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20/03/2011

Polar retro

Du rififi chez les femmes

 

Auguste le Breton

 

Edition Plon, collection "Noir rétro"

 

 

Réédition, en format de poche, d'un succès de 1957, porté à l'écran l'année suivante. Ce qui n'est pas étonnant tant le livre semble avoir été écrit pour le cinéma, dans l'argot parisien des années 50, partiellement inventé par l'auteur, comme le mot "rififi" qu'il a utilisé dans toute une série de romans de "voyous". Un glossaire se trouve à la fin, mais je n'ai pas eu à l'utiliser.

 

1957 : la signature du Traité de Rome, donnant la naissance au "Marché commun".

La publication "D'un château l'autre" de Louis-Ferdinand Céline, livre qui a marqué mon adolescence (je ne l'ai pas lu à sa parution !), de "La reine des pommes" de Chester Himes, qui vient également d'être réédité, et dont je parlerai un autre jour.

Albert Camus reçoit le "prix Nobel" de littérature.

Au cinéma je vais voir "Le pont de la rivière Kwaï", mais pas question  d'aller voir les nombreux films inspirés des romans d'Auguste le Breton ("Razzia sur la chnouf", "Le clan des Siciliens"...), ou de lire cette littérature argotique.

Ma mère désapprouve vivement mon père qui aime glisser quelques mots d'argot parisien dans ses propos.

 

"Du rififi chez les femmes" se déroulent essentiellement à Bruxelles, avec quelques incursions à Paris. "La Belgique, un beau pays pour les marlous au parfum de toutes les astuces".

"Vicky de Berlin" est une femme décidée, mais elle trouvera l'amour et son maître, et parviendra même à être docile...

Le féminisme a ses limites chez les hommes, les vrais ! "Rencontrer un mâle qui n'a pas le coup de tringle égoïste, c'est rare".

 

L'atmosphère sent l'après guerre, et dans les bars à filles,  on écoute les microsillons d'Edith Piaf. "Les mâles solitaires cherchaient l'âme sœur pour la valse des braguettes".

Avec de tels romans, les "caves",  que nous sommes, peuvent s'encanailler à bon compte...

 

14:18 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

12/03/2011

L'Olympe des infortunes

L'Olympe des infortunes

 

Yasmina Khadra

 

Pocket n°14480

 

 

Un terrain vague au bord de la mer. Des SDF y survivent, échoués là après leurs échecs dans des vies antérieures. Un "Olympe des infortunes".

Une belle galerie de portraits.

 

Survient Ben Adam, l'Homme éternel qui insiste pour le droit à une deuxième chance : "Je viens dire aux gens qui ont baissé les bras de relever la tête et de chercher au-delà de leurs échecs la chance d'un nouveau départ".

 

Mais la vie en ville est dure aux miséreux...

 

Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, nous livre une fable fataliste, pas vraiment optimiste, dans la ligne des "Hirondelles de Kaboul" dont j'ai déjà parlé sur ce blog, avec la même langue poétique.

 

 

"Toute chose en ce monde a une fin et aucun règne n'échappe à son déclin"

 

"Il n'y a pas de visites de courtoisie ; il n'y a que des intrusions, des agressions, des violations d'intimité, du voyeurisme agissant"

 

"Les routes sauront me rendre ce que les jours me prennent"

 

"Quand il pique sa colère, ses cris feraient reculer jusqu'aux vagues de la mer"

 

"Dans l'urgence, il est impératif de trouver du talent à un raté, et du génie à un détraqué"

 

"Seule la bêtise est increvable"

 

"La gloire n'est que la preuve que nous restons otages de nos vanités"

 

"L'échec relève de la mort, et tant qu'on est en vie, on a le devoir de rebondir"

 

"Rien n'égale l'écran du ciel sur lequel tu peins tes rêves avec le bout de tes cils"

 

08:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

10/03/2011

Vargas Losa et l'Amérique latine

Dictionnaire amoureux de l'Amérique latine

 

Mario Vargas Llosa

 

Prix Nobel de littérature 2010

 

Editions Plon

 

 

Cet ouvrage se trouve dans la collection des "dictionnaires amoureux", qui compte une trentaine de titres. Ces livres n'ont de dictionnaires que la présentation alphabétique. Ils se lisent au gré des envies et des mots qui attirent.

Inutile de chercher des statistiques ou des analyses géostratégiques.

Mélange pluriel d'articles rédigés à différentes époques par un écrivain prolixe, et de talent. Il est possible de détecter quelques variations dans les opinions politiques de l'auteur.

 

Vargas Llosa est d'abord un écrivain. A l'article Chili, il nous parle surtout de Pablo Neruda, et ne fait qu'évoquer la situation politique des années 70. Les romanciers tiennent une place de  choix, plus que les responsables politiques, fussent-ils présidents,  dans ce dictionnaire amoureux.

 

Vargas Llosa est Péruvien et une grande place est faite à son pays, sa culture, sa littérature et son Histoire. "Un pays qui a la chance d'être un carrefour de races et de cultures".

 

 

"XIXe siècle, siècle des utopies sociales et des nationalismes à outrance" ; "les nationalismes, forme extrême de l'irrationalité politique, qui a été, assurément, un des facteurs principaux du sous-développement latino-américain".

 

"Les hommes de cœurs épousent de préférence les causes perdues"

 

"La sensualité n'est pas obligatoirement synonyme de sexualité"

 

"Dans ce monde essentiellement matriarcal, les mâles recherchent chez les femelles, plus encore que du plaisir, compagnie et protection"

 

 "Ne pas manifester de doute dans le dialogue est un manque de courtoisie"

 

"Le pouvoir ne paie pas le travail mais la soumission"

 

"Seuls le développement et la modernisation des uns permettront aux autres de se libérer de la crainte d'être envahis  par les masses migratoires en quête de travail et de sécurité"

 

"En politique, la duplicité et le cynisme sont des instruments indispensables du succès et, parfois, de la simple survie  des acteurs"

 

"La jeunesse a cessé de croire que la justice et le progrès se trouvent hors des urnes"

 

"La folie religieuse n'est finalement, comme le sexe, qu'une somme de variations sur quelques thèmes pathétiques"

08:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

05/03/2011

Botticelli

Le rêve Botticelli

 

Sophie Chauveau

 

Folio 4509

 

 

Après "La passion Lippi", la biographie du plus doué des élèves de Fra Lippi : Botticelli.

C'est à Florence, sous le règne de Laurent de Médicis, le munificent,  dit "Le magnifique",  contre qui son maître l'avait mis en garde.

"C'est à Florence que coulent la vie, la folie, le génie..."

Florence symbole de la Renaissance.

 

L'histoire du peintre est indistinctement liée à celle de la cité, qu'il quitte le temps d'être le maître d'œuvre de la chapelle Sixtine, "capella magna" commandée par le pape Sixte IV.

Mais il reviendra à temps pour croiser Pic de la Mirandole et Savonarole, dominicain illuminé et fanatique, adulé puis mis à mort.

 

Nous sommes témoins du processus créatif du "Printemps", puis de "La naissance de Vénus", dont le modèle n'est autre que la fille de Lippi, enceinte de ses œuvres, lui l'homosexuel.

 

Nous voyons apparaître Léonard de Vinci puis Michel-Ange.

 

 

"L'homosexualité est d'autant plus pourchassée à Florence qu'elle s'y épanouit à l'égal de sa monnaie, le florin"

 

"Faire oublier aux pauvres leur misère, cacher, sous l'apparat, la dureté des temps"

 

"Il n'y a pas trente-six manières de chasser la peine, il n'y en a qu'une : le travail, le travail, le travail"

 

"Pour Botticelli, la peinture doit impérativement s'émanciper de la nature, surtout ne pas la copier"

 

"Désormais, la peinture peut exprimer les plus intimes sensations, les plus intenses bouleversements, l'effroi, l'horreur, le plus grouillant des tréfonds de l'âme humaine"

 

"Le désir rend les femmes intelligentes"

 

"Clitoris disaient les Grecs : c'est tout petit, mais ça jouit aussi haut et fort que ton sexe si long. C'est très petit mais ça fait des décharges aussi violentes que les éclairs des orages de chaleur."

 

"Tous les mystiques ont en commun un idéal de pureté dangereux"

 

"Il n'y a  pas de raison. Pas plus de vivre que de mourir"

 

08:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

26/02/2011

Boulevard des branques

Boulevard des branques

 

Patrick Pécherot

 

Folio policier n°531

 

 

Paris, 1940, la "débâcle". Un détective privé parisien en pleine action. Avec l'utilisation de l'argot parisien de l'époque,  mis en valeur par Audiard.

 

Au delà de l'enquête policière, le livre vaut par la restitution de l'ambiance de l'époque ("c'était un temps déraisonnable", Aragon dixit), la gestapo utilisant les policiers véreux, comme Pierre Bony,  et des voyous, comme Henri Lafont, utiles à la répression, l'évocation de la guerre d'Espagne (où est passé l'or de la République envoyé à Staline ?),  et surtout une dénonciation vigoureuse du sort réservé aux malades mentaux dans cette époque de "purification ethnique", "d'hygiène raciale" et de "prophylaxie" sociale.

"On estime à 40 000 le nombre de malades qui trouvèrent la mort dans les hôpitaux psychiatriques français entre 1940 et 1945".

 

 

"Cinquante ans plus tôt, là où paradaient les feldgraus, le préfet Poubelle avait fait sabler la chaussée pour que les chevaux des dragons ne glissent pas en chargeant les ouvriers"

 

"Le baratin, quand on y met le doigt, il vous emporte vite"

 

"Nous réclamons qu'on libère les forçats de la sensibilité"

 

"Les tortillards, ça incite à la réflexion"

 

"Le principe démocratique a contribué à l'affaiblissement de la civilisation en empêchant le développement de l'élite" (Alexis Carrel)

 

 

 

07:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature