22/02/2011
François Mitterrand : l'album
François Mitterrand
Florence Pavaux-Drory et Fabien Lecoeuvre
Ipanema / les éditions du marque-pages
Avec le soutien de "L'Institut François Mitterrand" et de "la Fondation Jean Jaurès"
15 ans après le décès de François Mitterrand, l'album absolu pour les mitterrandolâtres.
Le texte n'apporte pas grand chose, mais la documentation et la réalisation graphique sont exceptionnelles.
Les photos, qui se comptent pas dizaines, sont pourtant souvent inédites ou rares et impeccablement reproduites, mais ce qui fait, avant tout, l'intérêt de l'ouvrage vient de ces fac-similés, reproductions de documents des différentes époques de la vie de François Mitterrand : journaux, manuscrits, notes, documents personnels ou de campagnes électorales.
Tout cela donne un éclairage vivant et personnel.
Une surprise toutefois : l'album est imprimé en Chine...
"Il était interdit de dire du mal des autres et de parler d'argent" (F.M. évoquant son enfance)
"L'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, l'argent qui ruine, et l'argent qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes" (F.M. au congrès d'Epinay)
"L'Histoire de France ne connaît pas la prédestination"
"En amour comme en politique, François Mitterrand a toujours pratiqué la même stratégie : l'entêtement"
"Le socialisme n'est pas un dogme ni une philosophie, moins encore une religion. C'est une méthode" (F.M.)
"Les racines poussent vite à qui sait s'arrêter" (F.M.)
"Le bonheur, tant qu'il dure, est l'oubli de soi même" (F.M.)
"J'avancerai sans jamais me lasser sur le chemin du pluralisme, confrontation des différences dans le respect d'autrui" (F.M.)
08:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
19/02/2011
Djoliba, fleuve de sang
Djoliba, fleuve de sang
Alain Wagneur
Actes Sud / Actes noirs
Djoliba est le nom du fleuve Niger en bambara. Heureusement, ce roman policier aux nombreux rebondissements est moins sanglant que son titre ne le laisse envisager.
Il se déroule partie en Charente maritime, partie au Mali.
Il dénonce les pratiques arriérées d’assassins qui tuent des enfants pour faire de leurs organes des « remèdes » pour des imbéciles puissants et riches.
« Chaque jour, en Afrique, des enfants se font enlever, se font tuer par des fous qui se prétendent sorciers »
La Botswanaise Unity Dow en avait fait, elle aussi, un livre policier, « Les cris de l’innocence », également chez « Actes Sud ». J’en avais parlé sur ce blog.
Les allusions à l’opération de l’association « L’Arche de Noé », au Tchad, sont transparentes.
Alain Wagneur ose se moquer, au passage, de « Nicolas le frénétique », « l’agité devenu Président de la République ». « Chaque crime est suivi d’une con.de presse et de l’annonce d’un projet de loi ».
Juste un détail : on ne peut pas dire d’un homme d’un mètre quatre-vingt dix pour quatre-vingt treize kilos, « puissant et musclé » qu’il « s’empâte » ! (Il m’a pris pour modèle ???)
« Cette élite africaine que les Français aiment tant ; qui récite du Ronsard ou du Senghor en traversant les bidonvilles de Dakar ou d’Abidjan au volant d’une Mercedes climatisée ».
« Le savoir peut être désirable, c’est un moyen de séduction et il donne du pouvoir sur ceux qui n’en ont pas. »
« De famines plus ou moins provoquées, en inondations plus ou prévisibles mais toujours dévastatrices »
« Entre l’église très verticale, « un élan vers le ciel », et le temple protestant très horizontal, « l’égalité des hommes face à Dieu »
« Le thermomètre ne descend pas en dessous de 35°, pas d’air, irrespirable, une fournaise ininterrompue, de quoi vous rendre fou et méchant »
« Les Français aiment la pierre, celle des pavillons et des caveaux »
« Le gris léger des technocrates pour qui la complexité du monde est le cache-sexe de leurs intérêts »
« Ils imaginent que la vérité est une menace. Ils se trompent, bien sûr. La vérité, tout le monde s’en fiche »
« La colonisation, c’est avant tout une conquête militaire qui a entraîné des milliers de morts »
« La Côte d’ivoire est malade, comme tout le continent. Mais elle, c’est une maladie déclarée, avec le nationalisme, la xénophobie, la lutte des clans et des mafias »
10:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
17/02/2011
le quai de Ouistreham
Le quai de Ouistreham
Florence Aubenas
Editions de l'olivier
Succès de librairie l'année dernière, j'avais mis de côté ce livre. Je craignais une sorte de "Marie-Chantal chez les pauvres". Et bien, pas du tout !
Florence Aubenas est une vrai journaliste (Libération puis Le Nouvel Observateur), douée d'une écriture fluide qui capte l'attention.
Tout en gardant son identité elle s'est fait chercheuse d'emploi à Caen, bachelière mais n'ayant pas travaillé, comme salariée, depuis des années pour élever ses enfants.
Un seul type d'emploi proposé : le secteur du nettoyage. Un seul type de formation proposée : le nettoyage...
Elle est entrée ainsi dans l'univers de travailleurs de l'aube, ou de la nuit, généralement des femmes, mal payé(e)s, mal considéré(e)s, peu protégé(e)s, non seulement avec des horaires décalés, mais avec des vacations aléatoires et qui ne constituent jamais un salaire vraiment complet : "il faut être disponible le matin très tôt, le soir très tard" ; "aujourd'hui, on ne trouve pas de travail, on trouve des heures" : Se lever tôt pour gagner peu !
Sa description du démantèlement du service public de l'emploi est un réquisitoire sans appel : "Vous n'êtes plus là pour faire du social". "Gagner en productivité est la priorité". "Le mot "insertion" maintenant on l'oublie". "C'est le Pôle Emploi qui m'a proposé de devenir femme de ménage : est-ce que vous voulez commencer une nouvelle vie ?".
"J'ai souvent demandé aux conseillers de Pôle Emploi pourquoi ils ne faisaient pas respecter la loi." "Il n'y a pas de contrôle pour les employeurs, seulement pour les employés".
Un reportage/témoignage passionnant. Une sorte de piqure de rappel pour toutes celles et tous ceux qui n'ont pas ce genre de difficultés, qui oublient peut-être de saluer ces gens qui quittent les bureaux, après les avoir nettoyés, quand ils y arrivent, pour toutes celles et ceux capables d'empathie. "Tu deviens invisible quand tu es femme de ménage".
Un succès mérité.
"L'idée qu'on ne me proposerait rien était la seule hypothèse que je n'avais pas envisagée"
"J'ai fini par intégrer les séries d'épreuves et de génuflexions requises pour le moindre remplacement d'une semaine".
"Pourquoi ce sont les salariés qui pleurent leur usine ? Ce sont les patrons qui devraient être tristes !"
"Apprenez à faire le deuil de l'emploi que vous aviez. Si vous résistez, vous risquez la dépression"
10:48 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
16/02/2011
Desperate Belgium
Desperate Belgium
Saison 1 : six mois sans gouvernement
Pierre Kroll
Editions Luc Pire
La Belgique a un gouvernement "provisoire" depuis maintenant plus de six mois.
Sur place personne ne semble s'en rendre vraiment compte, tout en étant conscient des risques d'éclatement du pays.
Il parait que les milieux d'affaires s'impatientent car les incertitudes, ce n'est pas bon pour le busines.
Le dessinateur Kroll caricature tout cela avec humour. C'est le "Plantu" local. Pendant des années je me suis précipité sur son dessin, généralement féroce, dans l'hebdomadaire "Télé Moustique", ma lecture incontournable quand je suis à Bruxelles.
Malheureusement depuis quelques mois il a émigré vers "Le Soir", le grand quotidien bruxellois. Immigré (le politiquement correct dit : "expatrié"), mal intégré, je ne le lis pas.
Sans bien connaître la politique belge, impossible de ne pas reconnaître le Roi, particulièrement moqué, et ses fils. Le socialiste Elio di Rupo, avec son nœud papillon est également bien reconnaissable. Les Français connaissant beaucoup moins bien la politique belge que l'inverse, il y a des textes de Pierre Bouillon pour nous expliquer les personnages et les situations. Un peu comme des sous-titres...
08:19 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, humour
15/02/2011
Le nègre du Président
Le nègre du Président
Daniel Carton
Edition Hugo & Cie
Daniel Carton, originaire du Pas-de-Calais, ancien journaliste de "La Voie du Nord", du Monde et du Nouvel Observateur, s'est fait connaître du "grand" public par "Bien entendu c'est off...ce que les journalistes politiques ne racontent jamais !" dans lequel il stigmatisait les connivences entre responsables politiques et journalistes.
C'est sur ce même thème qu'il revient, par le biais du roman.
Comme tous les journalistes politiques Daniel Carton est un spécialiste des "petites phrases", et le prouve !
Impossible de ne pas reconnaître le Président, dont il dresse un portrait féroce, avec sa montre, non pas Rolex mais Patex en or gris à 45 680 euros.
Le "nègre" cela pourrait être n'importe qui dans "l'entourage". "Une clique de tête à claques". Mais parmi laquelle il est même possible de trouver "un bosseur version p'tit gars du Pas-de-Calais éduqué dans le souvenir des tranchées de 14".
Un prétexte pour décrire le fonctionnement de ces gens, généralement des hommes, qui accrochent leur étoile au char d'un possible vainqueur. Et les femmes qui "tombent" : "Y en a qui préfèrent les footballeurs. Y en a qui préfèrent se taper des énarques".
La substance des faiblesses de l'âme humaine, ajoutée au cynisme du locataire de l'Elysée. "Gouverner avec Lui, ce n'est pas prévoir, c'est d'abord se faire voir!"
"Devant le petit personnel ne jamais laisser tomber la cravate qui vous pose et le costard qui en impose".
"Il doit y avoir un âge où l'on est tenté de tout remonter pour freiner la descente"
"Comme ceux de la télé, ils ne l'approchent jamais, mais ils croient toujours que le peuple est vulgaire" en pensant que "c'était quand même difficile de Le faire élire en Le faisant parler comme Montaigne, celui de l'avenue !"
"Si Brahms et Mozart ne sont pas inscrits à leur très grand parti, il est inutile de leur en parler".
"Ces vieilles familles où l'on se vouvoie pour être sûr de ne pas se laisser prendre par l'horreur des sentiments"
"Etre moche, ça pousse sérieusement à apprendre"
"Quand tu chopes ce satané virus de la politique t'acceptes d'y mettre un orteil et tout y passe. Ta zigounette avec, et ceci n'est pas qu'une image"
"En politique, la communauté des haines fait le fond des amitiés"
"Rares, très rares sont ceux qui sur ces cimes, acceptent de s'accorder aussi le pouvoir d'avoir tort."
"Nous construisons tous des châteaux en Espagne. Le plus difficile est de pouvoir vivre dedans."
"On est ce que l'on fait"
08:48 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, littérature, sarkozy