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18/12/2010

Roman policier sud-africain

Jusqu'au dernier

 

Deon Meyer

 

Grand prix de littérature policière 2003

 

Points n° P 1072

 

 

Avez-vous réalisé qu'en ce moment, au Cap, c'est l'été,  et que tout le monde va se retrouver à la plage au moment des fêtes de fin d'année. Le père Noël sur une planche à voile...

Si, comme moi, vous ne pouvez en profiter, reste la possibilité de rêver un peu en lisant un roman policier de Deon Meyer, bien ancré dans sa ville du Cap.

 

Comme souvent chez Deon Meyer, deux enquêtes s'entrecroisent, car les policiers ne peuvent pas s'occuper d'une seule affaire à la fois :

- D'une part des meurtres en série, perpétrés à l'aide d'une arme ancienne,  qui remonte à la guerre des Boers. Y-a-t-il un lien entre les victimes ?

- D'autre part des hold-up de banques par un homme seul, toujours aimable,  et qui aime se déguiser. Y-a-t-il un lien entre les deux affaires ?

 

Au delà de l'intrigue policière, le roman vaut par les descriptions de l'atmosphère du Cap, de l'Afrique du Sud post apartheid, des personnages, et en particulier l'inspecteur Matt Joubert,  toujours pas remis de la mort, en service, de sa femme.

 

Un livre qui montre à quel point il est difficile de s'en tenir à un régime alimentaire, d'arrêter de fumer, ou de boire, même pour tenter de sauver sa santé !

 

 

"Cela réveillait une peur primitive : celle de la mort sans motif, le pire destin qui soit"

 

"L'insignifiance de la vie était tout aussi triste que l'irrévocabilité de la mort"

 

 

08:03 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature

16/12/2010

Le Négus

Le Négus

 

Ryszard Kapuscinski

 

Editions Flammarion

 

 

Réédition d'un des premiers succès de Kapuscinski, journaliste polonais, aujourd'hui décédé, longtemps en poste en Afrique.

 

Ethiopie, 1975 : c'est la chute vertigineuse du "Négus", le "Roi des Rois", descendant autoproclamé du roi Salomon et de la reine de Sabah.

Kapuscinski cherche à comprendre et interroge des survivants du palais impérial, qu'il met en avant, en excellent metteur en scène.

Témoignage après témoignage se dessine un régime arbitraire, absurde, "vivant dans un autre temps".

La question n'est plus : "pourquoi l'empereur a-t-il été renversé ?",  Mais "pourquoi n'a-t-il pas été détrôné plus tôt ?"  

 

 

"L'empereur commençait la journée par l'audition des délations"

 

"Sa bienveillante Majesté ne se laissait jamais guider par le principe de compétence, elle ne se fiait qu'au principe de loyauté"

 

"Sa Magnanime Altesse préférait les mauvais ministres, pour la bonne raison que Sa Majesté aimait paraître à son avantage"

 

"L'Empereur a besoin de gens qui ont beaucoup à perdre"

 

"Avec sa surface silencieuse, immobile, polie, le marbre exprimait le rêve de Sa Vénérable Majesté d'être entourée d'immobilité, de silence, de lustre et de régularité. Pour l'éternité de Son Auguste Personne"

 

"Plus la fin approchait, plus la rapacité et l'irrépressible voracité s'intensifiaient"

 

"Notre Empire consacrait 1% de son budget à l'agriculture, alors qu'il en affectait 40% à l'armée et à la police"

 

"Plus la soumission a été longue et le silence pesant, plus la réaction est agressive et violente"

08:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, afrique

15/12/2010

Blast, effet de souffle

Blast

 

1. une grasse carcasse

 

Manu Larcenet

 

Editions Dargaud

 

 

Le "blast", c'est l'effet de souffle, l'onde de choc d'une explosion. Les seuls moments en couleurs dans cet album sombre.

 

Le récit d'une dérive, à l'encre noire, dans le texte et dans le trait.

 

 

"Les plus belles choses, comme les pires, n'existent que si l'on y prête attention"

 

"Mange misère, ce n'est pas un pays, ni une nationalité, mais une condition"

 

"La condescendance est un trait commun à ceux qui ont la conscience tranquille"

 

"On pense que tout est explicable, qu'il suffit d'aller chercher les réponses sur Internet."

 

"Le voyageur change ses yeux, le touriste ses billets"

 

"Quand quelqu'un bouge, les immobiles disent qu'il fuit" (Jacques Brel partant pour les Marquises)

 

09:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd

11/12/2010

Féroce Guinée

Féroce Guinée

 

Gérard De Villiers

 

SAS n° 185

 

 

Dans le golfe de Guinée, trois pays portent ce nom :

- La Guinée, dont la capitale est Conakry,  et qui vient d'élire Alpha Condé à la présidence de la république. C'est la première fois, depuis l'indépendance à l'égard de la France, en 1958, que des élections libres et démocratiques ont eu lieu. Et un socialiste  a été élu. Nous étions intervenus pour le faire sortir de prison, où il était pour des raisons purement politiques. Je l'avais fait venir au Parlement européen, il y a une dizaine d'années, à sa sortie de prison ;

- La Guinée équatoriale, hispanophone, petite éponge à pétrole d'Amérique centrale, dont les dirigeants s'enrichissent scandaleusement sans se préoccuper de la misère de leur peuple ;

- La Guinée Bissau, lusophone, un des pays les plus pauvres du monde, dont il est question dans ce livre.

 

La moitié de la cocaïne en provenance d'Amérique latine et à destination de l'Europe passe par l'Afrique de l'ouest, puis par la bande désertique sahélo-saharienne, grande comme deux fois la France.

 

Comme "tête de pont" de ce trafic, rien de tel qu'un Etat failli, désorganisé, pauvre, sans police,  dont les dirigeants militaires, qui contrôlent le passage des avions et des bateaux, contrôlent également le pays.

 

La Guinée Bissau correspond parfaitement à la définition : les militaires y tiennent une place essentielle, les présidents s'y font assassiner, les premiers ministres et les chefs d'état major gênants y sont écartés, généralement violemment.

Le seul revenu est l'exportation de la noix de cajou...et l'aide internationale qui représente 80% du squelettique budget de l'Etat. "Les subventions, c'est sacré, parce que cela nourrit la classe politique de Guinée Bissau".

 

Facile donc de corrompre le chef d'état major de l'aviation et le chef d'état major de la marine, le contre-amiral Bubo Na Tchuto, héros négatif de ce roman.

Obligé, temporairement, de fuir après une tentative de putsch manqué en 2008, Bubo vient d'être, par décret présidentiel, renommé à la tête de la marine, ce qui représente un échec cuisant pour la communauté internationale...et pour SAS chargé de le neutraliser !

Le gouvernement a saisi tous ses biens aux Etats-Unis et interdit toute transaction avec lui.

 

D'après De Villiers, si la CIA s'occupe, enfin, de Bubo, ce n'est pas tant à cause du trafic de drogue à destination de l'Europe que de ses liens avec l'AQMI, branche d'al-Quaïda dans le Sahel.

Les terroristes bandits de l'AQMI ne peuvent pas vivre uniquement de l'argent des rançons. Ils s'enrichissent donc également,  soit en assurant leur "protection" aux passeurs de drogue, soit en se chargeant eux mêmes du transport.

 

L'histoire ne dit pas par où passe la cocaïne à la sortie du désert,  et avant d'arriver en Europe. J'ai lu un article d'un universitaire londonien qui met directement en cause les  services secrets algériens...mais ceci fera peut-être l'objet d'un autre roman ! 

 

Et maintenant que SAS est reparti ? La mission "réforme de la sécurité", de l'Union européenne, mise en place au moment de la Présidence portugaise, plie bagages, consciente de son échec. La CEDEAO, organisation régionale africaine de l'Afrique de l'Ouest envisage une mission de "stabilisation", ce dont l'armée locale ne veut pas entendre parler...

 Le trafic de drogue via la Guinée Bissau,  et le Sahel, a encore de beaux jours devant lui !

 

 

"Ce continent recueillait des gens au passé flou qui échouaient là et ne repartaient plus jamais"

08:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature

09/12/2010

Carnages

Carnages

 

Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique

 

Pierre Péan

 

Editions Fayard

 

 

Le journaliste Pierre Péan est connu du grand public pour son livre sur la jeunesse de François Mitterrand. Le premier livre que j'ai lu de lui était consacré à Jacques Foccart, "l'homme de l'ombre", le "Monsieur Afrique" du général De Gaulle. Pierre Péan a consacré bien d'autres livres à l'Afrique, dont "Noirs fureurs, blancs menteurs" dans lequel il ose dénoncer la responsabilité du Président rwandais Paul Kagamé, dans les massacres qui ont ensanglanté son pays.

 

Dans "Carnages", il revient-trop-longuement sur ce point,  et une -trop- grande partie du livre est consacrée à se justifier face aux attaques, y compris en justice, dont il a été l'objet.

Pour ce qui me concerne, il prêche un convaincu. Kagamé n'est pas arrivé au pouvoir par les urnes mais par les armes, les témoignages et rapports, parlementaires, universitaires et de l'ONU sont innombrables sur les tueries provoquées, directement, ou par réactions,  qui ont accompagnées sa prise du pouvoir.

Sans même parler de son implication, quasiment certaine, dans l'attentat qui a coûté la vie au Président rwandais élu, mais hutu. J'ai pu voir, sur place, l'utilisation politique du génocide pour justifier sa dictature.

 

Le principal intérêt du livre du Péan est qu'il donne des preuves et une explication crédible à l'implication décisive des USA,  et d'Israël,  dans la conquête du pouvoir par Museveni ("Born again" comme W.) en Ouganda, Kagamé au Rwanda et Joseph Kabila (grâce à l'assassinat de son père) en RDC.  Peut-être que les documents américains mis en ligne sur Internet nous en dira encore plus sur la façon dont les USA ont armé Kagamé pour lui permettre de prendre le pouvoir.

 

L'explication est aussi lumineuse qu'une carte : l'ennemi d'Israël, et par conséquent des Américains, est le régime islamiste soudanais. D'où l'appui à la rébellion "chrétienne" du Sud Soudan. L'Ouganda est la "tête de pont" idéale pour apporter un soutien, en particulier en armes, à cette rébellion, et plus tard à celle du Darfour. Kagamé a vécu plus longtemps en Ouganda, où il a été un responsable important de l'armée,  qu'au Rwanda. C'est pour cela qu'il est anglophone, président d'un pays francophone. Mais la mise à l'écart de la France par les Américains dans la région des "Grands lacs",  n'a été qu'une opportunité. Une conséquence plus qu'une cause.

 

Tout à fait convaincant, mais faut-il pour autant prendre la défense de la "Françafrique" et du Président soudanais ?

 

 

"Pour comprendre l'Afrique, il ne faut surtout pas tenter de tout expliquer"

 

"Profitant de la dé crédibilisation de la classe politique, les ONG ont réussi à se parer à la fois de la légitimité du bien commun et de la fiabilité du désintéressement"

 

"Combien de crimes atroces, effroyables, ont été commis au nom de la justice et de la civilisation" (Georges Clémenceau)

 

"L'Afrique ne pèse plus que 0,5% du commerce extérieur de la France, contre 40% au moment des indépendances. Les intérêts français en Afrique anglophone sont plus importants qu'en Afrique francophone".

 

"Quand le paralytique joue avec des feuilles vertes, c'est qu'il y a quelqu'un dans l'arbre qui les lui a jetées" (Proverbe africain)

09:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique