04/09/2012
Entre elles deux
Entre deux feux
Anna Cabana et Anne Rosencher
Editions Grasset
Vite lu, probablement vite écrit, par deux journalistes, l'une du "Point", l'autre de "Marianne", et déjà en tête des ventes.
Un homme, deux femmes : Feydeau ou Shakespeare ? Feydeau si l'homme n'était pas le Président de la République, nouvellement élu.
Lui qui déclarait : "La campagne, c'est une campagne personnelle, ça n'est pas une campagne de couple. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis. En France, on n'élit pas un couple".
Il déclare aujourd'hui : " Je considère que les affaires privées se règlent en privé et je l'ai dit à mes proches pour qu'ils acceptent scrupuleusement le respect de ces principes".
Tout ça pour un "tweet", un "gazouillis".
"Son dérapage à elle, c'est sa responsabilité politique à lui".
"Enième acte d'un drame dont les ressorts sont tendus depuis maintenant dix ans".
"Elles s'y sont mises à deux pour compliquer la vie de François Hollande".
"Il n'y a pas une gentille et une méchante. Il y a deux femmes capables du pire".
D'un côté, une femme jalouse qui harcèle son compagnon pour empêcher le moindre contact avec son ex.
"Alors qu'elle aurait dû être au faîte de son bonheur, d'un bonheur magnanime". "Elle a les pulsions de vengeance d'une écorchée vive". "Jamais elle ne pardonnera à Ségolène Royal ne lui avoir fait si peur". Et de l'avoir fait écarter, à Paris Match, de la responsabilité du suivi du PS.
"La jalousie est un tyran qui ne rend jamais les armes. Aucun trophée ne l'apaise. Aucune victoire ne l'adoucit. Aucun gage n'en vient à bout".
Jalouse, parce qu'il lui manque "la confiance en soi, ce bien précieux que nul amoureux ne peut vraiment vous offrir." "Une crainte entêtante de n'être pas reconnue". "Elle est dans l'affirmation de soi".
"ça" parle là où "ça" souffre (Lacan).
De quel droit se permet-elle de "dégager" de la fête de la victoire, rue de Solferino, un membre du Bureau National du PS, trop longtemps ami de l'ex couple ?
"Loin de faire oublier sa rivale, par son acharnement maladroit et obsessionnel, elle lui donne du relief et de l'importance". "Elle aura réussi à la rendre touchante et presque sympathique".
De l'autre coté, une femme politique importante, puisqu'elle a été candidate à la Présidence de la République, au second tour, et qui ne veut pas "être placée au même plan que l'"autre", l'"autre qu'elle ne "voulait pas avoir à saluer".
"Ségolène Royal n'a jamais manqué une occasion de faire enrager la femme qui lui a succédé dans la vie de Hollande".
"Ségolène Royal tient à tracer à l'encre indélébile la frontière qui sépare les femmes politiques dignes de ce nom des compagnes d'hommes politiques".
"La politique tient lieu aujourd'hui d'existence à cette femme".
Les deux se livrent à "un concours de préméditation". "Combat absolument silencieux de deux femmes blessées".
Au milieu un homme aux yeux de qui "rien n'est plus important que la politique" et qui "se vante de ne pas lire de romans - "il y a tout dans les journaux."
"Comment croire possible ce dont on est soi-même incapable ?"
"Lui, si tactile, lui qui se laisse toucher par tout le monde, s'est bien gardé d'effleurer la main de la mère de ses quatre enfants."
"Lui, affiche le sourire benêt de l'amoureux transi, du gars qui n'en revient toujours pas d'avoir séduit une femme aussi belle".
La scène la plus significative, à mon avis, se déroule place de la Bastille, le soir de la victoire. François embrasse Ségolène "sur les deux joues, l'attrape par les poignets, les serre avec chaleur, comme on dit merci quand on ne dit rien." "Il retourne chercher sa compagne, lui donne un baiser sur la joue. C'est alors qu'elle se tourne vers lui : "embrasse-moi sur la bouche". La chaleureuse bise à Ségolène n'est plus l'évènement affectif de la séquence".
"Ce ne sont que des bribes, mais c'est déjà trop, parce qu'elles prennent à témoin les Français."
08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
03/09/2012
pouvoir et humour
Le roi et son bouffon
Pierre Kroll
Ses caricatures d'Albert II
Au centre "Wallonie Bruxelles" de Paris (en face du Centre Pompidou)
Jusqu'au 30 septembre ; entrée gratuite
Catalogue aux éditions "Renaissance du livre"
J'aime le Centre "Wallonie Bruxelles" de Paris. Pas seulement en raison de mes allers et retours entre les deux capitales. Les expositions y sont généralement intéressantes et très bien présentées. Et parfaites pour moi qui n'aime pas faire la file trop longtemps.
Kroll est l'alter-ego de Plantu. Même talent pour disséquer l'actualité. En 1993 (prière de prononcer nonante trois), quand le sixième roi des Belges succède à son frère Beaudouin, Kroll le dessine couronne sur la tête mais en robe de chambre, pyjama et pantoufles, en bermuda l'été.
L'exposition regroupe 150 dessins incisifs qui montrent un roi que la politique belge emmerde. Mais tout le monde dans le royaume semble appréhender le jour où l'aîné de ses fils, Philippe, devra prendre la succession.
Des dessins moqueurs pour le roi, mais aussi pour la famille royale (la fameuse "liste civile", l'argent que la famille coûte aux contribuables), et pour le système politique belge tellement bloqué que le pays est resté plus d'un an avec un gouvernement "provisoire".
La partie "Le Roi au Congo", avec ses allusions à Tintin est particulièrement réussie.
Que ceux qui connaissent encore moins que moi la politique belge ne s'inquiète pas : il y a des explications pour Parisiens béotiens. Mais, en général, les dessins se suffisent à eux-mêmes !
"Le pouvoir n'a pas d'humour, sinon il ne serait pas le pouvoir
Le roi Albert a peu de pouvoir...il a donc peut-être beaucoup d'humour !"
Pierre Kroll
14:31 Publié dans expo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : expo, politique
15/08/2012
Bilan des politiques libérales menées en France au tournant du XXIe siècle
DOL
Philippe Squarzoni
Editions Delcourt
Un « album de bande dessinée d’intervention politique ». Avec ses qualités et ses défauts.
Qualités : le rappel de quelques vérités sur un système qui ne tourne pas rond.
Défauts : un discours accusateur, contre la gauche, et l’extrême gauche, presque autant que contre la droite, à la mise en scène trop souvent minimale. Le mouvement zapatiste donné comme exemple de l’action politique…
Le sujet est triste, et l’auteur ne cherche pas à le rendre gai : la pauvreté, et même la famine, l’accaparement des richesses, à la fois par certains pays, et à l’intérieur des pays par une minorité.
Un chapitre pour démontrer que le but de la réforme des retraites est d’éviter de verser des retraites à taux plein, et d’orienter une partie de l’épargne vers des fonds de pensions composés de titres financiers.
Un chapitre pour rappeler que depuis au moins vingt ans les capitaux ont été favorisés et la part des salariés diminuée.
Un chapitre pour démontrer que la gauche a abandonné la lutte de classes au profit de la modernité culturelle et la transgression sexuelle, « une reconversion menée par des anticonformistes bourgeois » (j’ai eu l’impression de relire Jeannette V., l’épouse de Maurice T. !)
Un chapitre sur la politique sécuritaire de Sarkozy, et le rôle des médias. « La lutte médiatique contre l’insécurité ». Sans qu’il ne soit jamais rien dit sur l’insécurité sur les lieux de travail : plus de morts par accidents du travail que par homicides !
Plus un chapitre sur les médias, et en particulier la façon dont ils ont porté Sarkozy au pouvoir.
« Le capitalisme a besoin d’être contrôlé, sinon il se livre à ses tendances autodestructrices »
« On est passé d’un patronat qui cherchait des profits à travers l’industrie, à un patronat qui cherche des profits à travers la finance ».
« Pour la première fois dans l’histoire du capitalisme contemporain la situation et les perspectives des jeunes sont dégradées par rapport aux générations antérieures »
« Les journaux télévisés se réduisent à la chronique des faits divers ».
Devinette : qui a dit : « ma France est celle des travailleurs qui ont cru à la gauche de Jaurès et de Blum » ?
10:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, politique
14/08/2012
Image
Couverture de VSD et de quelques autres, photo en pages intérieures de Paris Match : tout le monde peut avoir une idée plus précise des anatomies du Président de la République et de sa compagne.
Qui imaginerait Charles et Yvonne dans cette tenue ? Claude peut-être, mais certainement pas Georges ! Valérie a été le premier à nous montrer ses jambes, mais je n’ai pas de souvenir d’Aneymone en maillot de bains. François M s’est démarqué de son prédécesseur, déjà, et les mères de ses enfants ne se déshabillaient pas en public. Pas plus que « maman » à la coiffure laquée qui n’aurait pas résistée au bain, pendant que son mari se ridiculisait avec ses chaussures de villes, portées avec chaussettes, sous son short.
Sarko a fait exploser tout cela. Les paparazzis se sont engouffrés dans la brèche : les responsables politiques, surtout élus aux plus hautes fonctions, sont des « people » comme les autres, probablement garantie de bonnes ventes.
D’après Libération, la « first girlfriend » s’est plaint de retrouver partout la photo d’elle en maillot de bains.
Les femmes et les hommes politiques savent que leur vie appartient au public, qu’ils l’intègrent, ou non, dans leur « plan médias ».
Leurs conjoint(e), copain, copine doivent savoir que cette règle est extensive.
Conclusion : quand on est Président de la République, ou que l’on vit avec, on sait que, si on va se baigner, une photo sera volée et vendue très chère. Le choix est donc d’aller se baigner, ou non, avec un maillot de bain, ou non, une pièce, ou deux.
Cette photo fera bien moins pour l’ »image » qu’un tweet dévastateur.
16:04 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
24/07/2012
Quelle France ?
La rafle du Vel d'Hiv a été organisée et réalisée par des fonctionnaires français. Cela est connu et indiscutable. Apres la guerre ils ont eu à rendre compte plus souvent à leur conscience qu'à la justice. Cette culpabilité, individuelle et collective, n'est pas celle de la République , puisque Pétain et ses soutiens étaient parvenus à abattre "la gueuse" comme ils l'appelaient. Culpabilité des Français et des institutions de n'a pas avoir été en mesure d'empêcher la prise du pouvoir par ce régime collaborationniste et fascisant ? Culpabilité de "la France ?" De Gaulle et Mitterrand avaient-ils tort de considérer que le régime de Vichy, ce n'etait pas la France ?
13:33 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique