14/08/2008
L'Afrique des idées reçues
L'Afrique des idées reçues
Georges Courade
Editions Belin
Nous avons plein d'idées toute faites, reçues ou que nous pensons tirées de nos réflexions et de nos observations. Sur l'Afrique en particulier, continent pour lequel les lieux communs se multiplient, généralement dévalorisants. Ce livre en présente une cinquantaine, traitée de manière claire et rapide, par une trentaine d'auteurs spécialistes des questions soulevées. Pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin, chaque chapitre contient une biographie et une liste de sites internet où aller chercher des renseignements complémentaires.
Toutes ces "fiches" sont regroupées en cinq parties dont les titres sont emblématiques des "idées reçues" : -"L'Afrique est riche...mais les Africains dilapident les ressources" ; - "Lire le passé pour comprendre le présent et construire l'avenir" ; - "Comportements irrationnels, mentalités rétrogrades" ; - "Le progrès doit être imposé à des paysans archaïques" ; - "L'Afrique est partie...dans quelle direction ?"
Extraits
"L'inefficacité de l'aide, sous toutes ses formes, est aujourd'hui patente" ; "L'image dévalorisante de l'Afrique est diffusée dans le sous continent lui même" ; "80% des revenus nigérians ne bénéficient qu'à 1% de la population"
"La fuite des capitaux privés (285 milliards de $) doit être comparée à la dette externe (178 milliards)" "70% du patrimoine privé est placé hors du pays"
"Un enfant sur deux, privé de scolarité et de loisirs, est forcé de travailler"
"L'ethnie est d'abord un sentiment d'appartenance, conforté par le regard des autres. La modernité brasse les peuples ; c'est dans le sang que se construisent les identités collectives." "Les conflits africains récents se sont construits sur des conditions économiques extrêmement dégradées et des Etats déliquescents"
"L'Afrique compte 1/3 des réfugiés et la ½ des conflits dans le monde" "Ce ne sont pas les frontières qui posent problème, mais l'Etat dans sa capacité à intégrer diverses populations" "L'homme qui a plusieurs femmes ne dort jamais affamé"
"On oblige l'homme à dépenser pour limiter le nombre des co-épouses"
"Les anciens, auréolés de sagesse ou investis de pouvoirs occultes, sont à la fois admirés et craints"
"La réduction des inégalités et la lutte contre la pauvreté passent certainement par la confrontation avec le réel"
Idées reçues ? Valables ou dépassées ? Les réponses sont dans le livre...
07:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, livre
13/08/2008
Russie : jusqu'où ?
1938 :
15 septembre : L'Allemagne exige la cession immédiate des territoires comptant plus de 50% d'Allemands
Aujourd'hui : la Russie distribue des passeports russes aux habitants des régions séparatistes de Georgie
26 septembre : Hitler affirme que le pays des Sudètes, en Tchécoslovaquie, est sa dernière revendication territoriale.
Aujourd'hui : le gouvernement russe affirme qu'un "coup fatal a été porté à l'intégrité terrioriale de la Georgie".
30 septembre : accords de Munich : démembrement de la Tchécoslovaquie + annonce d'un référendum pour demander leur avis aux habitants (référendum qui ne sera jamais organisé)
Aujourd'hui : les Russes ont organisé un référendum, non reconnu par la communauté internationale + Ossétie et l'Abkhazie, de facto, ne font plus partie de la Georgie
A partir d'octobre : le gouvernement allemand ne reconnait pas le gouvernement tchèque comme légitime
Aujourd'hui : le gouvernement russe ne considère pas le gouvernement georgien comme un interlocuteur valable
1939 :
15 mars : les troupes allemandes occupent Prague
1er septembre : les troupes allemandes envahissent la Pologne
Demain ?
Lors de la dernière réunion de l'OTAN, il a été décidé, sur proposition du gouvernement français, de reporter l'examen de la candidature de la Georgie : 2 questions :
a) n'est ce pas pour cela que la Russie s'est considérée comme autorisée à envahir et occuper une partie du territoire géorgien ?
b) la meilleure réponse pour signifier qu'une ligne rouge a été franchie, ne consisterait-il pas à entamer sans tarder les négociations pour l'adhésion de la Georgà l'OTAN ?
Dans un monde idéal, probablement, mais quand les pays de l'Union européenne dépendent à 80% de la Russie pour leur approvisionnement en gaz ?
10:09 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, georgie
12/08/2008
L'assassinat raté de georges Frêche
Alain Rollat
Editions Singulières
Ce livre ne s'adresse pas spécialement aux habitants de Montpellier et de ses environs.
A partir du cas de Georges Frêche, ancien maire et président de l'agglomération, et du conseil régional de "Septimanie", l'auteur, journaliste, ancien du Monde et de Midi Libre, fondateur de "la Gazette de Sète", démonte comment fonctionne les médias.
Un mécanisme qui devrait être étudié dans tous les cours de déontologie des écoles de journalisme ("L'information que le journaliste digne de ce nom doit au public n'est pas un produit marchand mais un bien social").
Une démonstration qui nous sert de "vaccin" de rappel pour relativiser la "vérité" journalistique ("Le temps des médias n'est pas celui de la connaissance" ; "On ne rencontre jamais, nulle par, aucune vérité absolue"; "On ne transmet plus une information, on exprime une émotion").
Georges Frêche est un potentat local, féodal, et qui se comporte comme tel.
Intellectuel brillant, politicien ambitieux, il a arraché, avant d'avoir 40 ans, la ville de Montpellier à la Droite, à la surprise générale, lui a donné une image de "surdouée". Elle a, avec Toulouse, le plus fort taux d'expansion. Frêche est un bâtisseur flamboyant qui n'a jamais manqué de projets pour sa ville et au delà ("Il suffit de comparer la Montpellier d'aujourd'hui à la Montpellier d'avant Frêche" ; "Montpellier est un chantier dont son maire serait le bulldozer").
Fort en gueule, les médias l'ont lynché et lui ont collé l'étiquette infamante du racisme.
Alain Rollat décrypte dans ce livre, à partir du cas de Frêche, les mécanismes des relations entre politique et journalisme.
L'étude de cas commence avec l'affaire des "harkis", ou plutôt ceux d'entre eux que Frêche traite de "sous-hommes". C'est un mot déplacé, mais "il est parfaitement clair que les propos ne visent pas les anciens harkis en général, en tant que communauté, leur appartenance à une race ou une religion (comme si les harkis, anciens militaires relevaient d'une ethnie, une race ou une religion), mais simplement ses deux ou trois contradicteurs venus le provoquer".
"Si tu traites un type de connard et qu'il est noir, tu ne traites pas les Noirs de connards pour autant".
L'affaire est montée en épingle par le quotidien local "Midi Libre", en conflit ouvert avec Frêche depuis que celui-ci a décidé de couper publicités et annonces légales suite à un article qui lui a déplu.
Le Monde, quotidien de référence, est alors propriétaire de Midi Libre, et tous les articles concernant la vie locale proviennent de Midi Libre.
Pour Alain Rollat, il s'agit clairement de "représailles concertées", mais "la vérité, la vraie vérité n'intéressait personne"."Il était devenu médiatiquement incorrect de ne pas participer à l'hallali". "Midi Libre a préféré la loi du talion à celle de la vérité" ; "les lecteurs du Monde ont avalé, à leur insu, le faux témoignage de Midi Libre". Et à partir du moment où "l'affaire" été reprise par la télévision...
C'est dans ce contexte qu'il parle, à propos des mauvais résultats de l'équipe de Montpellier, de la composition de l'équipe de France de foot : "Dans cette équipe, il y a neuf Blacks sur onze. Qu'il y en ait trois ou quatre serait le reflet de la société. S'il y en a autant, c'est parce que les blancs sont nuls". La justice a relaxé Frêche des accusations de racisme. Et pourtant, comme l'a noté ironiquement Le Pen, le racisme anti-blanc est évident.
Sommé de s'expliquer il s'enfonce : "les compatriotes dont j'ai parlé (pas les Blancs) ont une rage de vaincre qui les honore. Ils sont souvent ceux qui se battent le plus pour réussir. Ils en veulent. Ils utilisent le foot pour la promotion sociale et c'est très bien pour eux.
"L'équation Frêche = Le Pen ne résiste pas un instant au révélateur du bilan des actes de GF : urbanisme, logement, éducation, sécurité, loisirs, culture, sport, basés sur un objectif clair : l'intégration passe par une politique laïque, cohérente et volontariste."
40% des logements d'Antigone sont des HLM semblables aux autres logements de ce quartier proche du centre, imaginé par Ricardo Bofill. "L'homme politique digne de ce nom s'incarne dans son œuvre".
Mais "on est toujours, quelque part, responsable des inimitiés qu'on suscite" et "on ne recourt pas impunément à la violence verbale"."Il faudrait que quelqu'un se dévoue pour expliquer à GF que la politique consiste à peser ses mots".
Citation
"Partout sont à craindre la ruse, les embûches, la perfidie". Quintus Cicéron
08:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, politique
10/08/2008
Droit des peuples à disposer d'eux mêmes ?
Droit des peuples à disposer d'eux mêmes ; intangibilité des frontières : 2 grands principes dont personne n'a que faire en ce moment
Si la Russie était en faveur du premier, les Tchéchénes seraient heureux del'apprendre.
Si les Amércains étaient tellement soucieux du second, cela ferait plaisir à Staline, responsable des frontières actuelles du Caucase, comme Tito était responsablle des frontières internes de la Yougoslavie.
Comme en Chine le vide idéoligique post-communiste a été rempli par le nationalisme.
Le communisme a disparu reste l'impérialisme, qu'il soit russe, chinois...ou américain .
Une seule certitude : l'Union européenne va payer les frais de la crise humanitaire et une partie de la reconstruction, sans avoir son mot politique à dire...
15:09 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ossétie
09/08/2008
Un homme
Philip Roth
Editions nrf Gallimard
Un homme, un homme parmi tant d'autres.
Un livre qui commence par son enterrement et se termine par son décès.
Un homme qui mène une vie saine ("avec l'hygiène de vie qu'il pratiquait depuis toujours, l'idée qu'il puisse être candidat au pontage coronarien lui paraissait saugrenue"), que la maladie accable sur ses vieux jours ("65 ans, sa santé le lâchait, son corps semblait en péril permanent"), tandis qu'il voit ami(e)s et anciens collègues disparaitre.
Une vie qui se termine par la seule expérience qui nous soit commune : la mort ("oublier que nous sommes nés pour vivre, nous qui mourrons pourtant").
Un livre à interdire au plus de 65 ans !
Extraits :
"Il lui fallait désormais déployer des trésors de ruses pour faire échec à l'obsession de sa propre mort" ; "échapper à la mort semblait devenir la grande affaire de sa vie, qui se résumait désormais à l'histoire de son déclin physique" ; "La vieillesse est une bataille" ;
"L'inévitable siège que l'homme doit soutenir en fin de vie, ce n'est pas une bataille, c'est un massacre"
"Il était taraudé par le sentiment qu'il amorçait la dernière ligne droite"
"Jours sans but et nuits incertaines, témoins de sa dégradation physique irréversible, l'attente de celui qui n'a rien à attendre"
"Contrairement à lui, beaucoup étaient capables d'entretenir toute une conversation sur le chapitre de leurs petits enfants et, qui plus est, de trouver dans l'existence de ces petits-enfants des raisons d'exister eux mêmes".
"On ne peut pas réécrire l'Histoire. Il faut tenir et prendre la vie comme elle vient".
"Faire son testament, c'est peut-être la meilleure contrepartie de la vieillesse, voire de la mortalité"
"Penche toi sur ton passé, répare ce que tu peux réparer, et tâche de profiter de ce qui te reste"
"On a beau s'y attendre, on est jamais prêt"
"L'expérience la plus intense, la plus perturbante de la vie, c'est la mort. Une fois qu'on a goûté à la vie, la mort ne paraît même pas naturelle"
"Chaque chose en son temps. Laisse moi d'abord mourir, si tu veux que je t'aide à supporter ton chagrin"
08:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature