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18/06/2015

la galère d'une préparation de thèse

Carnets de thèse

Tiphaine Rivière

éditions du Seuil

 

Jeanne, professeur de collège dans une ZEP est acceptée comme "doctorante". Elle va donc préparer une thèse. Sur "Le motif labyrinthique dans la parabole des portes de la Loi dans Le Procès, de Kafka". Pour cela elle se met en disponibilité de l'Education nationale. Mais il faut bien vivre. Elle donne des cours à l'université, peu payés, payés avec retard, ou même pas payés du tout. Mais qui demandent des heures de préparation ! Ou des travaux de secrétariat dissimulés sous des appellations pompeuses.

Quelques années, et plus de 3000 ouvrages critiques plus tard, le moment de la rédaction est le plus délicat. "Elle refichait tout ce qu'elle avait déjà lu à chaque fois qu'elle essayait de commencer à rédiger." Puis arrive le moment où l'auteur a tellement relu qu'il ne veut plus voir son texte "même relire ce que j'ai écrit me donne envie de vomir."

La famille est sceptique, et admire le cousin qui prépare une thèse scientifique.

La vie devient vite insupportable pour le compagnon. La thèse est l'obsession. En dehors des heures de travail alimentaire, pas question de sortir avec les copains, de se divertir. "Elle a un énorme tas sur son bureau avec marqué : papiers administratifs.Elle n'ouvre jamais son courrier."

On sent le vécu, et c'est drôle, plein de moments qui font sourire. La "science" littéraire a peut-être perdu un fleuron, mais la BD a gagné une auteur de talent.

En littérature, 60% des doctorants abandonnent leur thèse. On comprend pourquoi !

Son directeur de thèse, qui n'a aucune envie de lire les centaines de pages des ses "thésards", pour se débarrasser d'elle, lui prescrit de lire tout Schopenhauer : "La vie oscille comme un pendule, de la souffrance à l'ennui. La condition de l'homme consiste à désirer douloureusement tout ce qui lui fait défaut. La vie humaine consiste à aller sans cesse du désir, qui est manque, à l'ennui de la satiété."

 

"En cherchant des réponses à une question, les types continuent à se demander si la question qu'ils posent est pertinente..."

 

11:38 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, littérature

17/06/2015

migrations : pas si simple...

Face aux flux de migrants qui traversent l'Europe, et en particulier notre pays, plusieurs attitudes sont possibles.

Il y a la position de la Legua, avec qui le Front National vient de s'allier pour créer un groupe au Parlement européen : il faut bombarder les bateaux d'immigrés. Sous entendu, y compris avec les immigrés dedans. Malheureusement, un assez bon score aux dernières élections locales du nord de l'Italie...Mais pas vraiment une solution !

Il y a la position de Cameron : d'accord pour aller secourir les immigrés en mer, mais pas question qu'ils viennent chez nous. Un soupçon d'humanité supplémentaire, mais pas une solution.

Il y a la position de notre ministre de l'intérieur qui rappelle que,  selon le droit européen, c'est à l'Italie de se débrouiller avec les immigrants illégaux arrivés chez elle. C'est légalement juste, basé sur l'accord de Dublin de 1990, mais insupportable : nous ne sommes plus dans les années 90, le problème a pris une autre ampleur, et ce n'est pas un problème italien, mais bel et bien européen, et même plus largement Sud / Nord. Pas étonnant que le gouvernement italien menace de délivrer des laisser passer pour ne pas avoir à garder sur son sol la totalité des migrants qui y arrivent...et qui ne veulent pas y rester.

Il est vrai qu'il ne sert à rien de laisser entrer en France des migrants qui se trouveront quelques jours plus tard à dormir dans les rues à Paris, puis à Calais.

Heureusement, le gouvernement français fait quelques propositions indispensables pour améliorer l'accueil humanitaire, et faciliter les demandes d'asile politique des migrants venant de pays comme l'Erythrée ou la Syrie. Comparée à d'autres pays la France a du retard. Cela fait bien longtemps qu'elle n'est plus une "terre d'asile".

Le problème de fond se trouve dans l'inégal développement de notre planète. Quand le dictateur soudanais, qui a massacré le peuple du Darfour, se rend au Sommet de l'Union africaine, il y trouve appui, soutien, réconfort face à la Cour Pénale Internationale. Au nom de quoi la majorité de ces prédateurs autocrates qui dirigent les pays d'Afrique pourraient lui faire des critiques ?

Tant que les élites africaines mettront leurs pays en coupe réglée et que la démocratie y sera inexistante ou des plus fragiles, leurs populations rêveront d'ailleurs.

 

20:36 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : migrations

13/06/2015

Fred Vargas rend hommage à Arnaldur Indridason

Temps glaciaires

Fred Vargas

éditions Flammarion

 

Des gens surpris par la brume, dans le nord de l'Islande. Ils se perdent, ils meurent. Les survivants culpabilisent.

Ceci n'est pas une aventure du commissaire Erlandur mais du commissaire Adamsberg. Les deux ont bien des points de ressemblance. Surtout quand Adamsberg joue plus que jamais le "pelleteur de nuages".  Ces "temps glaciaires" ne sont pas sans évoquer l'"hiver arctique".

Fred Vargas écrit, avec succès,  des romans policiers depuis bientôt trente ans, mais n'avait rien publié depuis quatre ans.

Elle  ne se contente pas de nous emmener en Islande. Elle revisite pour nous la Terreur robespierriste, juste avant les exécutions de Danton ("Danton, l'image incarnée de la puissance vitale révolutionnaire") et Camille Desmoulins. "Je crains que le voyage dans le cercle arctique de Robespierre soit encore plus glaçant."

 

"Comment le livide et glacé Robespierre, dénué de charisme et d'empathie, avec sa voix aigrelette et son corps sans vie, a-t-il pu générer une telle adoration ? Avec sa face lugubre et ses yeux vides cillant derrière ses lunettes ?"

"A peine aurait- il détruit un ennemi qu'il s'en découvrirait un autre." "L'ennemi que traquait Robespierre était en lui même." "La pitié n'existait pas, car Robespierre n'avait aucun lien, et surtout pas étroit.""Jamais l'innocence ne redoute la surveillance publique" (Robespierre) "L'abstraction du meurtre chez Robespierre. Les exécutions se passaient toujours hors de sa vue. Elles étaient dématérialisées. Comme s'il avait guillotiné non pas des hommes, mais des concepts ; le vice, la trahison, l'hypocrisie, la vanité, le mensonge, l'argent, le sexe."

"Fouché est l'homme le plus terrible de la Révolution. Cynique absolu, habile comme le diable, fourbe et doucereux, surveillant tout un chacun, louvoyant au gré des évènements, il est le serpent dans l'herbe face à l'idéaliste Robespierre emporté par sa folle pureté."

"On est toujours plus élégant nu qu'à moitié dévêtu"

"L'alcool sucré monte au cerveau avec la célérité d'un acrobate sans fil"

 

 

  

09:03 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar, histoire

11/06/2015

Im Labyrinth des Sweigens

Le labyrinthe du silence

De Giulio Ricciarelli

Avec Alexander Fehling, Friederike Becht, Gert Voss

 

Film allemand qui fouille dans le passé peu glorieux du pays.

A la fin des années 50, un jeune procureur affecté aux infractions routières, se voit chargé, sous son insistance, de trouver des preuves concrètes de meurtres commis par des Allemands à Auschwitz. Seulement des meurtres, puisque la prescription a effacé tous les délits liés à la guerre.

Le film raconte le difficile cheminement de l'enquête face à des Allemands qui ne veulent pas savoir, car ils veulent tourner la page. Sans compter ceux qui se sentent menacés.

Après le fameux procès de Nuremberg, la justice allemande, ou une partie d'entre elle, est prête à poursuivre ses propres criminels de guerre. Un travail de prise de conscience et de lutte contre l'oubli.

Le film pose la question de la responsabilité individuelle, car la défense avance comme arguments : "ce ne sont pas des criminels mais des soldats qui appliquaient des ordres".

Si vous aimez les livres Philip Kerr ("La trilogie berlinoise" et la suite), vous aimerez ce film.

Malheureusement, nous n'étions que deux dans la salle...

 

16:48 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

09/06/2015

Parution du tome 6 de l'histoire de France pour les nuls en BD

Les guerres de religion

Scénariste : Hervé Loiselet ; dessinateur : Vincenzo Acunzo ; Storyboard : Dan Popescu

Couleurs : Silvia Fabris ; Lettrage : Novy

D'après l'Histoire de France pour les nuls de Jean-Joseph Julaud

éditions First

 

Le volume commence avec l'affichage des libelles protestantes jusque sur la porte du roi François 1er. Dommage de ne pas préciser que jusqu'à cet épisode François 1er, sous l'influence de sa sœur Marguerite de Navarre, n'était pas hostile aux idées nouvelles.

Si les rôles de l'Espagne (la présence des troupes espagnoles à Paris pour "soutenir" Guise, n'est pas mentionnée) et de l'Angleterre sont plusieurs fois évoqués, l'ouvrage ne souligne pas assez qu'il s'agissait d'une lutte pour l'existence du Royaume, et que les religions étaient instrumentalisées par nos deux grands voisins pour pousser leurs hommes liges, les Guise côté catholique, les Bourbon/Condé pour l'Angleterre.

Entre les deux camps Catherine de Médicis, et ses fils, Charles IX et Henri III louvoient, au gré des rapports de force, François II ayant été clairement du côté des Guise.

La couverture représente Catherine regardant avec effroi le massacre de la Saint- Barthélemy. C'est une grande question historique. Pendant longtemps les historiens ont fait porter toute la responsabilité de cette horreur sur la Régente. Même si Charles IX a pris la faute sur lui. Aujourd'hui, les historiens soulignent que Catherine et Charles avaient pour ligne politique constante la coexistence des deux clans. L'ouvrage propose une troisième voix : Catherine propose que soient tués quatre ou cinq huguenots, dont Coligny qui proposait que la France soutiennent les protestants des Pays-Bas contre l'Espagne. Et Charles ordonne de les tuer tous pour "qu'il n'en reste pas un pour le (lui) reprocher". Il semble moins certain aujourd'hui qu'il ait prononcé cette phrase.

Le volume n'évoque pas les dizaines de libelles salissant les réputations de la Reine Margot et d'Henri III. Cela évite de trancher la question de savoir si ces attaques venaient des Guise ou des protestants. 

La conversion au catholicisme d'Henri IV ("Paris vaut bien une messe") me semble être l'exact opposé de la règle "cujus regio, ejus religio" (dans le pays du prince, la religion du prince) qui était appliquée depuis le Haut Moyen-Âge.

Le volume se ferme par l'assassinat d'Henri IV. Ainsi se termine la "guerre des trois Henri", Henri de Guise, Henri III et Henri IV.

Puisqu'il s'agit essentiellement d'histoire événementielle, faite de batailles, de traités de paix, de mariages arrangés, un point essentiel n'est pas évoqué : pendant la période, le coût de la vie a augmenté de 300 à 400% (Duby), les guerres n'étant jamais propices à la prospérité du peuple. Georges Duby note "l'élargissement du fossé entre riches et pauvres."

 "Tuer un homme, ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme" Cette phrase d'un partisan de Servet, brûlé à Genève sur ordre de Calvin, n'est-elle pas toujours d'actualité ?

 

08:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire