18/12/2010
Roman policier sud-africain
Jusqu'au dernier
Deon Meyer
Grand prix de littérature policière 2003
Points n° P 1072
Avez-vous réalisé qu'en ce moment, au Cap, c'est l'été, et que tout le monde va se retrouver à la plage au moment des fêtes de fin d'année. Le père Noël sur une planche à voile...
Si, comme moi, vous ne pouvez en profiter, reste la possibilité de rêver un peu en lisant un roman policier de Deon Meyer, bien ancré dans sa ville du Cap.
Comme souvent chez Deon Meyer, deux enquêtes s'entrecroisent, car les policiers ne peuvent pas s'occuper d'une seule affaire à la fois :
- D'une part des meurtres en série, perpétrés à l'aide d'une arme ancienne, qui remonte à la guerre des Boers. Y-a-t-il un lien entre les victimes ?
- D'autre part des hold-up de banques par un homme seul, toujours aimable, et qui aime se déguiser. Y-a-t-il un lien entre les deux affaires ?
Au delà de l'intrigue policière, le roman vaut par les descriptions de l'atmosphère du Cap, de l'Afrique du Sud post apartheid, des personnages, et en particulier l'inspecteur Matt Joubert, toujours pas remis de la mort, en service, de sa femme.
Un livre qui montre à quel point il est difficile de s'en tenir à un régime alimentaire, d'arrêter de fumer, ou de boire, même pour tenter de sauver sa santé !
"Cela réveillait une peur primitive : celle de la mort sans motif, le pire destin qui soit"
"L'insignifiance de la vie était tout aussi triste que l'irrévocabilité de la mort"
08:03 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature
17/12/2010
Draquila : Berlusconi et Aquila
Draquila
L'Italie qui tremble
Documentaire de et avec Sabina Guzzanti
Sélection officielle Cannes 2010
"Draquila" est la contraction de Dracula et Aquila, cette petite ville italienne victime d'un tremblement de terre en avril 2009.
Ce documentaire montre :
- que les sismologues avaient prévu, et prévenu, depuis quatre mois des risques ; mais, pour ne pas affoler la population, la désinformation a été maximum ;
- que la "prévention civile" porte bien mal son nom, puisqu'elle n'a fait aucune prévention ;
- que la "prévention civile" bénéficie d'une législation dérogatoire qui lui permet de passer outre aux contrôles financiers, et d'en faire profiter les amis ;
- que Berlusconi a, non seulement profiter au maximum, médiatiquement, de la tragédie, mais que tout était en place pour en faire une affaire juteuse pour ses amis promoteurs (Berlusconi a commencé sa fortune dans l'immobilier, avec des capitaux de départ de la mafia) ;
- qu'il y a des gens, même de petites gens, qui ont perdu leur maison, qui sont infiniment reconnaissants à "Silvio" ;
- que même si l'on se dit que de pareils scandales ne peuvent continuer, cette "dictature de la merde" pourrait perdurer.
09:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
16/12/2010
Le Négus
Le Négus
Ryszard Kapuscinski
Editions Flammarion
Réédition d'un des premiers succès de Kapuscinski, journaliste polonais, aujourd'hui décédé, longtemps en poste en Afrique.
Ethiopie, 1975 : c'est la chute vertigineuse du "Négus", le "Roi des Rois", descendant autoproclamé du roi Salomon et de la reine de Sabah.
Kapuscinski cherche à comprendre et interroge des survivants du palais impérial, qu'il met en avant, en excellent metteur en scène.
Témoignage après témoignage se dessine un régime arbitraire, absurde, "vivant dans un autre temps".
La question n'est plus : "pourquoi l'empereur a-t-il été renversé ?", Mais "pourquoi n'a-t-il pas été détrôné plus tôt ?"
"L'empereur commençait la journée par l'audition des délations"
"Sa bienveillante Majesté ne se laissait jamais guider par le principe de compétence, elle ne se fiait qu'au principe de loyauté"
"Sa Magnanime Altesse préférait les mauvais ministres, pour la bonne raison que Sa Majesté aimait paraître à son avantage"
"L'Empereur a besoin de gens qui ont beaucoup à perdre"
"Avec sa surface silencieuse, immobile, polie, le marbre exprimait le rêve de Sa Vénérable Majesté d'être entourée d'immobilité, de silence, de lustre et de régularité. Pour l'éternité de Son Auguste Personne"
"Plus la fin approchait, plus la rapacité et l'irrépressible voracité s'intensifiaient"
"Notre Empire consacrait 1% de son budget à l'agriculture, alors qu'il en affectait 40% à l'armée et à la police"
"Plus la soumission a été longue et le silence pesant, plus la réaction est agressive et violente"
08:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, afrique
15/12/2010
Blast, effet de souffle
Blast
1. une grasse carcasse
Manu Larcenet
Editions Dargaud
Le "blast", c'est l'effet de souffle, l'onde de choc d'une explosion. Les seuls moments en couleurs dans cet album sombre.
Le récit d'une dérive, à l'encre noire, dans le texte et dans le trait.
"Les plus belles choses, comme les pires, n'existent que si l'on y prête attention"
"Mange misère, ce n'est pas un pays, ni une nationalité, mais une condition"
"La condescendance est un trait commun à ceux qui ont la conscience tranquille"
"On pense que tout est explicable, qu'il suffit d'aller chercher les réponses sur Internet."
"Le voyageur change ses yeux, le touriste ses billets"
"Quand quelqu'un bouge, les immobiles disent qu'il fuit" (Jacques Brel partant pour les Marquises)
09:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
14/12/2010
Côte d'ivoire : le pire est peut-être à venir ?
Côte d'ivoire
J'ai connu Laurent Gbagbo avant qu'il ne soit président, rencontré à Paris et lors de réunions de l'Internationale socialiste.
Je l'ai revu ensuite, et je n'ai pas aimé le phénomène de "cour" autour de lui, peut-être inévitable.
A Abidjan, il m'a reçu chaleureusement, au nom de notre amitié commune pour Guy Labertit, qui était alors le "Monsieur Afrique du PS".
Depuis deux semaines je rumine mes déceptions et mes tristesses.
Depuis deux semaines, je n'ai rien écrit sur ce blog sur ce sujet sensible, au moins pour moi.
Chargé de rédiger la résolution déposée par le groupe socialiste du parlement européen, puis de négocier la résolution commune qui va être votée par tous les groupes, il est temps de vous faire part de quelques réflexions personnelles :
1) Les élections ont couté 400 millions de dollars à la communauté internationale, il y a de quoi se demander si cet argent n'aurait pas été mieux dépensé autrement...
La démocratie n'a pas de prix, mais elle a un coût, et quand, en plus, elle est bafouée...
2) Il pensait bien gagner, le Président en place, au moment où il a accepté une observation internationale des élections, et que les résultats soient "certifiés" par l'ONU, pour la première fois dans l'histoire de l'Afrique.
3) L'article 64 de l'ordonnance de 2008 (2008-133) indique très clairement que le Conseil constitutionnel ivoirien a le pouvoir d'invalider les résultats de la Commission électorale indépendante, sans lui donner la possibilité de proclamer des résultats différents.
4) En 2002, au moment de la tentative de prise du pouvoir par une partie de l'armée, Laurent Gbagbo s'est vu mettre, par la communauté internationale, sur un pied d'égalité, lui, le Président élu, avec les rebelles, et obligé de former avec eux un gouvernement d'Union nationale. Dans un deuxième temps, il a même été obligé de prendre le porte-parole des rebelles, n'ayant aucune légitimité démocratique, comme Premier ministre.
Depuis 8 ans son autorité ne s'étend pas au nord du pays.
5) Le Président battu a sous les yeux les exemples du Président kenyan Kibaki, battu et toujours en place, après une tuerie atroce, et Mugabe, toujours Président, dictateur du Zimbabwe, malgré ses défaites électorales...
6) L'Union européenne vient de prendre des sanctions "à l'égard de toute personne qui menace l'issue du processus électoral". Mais Gbagbo, malgré tous ses défauts, n'a pas profité de sa situation pour faire fortune et encore moins placer son argent en Europe. De telles sanctions n'ont jamais empêché Mugabe ou al-Bachir de voyager...
7) Il faut que l'Union européenne, et tous les organismes internationaux, continuent à aider au développement de la Côte d'ivoire...à travers son gouvernement légal. Et si celui-ci ne gouverne que le nord du pays, cette partie, la plus en retard de développement, en profitera.
8) L'opération de maintien de la paix en Côte d'ivoire (ONUCI) a coûté 2,26 milliards d'euros ces six dernières années. Comme la démocratie, le maintien de la paix n'a pas de prix, mais a un coût !
9) Comment les choses vont-elles se passer maintenant ?
Affrontement ? Statu quo et coupure du pays en deux ?
10) Je me garderai bien de faire un pronostic.
18:54 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : côte d'ivoire