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03/09/2012

pouvoir et humour

Le roi et son bouffon

 

Pierre Kroll

 

Ses caricatures d'Albert II

 

Au centre "Wallonie Bruxelles" de Paris (en face du Centre Pompidou)

Jusqu'au 30 septembre ; entrée gratuite

Catalogue aux éditions "Renaissance du livre"

 

 

J'aime le Centre "Wallonie Bruxelles" de Paris. Pas seulement en raison de mes allers et retours entre les deux capitales. Les expositions y sont généralement intéressantes et très bien présentées. Et parfaites pour moi qui n'aime pas faire la file trop longtemps.

 

Kroll est l'alter-ego de Plantu. Même talent pour disséquer l'actualité.  En 1993 (prière de prononcer nonante trois), quand le sixième roi des Belges succède à son frère Beaudouin, Kroll le dessine couronne sur la tête mais en robe de chambre, pyjama et pantoufles, en bermuda l'été.

 

L'exposition regroupe 150 dessins incisifs qui montrent un roi que la politique belge emmerde. Mais tout le monde dans le royaume semble appréhender le jour où l'aîné de ses fils, Philippe, devra prendre la succession.

 

Des dessins moqueurs pour le roi, mais aussi pour la famille royale (la fameuse "liste civile", l'argent que la famille coûte aux contribuables), et pour le système politique belge tellement bloqué que le pays est resté plus d'un an avec un gouvernement "provisoire".

La partie "Le Roi au Congo", avec ses allusions à Tintin est particulièrement réussie.

 

Que ceux qui connaissent encore moins que moi la politique belge ne s'inquiète pas : il y a des explications pour Parisiens béotiens. Mais, en général, les dessins se suffisent à eux-mêmes !

 

 

"Le pouvoir n'a pas d'humour, sinon il ne serait pas le pouvoir

Le roi Albert a peu de pouvoir...il a donc peut-être beaucoup d'humour !"

Pierre Kroll

 

14:31 Publié dans expo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : expo, politique

02/09/2012

une enquête de M. De Mortagne, bourreau

En ce sang versé

 

Une enquête de M. De Mortagne, bourreau

 

Andrea H. Japp

 

Editions Flammarion

 

 

 

1305, environs de Nogent-le Rotrou, "enclave bretonne en Perche"

 

 

Pour celles et ceux qui ont lu "Monestarium", l'action se passe un an avant, en partie dans la même abbaye de femmes des Clairets.

 

Le Roi de France est alors Philippe le Bel, et nous ne pouvons donc échapper à quelques allusions à l'Ordre du Temple ainsi qu'aux relations entre le Roi et le Pape.

Beaucoup de références aux problèmes de vie quotidienne de l'époque : les habitudes alimentaires, la faim, la tuberculose, la mortalité infantile, et des femmes au moment de l'accouchement.

Quelques chapitres nous permettent de mieux connaître la vie du puissant conseiller du Roi, Guillaume de Nogaret, sans que cela ait une incidence sur le déroulement de l'intrigue.

 

Une moniale, d'origine noble,  a été assassinée, et l'enquête est menée par le bourreau de Nogent-le-Rotrou qui va au delà des apparences,  en se basant sur les conclusions d'un "aesculapius" déjà rencontré dans "Les mystères de Druon de Brévaux". Il constatera que les relations à l'intérieur des familles peuvent être marquées par la haine.

 

Réhabilitation du métier de bourreau, ayant plus que d'autres quelques notions anatomie,  bénéficiant à la fois de privilèges mais souffrant d'ostracisme.

 

Comme à son habitude, l'auteur nous offre en notes en bas de pages l'étymologie de mots et d'expressions venus du fond des âges.

 

 

"L'homme redoute ce qu'il ne comprend pas ou ce qui le remet face à sa faiblesse"

08:04 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

01/09/2012

On the road

Sur la route

 

Jack Kerouac

 

Nrf et Livre de poche

 

 

Le film m’a donné envie de lire le livre.

L‘écriture, hachée, sans paragraphe, avec des phrases courtes, rend bien le rythme fou, celui du jazz que l’auteur écoutait en  écrivant, sur un seul rouleau, pour ne pas perdre le fil.

 

Comme son nom l’indique, l’essentiel se passe sur la route : par des traversées incessantes d’Est en Ouest, ou inversement,  et pour finir du nord au sud vers le Mexique, en voitures, en cars,  parfois en trains, clandestinement.

Dans ces années de l’immédiat après guerre, l’avion ne s’était pas démocratisé…

A moins de bien connaître les Etats-Unis, ce qui n’est pas mon cas, une carte, avec villes et Etats, est indispensable. Mais le livre constitue un formidable témoignage sur les USA de la fin des années 40.

 

« On s’attend toujours à trouver une forme de magie, au bout de la route ».

Le but est de découvrir soi même plutôt que les Etats traversés.

 

Comme chacun sait, c’est une histoire dans laquelle certains picolent pas mal, n’hésitent pas à prendre quelques substances licites, ou non (à l’époque il était possible d’acheter de la morphine en pharmacie sans ordonnance). Au passage, ils font tomber quelques tabous sexuels, y compris homosexuels.

 

Jack admire Neal, et sa vitalité, mais ne semble pas approuver sa propension à abandonner les enfants qu’il fait aux femmes qu’il séduit. « Libération » des hommes, pendant que les femmes font le ménage et préparent les repas,  en  attendant d’être abandonnées.

« Le monde ne trouvera pas la paix tant que les hommes ne se jetteront pas aux genoux de leur femme pour lui demander pardon ».

 

Les protagonistes semblent avoir du mal à répondre à la simple question : « qu’est-ce que tu veux de la vie ? » Après avoir « accompli leur unique et noble devoir du moment : bouger ».

« Ca ne peut pas durer toujours…ce délire, ces virées aux quatre coins du pays. Il faut qu’on se range, qu’on trouve notre place ».

 

Neil finira en clochard « mystique », et Jack sera sauvé par l’écriture.

 

 

 

08:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

31/08/2012

"La Ronde" adapté au cinéma

360

 

De Fernando Meinelles

Avec Anthony Hopkins, Jude Law, Rachel Weisz, Jamel Debouze, Maria Flor

 

Inspiré de "La Ronde" (1894) d'Arthur Schwitzer

 

 

Bratislava, Vienne, Paris, Londres, Denver, Phoenix, Berlin.

 

Des femmes, et des hommes, se rencontrent, ou pas. Les couples se défont, ou pas, d'autres se forment, ou pas.

 

A chaque bifurcation de la vie, les destins se croisent, ou non. Des relations amoureuses se nouent, ou non.

 

Nos destinées sont en transit, au fil de nos voyages et des correspondances aéroportuaires.

 

Après presque deux heures de film, la frustration vient du caractère incomplet de tous ces bouts d'histoire en quête d'amour.

360 : l'impression de tourner en rond...

 

Heureusement,  les interprètes sont excellents.

 

 

08:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

30/08/2012

la Syrie sans Bachar el Assad ?

Le chemin de Damas (1)

 

Gérard De Villiers

 

SAS n°193

 

 

La thèse du romancier est surprenante : les Américains, ainsi que les Israéliens,  ne voudraient pas la chute du régime syrien, par peur des islamistes. Leur solution aurait donc été de remplacer l'actuel Président afin de mieux permettre la continuation du régime alaouite.

Comme chacun sait, SAS, commandité par la CIA,  n'est pas encore parvenu à ce résultat. Mais l'histoire n'est pas terminée...

 

"Les Américains veulent se débarrasser de Bachar el Assad pour former un gouvernement plus souple et mettre fin à la contestation. Ils ne veulent pas la chute du régime alaouite, mais un "ajustement" qui lui permettrait de durer, et d'éviter le chaos". "Qu'on lève l'état d'urgence et qu'il y ait quelques réformes".

"C'est le régime alaouite qu'il faut conserver. Sinon nous avons les Frères musulmans, et là, on ne sait pas où on va...". "Provoquer un Coup d'Etat intérieur qui permette de se débarrasser de Bachar pour que son successeur mette un peu d'eau dans son vin."

Quitte à s'appuyer sur ceux du pouvoir qui trouvent le président trop "mou"...par rapport à son père "qui avait exterminé en deux mois 20 000 islamistes, à Hama, en 1985, à l'arme lourde."

"Les Alaouites savent que, s'ils perdent, ils seront massacrés".

"Il faut éviter à tout prix une solution à la libyenne."

"Une victoire des islamistes aurait pour résultat la liquidation des chrétiens de Syrie."

La fin du régime pourrait entraîner également l'éclatement du pays. Les Alaouites se réfugiant dans leur région montagneuse adossée à la mer, les Kurdes demandant leur autonomie, comme en Irak.

 

"Israël s'accommodait parfaitement de la domination alaouite à Damas. Dans la pratique, il n'y avait jamais d'incidents de frontière. Israël considérait Bachar el Assad comme un partenaire peu sympathique, mais fiable, qui tenait son pays d'une main de fer. Les dictateurs avaient certains inconvénients, mais un véritable avantage : c'était un verrou solide. Quand ils sautent, cela peut avoir des conséquences fâcheuses".

 

De Villiers fait la confusion, probablement volontaire, entre les "Frères musulmans", les Salafistes (les musulmans qui veulent vivre comme au temps du Prophète - sauf la voiture, la télévision, le téléphone portable, l'ordinateur, etc.), et les terroristes d'Al-Qaïda, alors que les "Frères musulmans" sont combattus par Al-Qaïda. La voie terroriste contre la voie pacifiste, éventuellement électorale, comme en Egypte, au Maroc, en Tunisie... L'Arabie saoudite a cessé de financer Al-Qaïda quand les Russes ont quitté l'Afghanistan. Ben Laden a été déchu de sa nationalité saoudienne et tous ses avoirs gelés.  Réciproquement, Ben Laden n'a jamais pardonné à l'Arabie Saoudite et au Qatar d'accepter sur leur sol, terre d'Islam, des troupes occidentales composées d'"infidèles".

 

Il affirme que l'Arabie Saoudite et le Qatar financent et arment les terroristes. La vérité est que l'Arabie Saoudite finance les intégristes religieux et le Qatar les intégristes du PSG, mais en aucun cas les terroristes car ils en sont une des cibles privilégiées.

 

L'Arabie Saoudite aide les rebelles syriens par opposition à l'Iran, soutien du régime actuel.

 

Autre inexactitude quand l'auteur affirme que Chypre est "partagée entre les Turcs au Nord, et les Grecs au Sud". Les Chypriotes parlent grec dans le sud de l'île, mais ne sont pas Grecs. Le nord de l'île, où habitent traditionnellement des Chypriotes parlant majoritairement turc,   est occupé par l'armée turque qui a fait venir des colons d'Anatolie. La Turquie est le seul pays à reconnaître le nord de Chypre comme pays indépendant. Aux yeux de la communauté internationale, Chypre est donc un pays bilingue, partiellement occupé par une armée étrangère.

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, syrie