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08/02/2012

initiation à la vigne, au vin, et à la BD

Les ignorants

Récit d’une initiation croisée

Etienne Davodeau

Editions Futuropolis

 

Etienne Davodeau est auteur de bandes dessinées. Son copain Richard est vigneron. Il lui demande de l’initier au travail de la vigne et du vin. Parallèlement, il l’initie au monde de la bande dessinée. Le lecteur est deux fois gagnant, assistant au travail du vigneron, qui commence sur la terre, « le vin comme un lien puissant et mystérieux entre la terre et l’homme ». Tout comme nous assistons à la fabrication d’un livre, « objet autonome, permanent et pour tout dire un peu magique, incarné par les mains d’un lecteur ».

Un livre gouleyant, qui mérite les éloges de la presse, et de celles et ceux qui l’ont lu, et qui souligne qu’il y a bien des façons de produire un vin et de réaliser un livre.

Comme Richard, le vigneron, je préfère boire de l’eau qu’un vin qui ne me plait pas. Et peu trouvent grâce à mon palais. J’ai été fasciné par ce travail d’élaboration, face aux contraintes,  aussi bien pour le vin que pour la BD. Avec,  en prime, la rencontre avec quelques vignerons et quelques auteurs de BD.

J’espère que le succès de cet album incitera les lecteurs qui ne l’ont pas encore lu à découvrir « Lulu, femme nue », l’album précédant d’Etienne Davodeau,  dont j’ai déjà parlé, en bien, sur ce blog.

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd

07/02/2012

Séguéla : la publicité politique dans la peau

Le pouvoir dans la peau

 

Jacques Séguéla

 

Editions Plon

 

 

Jacques Séguéla, homme de publicité, a "dans la peau", non pas le pouvoir,  mais la publicité politique dont il fait, une nouvelle fois l'apologie.

 

Il a connu la gloire pour avoir inventé les slogans mitterrandiens de "La force tranquille" et "Génération Mitterrand". Il se croit obligé de nous expliquer pourquoi il aime tant l'actuel Président, alors qu'il n'est pas difficile de comprendre les affinités de l'homme à la Rolls avec l'homme à la Rolex.

Bien entendu quand le Roi se trompe, c'est à cause de ses mauvais conseillers.

Bien entendu, comme toute girouette, ce n'est pas lui qui a changé : "Je n'ai pas changé de camp, c'est mon camp qui a changé"

 

Le côté le plus agréable du livre se trouve dans les anecdotes. Par exemple quand Mitterrand refuse de monter dans la Rolls de Séguéla, ce qui prouve qu'il avait du bon sens politique, donc le sens de la communication.

 

Le plus intéressant, dans cette période électorale, est contenu dans les "fondamentaux" de la communication politique résumés par Séguéla :

- "On vote pour une idée, pas pour une idéologie" ;

- "On vote pour soi, pas pour son candidat" ; "Trop généraliste, on n'intéresse plus personne, chacun n'étant occupé que par ses attentes particulières"

- "On vote pour un homme, pas pour un parti" mais "si l'on ne vote pas pour un parti, on ne peut pas être élu sans lui" ;

- "On vote pour le professionnalisme, pas pour l'amateurisme" ;

- "On vote pour un projet, pas pour le rejet" ;

- "On vote pour le cœur, pas pour la rancœur : "On ne crée pas l'envie à coups de dégoût, fût-ce de son adversaire" ; "Se faire élire, c'est se faire préférer" ;

- "On vote pour le futur, pas pour le passé" : "Il n'est de nostalgie que du futur"

- "On vote pour le BCBG, pas pour le bling-bling" ;

 

"La simplicité est mère de l'efficacité"

 

"L'électeur se nourrit de rêves, pas de ragots" ; "Alterner savamment le conte de fées et le compte de faits" ; "Se mettre à l'écoute de son électorat et de ses désirs enfouis" ; "Surprendre les gens avec ce qu'ils attendent"

 

"Notre monde est régi par une accélération de l'information que nous ne maîtrisons plus"

 

"Nul ne peut être élu sans faire campagne, qui joue les accélérations de victoire ou de défaite"

"Une élection est une danse nuptiale. Sans création de désir, pas d'acte, pas de vote. D'où la nécessité pour tout candidat de charmer, étonner, séduire, sans trahir sa force intérieure" ; "François Mitterrand fut le seul à intégrer qu'une élection joue sur l'affect avant de jouer sur l'intellect" ; "Etre en campagne, c'est comme faire l'amour. Si vous n'y prenez pas de plaisir, c'est que vous ne savez pas y faire" (Hazel Blears, parlementaire travailliste).

 

"Savoir oser reste l'apanage des vainqueurs"

 

"Le plus important pour gagner c'est de surmonter ses cicatrices"

 

"Gouverner aujourd'hui, c'est décevoir"

 

"La vieillesse, que l'on se l'avoue ou non, est le signe de l'égoïsme. Son temps de vie se réduit, comment ne pas penser d'abord à soi ?"

 

"Le bonheur est désormais dans le près...de chez soi"

 

"Nous sommes passés d'une société cartésienne qui disait "Je pense donc je suis", à une société de l'émotionnel qui dit "Je ressens donc j'aime" (Vladimir Jankélévitch)

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

04/02/2012

les bas-fonds de la mondialisation

La frontière

 

Patrick Bard

 

Point policier n°P1102

 

 

"La frontière", c'est celle qui sépare le Mexique et les Etats-Unis, "la frontière la plus traversée au monde, légalement, ou illégalement",  avec comme point de passage, Ciudad Juarez, la ville rendue célèbre par les "féminicides". "La ville où le diable a peur de vivre". "Les bas-fonds de la mondialisation". "Aussi loin que portait le regard, le bidonville avait grignoté l'espace".

 

Patrick Bard invente le personnage de Zambudio, journaliste espagnol qui enquête pour le compte d'un grand quotidien madrilène. Comme beaucoup de détectives privés de romans, Zambudio boit et fume trop, son couple bat de l'aile, mais il a un flair terrible pour enquêter.

 

Le roman nous fait découvrir les conditions de vie et de travail horribles de ces femmes, dont des dizaines ont été retrouvées mortes. "Toutes ces jeunes filles appartenaient à des familles pauvres, la plupart étaient des ouvrières des maquiladoras".

Meurtres rituels d'une secte ? Serial killers ?

 

Avertissement de l'auteur : "Ciudad Juarez est bien la ville violente décrite dans le roman. Les conditions de travail des ouvrières de la frontière, aussi incroyables puissent-elles paraître, correspondent strictement à la réalité. La série d'assassinats dont il est question ne relève, hélas, pas de la fiction".

"Les Mexicains ne vont pas vers la mort, ils y retournent, car ils en viennent" (Carlos Fuentes)

 

"On trime toute la semaine dans les maquiladoras, et avec nos salaires, on ne peut prétendre à rien d'autre que ces taudis en carton".

"Le monde ouvrier du XIXe siècle décrit par Dickens, avec ses grisettes jetées dans la prostitution par des maquereaux qui les ramassaient dans les bals populaires. Il y avait même Jack l'éventreur". "Des proies consentantes, fascinées par leurs prédateurs".

"Les femmes ici, c'est un réservoir de chair fraiche.""Embauchées en masse dans les multinationales, parce qu'elles sont plus malléables".

 

"Avec les accords de libre échange, c'est toute la zone frontalière qui sert de laboratoire d'expérimentation au commerce économique mondial"."En quinze kilomètres, des salaires divisés par dix." L'utilisation de substances toxiques prohibées aux Etats-Unis. "Le problème des nuages toxiques, c'est qu'ils ne connaissent pas les frontières". "Crime économique contre l'humanité serait le mot qui convient".

 

A Ciudad Juarez plus qu'ailleurs le capitalisme international est intraitable jusqu'à en être meurtrier, et les Américains n'ont pas le beau rôle.

La violence horrible à l'état pur, dont la transposition cinématographique serait insoutenable.

 

"Au Mexique tout peut arriver, sauf la justice".

 

 

 

 

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

02/02/2012

Mexique, si loin de Dieu, si près des Etats-Unis

Mexique, entre l'abîme et le sublime

 

Gaëtan Mortier

 

Editions "Toute latitude"

 

 

Pour l'auteur, journaliste français travaillant au Mexique, le Mexique est "la synthèse de deux mondes que tout opposait". Synthèse incarnée par l'union d'Herman Cortés, le Conquistador, et la princesse indigène la "Malinche".

"Le Mexique célèbre le monde préhispanique, tout en méprisant les peuples indigènes actuels".

 

"Etonnant héros laïc d'un peuple profondément croyant, Pancho Villa, généreux et cruel, vengeur et justicier, tendre et violent, aimant faire fondre les femmes et couler le sang, peut incarner les contradictions de l'âme mexicaine". "La tête de Pancho Villa fut mise à prix par les Américains"

"Pauvre Mexique, si loin de Dieu, si proche des Etats-Unis".

 

"La société mexicaine est l'une des plus inégalitaire au monde".

12ème économie mondiale, mais seulement 53ème pour l'"Indice de développement humain".

'"Au Mexique révolutionnaire et progressiste s'oppose le Mexique autoritaire".

"La paix et le travail forcé favorisent le commerce et les gros bénéfices"

"Les mêmes personnes qui condamnent avec véhémence l'intervention de l'Etat dans l'économie surent se retourner vers lui quand les choses allaient mal." "Le sauvetage bancaire a coûté au total près de 100 milliards d'euros aux contribuables".

 

"Le trafic de drogue est indissociable du combat contre la pauvreté : l'armée des pions qui sert les cartels agit souvent pour sa survie économique."

"Un avenir coincé entre une maquiladora et un puits de pétrole."

 

"La souffrance et la mort ont une place importante dans l'imaginaire mexicain."

"La vie ne vaut rien, mais il faut la danser". "Les fêtes sont notre unique luxe" (Octavio Paz).

"Quand le Mexique mourra, ce sera debout et en dansant"

 

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01/02/2012

Quand les profs de philo lisent Tintin

Tintin au pays des philosophes

Philosophie Magazine

Editions Moulinsart

 

Une vingtaine de philosophes, dont Michel Serres n’est pas le moindre, sociologues, ethnologues, psychanalystes,   parlent de Tintin et de son apport à la philosophie, en six grands chapitres, superbement illustrés, et qui se terminent pas un bref abécédaire :

De la morale

« Une action est moralement bonne si elle s’accomplit par pur respect du devoir, sans considération pour un intérêt ou une satisfaction espérée. »

« Tintin, c’est d’abord une œuvre où il est question du Bien et du Mal ». « Tintin est une incarnation du Bien, dont le courage éminemment moral fonde son exemplarité de héros ». « Pour Milou et son jeune maître, il importe d’abord de faire preuve d’intelligence, et ensuite seulement, de faire montre de courage ». Du côté du Mal, on ne trouve que l’argent, le pouvoir et l’abus de pouvoir, la cruauté ».

« Dans cette morale de la cohérence avec soi, il vaut mieux subir un tort que le faire subir, car on est condamné à vivre avec soi »

« L’amour de la sagesse colle aux pas du petit reporter comme un morceau de sparadrap s’agrippe aux doigts du capitaine »

« Il ne se compromet jamais auprès des puissants et parle toujours selon sa conscience, quels que soient les dangers qu’elle lui fait courir ».

De la politique

« Le Lotus bleu, en 1934, est un engagement en faveur de la Chine contre l’ambition du Japon de devenir une puissance coloniale ».

« Le sceptre d’Ottokar met en lumière, en 1938,  la nouveauté « révolutionnaire » du fascisme et attire l’attention sur la fragilité des démocraties »

« Il se range résolument du côté des régimes pacifiques et démocratiques, ce qui n’était pas si courant à l’époque ».

« Tintin au Congo » est un catalogue de préjugés, au prisme du milieu catholique et conservateur des années 1930. Il fait toujours référence à une colonisation morale, articulée autour des valeurs chrétiennes. »

De l’Homme

« L’insatisfaction qui fait partir au bout du monde trouve bien souvent son terme dans la « maison » familiale, c'est-à-dire dans sa propre histoire, personnelle et généalogique ». »Le héros part au bout du monde pour comprendre ce qui se trouvait à sa porte ». « Comprendre un peu mieux ce que nous sommes, à travers le regard d’autrui ».

« La vie, c’est du rafistolage. Le vivant est un bricolage dont l’unité de fonctionnement nous échappe ».

De la raison

« Il révèle une dimension merveilleuse de l’existence humaine, véritable dérision du scientisme dominant. »

Du rire

« Tintin n’est pas drôle, mais il sert de révélateur aux décalages que les autres refoulent ». « C’est la lecture symbolique qui fait rire »

« Rire, c’est se secouer l’identité »

De l’art

« Tintin est capable de faire vibrer dès l’enfance les questions que soulèvent toutes les grandes œuvres d’art : la mort, le secret de nos origines, l’énigme du Bien et du Mal ».

« Il est seulement le jeune homme de bonne volonté que nous rêvons tous d’être ».

« L’oreille cassée montre que ce qu’on cherche est insaisissable »

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd