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04/11/2010

les racines religieuses de la laïcité

Une religion pour la République

 

La foi laïque de Ferdinand Buisson

 

Vincent Peillon

 

Editions du Seuil : la librairie du XXIe siècle

 

 

 

"La République ne manquerait de rien, s'il ne lui manquait pas des républicains" (Ferdinand Buisson).

 

"Il y a, dans l'Histoire, ceux qui occupent les premiers rôles et puis il y a les artisans obscurs. Il y a les vainqueurs et il y a les vaincus. Certains vont jusqu'à penser que la logique de la victoire est juste. Le plus souvent les perdants voient leur vie mutilée, trahie, bousculée. Rien de plus normal puisque l'Histoire est toujours écrite du point de vue des vainqueurs".

 

Vincent Peillon réveille notre mémoire concernant Ferdinand Buisson, prix Nobel de la paix en 1927, Président de "l'Association nationale des libres penseurs", de la "Ligue de l'enseignement", de la "Ligue des droits de l'Homme", professeur de philosophie parti en exil en Suisse après avoir refusé de prêter serment à l'Empire.

 

"Peut-on vivre, et faire société, sans religion ?" Parce que "la doctrine de la solidarité est le fond de toutes les religions" et "L'aspiration religieuse est un besoin de l'âme humaine".

"Il faut pour cela une religion universelle : ce sera la laïcité. Son temple ou son église, ce sera l'école."

"Ferdinand Buisson n'a cessé d'affirmer la religiosité de la conscience républicaine, radicale, socialiste et laïque."

"La liberté de conscience doit être le seul principe de toute adhésion religieuse".

"La liberté de conscience est le fondement de tous les droits et toutes les libertés".

 "La religion républicaine, c'est la religion de l'Homme", "c'est au cœur de l'humanité que réside le divin", "une religion des droits de l'Homme", avec "la volonté que la religion laïque transforme la réalité, agisse dans le monde, soit une religion de salut terrestre, de transformation sociale."

"C'est ce nouveau monde, issu de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen, qu'il nous reste à bâtir."

"La religion de toutes les religions, de toutes les confessions, la religion universelle".

"Etre religieux sans elle, c'est ce que l'Eglise pardonne le moins".

 

"Sous les coups de boutoir de la science, les dogmes de l'histoire sainte et des catéchismes s'effondrent".

 

"L'affirmation républicaine a été précisément qu'il n'est pas nécessaire d'ajouter à la morale laïque la sanction religieuse".

 

"La loi de développement de la société consiste à atténuer progressivement les inégalités naturelles".

 

"L'école, pépinière vivante de la société".

"L'éducation ne pouvait se résumer au lire, écrire, compter, d'où la triple exigence de l'obligation, de la gratuité, de la laïcité".

"Le premier devoir de l'Homme, c'est de travailler à se faire progresser", avec "l'interdiction absolue de se dérober au devoir de penser et de vouloir par soi même", "faire usage de sa raison et de sa conscience".

"Pour le moment je crois au Bien, je crois au Beau, je crois en un Idéal vers lequel tend l'humanité, un Idéal qui recule sans cesse à mesure que l'on croit s'en approcher, et Dieu est sans doute cette perfection que nous poursuivons sans espoir de l'atteindre" (Un instituteur du Pas-de-Calais en 1894).

"Il faut que l'école développe au lieu de comprimer, dirige sans étouffer, corrige sans mutiler"

"L'Enseignement, à tous les degrés, doit se proposer un double but : la culture de l'intelligence et celle de la conscience morale"

 

08:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

28/10/2010

Proche et Moyen-Orient

Atlas  géostratégique du Proche et du Moyen-Orient

 

Pierre Vallaud et Xavier Baron

 

Editions Perrin

 

 

Nous ne pouvons ignorer  notre voisinage immédiat,  au sud de la méditerranée,  cette région autant chargée d'Histoire que de conflits.

 

Ce livre, d'un enseignant et d'un journaliste, est un livre de géopolitique, c'est à dire qu'il présente la géographie, y compris les ressources géologiques ("des richesses si mal partagées"),  la dimension démographique, l'Histoire, y compris dans ses aspects religieux,  et les problèmes politiques actuels.

 

La multiplication des angles d'approche nous aide à mieux appréhender la complexité des enjeux, et des risques qu'ils présentent pour la paix du monde puisque "chacune de ses contradictions locales peut prendre un tour mondial et jouer un rôle dans la dégradation de la situation internationale". "Les interventions, plus ou moins bien intentionnées des Etats extérieurs attisant plus souvent les rivalités qu'elles ne les apaisent".

 

Il y a une "fiche" pour chaque Etat de la région, ainsi que pour chaque grande organisation,  à côté des analyses transversales.

 

Il y a de nombreuses cartes, très belles, mais malheureusement, pas toujours faciles à lire.

 

09:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

27/10/2010

Gaza 1956...et aujourd'hui

Gaza 1956

 

En marge de l'Histoire

 

Joe Sacco

 

Editions Futuropolis

 

 

1956 : pour les Français, cela évoque Guy Mollet chef du gouvernement, et l'expédition commune avec les Britanniques,  et les Israéliens, sur le canal de Suez, puis le repli piteux sur ordre des Américains.

 

En marge de cette opération militaire, lors de la retraite de l'armée israélienne, dans la bande de Gaza, en particulier dans le camp de réfugiés, naufragés de la guerre de 1948,  de Khan Younis et à Rafah,  plusieurs centaines de palestiniens (275 selon les observateurs de l'ONU que l'armée israélienne empêchait de se déplacer)  sont massacrés, certains éléments de l'armée israélienne,  ouvrant le feu sur la foule, ou fusillant les hommes rassemblés dans un stade, alors que les combats avaient cessé.

 

Joe Sacco nous amène, par des dessins très sombres, dans la bande de Gaza  d'aujourd'hui,  surpeuplée et sans ressources, à la recherche des souvenirs de ce drame qui résume,  trop bien,  le drame palestinien car "ces tragédies contiennent  les graines du chagrin et de la colère qui façonnent les évènements du présent", alors que se poursuivent les destructions massives de maisons palestiniennes.

 

Un livre engagé, comme peut l'être le témoignage sincère d'un artiste, et le travail de recherche d'un historien, "pour ceux qui veulent comprendre pourquoi et comment la haine a été plantée dans les cœurs".

 

 

10:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bd, histoire

23/10/2010

le dernier Caton

Le dernier Caton

 

Matilde Asensi

 

Folio policier n°508

 

 

Matilde Asensi s'est fait connaître avec "Iacobus", un thriller plus ésotérique qu'historique consacré à Saint Jacques de Compostelle.

 

Ce nouveau roman met en scène une religieuse sicilienne, travaillant aux archives secrètes du Vatican.

 

Intrigue : des reliques de la "vraie Croix" disparaissent partout dans le monde. Toutes les Eglises chrétiennes sont en émoi.

Sont soupçonnés les "stavrophilakes" ( de "stavros", la croix et "philake", gardien), confrérie fondée en 341, ayant à leur tête un "Caton", nom donné en l'honneur de l'ardent adversaire de Jules César (d'où le titre du roman), afin de garder la Croix découverte en 326 par Sainte Hélène, la mère de l'empereur Constantin, chrétienne bien avant son fils.

Confrérie passée à la clandestinité au moment de la prise de Jérusalem...par les pillards appelés "croisés" !

Le fait est que la vraie Croix a disparu lors de l'avant dernière croisade, au XIIIe siècle.

Pour retrouver la vraie croix, et ses gardiens clandestins,  la sœur Ottavia mène l'enquête flanquée d'un garde suisse spécialiste de l'effacement des côtés obscurs de l'Eglise,  et d'un professeur de paléographie,  copte.

 

Sur les traces des gardiens de la croix, de Ravenne à Alexandrie, en passant par Constantinople, tous les trois devront réussir des épreuves initiatiques, "dantesques",  rivalisant d'érudition, avec l'aide du "Purgatoire" de Dante.

Transformé en film le scénario nécessiterait de nombreux effets spéciaux.

 

J'ai préféré les aspects historiques, et même religieux,  que l'idylle "à l'eau de rose" qui naît entre la religieuse et le professeur...

 

 

"Irénée, un des pères de l'Eglise mentionne comme premier pape Lineo et non Pierre."

"Les quatre évangiles, dont la copie la plus ancienne date du IVe siècle,  ont été écrits après les Epîtres de Paul"

"Au début du christianisme, la Croix ne fit l'objet d'aucune adoration. Les premiers Chrétiens ignorèrent complètement l'instrument du martyr".

"L'usage du monogramme de Constantin ("Par ce signe tu vaincras") a été abandonné au VIe siècle."

"Sous le pontificat de Jean-Paul II, aux tendances conservatrices bien marquées, il avait été impossible de mener à bien certains travaux de recherche historique."

"Le pouvoir accumulé par les cardinaux nommés par Jean-Paul II durant plus de vingt ans rendait impossible l'élection par le conclave d'un pape progressiste."

 

"Est-il bon que la femme prie Dieu la tête découverte ? " (Première épître de Paul aux Corinthiens)

 

"Si la vérité blesse, il n'est pas utile de la connaître"

 

"Heureux homme celui qui supporte l'épreuve"

 

"Fais attention à ce que tu désires, car tu peux l'obtenir"

 

08:03 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

21/10/2010

émotions et géopolitique

La géopolitique de l'émotion

 

Dominique Moïsi

 

Editions Flammarion ; "Champs"

 

 

Pour l'auteur,  "on ne peut véritablement saisir ce monde sans chercher à intégrer et à comprendre ses émotions". Et il en est de bonnes et d'autres mauvaises.

Toutes profitent de la loupe grossissante des médias.

 

Ils classent les régions du monde en trois catégories de "cultures" :

 

- L'espoir, asiatique, d'une émancipation économique et sociale, avec "l'Empire du Milieu", le bien nommé, comme centre de gravité, et l'arrivée de l'Inde, "bien plus que la somme de ses contradictions". Les deux prouvent que "la modernité n'apporte pas automatiquement une plus grande égalité", alors que le Japon est "la preuve vivante que modernité et occidentalisation ne sont pas synonymes".

 

- L'humiliation et l'impuissance, depuis les rivages méditerranéens jusqu'au Pakistan,  cet "arc de crise". "Lorsqu'on se sent humilié, c'est généralement qu'on a perdu le contrôle de sa propre vie". "L'imaginaire islamiste et déterminé par la peur de l'anéantissement". Pays, à l'exception notable du Golfe, au faible niveau d'investissements dans l'éducation et la recherche, entraînant un faible niveau de compétitivité. "Dieu comme solution n'offre aucun outil pour affronter les défis de la modernité". "L'islamisme djihadiste est le seul courant à offrir aujourd'hui une voie de sortie hors du statut de victimes que les Arabes se complaisent à entretenir". "Ce sang là console à défaut de vaincre". "Un système comme l'islam traditionnel, qui exclut les femmes, se condamne lui même à l'arriération". "L'islam européanisé pourrait fournir un modèle et devenir une source d'espoir pour les musulmans du monde".

 

- La peur, que connaît l'Occident, avec "la perception de notre vulnérabilité" qui "donne l'impression de souhaiter l'érection de nouveaux murs". "La peur de l'autre, notamment de l'invasion des pauvres". "La diversité cesse d'être considérée comme une richesse créatrice et un enrichissement mutuel".  Le livre a été écrit avant les dernières déclarations de Mme Merkel, avant la chasse aux Roms. "On ne veut plus changer le monde mais s'en protéger". "Ce dont l'Occident a besoin, c'est d'un meilleur équilibre : une Amérique plus modeste et une Europe plus ambitieuse.

 

Restent quelques "inclassables" :

La Russie, "où se mêle peur, humiliation et espoir, dans "un amalgame de sentiments et d'impulsions". "La tradition xénophobe du pays est gonflée et manipulée à des fins politiques".

Israël, "mélange de peur d'espoir et d'humiliation". "En Israël tout va bien, sauf l'essentiel". "Le poids excessif de l'Histoire auquel vient s'ajouter l'ignorance délibérée de l'Autre".

L'Afrique, entre espoir et désespoir.

L'Amérique latine, entre populisme, "faisant suite à une décennie de libéralisme économique extrême,  et progrès. "Le Brésil éclate d'énergie, de dynamisme et d'optimisme".

 

Le livre se termine par deux scénarios possibles :

Dans l'un triomphe l'espoir, dans l'autre l'humiliation et la peur, "si nous commettons l'erreur de permettre aux émotions négatives de dominer notre jugement".

La vérité se situera probablement entre les deux...

 

12:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)