Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/08/2012

Strip-tease masculin

Magic Mike

 

De Steven Soderbergh

 

Avec Channing Tatum, Matthew Mc Conaughey, Alex Pettyfer, Cody Horn

 

 

Il a trente ans, il rêve de devenir créateur de meubles. Il n'arrive pas à obtenir un prêt de sa banque pour se lancer. Pour avoir trop prêté aux "subprimes", les banques sont devenues restrictives. Il n'est pas sans revenus, mais ceux-ci ne sont pas salariés.

En attendant,  il est "auto entrepreneur" : il pose des tuiles sur les toits, il lave des voitures, et surtout, il gagne bien sa vie comme stripteaseur, dans la petite ville de Tampa (Floride), en attendant la consécration à Miami.

 

Steven Soderbergh, Palme d'or à Cannes pour "Sexe, mensonges et vidéo", réalisateur, entre autres, de Kafka, Che Guevara et Erin Bockovich, nous amène dans l'univers des "Chippendales", avec comme vedette Channing Tatum, dont c'est le troisième film avec Soderbergh, et qui fut réellement stripteaseur.

 

Film sexy ? Il faudrait demander aux spectatrices, mais il faut reconnaître que les chorégraphies et les danses sont de haut niveau. Les numéros sont généralement écourtés, afin de donner du rythme au film.

 

Au delà de cette idée originale, le reste du scénario est plus quelconque : un brave gars sympathique qui va prendre sa retraite à trente ans par amour (incarnée par Cody Horn), et pour s'éloigner d'un milieu trop touché par le sexe sans amour, l'alcool et la drogue.

Moralité : il faut savoir voir les gens au delà de ce qu'ils font pour gagner leur vie...

 

Une idée de reconversion ? Puisqu'il semble que de plus en plus de retraités travaillent pour compléter leur pension ? Mes petits enfants ne semblent pas convaincus...

09:59 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

23/08/2012

C'est grâce aux hommes que la terre est belle

Géographie amoureuse du monde

 

Sylvie Brunel

 

Editions J.C. Lattès

 

 

Jamais je n'aurais pensé prendre tant de plaisir à la lecture d'un livre de géographie.

 

Je connaissais Sylvie Brunel par ses livres dénonçant le buisines humanitaire, elle qui avait longtemps été responsable de "Médecins sans frontières" puis d'"Action contre la faim".

Difficile d'ignorer qu'elle avait été l'épouse, et la mère des enfants, d'un socialiste passé chez Sarkozy.

Elle est aujourd'hui professeur à la Sorbonne (développement durable), après l'avoir été à Montpellier (géographie du développement ; j'ai épluché son livre consacré à l'Afrique, et j'en ai parlé sur ce blog).

 

C'est peut-être pour cela qu'elle commence ce livre en parlant de la Camargue ("Si la Camargue existe, c'est pour racheter Fos et La Grande Motte").

"La réinvention de la Camargue n'a pu réussir que parce que les citadins étaient avides de cultiver cet imaginaire". "La Camargue vend d'abord et avant tout du mythe parce qu'elle est d'abord et avant tout un mythe". "Il s'agit de vendre un espace présenté comme inviolé...tout en mettant en place les conditions nécessaires à l'accueil de milliers de personnes".

 

Sa démonstration est simple : non seulement l'Homme ne détruit pas la planète, mais il l'a rendu, et la rend,  habitable.

A rebours de la thèse habituelle, sa démonstration passe par l'île de Pâques. Contrairement à ce que j'ai entendu cet été à la télévision dans une émission didactique, ce ne sont pas les Pascuans qui ont rendu leur île invivable en la déboisant, mais une longue période de sécheresse suivie d'expéditions esclavagistes (péruviennes) ponctionnant la moitié de la population et introduisant sur l'île des maladies comme la tuberculose. Les Européens ont fini de dévaster le fragile écosystème en introduisant lapins et ovins.

 

Sylvie Brunel ne nie pas les problèmes : "il nous faut sans répit trouver des solutions collectives aux dysfonctionnements du monde". "L'histoire de l'humanité est celle d'une âpre lutte pour la survie". "Il n'existe pas de terre maudite. Juste des hommes qui décident ou non,  de se donner une chance de vivre mieux, ensemble sur la même planète". "Education, innovation, anticipation" sont les trois piliers qu'elle préconise, en prenant pour exemple Abou Dhabi ("le père de la gazelle") qui l'a manifestement fascinée, mais dont je ne connais malheureusement que l'aéroport...

 

Revenant de Samoa, j'ai lu avec un intérêt particulier le chapitre consacré à "la douceur et violence des îles tropicales". "L'île à cocotiers est un des produits phares de l'industrie touristique". "Les touristes croient "naturel" ce qui est en réalité le produit d'une opération volontariste de revégétalisation". La réalité est surtout faite, pour les habitants, "d'épouvantables cyclones", "violence du climat et manque de ressources". "L'isolement et l'éloignement rendent difficiles et coûteuses les activités économiques. Le marché intérieur est trop limité pour le rentabiliser".

Ressources : vendre des droits de pêche de leurs immenses Zone Economique Exclusive, vendre leurs noms de domaine Internet, vendre des pavillons de complaisance, devenir des paradis fiscaux "off shore". Les aides liées au changement climatique ont remplacé les aides coloniales puis néocoloniales. "Accuser les pays riches d'impéritie a toujours été une stratégie payante pour leur extorquer des fonds, seul change l'alibi : le climat a désormais remplacé l'impérialisme". "Les migrations séculaires, autrefois dues à la pauvreté, aujourd'hui imputées au climat". "Il existe entre les visiteurs et les visités un grand malentendu : les premiers viennent chercher ce que les seconds sont soulagés d'abandonner".

 

"Il n'y a jamais de fatalité, ni du milieu, ni des hommes. Les choix politiques et économiques déterminent l'avenir d'une nation". Sylvie Brunet donne l'exemple du Sertao, le Nord-est brésilien, semi-aride, "transformé en moins de deux décennies en un pôle de développement majeur". "La bonne gouvernance, même si ceux qui emploient cette expression y mettent une dose excessive de libéralisme : le marché et les opportunités de la mondialisation ne peuvent pas développer durablement un pays sans une vraie politique d'équité et de redistribution. L'Etat doit mener une lutte permanente contre les inégalités, porteuses de conflits sociaux". Elle salue les mesures exemplaires du Président Lula dans ce domaine, donnant un revenu minimum aux plus pauvres.

 

Concernant l'Afrique, "continent riche peuplé de pauvres",  et ses "démocratures" ("dictatures de fait revêtues des habits d'une démocratie tronquée"), "le consensus de Pékin -mieux vaut la croissance que la démocratie- a supplanté le défunt consensus de Washington". "Tout processus de croissance économique rapide creuse les inégalités lorsque la redistribution sociale n'est pas au rendez-vous". "Incorrigibles, les Occidentaux continuent de croire qu'ils savent mieux que les Africains ce qui est bon pour l'Afrique".   

 

Comme dans son livre sur l'Afrique, Sylvie Brunel termine par l'éloge du travail des paysans. "Cette nature que les citadins aiment tant est le produit de sociétés paysannes".

 

08:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

22/08/2012

Meles Zenawi, "exemplaire"

Le dictateur éthiopien Meles Zenawi vient de décéder d'une tumeur au cerveau, à l'hôpital Saint-Luc de Bruxelles.

 

Ces vingt ans de pouvoir ont été caractérisés par une répression sans faille : opposants et journalistes, éthiopiens ou étrangers,  en prison ou réduits à l'exil.

Il faudra, encore et toujours, réclamer leur libération.

 

Je connais bien Ana Gomes et Thijs Berman qui conduisaient les deux dernières missions d'observation électorale de l'Union européenne en Ethiopie.

Je me trouvais au Parlement Panafricain lorsque celui-ci entendait le rapport de ses observateurs.

A chaque fois, la conclusion était claire : les élections étaient totalement truquées. "Une farce", ai-je même entendu dire de la part des parlementaires africains, habituellement peu critiques.

Mais ni les ministres européens, ni les ministres africains n'ont osé assumer cette vérité.

Sans parler du fait que Zenawi était un protégé des Américains.

 

L'explication tient en un mot : la Somalie.

Le pouvoir somalien était à la pointe de la lutte contre les islamistes somaliens.

 

Les Occidentaux, comme Pékin, préfèrent une dictature stable à une démocratie incontrôlable. Surtout dans cette région. Le Kenya voisin a déjà exprimé sa crainte de déstabilisation. Personne ne devrait oublier  que la fin de la "guerre froide" et l'arrivée du pluralisme au début des années 90,  se sont traduites par la multiplication des guerres "civiles", dans plus de trente pays sur les cinquante de l'OUA.

 

Donc pas de pluralisme en Ethiopie ces vingt dernières années. Les mouvements issus de guérillas sont mal équipés pour la démocratie, car elle ne règne pas dans leurs rangs pendant la période de clandestinité.

Je ne connais d'exception que la SWAPO de Namibie, et l'ANC de Mandela.

 

Espérons que la mort du dictateur permettra une transition vers, enfin, des élections libres, pluralistes, transparentes, et que l'Ethiopie, enfin démocratique, sera un exemple pour l'ensemble de la Corne de l'Afrique.

10:34 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique

20/08/2012

Pussy Riots : débat en septembre au Parlement européen

"Vierge Marie debarasse nous de Poutine", cette prière faite dans des conditions provocatrices, n'a pas été exhaussée, mais elle a été sévèrement punie, de telle façon qu'il est légitime de se poser la question de l'indépendance de la justice russe, et même de la nature du régime. La Syrie étant un autre exemple. Les socialistes européens ont demandé, et vont probablement obtenir, l'inscription de ce point à l'ordre du jour de la session de septembre du Parlement européen.

16:20 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pus riots

19/08/2012

Les Ottomans assiègent Malte

 

La Religion

 

Tim Willocks

 

Pocket n°13902

 

 

 

1565, Malte

 

Lorsque les moines soldats de l’ordre des “Hospitaliers de Saint-Jean-de Jérusalem » furent chassés de Rhodes par les Turcs en 1522, Charles Quint leur donna pour asile l’île de Malte.

 

En mai 1565, 181 navires débarquent 25.000 hommes, bientôt renforcés par les troupes du Bey de Tripoli. Le siège dure plus de trois mois avant que les Ottomans ne décident de réembarquer devant l’arrivée de renforts Siciliens et Espagnols.

 

Tim Willocks, probablement avec l’exagération du romancier, mentionne la mort de 40.000 soldats ottomans. En face d’eux, de nombreux chevaliers héroïques, mais aussi la population maltaise, largement touchée.

 

Soliman, surnommé « le magnifique » par les Occidentaux, « le législateur » par les siens, ne dirigeait pas lui-même l’expédition, la Hongrie étant sa préoccupation prioritaire. Septuagénaire vieillissant, il mourra un an plus tard.

 

Cette « non-victoire » de Malte marque la fin de l’apogée de l’Empire ottoman qui contrôle alors la mer noire et une grande partie de la Méditerranée.

 

Presque 1.000 pages de batailles, d’assauts et d’héroïsme. Pour les faire passer, une histoire d’amour impossible. Un héros enlevé enfant, devenu janissaire, quittant ce corps d’élite pour revenir chez les chrétiens. Entre les deux religions et les deux cultures, il ne choisit pas. « Tous ces cultes ne cherchaient que le pouvoir et la soumission  des peuples ; baignant dans le pompe et le luxe tout en orchestrant le carnage». L’anti-héros est, bien entendu, le représentant de l’Inquisition, symbole de l’obscurantisme. Les femmes sont amoureuses, dévouées, un peu irresponsables aussi…

 

Au milieu de tant de romans consacrés, plus ou moins directement aux Templiers, en voici un dont les Hospitaliers, devenus « l’ordre de Malte », sont les héros qui se donnent pour nom, sans modestie, « la Religion ». « Plantureuse fraternité de tueurs ; des barbares du XIIe siècle munis d’armes modernes ; c’était un culte de la mort »

 

 

 

« Seul un idiot cultive un ennemi qu’il ne peut pas combattre » ; « Il vaut mieux avoir un sage comme ennemi qu’un fou comme ami »

 

« Elle était visiblement d’une haute intelligence, ce qui représentait une force érotique »

 

« Le mariage est un pacte dont seule l’entrée et gratuite »

 

 

 

 

 

11:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature