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13/11/2012

une vie de militantisme

La force d'une conviction

 

Nicole Péry

 

Collection privée

 

 

La loi sur la parité aux élections restera dans l'Histoire de notre pays, au crédit du gouvernement de Lionel Jospin. On se souvient moins du nom de la Secrétaire d'Etat qui a "porté" cette loi au Parlement : Nicole Péry, élue socialiste de la côte basque.

 

J'ai rencontré Nicole Péry pour la première fois en 1981. Après l'élection de François Mitterrand et la victoire socialiste aux législatives, une "nouvelle vague" est arrivée au Parlement européen. Dont Nicole Péry, touchante petite prof de collège de province, animée d'une puissante volonté de travail. Assez rapidement elle a demandé à mon épouse de devenir son assistante.

 

Orpheline de mère très jeune, un peu traumatisée de laisser sa famille à Ciboure chaque semaine, elle éprouvait probablement le besoin de retrouver une atmosphère familiale au milieu de nos trois enfants, après les journées de travail partagées avec son assistante.

Sa carrière a pris un nouvel élan en 1984 quand Lionel Jospin en a fait la numéro 2 de sa liste aux élections européennes. Elle évoque dans ses souvenirs notre descente dans une mine de Lens. Elle y a gagné une lampe de mineur, moi un morceau de charbon fossilisé... Dans la foulée elle est devenue vice-présidente du Parlement européen, toujours réélue à ce poste, jusqu'à son élection à l'Assemblée nationale en 1997.

 

Très rapidement Lionel Jospin a souhaité l'intégrer dans son gouvernement, d'abord responsable de la formation professionnelle, un des plus importants budgets gouvernemental. Elle a fait notablement progresser la "Validation des acquis de l'expérience", essentielle pour celles et ceux qui ne sortent pas de l'université. A cela s'est ajouté, quelques mois plus tard,  les Droits des femmes. C'est en lui rendant visite  à son ministère qu'elle m'a présenté "l'énarque de son cabinet", Anne Hidalgo, qui n'était pas encore élue parisienne.

 

Nicole est un modèle de "méritocratie" républicaine. Famille modeste, prix d'excellence à répétition, militantisme passionné, du travail sur les dossiers, le goût des relations humaines,  avec des centaines, sinon des milliers de réunions.

 

A 59 ans elle a décidé de ne plus être candidate à rien et de s'occuper prioritairement de ses petits enfants.

 

Dans son livre de souvenirs, elle parle de sa famille, de son pays basque et de son militantisme local à Ciboure et Bayonne, du Parlement européen,  des personnalités qu'elle y a rencontrées en tant que vice-présidente, des missions effectuées à ce titre. La description de son travail de Secrétaire d'Etat permet de mieux comprendre les difficultés de la machine gouvernementale.

 

En conclusion,  elle affirme sa conviction actuelle : "J'ai confiance en François Hollande et en Jean-Marc Ayrault. Ils sauront gouverner notre pays avec compétence, volonté politique et dans un souci de justice."

08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

16/10/2012

Scandaleuse fédération PS du Pas-de-Calais ?

La Fédé

 

Comment les socialistes ont perdu le Nord

 

Nord-Pas-de-Calais : la longue histoire d'un scandale

 

Benoît Collombat et David Servenay

 

Editions du Seuil

 

 

L'exemple même du livre qui ne tient pas la promesse de ses sous-titres racoleurs.

D'abord, jusqu'à preuve du contraire, les socialistes n'ont pas perdu le nord. Ils n'ont pas perdu non plus le Pas-de-Calais, et c'est de la "fédé" de ce département dont il est question.

Faire l'amalgame entre Dalongeville, maire, heureusement éphémère et malheureusement socialiste,  d'Hénin-Beaumont, et les péripéties du grand stade de Lille est tout simplement malhonnête,  intellectuellement.

Voir une organisation quasiment mafieuse derrière nos petites fêtes des "Amis de la Rose" est tout simplement grotesque. Illégal ? Interdit de l'utiliser pour des campagnes électorales ? C'est ce que j'ai découvert. L'argent que nous avions mis de côté a été intégralement versé au "Secours populaire", qui en a été bien content.

 

A tout seigneur, tout honneur, le livre commence par un chapitre sur Daniel Percheron, longtemps le "patron" de la fédé. Chapitre qui finit par reconnaître qu'en cinquante ans de vie politique, il ne peut être reproché à Percheron aucun enrichissement personnel. "L'homme n'est pas attiré par les signes extérieurs de richesse".  J'ai connu Daniel il y a plus de trente ans. C'est un homme cultivé, drôle, généreux, toujours prêt à aider, ayant une connaissance approfondie, géographique et historique de "son" terroir. Ayant pour obsession la défense des intérêts du Parti...et du Pas-de-Calais ! C'est peu dire que ses successeurs n'ont pas été à la hauteur de l'héritage.

Il est reproché au Président de la Région d'employer des amis politiques. Un des exemples repris à plusieurs reprises est celui de Bruno Magnier, maire de Saint-Omer, présenté comme un "recalé du suffrage universel". Bruno n'a été candidat qu'une fois, c'était à la mairie de Saint-Omer, et il a gagné. Bruno avait un métier, difficilement compatible avec ses responsabilités d'élu. En France les maires reçoivent une indemnité, pour les indemniser de leurs dépenses, mais pas de salaire. Tous les cadres de la mairie touchent bien plus que lui. C'est pour cela qu'il y a tant de retraités parmi les maires de France. Le Conseil régional rétribue les compétences de Bruno Magnier, probablement avec un horaire aménagé. Je ne trouve pas cela scandaleux.

 

Le livre s'étend longuement sur le cas de Jean-Pierre Kucheida, maire de Liévin. Il aime trop les bons restaurants. Il a eu le tort d'utiliser une carte de crédit d'un organisme de logement social. Même s'il a tout remboursé, les électeurs ne lui ont pas pardonné. Il a été puni par le suffrage universel. Du côté de la justice, Kucheida a bénéficié d'un "non lieu", et les journalistes auteurs du livre ont été condamnés pour diffamation.

 

La "fédé" du Pas-de-Calais, malgré l'autorité de Percheron, qui n'a jamais été de l'autoritarisme, n'a jamais été d'un seul bloc. Le livre parle surtout de l'ex bassin minier. Mais les "bagarres" entre Lens et Liévin ont toujours été homériques. Et les "gens de la côte" ne sont pas ceux du bassin minier, comme ceux de l'Arrageois ne sont pas ceux de l'Audomarois. Alain Richard, que je connais bien, parle de transformation de la "fédé" en "willayas". C'est vrai, et cela est du au Premier secrétaire fédéral de transition,  Serge Janquin,  qui considérait que "charbonnier est maître chez lui", et que chaque député était libre d'interpréter à sa façon les décisions du parti.

J'ai appris à mes dépends que, contrairement à Daniel Percheron, il n'était pas de parole.

 

J'ai été surpris de lire qu'une militante aurait été victime de discriminations parce qu'elle faisait campagne pour le "non" au référendum sur le Traité constitutionnel européen. Je connais l'exemple d'un contractuel du Conseil général ayant reçu un "rappel à l'ordre" pour "manquement au devoir de réserve" pour avoir fait campagne pour le "oui". Après 17 ans de loyaux services, son contrat n'a pas été renouvelé l'année suivante.

Les cadres de la "fédé" et des sections sont souvent des salariés de collectivités territoriales, dont les élus n'ont pas une position monolithique. 

 

Il est beaucoup question de fausses cartes qui seraient payées par les élus. Si ce phénomène existe, ce n'est pas l'essentiel. Effectivement, à comparer le nombre d'adhérents dans chaque commune, il est facile de voir celles qui ont un maire socialiste et les autres. Mais, dans la commune de l'Essonne où j'étais élu dans les années 80, j'ai vu la section du parti communiste divisée par dix en quelques années après la perte de la ville par ce parti. Cela s'appelle le clientélisme, et n'est propre ni au PS, ni au Pas-de-Calais.

 

Des élus socialistes du Pas-de-Calais ont été victimes des emprunts que l'on qualifie aujourd'hui de "toxiques", proposés par les banques, en particulier Dexia. S'ils étaient seuls dans ce cas, Dexia n'aurait pas fait faillite !

 

Les auteurs cherchent à démontrer que le Front National fait sa pelote des faiblesses du PS. Cela est peut-être partiellement vrai, mais ce que le livre ignore totalement, c'est la lutte politique menée, à partir des années 70, par Percheron et sa "bande" pour reprendre, une à une, par le quadrillage du territoire,  toutes les places fortes du PC, en particulier dans le bassin minier, et que l'électorat protestataire communiste est souvent passé directement à l'extrême droite.

Et comment analyser la quasi disparition de l'UMP ?

 

09:25 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

30/09/2012

Congrès du PSE à Bruxelles

Passage de quelques heures au congrès du Parti Socialiste Européen, où j’étais invité en tant qu’ancien Secrétaire général de cette organisation.

Regret d’avoir manqué le discours du Premier ministre belge Elio di Rupo, que tout le monde me dit excellent, ce dont je ne doute pas. Mes amis d’Aire se souviendront peut-être qu’il était venu, à mon invitation, dans notre petite ville.

Regret qu’il ait été le seul Premier ministre présent. Souvenir du premier congrès du PSE que j’ai organisé, en Suède. Lionel était Premier ministre depuis deux semaines. Pas question pour lui de ne pas être là. Tony était Premier ministre depuis quelques semaines. Présent également. Les télévisions du monde entier étaient là. Même japonaises… La seule fois de mon vie parlant sur France Inter.

Il semble qu’il n’ait même pas été question que le Premier ministre français fasse le déplacement. Le PSE n’est plus sur les radars des gouvernants socialistes européens.

Souvenir de « mon » dernier Congrès du PSE, à Milan. Onze Premier ministres présents, pour quinze pays de l’Union européenne. Combien aujourd’hui pour vingt-sept pays ? Je n’ose même pas y penser.

C’était ma séquence de vieux con grognon sur le thème « c’était mieux avant… »

 

10:13 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, politique

29/09/2012

Corruption et extrême droite

Var

 

Claude Ardid

 

Editions "Toucan noir" (poche)

 

 

Var, département du sud de la France, avec un chômage à 20% et un Front National plus haut encore.

 

L'auteur, Claude Ardid est "grand reporter". Il a déjà écrit un livre sur l'assassinat de Yann Piat, députée ayant quitté le Front National.

Plusieurs références y sont faites dans ce livre.

 

La trame est simple (simpliste ?) : tous les marchés publics du département sont truqués, répartis à l'avance, des rétro commissions sont versées aux politiques puissants (président du conseil général, président de la communauté urbaine) et à leurs hommes de main. Un entrepreneur ne veut plus jouer le jeu : il est assassiné, parce que l'on ne fait pas dans les détails.

 

Les politiques, comme les mauvais garçons, s'entredéchirent pour défendre ou agrandir leurs territoires.

 

En face, une jeune juge d'instruction et un vieux commissaire de police sont les "chevaliers blancs". Ils doivent se méfier car leurs institutions sont infiltrées par la pègre.

 

De l'action en permanence. Des phrases courtes. Tout pour faire un bon film.

 

 

 

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique

11/09/2012

entre un photographe et un dessinateur de BD, un écrivain suit la campagne de François H.

Rien ne se passe comme prévu

 

Laurent Binet

 

Editions Grasset

 

 

"HHhH" : titre du livre qui a valu  à Laurent Binet le "Goncourt du premier roman". J'en ai parlé dans ce blog. Traduction en français et en clair : "Le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich".

 

Qui est le "cerveau" de François Hollande ? Manifestement, ils s'y mettent à plusieurs... et François Hollande fait se qu'il veut.  Le livre de Yasmina Reza, "L'aube, le soir ou la nuit",  était centré sur Sarkozy : "il ne s'adresse qu'à lui même". "En politique on est tous tournés sur nous mêmes" (N. S.). Le livre de Binet l'est davantage sur l'entourage, dont certains vont devenir ministres,  manifestement plus facile à aborder que le candidat lui même. "Je n'aurai pas dansé aux Antilles avec le candidat comme Yasmina Reza en 2007".

 

Au départ penchant plutôt pour Mélanchon, Binet reconnaît avoir été victime du "syndrome de Stockholm" : l'otage prend le parti des ravisseurs ! "J'observe, fasciné, l'altération progressive de ma subjectivité".

 

Avant même le résultat de la "primaire", il m'avait été demandé, comme probablement à un certain nombre d'autres, de faire des fiches argumentées sur d'éventuels déplacements du candidat à l'étranger, afin de lui donner cette dimension internationale, soit disant indispensable.

Je ne peux que souscrire aux réflexions lues dans ce livre, dans la bouche du candidat ou de certains conseillers :

- "tout le monde se focalise sur l'international, mais dans une élection présidentielle française, ce n'est jamais là-dessus que ça se joue"  (et, selon moi, pas seulement pour la présidentielle, même pour les Européennes !)

- "je ne veux pas m'afficher avec tous les battus de la gauche".

- "en tant que président, c'est très important, mais en tant que candidat, pas tellement".

 

J'ai appris dans le livre le nom du "Conseiller d'Etat" chargé de trier et de synthétiser en une page maximum nos fiches. Mais je ne suis pas de ceux qui envoyaient des pensums de quinze pages.  Travaillant depuis plus de trente ans pour les femmes et les hommes politiques, je sais que leur temps de lecture est des plus limité. Deux pages a toujours été mon maximum.

 

Les journalistes politiques sont assez sévères avec ce livre de témoignages. Il faut dire qu'il ne les épargne pas : "hystériques ; "les voies du journalisme sont impénétrables ; "un tel manque de lucidité, c'est fascinant" ; "la jouissance bornée du journaliste qui répète pour la millième fois la dernière expression à la mode". Il démonte, et démontre, leur fonctionnement au moins autant que celui du candidat. Et ce n'est pas à leur avantage.

 

"Rien ne se passe comme prévu", titre du livre,  est la réflexion de François Hollande apprenant l'arrestation de DSK à New-York.

 

 

"Dans le débat, François Hollande fonctionne comme au judo, c'est à dire qu'il utilise la force de l'adversaire."

 

"Il ne faut pas confondre un débat sur le fond avec un débat qui touche le fond".

 

"La jovialité masque une ironie fondamentale, comme indice d'une distance à soi-même et aux évènements que je n'ai pas observée chez les autres, comme l'aveu qu'il n'est pas dupe de toute cette comédie humaine".

 

"Tu dois cliver avec les politiques de droite, mais pas avec les Français"

 

"Derrière ces attaques, c'est quoi ? C'est que la gauche est illégitime pour diriger le pays" (Manifestement toujours vrai après les élections...)

 

"Comment être très laïc et à l'écoute du religieux ?" (Manuel Valls)

 

"C'est surprenant l'importance des relations personnelles en politique. Beaucoup plus important que les considérations idéologiques."

 

"Pour faire de la politique, il faut deux choses : la santé et accepter de prendre des coups. François est fait en plumes de canard : les attaques glissent sur lui".

 

"Toute victoire appelle après, un nouveau combat"