "donner de mieux" : "une générosité, le sens de l'autre, le souci du partage et peut-être aussi une conscience plus aigüe du bien et du mal" ; "François Hollande a décidé qu'il ne convenait pas d'espérer un ailleurs meilleur, mais qu'il s'agissait au contraire de s'appliquer, dès à présent, à construire un bonheur partagé"

"L'engagement est un instrument permettant de dépasser la contrainte inéluctable de la mort"

 

"Ce n'est pas la largeur d'épaule qui fait la souveraineté, c'est l'intelligence" (Sophocle)

 

"François Hollande est persuadé que le pays a besoin de réconciliation, de rassemblement et d'apaisement"

"François Hollande serait donc "trop gentil", mais il n'a jamais été affublé de l'imperfection qui va de pair avec ce défaut, à savoir l'inconstance"