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25/02/2010

violence et politique

Niger :

 

L'année dernière le Président Tandja avait dissous le Parlement et le Conseil constitutionnel qui voulaient l'empêcher de se maintenir au pouvoir, et changé la Constitution. Il avait ainsi perdu toute légitimité démocratique.

 

Il vient d'être renversé par un coup d'Etat militaire.

 

L'Union Africaine a condamné "l'usage de la violence pour tout changement de pouvoir politique". La CEDEAO a "condamné une fois de plus tous les actes destinés à parvenir, ou à se maintenir, au pouvoir par des moyens non constitutionnels".

L'Union européenne a exprimé "sa profonde préoccupation" et appelé au "retour à l'ordre constitutionnel" par "la mise en œuvre rapide d'un processus démocratique", soutenant "la médiation de la CEDEAO et de l'Union Africaine".

Le Secrétaire général de l'ONU "désapprouve tout changement anticonstitutionnel et toute tentative pour rester au pouvoir par des voies anticonstitutionnelles".

 

Mais toutes ces instances n'étaient pas parvenues à faire bouger le Président Tandja et à lui faire renoncer au pouvoir.

Il n'est pas surprenant que le coup d'Etat ait eu lieu 48 heures après l'échec de la dernière tentative de la CEDEAO.

 

Quand la voie diplomatique ne donne aucun résultat, est-il condamnable d'utiliser la force ?

 

Les syndicats et les défenseurs des droits de l'Homme demandent aux putschistes de tenir leurs promesses et de rétablir au plus vite la démocratie.

Le retour à la liberté d'expression serait un premier signe.

 

Dans l'attente d'une légitimité démocratique retrouvée, le régime de sanctions prévu par l'Accord de Cotonou signé entre l'Union européenne et les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique,  doit se poursuivre.

 

10:31 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, politique

03/02/2010

au bout de combien de temps une élection est-elle légitime ?

Des élections légitimes ?

 

 

L'Union européenne vient de décider de reprendre des relations normalisées avec la Mauritanie, considérant que les dernières élections sont "légitimes".

On ne parle plus de "Coup d'Etat" mais de "changement politique non conforme à la Constitution", ce qui est beaucoup plus élégant.

 

Je me suis rendu deux fois en Mauritanie pour y observer les élections : rien à redire !

Et deux fois en cinq ans les présidents élus,  sous le contrôle de la communauté internationale, ont été renversés par des coups d'Etat militaires.

La première fois,  le chef de la junte militaire a respecté son engagement de ne pas être candidat.

Ce n'est pas le cas pour l'actuel chef de l'Etat : il a pris le pouvoir  en tant que chef de l'armée, il a attendu que l'indignation de l'Union européenne et de l'Union africaine s'estompe, que le Président français cesse de soutenir le Président renversé,  et quand il a eu la situation bien en main, il a organisé des élections qu'il a gagné, sans surprise !

 

Quel exemple pour les apprentis putschistes d'Afrique et d'ailleurs ?

 

Il suffit donc, après avoir pris le pouvoir par la force, de se faire légitimer par une élection gagnée d'avance ?

 

Le seul exemple d'un militaire, ayant pris le pouvoir par un putsch,  battu à une élection organisée par lui,  est la Côte d'Ivoire en octobre 2000. Le vainqueur l'a payé d'une tentative de Coup d'Etat deux ans plus tard, coupant le pays en deux.

 

Combien de mois, de semaines, avant de considérer comme "légitimes" l'élection présidentielle au Honduras  qui a suivi le coup d'Etat chassant le Président élu ?

Pendant combien de temps l'Union européenne va-t-elle maintenir sa position de ne pas considérer comme "légitimes" les élections au Niger ?

Et si le putschiste malgache, qui vient de faire un tour à Paris pour chercher le soutien de la France, organise des élections, comme il l'a annoncé,  l'Union européenne va-t-elle les considérer comme "légitimes" ?

La même question aurait pu se poser pour le putschiste guinéen s'il n'avait pas été victime de son garde du corps !

 

La Mauritanie est une pièce essentielle du dispositif de lutte contre le terrorisme et contre tous les trafics illégaux qui prospèrent dans un Sahara impossible à contrôler, ses eaux sont poissonneuses. L'Union européenne, et les USA, ne pouvaient bouder trop longtemps le général-président. Il était donc temps de le considérer comme "légitime".

 

11:38 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, afrique

28/01/2010

les coulisses du conlit ivoirien

Adieu, Abidjan-sur-Seine !

 

Les coulisses du conflit ivoirien

 

Guy Labertit

 

Autres Temps Editions

 

 

Guy est un ami. Laurent Gbagbo est l'ami de Guy. J'ai donc un préjugé favorable.

Malheureusement le sous-titre ne tient pas vraiment ses promesses.

Nous n'apprenons rien sur les "coulisses du conflit ivoirien". Rien qui ne soit déjà connu.

Il s'agit d'un plaidoyer, argumenté,  de mon ami Guy Labertit en faveur de son ami Laurent Gbagbo, Président de la Côte d'Ivoire.

Je ne sais toujours pas qui a payé les équipements (véhicules 4x4, téléphones satellitaires, etc.) des putschistes venus du Burkina Faso en 2002. L'explication par "le casse de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest" n'explique pas les circuits du financement.

Qui sont les "véritables instigateurs" ?

Je ne sais toujours pas pourquoi Chirac et Villepin étaient si acharnés contre le Président ivoirien. Parce ce que ce Président est socialiste ? Parce qu'il refusait d'entrer dans le modèle de la "Françafrique" ?

Guy a raison de dénoncer les "accords de Marcoussis", Villepin se vantant d'avoir "tordu le bras" d'un Président élu, et celui-ci a eu raison de refuser de voir nommer les putschistes aux ministères de la défense et de l'intérieur, ce que Villepin entendait bien lui imposer.

Je me souviens d'avoir vu à Abidjan tous les réfugié(e)s ayant fui le Nord aux mains des rebelles. Je n'ai pas eu connaissance de mouvements de population dans les sens inverse.

L'exemple ivoirien, c'est l'illustration des difficultés de l'Afrique pour sortir du colonialisme et pour conforter la démocratie.

En quoi ces partages du pouvoir entre élus et rebelles sont-ils des avancées démocratiques ?

N'est-ce pas légitimer les rebellions et encourager de futurs coups d'Etat ?

Il suffit donc d'être "chef de guerre" pour partager le pouvoir, sans d'autre légitimité que la force des armes ?

Pour sortir de l'étreinte de la France, le Président ivoirien a passé un accord avec le porte-parole de ceux qui avaient voulu le renverser, et l'a nommé Premier ministre.

Le livre ne nous l'apprend pas, mais nous explique que c'était la seule solution. Mais sur quelle ligne politique, pour accomplir quelles réalisations,  se fait cette cohabitation, ce partage du pouvoir ?

 

 

"Les crises prennent souvent naissance dans des scrutins discutables"

 

"Une fois étouffés ses premiers cris d'orfraie, l'ectoplasmique communauté internationale a digéré toutes les impostures électorales imposées aux citoyens du continent africain"

 

"Les rébellions sont de fausses solutions à de vrais problèmes"

 

"Les bien-pensants du monde occidental aiment surtout la gauche martyre, plus que vivante !"

 

"Parti très hexagonal et sans âme hors des frontières" (à propos du PS, dont il fut le "délégué Afrique" pendant treize ans)

 

"Le peu d'intérêt qu'accorde à l'Afrique une classe politique française très hexagonale et volontiers chauvine"

 

"Les médias télévisés jouent, par nature, sur les registres de l'émotion et de la simplification"

 

14:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, politique

11/01/2010

Cabinda : un peu d'Histoire

Cabinda

 

La tragique agression contre le car de l'équipe nationale togolaise de foot ("les éperviers") vient de remettre en lumière la revendication indépendantiste de ce territoire.

Pourquoi Cabinda fait-il partie de l'Angola alors qu'il n'y a pas de continuité territoriale ?

Comme partout en Afrique la réponse est : héritage colonial et accord entre puissances européennes !

 

En 1884 le Portugal et la Grande-Bretagne signent un Traité reconnaissant, entre autres points, la souveraineté portugaise sur les deux rives de l'estuaire du Congo, alors considéré comme "le Danube de l'Afrique".

Motivation britannique ? Comme souvent en Afrique à cette époque : contrecarrer l'influence française, qui se développe de Pointe-Noire à Brazzaville.

C'est un des 249 traités signés par le Portugal et la Grande-Bretagne entre 1882 et 1905.

La même année 1884 se réunit la Conférence de Berlin ayant pour but essentiel la reconnaissance internationale de "l'Association Internationale du Congo", propriété du Roi des Belges, Léopold, qui obtint le soutien de Bismarck.

La Grande-Bretagne laisse tomber son appui au Portugal en échange de la promesse de la liberté commerciale sur le territoire congolais.

Léopold, qui tient à ce que "son" Congo ait un débouché maritime propose au Portugal d'échanger  l'estuaire du fleuve contre d'autres territoires...qui s'avèreront diamantifères !

Début 1885, la Conférence de Berlin s'éternisait. Les puissances en avaient assez des atermoiements du Portugal, et elles l'obligèrent à abandonner la rive droite du Congo...à l'exception de Cabinda, coupé du reste de l'Angola par l'embouchure du fleuve, sous contrôle belge.

 

Depuis 50 ans le principe absolu en Afrique a été de ne pas remettre en cause les frontières héritées de la colonisation, car cela présenterait le risque d'une explosion générale (Casamance, Katanga, Biafra,  etc.).

 

Comme l'a prouvé le règlement du contentieux entre le Nigéria et la Cameroun sur la péninsule de Bakassi, les Africains préfèrent s'en remettent à la cour internationale de justice de La Haye, et celle-ci base ses jugements sur les traités coloniaux.

 

Le "Front pour la  Libération de l'Enclave de Cabinda" (F.L.E.C.) a été très actif dans les années 90, aidé et armé, plus ou moins ouvertement, comme l'Unita de Sawimbi, contre le gouvernement "socialiste" angolais, multipliant les incursions sanglantes depuis le Zaïre, parfois enlevant des étrangers contre rançon.

Aujourd'hui la "guerre froide" est terminée. Les compagnies pétrolières, y compris américaines, souhaite la paix et la stabilité de la région. 60% du pétrole angolais sont exploiter off-shore dans les eaux territoriales angolaises, au large de Cabinda, et le FLEC semblait en sommeil.

 

L'essentiel du territoire de Cabinda est couvert par la forêt équatoriale de Mayombe.

Il est possible de comprendre que les 200.000 Cabindais puissent souhaiter être les seuls bénéficiaires de la manne pétrolière. Et tout aussi facile de comprendre que le gouvernement angolais n'est pas prêt d'y renoncer.

Depuis plusieurs années celui-ci a accordé une large autonomie aux élus de Cabinda et a fait de réels efforts d'investissements, en particulier dans les infrastructures et le secteur social.

La Coupe d'Afrique des Nations, et le stade, flambant neuf,  construit par les Chinois, sont des symboles forts, voulus par le gouvernement angolais. Il n'est pas étonnant qu'une des nombreuses branches dissidentes du FLEC s'y soit attaquée.

Comme l'a dit leur porte-parole après l'attaque meurtrière : "Nous nous battons pour la terre que Dieu nous a donnée"...

15:24 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, can

10/12/2009

la chinafrique

La Chinafrique

 

Pékin à la conquête du continent noir

 

Serge Michel et Michel Beuret

Photos de Paolo Woods

 

 

 

Ce livre est écrit dans l'esprit des écrivains (journalistes) voyageurs. Il nous emmène du Soudan à l'Angola, de l'Algérie à l'Ethiopie, en posant les problèmes de fond à partir d'expériences concrètes vécues.

 

Les anciens colonisateurs ne sont plus seuls en Afrique. Les Chinois y sont de plus en plus présents. Pourquoi ?

1) La Banque Mondiale conditionne ses prêts à des appels d'offre...remportés, quasiment à tous les coups,  par les Chinois, nettement moins chers : leurs ouvriers se contentent, logés et nourris,  d'un salaire de 500$, versé directement en Chine ; leurs cadres et agents de maîtrise ne demandent pas à être logés, avec leur famille, dans des hôtels de luxe ou des villas de rêve, avec domesticité. "Le Blanc est condescendant, le Chinois reste humble et discret".

2) Les Chinois prêtent des milliards, en contrepartie de chantiers géants,   en les gageant sur le pétrole et autres matières premières,  dont la Chine a besoin. Une réinvention moderne du troc.

3) La Chine ne pose pas de conditions de démocratie et de droits de l'Homme, ni de protection de la nature.

4) Le gouvernement chinois croit au capitalisme, mais aussi à sa régulation par l'Etat qui n'hésite pas à intervenir et à favoriser, à s'appuyer sur la diaspora chinoise en place.

5) La Chine délivre des milliers de bourses d'études chaque année.

6) "La carte des investissements chinois recoupe presque parfaitement celle des pays producteurs de pétrole", mais les Chinois n'ont pas peur de se diversifier, y compris par de petits investissements (télécoms, tourisme, textile, industrie alimentaire, bois).

 

Mais il ne faut pas non plus exagérer : 1 million de Chinois (estimation la plus haute), cela ne fait qu'1/1000e face au milliard d'Africains, et pas plus de 1% de la diaspora chinoise dans le monde.

Un millier d'entreprises chinoises sur le sol africain, c'est beaucoup, parce que nouveau,  mais peu à la fois.

Est-ce "un basculement des équilibres internationaux" ?

 

Les auteurs donnent comme exemple d'"essouflement" chinois l'Angola. Depuis l'écriture du livre un second souffle a été trouvé : les Chinois construisent une ville nouvelle à proximité de Luanda, et tous les stades pour la Coupe d'Afrique des Nations !

 

 

"Le Président Lansana Conté a traité la plupart de ses ministres de "voleurs" et fustigé les Blancs "qui n'ont jamais cessé de se comporter en colons"

 

"L'Afrique n'a survécu que grâce au sentiment de culpabilité des Occidentaux, qu'elle a fini par décourager, en faisant échouer tous les programmes de développement."

 

"Pendant les 40 ans qui ont suivi les indépendances, les gouvernants africains se sont montrés incapables de développer leur propre savoir-faire et ont assisté, insouciants et cyniques, à  la déliquescence des infrastructures coloniales. Aujourd'hui, ils ont sous-traité aux Chinois leurs responsabilités étatiques : construire des routes et des chemins de fer, des logements, des réseaux d'eau et d'électricité, des hôpitaux et des écoles."

 

"La cascade d'échecs des recettes libérales du "consensus de Washington" a grandement facilité l'entrée de la Chine qui n'a eu qu'à se baisser pour ramasser"

 

"Autrefois, si un Etat voulait étendre son empire, il devait s'emparer d'un territoire. Aujourd'hui, plus besoin de colonies. Il suffit d'avoir des biens compétitifs à vendre."

 

"La Chine ne vend pas toujours ses armes. Il lui arrive de les troquer"

 

"Les Sud-Africains s'efforcent de faire oublier qu'ils furent les alliés de l'UNITA" (Sauf que les Angolais du MPLA, au pouvoir, font bien la différence entre les Sud-Africains de l'apartheid, alliés de l'UNITA et les Sud-Africains de l'ANC, actuellement au pouvoir,  qui se battaient à leurs côtés.)

 

"Jamais l'Occident ne s'est autant intéressé à l'Afrique que depuis que la Chine est partie à sa conquête. La balle est dans le camp des dirigeants africains. Seront-ils à la hauteur, pour utiliser ces fonds pour développer leur pays plutôt que pour doubler la taille de leur parc immobilier ?"

 

07:58 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique