15/02/2012
la première adaptation BD du Grand Meaulnes
Le grand Meaulnes
De Bernard Capo d’après le roman d’Alain-Fournier
Editions Casterman
Un roman de sortie de l’adolescence, quand l’esprit d’enfance reste présent, largement autobiographique. Un roman d’amours, largement platoniques, impossibles, comme s’ils l’étaient par définition. « Un homme qui a fait un bond dans le paradis, comment pourrait-il s’accommoder ensuite de la vie de tout le monde ? »
Un roman ancré dans le Berry de l’auteur, juste avant la première guerre mondiale. Un monde aujourd’hui largement disparu, même dans le Berry !
Le seul roman d’un homme jeune, ami de Péguy et tué à la guerre, dont il demeure la nostalgie des temps anciens, et l’universalité des sentiments et des émotions.
Un peu déçu d’avoir manqué de peu le prix Goncourt, Alain-Fournier déclara : « Je voudrais que Le grand Meaulnes fût lu ». Aucun doute que cette adaptation va y contribuer.
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11/02/2012
Deux Amériques, un Apollon et sept putes
Apollon et les putains
Carlos Fuentes
Folio à 2 euros n°3928
Un acteur californien, "l'Apollon maudit des séries B", la cinquantaine bien entamée, réduit au chômage pour avoir reçu l'Oscar du meilleur acteur, dans un film intellectuel italien, rêve de la relance de sa carrière en traînant son ennui à Acapulco, au bord de la mer, en boîte de nuit, où il "ramasse" sept danseuses très déshabillées pour une promenade en mer, en voilier.
"Deux Amériques, un Apollon et sept putes ? En voilà un drôle de cocktail !"
Le voyage, raconté à la première personne, commence dans la débauche, mais se poursuit de façon inattendue.
"Si nous ne nous abandonnons pas au soleil et à la mer, nous ne méritons pas de vivre"
"Tu ne sais pas jouir, si tu ne t'imagines pas plongé dans le péché".
"Le pire des péchés : avoir été, un "has been". "Je ne suis pas née pour vivre avec un homme qui a été. Je veux un homme qui sera".
"Pour les Latino-Américains, le succès va de pair avec le malheur".
"Cette détresse mexicaine m'effraie".
"L'aveuglement des riches qui font semblant de croire qu'ici il n'y a pas de pauvres".
"A Mexico aussi bien qu'à Los Angeles, villes sœurs, le langage sert plus à se défendre qu'à communiquer, à dissimuler plutôt qu'à révéler".
"Lorsque Ronald Reagan était notre gouverneur (Californie), il supprima l'aide aux malades mentaux, lesquels se retrouvèrent de nouveau dans les prisons, comme au Moyen-âge".
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09/02/2012
l'état du monde 2012
Nouveaux acteurs, Nouvelle donne
Sous la direction de Bertrand Badie et Dominique Vidal
Editions "La découverte"
La formule de "l'Etat du Monde" continue à évoluer.
Il y a cinq ans, prenant en compte les changements technologiques, la formule, née il y a trente ans, avait radicalement changée, de format, de présentation, d'esprit. Les archives étaient mises sur un CD-Rom. Depuis 2009 elles sont sur un site internet. En achetant le livre nous avions un code d'accès.
Cette année le livre et le site sont séparés. Le livre coûte 3 euros moins cher, mais il faut payer 10 euros pour avoir un code d'accès aux archives. J'espère surtout que l'accès sera plus fiable, car l'année dernière j'ai souvent pesté de ne pouvoir accéder au site malgré mon code d'accès.
Autre changement : ces dernières années "l'état du monde" était analysé en cinquante "idées forces" regroupées en cinq chapitres. Cette année, les analyses sont un peu plus longues, mais elles sont moins de trente, en trois chapitres. D'une année sur l'autre le livre a perdu une centaine de pages.
La première partie est centrée sur "les ruptures. Le vieux monde bousculé". Il est vrai que l'année 2011 a été riche de ce point de vue.
La seconde partie est l'antithèse : "Inertie et résistances des institutions".
Le livre se termine, comme les années précédentes, par les "conflits et enjeux régionaux" : de l'Iran et l'Irak à l'Europe centrale en passant par le Congo, le Mexique, le Pakistan et l'Afghanistan, sans oublier la Mer Jaune.
Au total un livre comme d'habitude indispensable à celles et ceux qui s'intéressent à "l'état du monde".
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08/02/2012
initiation à la vigne, au vin, et à la BD
Les ignorants
Récit d’une initiation croisée
Etienne Davodeau
Editions Futuropolis
Etienne Davodeau est auteur de bandes dessinées. Son copain Richard est vigneron. Il lui demande de l’initier au travail de la vigne et du vin. Parallèlement, il l’initie au monde de la bande dessinée. Le lecteur est deux fois gagnant, assistant au travail du vigneron, qui commence sur la terre, « le vin comme un lien puissant et mystérieux entre la terre et l’homme ». Tout comme nous assistons à la fabrication d’un livre, « objet autonome, permanent et pour tout dire un peu magique, incarné par les mains d’un lecteur ».
Un livre gouleyant, qui mérite les éloges de la presse, et de celles et ceux qui l’ont lu, et qui souligne qu’il y a bien des façons de produire un vin et de réaliser un livre.
Comme Richard, le vigneron, je préfère boire de l’eau qu’un vin qui ne me plait pas. Et peu trouvent grâce à mon palais. J’ai été fasciné par ce travail d’élaboration, face aux contraintes, aussi bien pour le vin que pour la BD. Avec, en prime, la rencontre avec quelques vignerons et quelques auteurs de BD.
J’espère que le succès de cet album incitera les lecteurs qui ne l’ont pas encore lu à découvrir « Lulu, femme nue », l’album précédant d’Etienne Davodeau, dont j’ai déjà parlé, en bien, sur ce blog.
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07/02/2012
Séguéla : la publicité politique dans la peau
Le pouvoir dans la peau
Jacques Séguéla
Editions Plon
Jacques Séguéla, homme de publicité, a "dans la peau", non pas le pouvoir, mais la publicité politique dont il fait, une nouvelle fois l'apologie.
Il a connu la gloire pour avoir inventé les slogans mitterrandiens de "La force tranquille" et "Génération Mitterrand". Il se croit obligé de nous expliquer pourquoi il aime tant l'actuel Président, alors qu'il n'est pas difficile de comprendre les affinités de l'homme à la Rolls avec l'homme à la Rolex.
Bien entendu quand le Roi se trompe, c'est à cause de ses mauvais conseillers.
Bien entendu, comme toute girouette, ce n'est pas lui qui a changé : "Je n'ai pas changé de camp, c'est mon camp qui a changé"
Le côté le plus agréable du livre se trouve dans les anecdotes. Par exemple quand Mitterrand refuse de monter dans la Rolls de Séguéla, ce qui prouve qu'il avait du bon sens politique, donc le sens de la communication.
Le plus intéressant, dans cette période électorale, est contenu dans les "fondamentaux" de la communication politique résumés par Séguéla :
- "On vote pour une idée, pas pour une idéologie" ;
- "On vote pour soi, pas pour son candidat" ; "Trop généraliste, on n'intéresse plus personne, chacun n'étant occupé que par ses attentes particulières"
- "On vote pour un homme, pas pour un parti" mais "si l'on ne vote pas pour un parti, on ne peut pas être élu sans lui" ;
- "On vote pour le professionnalisme, pas pour l'amateurisme" ;
- "On vote pour un projet, pas pour le rejet" ;
- "On vote pour le cœur, pas pour la rancœur : "On ne crée pas l'envie à coups de dégoût, fût-ce de son adversaire" ; "Se faire élire, c'est se faire préférer" ;
- "On vote pour le futur, pas pour le passé" : "Il n'est de nostalgie que du futur"
- "On vote pour le BCBG, pas pour le bling-bling" ;
"La simplicité est mère de l'efficacité"
"L'électeur se nourrit de rêves, pas de ragots" ; "Alterner savamment le conte de fées et le compte de faits" ; "Se mettre à l'écoute de son électorat et de ses désirs enfouis" ; "Surprendre les gens avec ce qu'ils attendent"
"Notre monde est régi par une accélération de l'information que nous ne maîtrisons plus"
"Nul ne peut être élu sans faire campagne, qui joue les accélérations de victoire ou de défaite"
"Une élection est une danse nuptiale. Sans création de désir, pas d'acte, pas de vote. D'où la nécessité pour tout candidat de charmer, étonner, séduire, sans trahir sa force intérieure" ; "François Mitterrand fut le seul à intégrer qu'une élection joue sur l'affect avant de jouer sur l'intellect" ; "Etre en campagne, c'est comme faire l'amour. Si vous n'y prenez pas de plaisir, c'est que vous ne savez pas y faire" (Hazel Blears, parlementaire travailliste).
"Savoir oser reste l'apanage des vainqueurs"
"Le plus important pour gagner c'est de surmonter ses cicatrices"
"Gouverner aujourd'hui, c'est décevoir"
"La vieillesse, que l'on se l'avoue ou non, est le signe de l'égoïsme. Son temps de vie se réduit, comment ne pas penser d'abord à soi ?"
"Le bonheur est désormais dans le près...de chez soi"
"Nous sommes passés d'une société cartésienne qui disait "Je pense donc je suis", à une société de l'émotionnel qui dit "Je ressens donc j'aime" (Vladimir Jankélévitch)
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