28/10/2012
Octobre 1943
La paix des dupes
Philip Kerr
Livre de poche policier n°32732
1943. Roosevelt, Churchill et Staline, qui à cette occasion quitte l’URSS pour la première fois, se retrouvent à Téhéran pour parler de l’ouverture d’un deuxième front contre l’Allemagne, à l’ouest.
Les suspicions sont grandes et les arrières pensées sont lourdes. Chacun de leur côté Roosevelt et Staline ont pris des contacts avec Hitler pour envisager une paix séparée. « La paix des dupes ». Le degré de division entre les alliés était évident, « soucieux de la forme que revêtira l’Europe de l’après-guerre ». « Seul l’imbécile descend de l’arbre pour aller regarder le tigre blessé droit dans les yeux ».
Staline avait-il peur que l’armée russe se mutine, comme en 1917 ?
Après Stalingrad et el-Alamein, Hitler a compris qu’il ne pourrait pas gagner la guerre. Mais il est décidé à ne pas la perdre. Himmler espérait-il secrètement que les Américains exigeraient qu’il remplace Hitler à la tête du Reich ?
Le secret de la rencontre n’est pas bien gardé et un général SS organise un commando chargé d’assassiner les dirigeants alliés, afin de forcer les alliés à négocier.
Il est question également des atrocités commises à Katyn, des milliers d’officiers polonais assassinés par l’armée rouge en 1940, ainsi que dans les camps des 250.00 Allemands prisonniers des Russes après les défaites de Stalingrad.
A partir de cette trame historique, Philip Kerr, l’auteur de « La trilogie berlinoise » nous offre un mélange de roman d’espionnage et d’enquête policière, avec son style imagé habituel, mais sans son héros récurent, Bernie Gunther.
Philip Kerr est Britannique, et sa sympathie va sans conteste à Churchill, « le seul homme au monde susceptible d’incarner la vérité et de faire preuve d’un courage qui soit à la hauteur de cette vérité ».
« Etre empirique, c’est se laisser guider par l’expérience, et non par les sophistes, les charlatans, les prêtres et les démagogues »
« Ma stupidité n’est pas aussi profonde que votre intelligence »
« Si Dieu ne peut altérer le passé, les historiens eux en sont capables, et c’est peut-être ce qui Le persuade de tolérer leur existence »
« A la fin de sa vie, aucun honnête homme ne souhaiterait revivre sa propre existence » (Schopenhauer)
08:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
27/10/2012
Temps superbe à Erevan
Promenade à Erevan
Temps superbe à Erevan. Le long de la voie rapide qui relie l'aéroport à la ville, une rangée de "casinos" spécialisés dans les machines à sous. Pour recycler quel argent ?
Les quelques "Lada", dont certaines en panne, sont numériquement supplantées par les Japonaises et les Coréennes. Les seules automobiles européennes sont allemandes.
Relatant un voyage effectué en 1990, Nicole Péry, alors vice-présidente du Parlement européen, écrit dans son livre de souvenirs : "Erevan dégageait une impression de tristesse à laquelle je ne m'attendais pas." Ce n'est plus u tout le cas aujourd'hui !
En ville toutes les boutiques d'une économie mondialisée : d'Adidas à Zara, d'Armani à Zegna. Une grande rue piétonne toute neuve dans l'axe Nord/Sud. Certains immeubles ne sont pas terminés. Deux sortes d'investisseurs : les Russes d'origine arménienne, qui peuvent attendre que les appartements et bureaux se vendent, et les Américains eux aussi d'origine arménienne qui, victimes de la crise américaine, ont besoin de liquidités et cassent les prix.
A chaque extrémité, d'une part la place de la République, ancienne place Lénine, avec le Musée national, de l'autre l'opéra et la place de la liberté.
Partout dans le centre des immeubles de tuf rose, local, qui fait irrésistiblement penser à Strasbourg.
Sur les hauteurs de la ville, le mémorial du génocide de 1915 ("la forteresse des hirondelles"), plus loin un monument au sommet duquel une statue de "la mère patrie", armée d'un glaive, a remplacé l'immense statue de Staline.
Au loin, si proche, le mont Ararat, en territoire turc, d'où furent chassés les Arméniens.
Erevan, petite ville provinciale, n'a pris de l'importance qu'en devenant capitale d'un petit Etat se devant d'accueillir les Arméniens chassés de Turquie et d'Azerbaïdjan, franchissant ainsi le cap du million d'habitants.
Des immeubles collectifs de qualité médiocre ont été construits, en périphérie, dans ce cas obligatoirement en hauteur.
Plus récemment, également sur les hauteurs, dans des endroits boisés, de superbes villas, aperçues derrière de hauts murs, signalent la présence des nouveaux riches.
Entre la ville haute et la ville basse, une "cascade", inachevée en raison de la crise économique américaine, contenant des escalators et des pièces d'art moderne léguées à la ville par un riche américain d'origine arménienne. Dans le parc en bas de la "cascade" des sculptures modernes de bonnes factures, dont trois "Botero". Comme partout l'art moderne crée la polémique.
A quelques kilomètres, tout près de la frontière avec la Turquie, fermée par ce pays, le Saint-Siège, depuis le Ve siècle, de l'Eglise arménienne, catholique, mais indépendante de Rome.
08:00 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage
26/10/2012
Hope Springs
Tous les espoirs sont permis
De David Frankel
Avec Meryl Streep et Tommy Lee Jones
Après plus de trente ans de mariage, la vie de couple ronronne. Monsieur après son travail, s'endort en regardant le golf à la télévision. Il considère que tout va bien, puisqu'il a payé un nouveau frigidaire à son épouse à l'occasion de Noël. Madame n'a pas de petits enfants pour s'occuper. En surfant sur le net elle trouve une publicité pour une thérapie familiale. Elle y traine son mari, pour le moins réticent.
Il s'ensuit quelques gags très soft sur la sexualité fantasmée des sexagénaires.
Et tout cela se termine par des engagements et des bonnes intentions qui permettront de vivre encore longtemps ensemble.
Cette comédie romantique, et qui s'assume comme telle, vaut surtout par l'alchimie des deux acteurs. Tommy Lee Jones est bourru à souhait et Meryl Streep démontre qu'elle a du charme et un vrai talent comique.
Leurs deux personnages sont tellement caricaturaux qu'ils nous permettent de nous rassurer : aucune femme n'est aussi godiche, aucun homme aussi butor (pas moi en tout cas...).
08:10 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
25/10/2012
Que sais-je ? sur l'histoire de l'Arménie
L'Arménie
Claire Mouradian
"Que sais-je ?" n°851 (PUF)
Ce livre nous dit peu sur l'Arménie d'aujourd'hui : "un espace étriqué et enclavé, des potentialités naturelles limitées, des voies de communication et d'approvisionnement contrôlées par des voisins plus ou moins hostiles.". Seul le dernier chapitre parle de l'époque contemporaine. Il est plus consacré aux Arméniens, et en particulier à la majorité d'entre eux, ceux de la diaspora, qu'à l'Arménie.
L'Arménie antique et médiévale nous explique la fierté de la Nation arménienne. L'Ourartou dès le IXe avant J.C. Tigrane le Grand (95/55) et son Empire arménien de la mer (Noire) à la mer (Méditerranée).
L'Arménie victime très tôt de l'hégémonisme de ses puissants voisins. L'Empire perse de Cyrus au VIe siècle avant J.C., puis iranien, qui met fin à l'Etat arménien pour quatre siècles en 428, peu de temps après avoir été "le premier Etat à adopter le christianisme comme religion officielle en 301". Avec l'intermède de l'Empire romain, représenté par les légions de Pompée.
Plus tard, "Byzance, en ruinant les capacités combatives des Arméniens a favorisé l'expansion turque en Anatolie". Dès lors, les Turcs deviennent l'"ennemi héréditaire". Les Azéris n'étant qu'une version de Turcs.
"Les destinées des Arméniens (de la Méditerranée) vont être solidaires de celles des Croisés". Le dernier roi du royaume arménien de Cilicie, Léon de Lusignan, meurt en exil à Paris, et son cénotaphe se trouve dans la basilique des rois de France à Saint-Denis.
Du XVe au XIXe, les Arméniens vivent sous le joug des Ottomans et des Iraniens qui parviennent à un accord de partage en 1639. Pris entre Turcs et Persans, les Arméniens se tournent vers la Russie orthodoxe. En 1813, la Russie annexe l'est de l'Arménie, après trente ans de guerres contre les Turcs et les Persans.
En 1914, les Arméniens sont divisés, comme leur territoire : 180.000, vivant à l'Est, sont mobilisés dans l'armée russe, 250.000, vivant à l'Ouest, dans la région renommée par les Turcs "Anatolie", sont enrôlés dans l'armée turque.
En 1915, les autorités turques décident de régler "la question arménienne" en procédant à un gigantesque "nettoyage ethnique" : entre 1 et 1,5 millions de victimes, soit les 2/3 de la population arménienne.
Un génocide, avant que le mot ne soit inventé.
A la fin de la 1ère guerre mondiale, la République est proclamée, dans la partie orientale, qui était occupée par la Russie, mais dès 1920, la jeune république arménienne devient "soviétique" : "Plutôt les Russes que les Turcs !".
En 1991, "les Arméniens plébiscitent l'indépendance à 99% avec une participation de 95%."
La même année, le Karabagh, peuplé à 85% d'Arméniens, proclame à son tour son indépendance. Le conflit, à ce sujet, avec l'Azerbaïdjan, dure toujours.
11:27 Publié dans Livre, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
24/10/2012
Bidochon, 21e siècle, 21e album
Les Bidochon sauvent la planète
Binet
Editions "Fluide glacial"
Un album qui devrait faire sourire même les "Khmers verts".
Qui n'a jamais eu de problèmes pour savoir dans quelle poubelle mettre tel ou tel emballage ?
Qui n'a jamais pesté contre ces ampoules dont l'allumage est loin d'être instantané et l'éclairage très relatif ?
Qui n'a jamais été dubitatif sur les injonctions à économiser l'eau en se lavant les dents, soit disant pour sauver la planète ?
Binet se moque avec gentillesse, non pas des Bidochon, ces Français "moyens", mais de nos petits travers et nos grandes illusions.
Binet nous parle de nous, et cela fait son succès.
Ce dernier album, paru en feuilleton dans "Midi Libre", a égayé mes vacances. Je l'ai relu avec autant de plaisir en ce début d'automne.
09:12 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bd