13/10/2012
Nicolas Le Floch enquête dans le monde diplomatique
L'enquête russe
Jean-François Parot
Editions JC Lattès
Paris, 1782
Un peu plus de dix ans que Jean-François Parot nous raconte les enquêtes du "commissaire au Châtelet" Nicolas Le Floch, de plus en plus Marquis de Ranreuil (premier ouvrage : "L'énigme des Blancs-Manteaux", en 2000).
Ses aventures se déroulent sur plus de 20 ans, et contrairement à des héros qui ne vieillissent pas, comme San Antonio ou Astérix, Nicolas prend de l'âge, et son fils arrive à l'âge adulte. Seule son "amoureuse", Aimée de d'Arranet semble demeurer en sa prime jeunesse.
Le commissaire sème les morts sur sa route, comme d'habitude, et ceux-ci sont liés à la visite à Paris, dans un incognito très relatif, du futur Tsar Paul 1er, fils de la "grande" Catherine II. Le tsarévitch craint pour sa vie. Il sait que sa mère a fait assassiner son père. Il mourra étranglé, mais pas à Paris, et pas par la volonté de sa mère, disparue cinq ans avant lui.
Jean-François Parot, diplomate aujourd'hui à la retraite nous explique le jeu des alliances et des manœuvres : la France qui soutient les "Insurgents" américains contre l'Angleterre, les Américains qui cherchent à acheter des armes à la Russie, la Russie qui tente d'entrer dans le jeu en se posant comme médiatrice entre l'Angleterre et ses colonies qui réclament l'indépendance. Tout cela se terminera l'année suivante, 1783, par un Traité d'indépendance des 13 colonies américaines fédérées, signé à Versailles.
Parot nous décrit Vergennes, ministre des affaires étrangères, en pleine action avec les ambassadeurs à Paris de la Russie ("Il tentait de recruter des familles des Cévennes et du Languedoc afin d'établir des plantations de mûriers à vers à soie dans les parties méridionales de la Russie !), et du Congrès américain, Benjamin Franklin, pour qui l'auteur semble avoir peu de sympathie.
"Dans le concert des puissances, nulle n'est amie d'une autre ; il n'y a que les intérêts qui priment".
Les espions sont également à l'œuvre, au risque de quelques meurtres. Au point qu'à la fin je ne savais plus très bien qui a tué qui et pourquoi. Mais cela n'a guère d'importance, car tout cela est raconté dans la langue patinée de Parot, qui doit semblée être une langue étrangère à nombre de nos jeunes contemporains, et qui nécessite d'avoir le dictionnaire à portée de la main ("il me prodiguera un apozème et débitera des apophtegmes").
1782, l'année de la parution des "Liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos. Sent-on venir la Révolution ? "Notre société, même si elle a atteint un niveau de progrès et de lumières inégalé, reste incertaine, instable, mouvante, hantée d'espoirs et de craintes. Aucune position n'est assurée. Les réformes pour renflouer la vieille machine de l'Etat monarchique échouent les unes après les autres."
A quel moment se déroulera la prochaine enquête ? 1785 ? Le commissaire sera-t-il chargé d'éclaircir la trop fameuse affaire du "collier de la Reine" ? Une reine pour qui il semble prêt à mourir. Que fera le marquis de Ranreuil après 1789 ?
"Existe-t-il de plus grande disgrâce que celle de n'être point satisfait de sa vie ?"
"La vérité n'est pas courtisane"
08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature
12/10/2012
Succulent
Les saveurs du palais
De Christian Vincent
Avec Catherine Frot et Jean d'Ormesson
Jean d'Ormesson est un grand acteur. Comment ne pas s'en douter depuis les années qu'il fréquente les radios et les télévisions ? Mais cette fois ci, c'est officiel. Il a manifestement pris un plaisir jubilatoire à jouer le personnage non seulement du Président de la République, mais surtout de François Mitterrand, que cet éditorialiste du Figaro a beaucoup fréquenté. Même amour et même nostalgie de la France d'autrefois, même enracinement, et même, probablement, nombre de valeurs communes.
Claude Rich avait été pressenti pour le rôle. J'aime beaucoup Claude Rich, mais il nous aurait privés de cette prestation.
Le film vaut beaucoup pour les dialogues savoureux échangés avec la cuisinière chargée des repas privés du Président, incarnée par Catherine Frot, toujours impeccable, crédible, humaine, touchante, qui met en valeur la véritable vedette du film : la cuisine française traditionnelle, telle qu'elle se savourait les jours de fêtes. Je parie sur la réédition du livre de recettes d'Edouard Nignon, dont je n'avais jamais entendu parler.
A l'ombre du pouvoir, il y a toujours les luttes pour des fragments de pouvoir, les jalousies et les petites batailles reflets des grands enjeux.
Quand la cuisinière "craque" elle part pour l'Antarctique. En réalité, les scènes ont été tournées en Islande.
Christian Vincent, deux Césars en 1991 pour "La Discrète", devrait rencontrer l'appétit du public pour ce film succulent.
08:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
11/10/2012
Assurer la liberté de la presse en Tunisie
Les autorités tunisiennes doivent assurer pleinement la liberté de la presse
Les débats sur le code de la presse, les tentatives de contrôle des médias, l'absence de décision sur un cadre normatif propice à assurer la liberté d'expression et la sécurité des journalistes suscitent beaucoup d'inquiétude,
La Tunisie devrait se doter d'un véritable cadre législatif, conforme aux standards internationaux, afin de soutenir le pluralisme des médias et d'assurer la liberté d'expression.
Il faaut se réjouir de l'acceptation récente par la Tunisie de 110 de ses 125 recommandations de l'ONU sur la liberté d'expression. Il s'agit là d'un pas essentiel de la transition démocratique et nous espérons que le gouvernement tunisien adoptera sans retard ces recommandations.
Le manque de transparence dans les nominations des nouveaux dirigeants des médias publics, la pénalisation du délit de diffamation ou encore la multiplication des violences faites aux journalistes en Tunisie restent très préoccupants.
Des réformes structurelles des radiodiffuseurs pour assurer l'indépendance des médias sont indispensables, mais aussi de l'internet pour éviter la censure, ainsi que toutes mesures concrètes en termes de formation des journalistes et transfert d'expertise dans le cadre de la coopération entre l'Union européenne et la Tunisie.
08:00 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tunisie
10/10/2012
De la Bastille à Bagdad en BD
Petite histoire du monde moderne (2)
De la Bastille à Bagdad
Larry Gonick
Editions "Vertige graphic"
Pas de "vertige graphique", mais des petits dessins en noir et blanc.
Comme avec le premier volume, cette vision de l'Histoire nous sort du nombrilisme français et même européen. L'Histoire du monde se déroule autour du globe, en particulier en Asie, où les relations conflictuelles entre le Japon et la Chine sont toujours d'actualité.
L'Afrique n'a droit qu'à quelques pages, mais elles dénoncent bien le système colonial.
Les inventions scientifiques ont également droit à leur chapitre.
Trois siècles en 250 pages de quelques cases, la vision est forcément réductrice. Parfois trop, comme l'analyse de la Révolution française, qui touche à la caricature.
L'auteur est plus à l'aise pour parler du libre-échangisme commercial et de ses effets, par exemple la "traite" des esclaves.
J'ai bien aimé également l'histoire de l'indépendance d'Haïti, et la lutte de Miranda pour les indépendances sud-américaines, avant San Martin et Bolivar.
Le livre se termine par le 11 septembre et la guerre d'Afghanistan.
L'ironie est toujours présente, ainsi que la volonté d'être humoristique.
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
09/10/2012
Communauté européenne du charbon et de l'acier
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, c'est autour du charbon et de l'acier que l'Europe s'est reconstruite et, lentement, s'est réconciliée.
C'est autour de la CECA, que l'Europe au fil des années a renoué avec la croissance.
C'est la sidérurgie lorraine que vous avez (notamment) achetées, Monsieur Mittal, parce que vous disiez qu'elle était à la pointe du progrès. Enfin, tout cela n'était qu'un beau discours.
C'est à Liège et à Florange que vous aviez pris des engagements... mais ce n'était finalement que des paroles en l'air et pas en fer.
Car finalement, Monsieur Mittal, vous n'aviez qu'un seul objectif: nous racheter pour nous éliminer, nous démanteler. Pourtant, partout votre porte-parole affirmait, et même au Parlement européen, qu'Arcelor Mittal était une entreprise "sociale". Saviez-vous, soit dit en passant, ce que ce qualificatif signifie vraiment?
La sidérurgie lorraine, les savoir-faire liés à ces entreprises "fleurons", les hommes et les femmes qui les font vivre et qui parfois y meurent, ne vous appartiennent pas, Monsieur Mittal. Ce ne sont ni des jouets, ni des bilboquets, ni des jokaris. Ni des kleenex.
Reprenez donc, Monsieur Mittal, vos roupies! Reprenez votre signature puisque vous avez déjà repris votre parole. Vous avez au fil de ces années, largement récupéré votre mise et empoché suffisamment de bénéfices, ne serait-ce qu'en utilisant amplement un système fiscal critiquable qui vous était favorable. Vous avez, Monsieur Mittal, bénéficié de réductions d'impôts éhontées.
Reprenez votre mise Monsieur Mittal et revendez cet outil que vous méprisez. La sidérurgie, les sites de Seraing, de Chertal et de Florange, nous appartiennent depuis bientôt deux siècles. Nous pouvons le gérer.
Nous, nous allons raviver la CECA, le Charbon et l'Acier, nous allons retourner aux bases de l'Europe et à ses racines.
Reprenez vos roupies, Monsieur Mittal, laissez-nous travailler avec les hommes et continuez à jouer au monopoly!
(Message de parlementaires européens socialistes à Mr Mittal)
15:53 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe