03/11/2009
les élections peuvent bien se passer en Afrique
Mozambique : la guerre est finie !
Comme trop de pays africains, le Mozambique a connu au moment de son indépendance une guerre civile meurtrière.
Les élections qui viennent d'avoir lieu, incontestées probablement car non contestables, viennent de marquer la défaite de l'ancienne guérilla RENAMO, qui s'est d'ailleurs divisée à l'occasion du scrutin.
La victoire du Président reconduit, Armando Guebuza, est également un peu celle de son prédécesseur, le Président Chissano qui, après deux mandats, et au plus haut de sa popularité avait su renoncer au pouvoir. Il a également été récompensé par un prix international pour sa "bonne gouvernance".
Le défi aujourd'hui pour le Mozambique est de poursuivre son développement sans tomber complètement dans le giron de son puissant voisin sud-africain...
17:20 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique
02/11/2009
Panama
J’ai vu trois « Panama city »
1) La partie de la ville dont les Panaméens sont les plus fiers : le bord de mer et ses gratte-ciel, de plus en plus hauts. Il s’en construit de nouveaux, encore plus hauts, à la base toujours plus étroite. Il parait que cela ressemble au bord de mer de Miami, qui sert de référence…
Chacun peut avoir ses goûts esthétiques, mais, surtout en l’absence d’un véritable réseau de transports en commun, cet urbanisme condamne la ville aux embouteillages continuels, avec ce qu’ils entraînent de bruit et de pollution.
2) Le « Casco viejo », la partie héritée du colonialisme espagnol. Malheureusement, à côté de maisons superbement restaurées, comme l’ambassade de France, subsistent des taudis rongés par l’humidité. De nombreuses façades ont été préservées, dans l’attente de futures reconstructions, qui se font attendre. Dans ces petites rues se trouvent les boutiques de souvenirs. Les touristes y achètent les fameux chapeaux, fabriqués depuis plus d'un siècle en Equateur, mais que l'on apelle "Panamas", mais que ne porte aucun Panaméen.
Une mention spéciale pour « mi pueblito », à proximité, où, sur une ancienne enclave étatsunienne, ont été reconstitués trois types de villages :
- Des huttes indigènes, couvertes de feuilles de palmier, de la jungle de Darien. Des artisans y proposent des colifichets ;
- De vastes maisons en bois qui servaient d’habitat pour les travailleurs venus des Caraïbes, pour creuser le canal. Trop belles pour s’imaginer qu’ils y étaient entassés à plusieurs dizaines par dortoirs.
- Un petit village colonial, avec sa petite église, sa petite mairie, sa maison bourgeoise transformée en musée des belles robes que portaient les belles dames dans les grandes occasions.
3) Le canal, dont les remblais ont servi à construire une digue et une presqu’île artificielles, avec un petit port de plaisance. Il y a seulement dix ans, c’était le lieu de villégiature des Américains, et les Panaméens ne pouvaient s’y rendre qu’avec un permis spécial.
A l’entrée du canal : les bateaux attendent en file indienne. Ils passeront autant de temps à attendre leur tour qu’à faire les 100kms de la traversée de l’isthme. Au dessus : le « pont des Amériques » qui relie symboliquement le Nord et le Sud du continent. A quelques kilomètres, les écluses de Miraflores. Tout le monde connait le principe des écluses, et beaucoup de gens en ont vues sur les canaux de France, à commencer par le canal Saint Martin, avec son « atmosphère ». Celles du canal de Panama sont conçues pour des bateaux de grandes tailles, allant d’un océan à l’autre. Et comme les bateaux sont de plus en plus grands, des milliards d’investissements sont prévus pour en construire de plus grandes encore. Les bateaux frôlent le bord des écluses. Pour éviter les incidents, ils sont pris en charge à l’entrée par six petites locomotives électriques par écluse, qui, à l’aide de câbles, les stabilisent, les tirent, les poussent, les arrêtent. Le trafic n’arrête pas, dans les deux sens, jours et nuits.
10:20 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (1)
01/11/2009
mères et filles
Mères et filles
De Julie Lopes-Curval
Avec Marina Hands, Catherine Deneuve et Marie-Josée Croze
Un film de femmes, réalisé par une femme, interprétée par trois actrices remarquables.
Il y a la mère, Catherine Deneuve, médecin, dure avec sa fille et avec elle même, première génération de femme indépendante qui a du se battre pour cela, abandonnée par sa mère juste avant sa puberté.
Il y a la fille, Marina Hands, partie au Canada pour ne pas être étouffée par une mère trop directive, qui revient dans la petite ville de son enfance, pour voir ses parents, mais qui s'échappe très vite dans la maison des grands parents, et qui y découvre un mystérieux carnet tenu par sa grand-mère, avec une importante somme d'argent.
Et il y a donc la grand-mère que l'on ne verra, par "flashbacks" que sous les traits de jeune femme de Marie-Josée Croze, et qui vit très mal sa condition de "femme au foyer" des années cinquante, complètement dépendante de son mari, scandaleuse puisqu'elle part en abandonnant foyer et enfants.
Malgré le refus de la mère, le passé refait surface et avec lui les secrets de famille...
Au delà de cette histoire particulière, une étude psychologique sur les relations mères/filles.
08:16 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma
31/10/2009
la couleur de la peau
La couleur de la peau
Ramon Diaz-Eterovic
Editions Métaillé, noir
La littérature policière est pleine de ces détectives privés, à la cinquantaine froissée, buvant et fumant trop, traînant des nuits entières dans les bars, seuls malgré leurs succès auprès des femmes, fauché car plus préoccupé d'éthique que de rentabilité.
"La solitude m'a pris dans ses bras et je n'ai rien fait pour échapper à ses caresses".
L'originalité de celui-ci, à part d'être chilien, est d'avoir pour conscience un chat blanc répondant au nom de Simenon, et, comme le prouve ce choix, d'être imbibé de littérature européenne, en particulier française.
Mélancolique, "découragé comme un cheval qui a perdu trop de courses", il enquête sur la disparition d'un Péruvien sans papiers, à la demande du frère de celui-ci.
Mais qui se préoccupe de la disparition d'un sans papiers ? A peine le lecteur qui découvre que le racisme, la xénophobie, le mépris social, ne sont pas l'exclusivité de l'Europe. L'antagonisme séculaire entre le Chili et le Pérou, la guerre de 1879, expliquent moins que des réactions qui ne sont, malheureusement, pas l'apanage du Front National, à l'égard de ceux qui fuient la pauvreté pour chercher du travail et, parfois, tombe dans la délinquance. "La plupart se font exploiter et bossent pour un salaire de misère". "Donner de l'importance à la couleur de la peau ne nous amènera rien de bon".
Son enquête croise la route de SDF ("pauvres clochards, observateurs involontaires d'une société sans pitié"), et d'un tripot de jeux clandestins.
Le tout raconté avec subtilité et un humour distancié.
"A ton âge, tu devrais savoir que la chatte la plus réservée sort ses griffes à la moindre provocation"
"Il n'y a pas d'heure pour la mémoire, cette vieille traîtresse. A la moindre négligence elle remplit tes poches de mots et de souvenirs."
"La vie est plus facile si on ne parle pas de religion, de politique ou de foot."
"J'ai probablement vécu les deux tiers de ma vie. Il me reste donc le dernier tiers, à coup sûr le plus difficile, celui de la lassitude et des adieux"
"Je n'avais pas besoin d'un médecin pour reconnaître que je vieillissais, et que la vie commençait à me présenter ses factures avec l'insistance d'un usurier".
"La stupidité, vieille comme le monde, de croire qu'un nom, la grosseur d'un portefeuille ou la race fait de vous un être supérieur".
08:09 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature
30/10/2009
Farewell
L'affaire Farewell
De Christian Carion
Avec Guillaume Canet et Emir Kusturica
1981 : fin de Brejnev, début de Mitterrand. Reagan est à la Maison blanche.
Un colonel du KGB communique à un ingénieur français en poste à Moscou, et qui n'a rien de James Bond, des documents qui prouvent l'importance des réseaux soviétiques en Occident, puis la liste de ces ceux qui transmettent au KGB tous ces éléments qui permettent le pillage des connaissances scientifiques occidentales, et leurs systèmes de sécurité.
Ceux qui affirment que cela a provoqué la chute de l'URSS exagèrent : le système a disparu parce qu'il était à bout de souffle, endetté et incapable de satisfaire la population, de mieux en mieux informée de la vie de l'autre côté du "rideau de fer".
Il est plutôt un symptôme qu'une cause : même au KGB, certains n'en pouvaient plus du système, comme le montrait également l'excellent film allemand "La vie des autres".
L'espionnage industriel n'a certainement disparu avec l'URSS, et est même probablement devenu l'occupation principale des "espions".
Flatteur pour la France que ce colonel du KGB ait choisi notre pays, où il avait été en poste, plutôt que les USA, pour faire ses révélations. François Mitterrand, voulant montrer que, malgré les ministres communistes, la France restait un allié exemplaire, communiqua les informations à Reagan. Il parait même que notre Président redoutait, dans cette opération, presque trop "belle" pour être vraie, une manœuvre de la CIA pour le "tester".
Quand l'Histoire nous offre des histoires telles que celles-ci, pas besoin de fiction.
Les deux acteurs principaux sont excellents, et nous font bien comprendre toutes les interrogations de leurs personnages.
08:13 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma