21/12/2010
la dernière campagne de Septiman 1er
Journal d'une curée de campagne Gérard Laudinas Editions "Au diable Vauvert" La campagne en question est celle de Georges Frêche, Président de la Région Languedoc Roussillon, pour sa réélection. Gérard Laudinas a suivi cette campagne pour le compte du quotidien languedocien Midi libre. Ce petit livre est publié par les éditions "Au diable Vauvert", situées, comme son nom le laisse deviner à Vauvert, dans le Gard. Elles sont dirigées par Huguette Bouchardeau, ancienne ministre, ancienne responsable nationale du PSU, que les moins de 30 ne peuvent connaître que par les livres d'histoire contemporaine. La démonstration de Laudinas est simple : l'affrontement Aubry / Frêche était un échange "gagnant / gagnant" : Aubry se donnait une image morale, et Frêche pouvait jouer les victimes du parisianisme, rejouer le midi opprimé par les nouveaux Simon de Montfort. Solidariser autour de lui tous ces Méridionaux qui n'ont rien oublié du martyr des Cathares et des Camisards. "Ce midi rouge, "terre d'honneur et de résistance". Au fil des pages, on découvre quelques uns des qualificatifs attribués à Georges 1er, l'ancien maire de Montpellier, "diplômée de la faculté de l'embarras et de l'embrouille", ce "fripon anarcho-libertaire", "Septiman 1er", "Néron de feu Septimanie", Président Maximo, "tête de gondole de la politique discount, qui écrase jusqu'au prix de vertu", "au lit comme à table, un cochon", "gourou d'une secte", "parrain ayant érigé un système mafieux organisé autour du mensonge, de la menace et de l'achat de conscience", "incorrigible despote, cruel et dominateur", "belle vitrine sans rien dans le magasin", "puits de sciences sans conscience", "mégalomaniaque", "grosse Bertha de l'argot politique" Laudinas, journaliste expérimenté, aurait, quand même du faire attention à quelques erreurs, par exemple : - Ce n'était pas Fabius, mais Rocard qui était Premier ministre au moment du congrès de Rennes ; - C'est après le congrès de Reims et non d'Arras qu'Aubry est devenue Première secrétaire du PS (je n'ai aucun souvenir d'un congrès à Arras depuis au moins 40 ans) - Lors des dernières élections européennes la liste Sud-ouest n'était pas conduite par Gilles Savary, mais par Kader Arif. Florilège de citations : "On peut tout entendre, quand on est convaincu que celui que le dit n'en pense pas un traître mot" "Il y a un temps pour s'écharper, puis pour se battre et gagner" "En politique, il faut toujours avoir un coup d'avance, et préparer, même dans la défaite, la victoire à venir" "C'est à la fin de la foire que l'on comptera les bouses" "La provocation est une façon de remettre la réalité sur ses pieds" (Brecht) "Un marxiste ne vient au monde que pour foutre le bordel" (Ernesto Che Guevarra) "Si les hommes savaient ce qu'ils disent les uns des autres, il n'y aurait pas quatre amis au monde" (Blaise Pascal) "Quand à moi je marche, empanaché d'indépendance et de franchise" (Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac") "On ne peut pas faire pousser les fleurs en leur tirant dessus" (Vaclav Havel) "La morale n'est qu'une faiblesse de la cervelle" (Arthur Rimbaud) "En politique, le plus important ce n'est pas l'instant, mais la trajectoire et le sens" (Jean Jaurès) "Qui ferme la bouche ne montre pas les dents" "Quand on se fout de la morale, le moral est ailleurs" (Albert Willemetz) "En persévérant dans sa folie on devient sage" (William Blake) "En politique il n'y a pas de traîtres, il n'y a que des perdants" (André Therive)
07:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
23/11/2010
Sarkozy et la Méditerranée
Echec du (co) Président de toute la Méditerranée
Les médias français sont très discrets sur la situation d'échec grave dans laquelle se trouve l'Union pour la Méditerranée, voulue et lancée par notre glorieux Président, à grands renforts de trompettes de la renommée, en 2008.
Reporté de juin à novembre, le second Sommet a été, sinon annulé, du moins "reporté sine die" et devrait se tenir "dans les prochains mois".
Remplaçant le "Processus de Barcelone", lancé en 1995, l'"Union pour la Méditerranée", qui voulait faire beaucoup mieux et beaucoup plus, souffre, depuis sa naissance, il y a deux ans, de par la volonté de l'actuel Président du G 20, de malformations congénitales, et d'un constat désolant de carences et d'anémie.
Sur la rive sud, le mot "Union" ne veut pas dire grand chose, et pas seulement à cause d'Israël, même si cela joue beaucoup. Pas d'union, ni entre pays de la rive sud, ni avec les pays de la rive nord.
Sur la rive nord, la question se pose naturellement de la place de l'Union européenne dans le dispositif. Le budget européen fournit la moitié du budget prévu de l'UpM.
Impossible donc de s'en tenir à la vision purement intergouvernementale et méditerranéenne prônée au démarrage. C'est ainsi que la Finlande, la Pologne, l'Irlande et les autres se trouvent membres de l'Union pour la Méditerranée.
Impossible également de s'accrocher à la coprésidence prise par Sarkozy en 2008, quand la France assurait la présidence tournante semestrielle de l'Union européenne.
Impossible de continuer à ignorer la politique extérieure de l'Union européenne prévue dans le Traité de Lisbonne, et qui, difficilement, se met en place.
Le resserrement des liens entre les deux rives de notre "mer commune" est indispensable, et la coopération vitale pour notre futur commun.
Il semble donc indispensable que Sarkozy cesse de se rêver en sauveur du monde, en voulant utiliser l'Union pour la Méditerranée pour jouer un rôle dans le processus de paix au Moyen-Orient.
L'Union pour la Méditerranée ne peut exister que si elle passe au dessus de ces problèmes pour réaliser des programmes concrets, plus ou moins importants, ou limités, en fonction des ressources mises dans le pot commun, dans des domaines moins glorieux que la guerre et la paix mais très concrets comme, par exemple, la sauvegarde de la mer, la coopération énergétique, la protection civile, la gestion des migrations...
N'est-ce pas cette démarche très concrète qui a permis la construction de l'Union européenne ?
08:49 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
17/11/2010
Le Monde diplomatique en BD
Le monde diplomatique
en bande dessinée
Initiative intéressante du mensuel "le Monde diplomatique" de paraître en bande dessinée.
14 auteurs, une centaine de pages de bandes dessinées politiques essentiellement internationales.
Il y a même un "roman photos" assez réussi.
Il y a des choses que j'ai aimées, d'autres moins.
Je préfère la "ligne claire" et je n'aime pas quand de rares dessins sont noyés dans des textes quasi illisibles.
L'ensemble est assez sombre, y compris les "planches" en couleurs.
L'éditorial nous explique que le choix de passer à la BD se justifie parce que "c'est déprimant à la longue, toutes ces injustices, ces conflits sans issue, ce capitalisme outrancier qui semble n'offrir aucune place à des alternatives politiques".
De passer à la BD ne change manifestement rien, pour l'instant, à la ligne éditoriale du Monde diplomatique, et demeure le reproche qui peut être fait à la version de ces dernières années : critiques déprimantes, parfois outrancières, aucune alternative politique, porteuse d'espoirs, crédible !
J'espère que la BD permettra, au moins, l'introduction d'un zeste d'humour. Dans ce numéro, on le trouve à dose homéopathique...
Conclusion : expérience intéressante qui mérite d'être suivie.
10:23 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, bd
11/11/2010
Mario Vargas Llosa contre les utopies politiques en Amérique latine
Rêve et réalité de l'Amérique latine
Avant de se voir décerner le Prix Nobel de littérature, Mario Vargas Llosa a écrit, pour la revue "Problèmes d'Amérique latine", un article dans lequel il fustige les fantasmes projetés par les Européens sur l'Amérique latine. "L'Amérique latine est une réalité fictive sur laquelle ils reportent leurs utopies frustrées".
A commencer par les rêves des "conquistadors" : "ce qui était impossible dans l'Ancien Monde devenait possible", l'El Dorado !
Fantasmes de révolution, par procuration, réveillés par Cuba, "dictature qui a le privilège d'être la plus longue de celles qu'a connues l'Amérique latine". "Pourquoi ce qui est mauvais pour les Européens serait-il bon pour les Latino-Américains ?". "Avec "la mentalité des anciens colonisateurs pour lesquels l'Amérique latine n'était pas une réalité, mais une fiction".
"En matière politique, à la différence de ce qui se passe dans le monde artistique et littéraire, il convient de distinguer très clairement la réalité de la fiction." "La confusion de la réalité et de la fiction a toujours eu des conséquences tragiques pour l'humanité".
Il dénonce ces "écrivains et artistes occidentaux qui, déçus par leur propre culture, partirent à la recherche d'autres plus à même de satisfaire leurs appétits d'exotisme, de primitivisme, de magie, d'irrationalité et d'innocence, et qui firent de l'Amérique latine la cible de leurs utopies". "L'Amérique latine ne paraît avoir d'autre raison d'être que de servir de scène à leurs chimères romantiques."
Il trouve particulièrement dangereuse "la guerre des races que certains progressistes irresponsables utilisent pour faire de l'agitation et de la propagande".
"Que l'utopie se cantonne à notre littérature et à nos arts !"
Dans le domaine politique et social, "seule la vision réaliste - le pragmatisme de ce qui est possible dans un cadre où coexistent la légalité et la liberté - amène le progrès et la prospérité."
"Nous avons besoin de créer un monde où le bonheur ne s'atteint pas en niant la réalité, ni en se réfugiant dans le rêve et la fiction, mais en regardant la vie réelle en face".
Dans le même numéro de la revue "Problèmes d'Amérique latine", un article de Gilles Bataillon, directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes et Sciences Sociales, qui s'attaque au mythe de "Che" Guevara qui "incarne la figure du héros révolutionnaire", mais que l'article montre comme "au premier chef, le théoricien du pouvoir absolu de Castro", "apologiste du pouvoir de l'égocrate".
08:15 Publié dans Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
05/10/2010
Une histoire abracadabrantesque
Une histoire abracadabrantesque
Abécédaire de la Ve république
Marie-France Lavarini et Jean-Yves Lhomeau
Editions Calmann-Lévy
Tout le monde se souvient de cet adjectif abracadabrantesque sorti par Jacques Chirac pour se disculper d'une accusation de financement illégal de son parti.
Les grands hommes politiques sont des spécialistes de ces mots, ces petites phrases, éventuellement ciselées par d'autres, qui frappent, et qui passent à la postérité.
Les deux auteurs nous en livrent un florilège, en les replaçant dans leur contexte, depuis le "Je vous ai compris" du général De Gaulle à Alger, jusqu'à la "racaille" passée au "Karcher" de Sarkozy, en passant par la "bravitude" de Ségolène, le "mammouth" de Claude Allègre, le "big bang" de Rocard, "Responsable, pas coupable" de Georgina, la "Rolex" de Séguéla, etc. Il y en a 300 pages comme ça !
Mais pourquoi avoir classé tous ces mots par ordre alphabétique, ce qui nous amène à des allers et retours constants à l'intérieur de l'histoire de la Ve république ?
J'aurais préféré un ordre chronologique, éventuellement thématique.
J'ai bien connu Marie-France Lavarini : elle était l'assistante de Lionel rue de Solférino de 1981 à 1988. Je sais qu'après elle a été l'assistante d'Anne Sinclair sur TF1. Elle est aujourd'hui "consultante".
Jean-Yves Lhomeau a été chef du service politique du Monde, puis de Libération.
Ils sont tous les deux parfaitement qualifiés pour éclairer ces mots inoubliables, parfois pourtant oubliés, et qu'ils nous rappellent.
"La peur de l'électeur est le début de la sagesse" Charles Pasqua
"Il y a deux bourgeoisies. La bourgeoisie d'argent, qui lit Le Figaro, et la bourgeoisie intellectuelle, qui lit Le Monde. Les deux font la paire et s'entendent pour se partager le pouvoir." Charles De Gaulle
"Une dictature militaire, c'est un régime où les officiers s'emparent du pouvoir avec regret, et le quittent avec plus de regrets encore" Castelo Branco, Président brésilien au général De Gaulle.
"Si vous tenez un discours nuancé, vous ne pesez rien" Claude Allègre
"On ne fait pas campagne avec un rétroviseur" Lionel Jospin
"Je me sens responsable de tout" Nicolas Sarkozy
"Le gouvernement détermine sa politique indépendamment de la longueur des cortèges" Raymond Barre
"Les traités sont comme les jeunes filles, et comme les roses : ça dure ce que ça dure !" Charles De Gaulle
"Le plus court chemin d'un point à un autre, c'est le bonheur d'une journée" Paul Fort
09:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique