08/11/2009
comment fonctionne un "buzz"
Buzz moi
Aurélia Aurita
Les impressions nouvelles
Plus que l'histoire, en bandes dessinées, du succès inattendu, d'un premier album (Fraise et Chocolat), Aurélia raconte comment fonctionne un "buzz", par le suivisme des journalistes.
Cela commence par quelques lignes dans des blogs spécialisés, mais tout se déchaîne quand Libération lui consacre sa fameuse dernière page. Bien entendu Le Monde ne veut pas être en reste. Et tout vient : journaux, magazines, radios et, consécration suprême, la télévision.
Particulièrement égratignées : la journaliste de Elle qui n'a pas lu l'album et qui s'en fout, et Mazarine Pingeot, animatrice d'une émission littéraire dans une radio de grande écoute.
Le récit du passage au "Grand journal" de Canal + est également particulièrement réussi.
Aurélia peut être légitimement agacée d'entendre de la part des journalistes toujours les mêmes questions, qui portent plus sur sa vie privée que sur l'acte créatif.
Le dessin est un peu simpliste, en noir et blanc, mais avec assez de personnalité pour être original.
Souhaitons une longue carrière, et beaucoup de "buzz", à Aurélia, cela montrera que les journalistes ne lui en veulent pas !
En attendant, on peut toujours en parler dans les blogs...
08:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, bd
07/11/2009
Panama dans les années 80
Embrouilles à Panama
Gérard De Villiers
SAS n°85
Il s'agit de la réédition, cette année, d'un livre paru en 1987.
C'est peu dire que la situation politique a bien changé à Panama en vingt ans.
Il s'agit d'un roman, mais les allusions sont transparentes : Julio Chavarria, qui, dans le premier chapitre est sauvagement décapité pour avoir constitué un dossier accablant contre le général Coiba est, de toute évidence, le député Hugo Spadafora, ancien ministre, dont le corps a été retrouvé, décapité, dans la forêt tropicale, à proximité de la frontière avec le Costa Rica, en 1985.
Et, de façon transparente, sous les traits du général Coiba, il est facile de reconnaître le général Noriega, de sinistre mémoire.
Noriega, comme des centaines d'officiers latino-américains, est passé par la fameuse "Ecole des Amériques", basée à Panama, où la CIA les formait à la lutte anti-communiste. En 1983, agent de la CIA, il devient le chef des forces armées panaméennes. Le Président Barletta, élu grâce à la fraude électorale, n'existe que par l'appui que lui apporte l'armée, donc Noriega.
Comme chacun sait, tout pouvoir a besoin d'un contre pouvoir et "le pouvoir absolu corrompt absolument".
En 1987, l'année de la première parution de ce livre, il commence à être de notoriété publique que Noriega profite de sa position pour s'enrichir grâce au trafic de drogue.
Un ancien militaire affirme publiquement que Noriega a truqué les élections présidentielles et a commandité le meurtre de Spadafora. Des troubles éclatent dans le pays. Toutes les garanties constitutionnelles sont suspendues.
La presse américaine se lance dans une campagne contre Noriega, qui devient, pour le gouvernement américain, un ami gênant. La tension ne cesse de monter entre les gouvernements américain et panaméen. Noriega décide alors de surfer sur le sentiment anti-américain qui se développe à Panama à cause de l'occupation américaine du canal, prévue jusqu'en 1999 (Au moment de la construction du canal, en 1903, le Panama avait payé aux USA leur aide pour obtenir leur indépendance à l'égard de la Colombie en leur concédant, à perpétuité, une zone de 8kms de chaque côté du canal).
Trafiquant de drogue, dictateur, et en plus anti-américain, trop, c'est trop. En 1989 les Américains tentent de renverser Noriega (le livre est donc prémonitoire). Ils échouent. La guerre est déclarée et les USA envahissent Panama, où ils ont déjà, en permanence 20.000 soldats dans la zone du canal. C'est l'opération "Just Cause". Noriega se réfugie à l'ambassade du Vatican. Il est finalement arrêté et expédié à Miami, où il est condamné pour trafic de drogue. Les estimations du bilan de "Just Cause" vont de 400 à 7.000 morts.
Aujourd'hui les Américains sont partis (probablement sauf l'antenne de la CIA !), et le Panama est dirigé par un Président et un gouvernement sociaux-démocrates.
A part ça je peux confirmer, comme le raconte le livre : les mêmes rues portent, au même endroit, des noms différents, ce qui ne facilite pas le repérage ; il peut pleuvoir, beaucoup ; la spécialité locale, le "céviche", poisson blanc cru, mariné, est très bon ; le $ s'appelle toujours le "balboa" ; par contre, au milieu des gratte-ciel, les vieilles maisons coloniales du bord de mer ont disparu...
Et puis, cette phrase qui s'applique, malheureusement, à beaucoup de pays latino-américains, et d'ailleurs, touchés par le narcotrafic : "Les sommes colossales gagnées avec le trafic de drogue ont créé une nouvelle race de criminels dont la férocité dépasse l'imagination".
09:24 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
06/11/2009
le ruban blanc
Le ruban blanc
De Michael Haneke
Palme d'or, Cannes 2009
Le blanc, c'est la couleur immaculée, symbole de pureté.
Le ruban blanc, c'est le symbole que noue le pasteur du village, dans les cheveux ou au bras de ses grands enfants, pré adolescents, pour leur rappeler qu'ils doivent rester purs.
Le portrait, en noir et blanc, ce qui accentue le malaise, d'un village allemand à la veille de la première guerre mondiale, avec tous ses refoulements, toutes ses oppressions machistes et puritaines, ses révoltes réprimées, ses gestes de cruauté dont, la plupart du temps, on ne connaîtra pas les coupables.
Une allégorie dans laquelle le spectateur est censé voir la montée du fascisme.
J'ai rarement vu autant de spectateurs partir avant la fin du film, autant de signes d'incompréhension quand la lumière s'est rallumée.
Assurément un film pour intellectuels...
08:50 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma
05/11/2009
introduction aux problèmes latino-américains
Introduction aux civilisations latino-américaines
Jacqueline Covo-Maurice
Armand Colin, 4e édition
Le titre pourrait être trompeur : ce livre ne parle pas des civilisations antérieures à la venue des Européens : il n'y est question ni des Aztèques, ni des Mayas, ni des Incas, mais de la complexité des "20 Amériques latines", avec leur diversité et leurs points communs, depuis l'héritage colonial.
Il s'agit d'un petit ouvrage de synthèse, qui vient d'être mis à jour, qui fait le point, en quelques pages, sur les différents aspects de cette Amérique qui "est de moins en moins latine", de plus en plus indienne et métissée. Une région où les inégalités sont les plus importantes d'un monde pourtant inégalitaire, ce qui met en péril en permanence une démocratie peu enracinée ("en 1980, 2/3 de la population latino-américaine vivaient sous des régimes militaires"), et entraîne de grandes violences, les mafias de la drogue profitant des difficultés des Etats.
La population y a triplé en deux générations, à la plus grande joie du Vatican, mais bien plus que l'augmentation des richesses.
Domination coloniale espagnole ou portugaise, puis néocoloniale avec les autres Européens, en particulier Britanniques, et depuis la première guerre mondiale une influence un peu trop insistance du puissant voisin nord-américain ("Si loin de Dieu, si près des Etats-Unis"), relayé par le FMI quand les dettes sont devenues impossibles à rembourser, aggravant notablement la crise sociale.
Aujourd'hui la Chine est venue s'ajouter aux demandeurs de matières premières, non transformées.
Bourgeoisies locales prédatrices, plus spécialisées dans les dépenses somptuaires que dans l'accumulation de capitaux pour créer des productions locales. Comme le dit l'auteur en une litote : "elles ne furent pas le moteur du développement".
Depuis 2002, et la victoire de Lula au Brésil, presque tous les pays du sous-continent ont élu des gouvernements de gauche, avec toutes les nuances et diversités de celle-ci.
Espérons que l'avenir nous montrera la capacité de ces gauches à faire face au défi de l'injustice, pour consolider la démocratie et le développement.
09:13 Publié dans Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amérique latine
04/11/2009
et maintenant, le Traité de Lisbonne
Lisbonne pour longtemps...
Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire, le résultat le plus probant des opposants au Traité de Lisbonne est que, pour la première fois depuis 1986 un Traité est adopté sans qu'un autre se prépare.
Le Parlement européen peut mettre au chômage technique sa commission des affaires institutionnelles : personne ne va oser toucher au Traité avant bien longtemps, la preuve ayant été faite qu'il est quasiment impossible de trouver un consensus entre les 27 pays devant le ratifier, certains par référendum !
Malgré tous ses défauts, je trouve "Lisbonne" meilleur que le Traité de Nice pour deux raisons essentielles :
- Plus de décisions prises à la majorité, ce qui est indispensable avec 27 pays membres ;
- Plus de poids pour le Parlement européen, et même pour les parlements nationaux.
Mais je n'ai jamais compris celles et ceux qui avançaient, et continuent à avancer, l'argument de la "visibilité" de l'Union européenne, par la création d'un poste de "Président" du Conseil. Ce "Président" s'ajoute au Président de la Commission, et ne remplace pas mais s'ajoute au "Président" semestriel.
Tout semble indiquer que le choix s'oriente vers le plus petit dénominateur commun d'un petit pays. Que pèsera ce "Président" quand la Présidence tournante reviendra à un grand pays comme la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni ?
16:15 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe