22/08/2012
Meles Zenawi, "exemplaire"
Le dictateur éthiopien Meles Zenawi vient de décéder d'une tumeur au cerveau, à l'hôpital Saint-Luc de Bruxelles.
Ces vingt ans de pouvoir ont été caractérisés par une répression sans faille : opposants et journalistes, éthiopiens ou étrangers, en prison ou réduits à l'exil.
Il faudra, encore et toujours, réclamer leur libération.
Je connais bien Ana Gomes et Thijs Berman qui conduisaient les deux dernières missions d'observation électorale de l'Union européenne en Ethiopie.
Je me trouvais au Parlement Panafricain lorsque celui-ci entendait le rapport de ses observateurs.
A chaque fois, la conclusion était claire : les élections étaient totalement truquées. "Une farce", ai-je même entendu dire de la part des parlementaires africains, habituellement peu critiques.
Mais ni les ministres européens, ni les ministres africains n'ont osé assumer cette vérité.
Sans parler du fait que Zenawi était un protégé des Américains.
L'explication tient en un mot : la Somalie.
Le pouvoir somalien était à la pointe de la lutte contre les islamistes somaliens.
Les Occidentaux, comme Pékin, préfèrent une dictature stable à une démocratie incontrôlable. Surtout dans cette région. Le Kenya voisin a déjà exprimé sa crainte de déstabilisation. Personne ne devrait oublier que la fin de la "guerre froide" et l'arrivée du pluralisme au début des années 90, se sont traduites par la multiplication des guerres "civiles", dans plus de trente pays sur les cinquante de l'OUA.
Donc pas de pluralisme en Ethiopie ces vingt dernières années. Les mouvements issus de guérillas sont mal équipés pour la démocratie, car elle ne règne pas dans leurs rangs pendant la période de clandestinité.
Je ne connais d'exception que la SWAPO de Namibie, et l'ANC de Mandela.
Espérons que la mort du dictateur permettra une transition vers, enfin, des élections libres, pluralistes, transparentes, et que l'Ethiopie, enfin démocratique, sera un exemple pour l'ensemble de la Corne de l'Afrique.
10:34 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique
20/08/2012
Pussy Riots : débat en septembre au Parlement européen
"Vierge Marie debarasse nous de Poutine", cette prière faite dans des conditions provocatrices, n'a pas été exhaussée, mais elle a été sévèrement punie, de telle façon qu'il est légitime de se poser la question de l'indépendance de la justice russe, et même de la nature du régime. La Syrie étant un autre exemple. Les socialistes européens ont demandé, et vont probablement obtenir, l'inscription de ce point à l'ordre du jour de la session de septembre du Parlement européen.
16:20 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pus riots
19/08/2012
Les Ottomans assiègent Malte
La Religion
Tim Willocks
Pocket n°13902
1565, Malte
Lorsque les moines soldats de l’ordre des “Hospitaliers de Saint-Jean-de Jérusalem » furent chassés de Rhodes par les Turcs en 1522, Charles Quint leur donna pour asile l’île de Malte.
En mai 1565, 181 navires débarquent 25.000 hommes, bientôt renforcés par les troupes du Bey de Tripoli. Le siège dure plus de trois mois avant que les Ottomans ne décident de réembarquer devant l’arrivée de renforts Siciliens et Espagnols.
Tim Willocks, probablement avec l’exagération du romancier, mentionne la mort de 40.000 soldats ottomans. En face d’eux, de nombreux chevaliers héroïques, mais aussi la population maltaise, largement touchée.
Soliman, surnommé « le magnifique » par les Occidentaux, « le législateur » par les siens, ne dirigeait pas lui-même l’expédition, la Hongrie étant sa préoccupation prioritaire. Septuagénaire vieillissant, il mourra un an plus tard.
Cette « non-victoire » de Malte marque la fin de l’apogée de l’Empire ottoman qui contrôle alors la mer noire et une grande partie de la Méditerranée.
Presque 1.000 pages de batailles, d’assauts et d’héroïsme. Pour les faire passer, une histoire d’amour impossible. Un héros enlevé enfant, devenu janissaire, quittant ce corps d’élite pour revenir chez les chrétiens. Entre les deux religions et les deux cultures, il ne choisit pas. « Tous ces cultes ne cherchaient que le pouvoir et la soumission des peuples ; baignant dans le pompe et le luxe tout en orchestrant le carnage». L’anti-héros est, bien entendu, le représentant de l’Inquisition, symbole de l’obscurantisme. Les femmes sont amoureuses, dévouées, un peu irresponsables aussi…
Au milieu de tant de romans consacrés, plus ou moins directement aux Templiers, en voici un dont les Hospitaliers, devenus « l’ordre de Malte », sont les héros qui se donnent pour nom, sans modestie, « la Religion ». « Plantureuse fraternité de tueurs ; des barbares du XIIe siècle munis d’armes modernes ; c’était un culte de la mort »
« Seul un idiot cultive un ennemi qu’il ne peut pas combattre » ; « Il vaut mieux avoir un sage comme ennemi qu’un fou comme ami »
« Elle était visiblement d’une haute intelligence, ce qui représentait une force érotique »
« Le mariage est un pacte dont seule l’entrée et gratuite »
11:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
18/08/2012
Drames de l'immigration illégale
Femmes sur la plage
Tove Alsterdal
Editions Actes Sud / Collection Actes noirs
Le titre ne correspond en rien au roman.
Une jeune femme enceinte, américaine, part à Paris, à la recherche de son mari, journaliste « free lance », qui enquêtait sur un trafic d’immigrés clandestins, certains réduits en esclavage. « Une traite d’esclaves où l’esclave paie lui-même son voyage ».
« A Paris on compte au moins 400.000 sans-papiers et, en Europe de l’Ouest, environ 8 millions. »
Il est utile de rappeler le sort des immigrés clandestins, et de le faire sous forme de roman policier. Mais j’ai quand même quelques problèmes :
- La romancière est Suédoise, et je suis irrité quand elle écrit : « la France est un pays de merde ». La France n’est pas le seul pays au monde qui connaît le problème de l’immigration clandestine. Même en Suède, les exemples de racisme contre les immigrés se multiplient. Au Danemark voisin, les sociaux-démocrates ont perdu les élections, il y a quelques années, parce que la droite avait fait campagne sur ce thème.
- Elle crée le personnage de ces deux américains qui enquêtent en Europe sur ce drame. Pas besoin d’aller si loin : ils auraient pu enquêter sur le trafic humain illégal entre le Mexique et les USA.
- « Courrier international » a consacré un dossier, il y a quelques semaines, sur la façon dont sont traités les immigrés dans les riches pays du Golfe et au Liban : le terme d’esclavage y est probablement plus approprié qu’en Europe.
« Le timbre représentait une femme avec un capuchon, les cheveux dans le vent, dans une nuée d’étoiles : le symbole de la France et de la liberté. »
« La misère est plus supportable quand on la regarde de loin »
« Bienvenue au pays des hypocrites. Ce pays ne tiendrait pas s’il n’y avait pas tous les sans-papiers pour faire les boulots de merde, le ménage, les chantiers et la cueillette des pommes. »
I
08:11 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
16/08/2012
Un photographe raconte quelques aspects de sa vie
Les pompes de Ricardo Jésus
Patrick Chauvel
Editions Kero
Patrick Chauvel est photographe, grand reporter, pendant trente ans il a photographié les guerres et les hommes qui les font. Au plus près. Au risque des blessures, dont il n’a pas été épargné. « Une façon de vivre plus qu’un métier ».
Ce livre est un récit de quelques aventures vécues, dans les années 80, dans le cadre de son travail : Jamaïque (où il a photographié Marguerite Yourcenar et Bob Marley, mais pas ensemble…), Salvador, Nicaragua, Cuba, les émeutes de Miami, le Cambodge, et même le Surinam, pour suivre une guérilla financée par la CIA, et la cocaïne, et où je dois me rendre en Novembre.
Le journaliste s’est souvent fait voler ses chaussures par des guérilleros va-nu-pieds, Ricardo Jésus est un nom d’emprunt, sur un faux passeport, acheté après le vol du sien.
Bien entendu quelques photos illustrent le récit.
« C’est curieux de croire que les conflits cessent parce qu’on en parle plus ».
« Une frontière, ça vit de trafic ».
08:07 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)