17/10/2014
Luchini et Flaubert
Gemma Bovery
D'Anne Fontaine
Avec Gemma Arterton, Fabrice Luchini
Dans la vraie vie, Luchini a été coiffeur. Son personnage est boulanger, mais, comme Luchini, il aime les mots, il aime la littérature.
La jeune anglaise qui débarque dans son village normand, avec son mari, se nomme Gemma Bovery. Assez pour que l'imagination s'enflamme. Mais elle n'est pas Emma Bovary, et elle n'a jamais lu Flaubert. Elle est une jeune femme d'aujourd'hui qui vit, librement, sa vie, au risque de décevoir les fantasmes du boulanger littéraire.
De Gemma Arterton, la réalisatrice Anne Fontaine dit justement : "on ne peut pas ne pas l'aimer".
Détournement malicieux et ironique d'un archétype littéraire féminin. Le film aurait pourtant gagné a être "élagué" tant il n'est pas possible de ressentir quelques longueurs.
08:29 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
16/10/2014
regards croisés sur la guerre de 14/18
Une guerre des images
1914/1918 France / Allemagne
Benjamin Gilles et Arndt Weinrich
éditions de La Martinière
Deux historiens, un Français et un Allemand, tous deux spécialistes de la Première guerre mondiale, confrontent leurs travaux basés sur les archives des deux agences de presse nationales, l'AFP et son homologue allemande. La guerre des communiqués et des images, "premier grand affrontement médiatique", répondait en écho aux combats dans les tranchées.
L'invention d'appareils photos plus compacts et de la pellicule souple, ainsi que la "similigravure" pour l'impression facilitent la diffusion d'images auxquelles il est possible de "faire dire tout et son contraire", sous l'oeil attentif de la censure, de chaque côté. Les "blancs" de la censure "ont un effet délétère et entretiennent le sentiment que l'on cache tout". A moins d'une nouvelle mise en page !
L'armée allemande encourage ses soldats à prendre des photographies. Pratique interdite en France. Interdiction souvent réitérée, jamais appliquée, puisque les journaux illustrés, dont certains sont vendus un million d'exemplaires chaque semaine, les paient bien. Elles sont jugées plus authentiques que celles fournies par les services officiels des armées. "La photographie incarne le réel". "Un déluge visuel sans précédent."
Au début de la guerre, de chaque côté, un véritable culte de la personnalité se développe autour des généraux. Aucun leader civil n'a droit à un tel honneur avant octobre 1915. En France, les généraux bénéficient de l'imaginaire napoléonien (voir le dernier livre de Lionel Jospin) et du mythe boulangiste. En Allemagne, Hindenburg et Ludendorff, crédités d'avoir "arrêté le rouleau compresseur russe" à Tannenberg, instaure la primauté des militaires sur les responsables politiques. En France, ce n'est qu'à partir de 1917, avec le retour de Clemenceau que "le régime républicain parvient à rétablir la suprématie du politique sur le militaire". "L'hégémonie visuelle des chefs militaires est atténuée".
D'importantes campagnes publicitaires assurent le succès des différents emprunts de guerre, dans les deux pays.
Alors que pour les Français, l'Allemand est le barbare, pour les Allemands l'ennemi majeur c'est l'Empire russe, et au deuxième rang la perfide Albion.
"Les fraternisations survenues sur le front occidental sont les grandes absentes des images diffusées pendant la guerre." Pas plus que les "fusillés pour l'exemple".
L'aviation, réintègre le combat individuel chevaleresque et fait l'objet d'une intense mise en images, avec ses héros : Guynemer pour nous, le "Baron rouge" pour les Allemands.
L'ampleur des ravages causés par les obus, surtout sur les églises, les dévastations, sont les plus fréquents dans la presse.
L'arme chimique, qui a causé moins de 1% des pertes, est hyperreprésentée.
L'échec de la bataille de Verdun explique que les sous-marins occupent une grande place dans la culture visuelle allemande.
La guerre des images ne s'arrêtent pas le 11 novembre 18. Le Chancelier, social-démocrate, Friedrich Ebert exprime le sentiment général en Allemagne quand il déclare : "aucun ennemi ne nous a vaincus." Dans la presse allemande, aucune image d'une armée défaite. Le retour des troupes à Berlin, en décembre, montre une armée acclamée. La droite entretien le mythe du "coup de poignard dans le dos" de l'armée.
Pendant qu'en France est montré le retour des provinces perdues en 1870.
Il n'est pas surprenant que la question des commémorations donne lieu à une nouvelle guerre des images. Au "plus jamais ça" répond "plus jamais la guerre". Hindenburg est élu président de la république en 1925. le fossé mémoriel se creusera de nouveau à partir de 1945. Il est vrai que les combats se sont déroulés essentiellement sur le sol français, où se trouvent de nombreux lieux de mémoire. L'occultation mémorielle de la Première Guerre outre-Rhin ne s'oppose pas à la tenue de grandes cérémonies franco-allemandes.
08:40 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, photos
15/10/2014
Ni "urgences", ni "Dr House"
Hippocrate
De Thomas Lilti
Avec Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt
Un jeune interne fait son premier stage en hôpital. Il se trouve confronté à ses limites , à ses doutes, à ses émotions, à ses peurs, aux défaillances de l'hôpital (manques de moyens matériel et humains).
Nous voilà immergés dans la réalité d'un lieu (quasiment une unité de lieu), où personne ne trouve plaisir à aller, mais que le réalisateur connaît bien puisqu'il a été médecin avant d'être cinéaste. Il est bien connu que les hôpitaux sont pleins de malades. Parfois en phase terminale. La question de "l'acharnement" thérapeutique est posée, ainsi que la vérité cachée aux malades.
Hôpitaux qui ne pourraient pas fonctionner aujourd'hui en France sans la participation de médecins étrangers sous payés.
Mais il ne s'agit pas d'un documentaire, d'un reportage, mais d'une comédie intelligente, douce et amère, pendant laquelle je ne me suis jamais ennuyé. Un film à prescrire, même s'il n'est pas remboursé par la sécurité sociale...
08:28 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
13/10/2014
L'opéra au cinéma
Depuis quelques années, certaines salles de cinéma propose la transmission, en direct ou non, d'opéras présentés à Paris, salle Garnier ou à la Bastille.
Je me suis laissé tenter, malgré les trois heures annoncées. Pour commencer j'ai choisi Carmen que j'avais déjà vu à l'opéra Bastille, il y a quelques années, dans une autre mise en scène.
Allez à l'opéra reste exceptionnel, aller cinéma beaucoup plus fréquent, comme le prouve ce blog, au moins pour moi.
Avec un grand écran et une bonne acoustique l'expérience mérite d'être renouvelée...
08:34 Publié dans Téâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : opéra, cinéma
12/10/2014
Dubout immortel
Musée Albert Dubout
"Redoute" de Ballestras
Parc du Levant
Palavas-les-Flots
Albert Dubout a publié ses premiers dessins entre les deux guerres mondiales. Il est décédé il y a bientôt quarante ans, et pourtant les visiteurs de son musée ne peuvent s'empêcher de sourire. Je peux en témoigner : quand je n'étais pas moi même absorbé, je m'amusais du spectacle de ces couples regardant les personnages de Dubout. N'est-ce pas le talent, le génie, de l'artiste d'être toujours actuel longtemps après son oeuvre ?
La "redoute" de Ballestras, qui abrite le musée, a été reconstruite pierre à pierre par "les compagnons du devoir", suivant les plans du XVIII ème siècle de ce fortin destiné à défendre la côte contre les pirates.
Au rez-de-chaussée : les chats, et les "mémés à chat". Au premier étage : les couples, bien connus de Dubout : généralement des femmes plantureuses et dominatrices noyant littéralement leurs maris et compagnons dans leurs chairs.
Excellent, mais laissant un sentiment de trop peu : on en voudrait davantage ! A la libraire, des cartes postales et des recueils thématiques, en particulier celui consacré au travail de Dubout pour les livres, les pièces, les films de Marcel Pagnol.
Un peu plus loin dans le parc, le "musée du petit train" (entrée avec le même ticket à cinq euros). Une locomotive (à vapeur, en service jusqu'en 1959) et une voiture, de IIIe classe, du fameux petit train qui reliait l'esplanade de Montpellier à Palavas jusqu'en 1968. Aujourd'hui, le tramway ne va pas plus loin que Lattes !
Tout autour des photos d'époque et, surtout, des dizaines de dessins de Dubout qui ont rendu célèbre ce petit train. Un chef d'oeuvre d'humour.
Attention : ce musée à la particularité d'être fermé les fins de semaines. Mais si vous passez dans la région, ne le manquez pas, même si vous ne faites pas de camping à Palavas-les-flots !
10:16 Publié dans expo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : expo