09/01/2014
Nouvelle biographie de Staline
De Robert Service
Éditions Perrin
Nouvelle biographie, remplie d'anecdotes, sur la vie de Joseph Djougachvili, par un professeur de la célèbre université d'Oxford.
Selon lui, le jeune Joseph n'a pas été exclu du séminaire. Il est parti de lui-même, la veille des examens, car il ne voulait pas devenir prêtre. Pour lui, comme pour tous les petits pauvres, le séminaire était la seule possibilité d'avoir accès à l'enseignement.
Devenu militant à plein temps, de quoi le jeune révolutionnaire a-t-il vécu, quand il n'était pas condamné à l'exil en Sibérie ? L'auteur rappelle que jusqu'au cinquième Congrès du parti, celui-ci admettait la "réappropriation", et donc les attaques de banques. Celui qui n'était pas encore "Staline" aurait probablement ignoré la nouvelle ligne du parti pour continuer à organiser des actions rémunératrices...
Staline malheureux en amour, puisque sa première épouse meurt de leucémie peu de temps après leur mariage. La seconde se suicide, déprimée d'être délaissée par son mari. Staline mauvais mari et mauvais père, souvent fâché avec ses enfants.
La mise en place du "stalinisme" en 1928, la "grande terreur" de 1936 à 1938, les nouvelles purges après la seconde guerre mondiale.
En historien Robert Service pose la question de l'homme et du système. Il rappelle qu'à partir de 1924 (mort de Lénine) Staline parvient au pouvoir suprême en s'appuyant sur les uns contre les autres. Il peut le faire parce qu'il apparaît comme le moins dangereux, le plus "ouvert".
Selon l'auteur, même si Staline avait des dispositions de caractère le prédisposant à la dictature, le système lui a permis de développer son goût de la vengeance et sa paranoïa. Paranoïa obligée, puisque le système n'est pas basé sur le soutien du peuple, mais sur la contrainte. La terreur a commencé dès la guerre civile qui a permis aux bolchéviques de s'emparer du pouvoir. Trotski, dont Service a également écrit une biographie, était aussi violent et sanguinaire que Staline. La preuve par Cronstadt. Lénine n'a jamais prétendu mettre en place autre chose qu'un système dirigé, d'une main de fer, par une avant-garde "éclairée". Lénine a proposé Staline pour le Comité central, puis au Politburo, puis comme Secrétaire général (système de cooptation qui règne encore largement dans les partis politiques français). Lénine s'inquiétait, un peu tard : "Staline a concentré entre ses mains un pouvoir sans limites, et je ne suis pas sûr qu'il saura toujours en user à bon escient". Comme l'expliquait déjà Montesquieu, seuls des contre-pouvoirs limitent le pouvoir absolu. Et le système bolchévique en était singulièrement dépourvu.
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08/01/2014
Liberté d'expression, et ses limites
Parler de liberté d'expression amène immanquablement à Dieudonné.
Quelle formidable publicité de la part des médias depuis plusieurs semaines !
Noyé aux milieux des tribunes de presse, j'ai voulu me rendre compte par moi-même sur "You tube". Je ne sais pas s'il touche des royalties sur ces extraits, mais j'ai été impressionné par le compteur : des centaines de milliers !
De ce que j'ai vu, une conclusion s'impose : ce garçon est obsédé par Israël.
Être anti-sioniste n'est pas un problème : il y a même des rabbins qui le sont.
De là à dire que la France est aux ordres de l'Etat d'Israël...
Regretter que les chambres à gaz n'existent plus, n'a rien à voir avec l'anti-sionisme.
Peut-on rire de la Shoah ? Demandez aux Rwandais ce qu'ils pensent des plaisanteries concernant les massacres qu'ils ont vécus...
Dieudonné est-il anti-sémite ? Aux juges de se prononcer !
Faut-il interdire ses spectacles ? Comme Guy Bedos, cela me gêne. Qu'il s'exprime, et qu'il soit sanctionné s'il enfreint la loi.
Comme presque tout le monde, je n'avais aucune idée de ce que pouvait être une "quenelle", sauf de Lyon ou à la sauce Nantua (pas ma gastronomie lyonnaise préférée...). Aujourd'hui, il me paraît clair qu'elle va devenir le signe de ralliement de tous les provocateurs. La preuve par Anelka. Les enseignants des lycées, et même peut-être des collèges risquent de vivre des moments difficiles dans les jours à venir...
08:15 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dieudonné
07/01/2014
Dessins pour la liberté de la presse
100 dessins de "Cartooning for peace"
Pour la liberté de la presse
Edité par "Reporters sans frontières"
J'ai déjà parlé à plusieurs occasions de "Cartooning for peace", l'association, fondée par Plantu, de dessinateurs de presse du monde entier. Certains d'entre eux sont en butte à la censure.
Je parle régulièrement de publication de "reporters sans frontières". Jusqu'à présent des albums de "100 photos".
La jonction des deux est particulièrement réussie.
Avec Plantu, et quelques autres Français, Heng de Singapour, sur le régime chinois, le fantastique belge Kroll, dont j'ai déjà parlé, Kichka, assez critique envers le régime israélien, les Suisses Chapatte, Mix et Remix, l'Algérien Dilem, Willis from Tunis, Glez du Burkina Faso. Et plein d'autres encore. Il y a même un Iranien !
Les écoutes des Européens par la NSA américaine sont le sujet de quelques dessins justement satiriques.
Un album incontestablement drôle et intelligent.
"Cartooning for peace" organise, avec le Conseil général de l'Hérault, un festival du dessin de presse. Malheureusement, je ne pourrais probablement pas être à Montpellier pour la deuxième édition, consacrée aux femmes, les 5 et 6 avril.
09:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
04/01/2014
Rescapés des années de plomb
L’évasion
Dominique Manotti
Série noire
Historienne de formation, et militante de gauche, Dominique Manotti écrit, depuis dix ans, des romans policiers ancrés dans l’actualité politique.
Dans « l’évasion » elle évoque les « années de plomb ». Des centaines de victimes du terrorisme en Italie, de 1969 à 1976. Certains protagonistes avaient trouvé refuge dans la France de François Mitterrand. « L’exil fabrique des mythomanes et des paranoïaques ».
Elle rappelle que c’est l’extrême droite qui a fait exploser la première bombe, en 1969, à Milan, faisant dix-sept morts et des dizaines de blessés. Personne n’a jamais été condamné.
Elle raconte également la création romanesque à partir de la réalité, vécue, ou imaginée. « Ecrire est devenu, sans que je l’aie décidé, le seul moyen de survivre. »
« Un pays qui occulte son histoire pourrit de l’intérieur ».
17:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
03/01/2014
Enquête policière très politique
Zulu (le film) De Jérôme Salle Avec Forest Whitaker, Orlando Bloom Deux flics, un noir et un blanc, les excellent Forest Whitaker et Orlando Bloom, enquêtent sur l'assassinat sauvage d'une étudiante, fille d'un ancien international de rugby. Particularité qui change tout : l'action se passe au Cap dans l'Afrique du Sud postapartheid. Les relations entre le capitaine noir et son adjoint blanc ne sont donc pas neutres, non plus qu'avec le super-chef qui l'était déjà au temps de la domination blanche. La politique n'est pas seulement à l'arrière-plan de l'enquête policière : elle en est un des éléments essentiels. Le film nous emmène aussi bien dans les luxueuses villas que dans les bidonvilles. Comme l'écrit Caryl Ferey : "l'apartheid aujourd'hui n'est plus politique mais social". Seulement en Afrique du Sud ? En 2009, j'avais parlé dans mon blog du livre de Caryl Ferey dont le film est inspiré. Livre qui avait reçu de nombreux prix, dont celui de "Quai du polar" et le "Grand prix de littérature policière". Les scènes de violences contenues dans le livre deviennent insoutenables à l'écran. Le décès de Nelson Mandela donne une dimension particulière à la problématique de la Vérité et de la Réconciliation...et donc à l'impunité de certaines crapules.
09:23 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma