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08/02/2008

Gaza : ne pas reconstituer le ghetto !

 Tous les murs  finissent un jour par s'effondrer. Le mur de Jéricho, celui du ghetto de Varsovie, le mur de Berlin, le mur de l'Atlantique.              Ou encore le mur de l'indifférence. Le mur de Rafah, par son poids symbolique, fait partie  de cette poussée aveugle des hommes vers la liberté.            Mais qu'ont-ils fait les Gazawi de cette liberté retrouvée? Ont-ils fui vers l'Egypte ? Sont-ils allés s'armer de kalachnikovs?  Non hélas,  car les armes, avec ou sans mur, arrivent toujours à destination. Les Gazawi sont allés se ravitailler en produits de première urgence! Ils ont été faire leurs courses, chercher des médicaments et du lait pour bébé, introuvable à Gaza. Des vélomoteurs,  des chèvres et des vaches soulevés par des grues ont pénétrés par les airs à Rafah devant les acclamations de la foule.  Surréaliste. Et puis, chacun est rentré chez soi. Tout est dans ces images: l'impossible d'hier, soudain à portée de main, et la vie prosaïque qui reprend ses droits.

            La responsabilité de l'Union européenne est historique. Il ne s'agit plus de savoir qui va ouvrir les portes d'une prison à ciel ouvert mais qui osera les refermer pour toujours . ? Qui osera renvoyer les Gazawi à leur lente asphyxie ? Depuis le début d'Annapolis, l'Union européenne perdait pied. Elle, à la base de la Road Map, avait passé la main du processus de paix aux Etats-Unis. Obtenir la co-présidence de la Conférence des donateurs de Paris a été un vrai tour de force. Mais pour les accès à Gaza, depuis 2005, les Européens ont un mandat. Allons-nous avec les Egyptiens, avec l'Autorité palestinienne, avec le Hamas et avec Israël parvenir à renouer le dialogue et gérer les accès des Palestiniens au monde extérieur ou, au contraire, allons-nous assister en observateurs à l'inévitable répression qui ne manquera pas de surgir? C'est toute la question.  Au delà de la mission de l'EU Ban, cette question engage le sort de l'unité palestinienne, du processus de paix, le respect du droit international et l'honneur de l'Union européenne.

22/01/2008

l'Egypte : oui, mais...

L'Egypte : oui, mais...

 

 

L'Egypte, c'est bien pour l'histoire, c'est bien pour la romance, c'est bien pour les vacances, mais...

 

Tous les journalistes ont parlé de la visite de notre Président dans ce pays. Tout le monde sait qui l'accompagnait, mais...

 

 

L'Egypte, c'est aussi un pays où sont emprisonnés des journalistes, des militants pour  les Droits humains, et plus largement les militants de nombreuses organisations non gouvernementales. Le candidat de l'opposition aux dernières élections présidentielles (comment a-t-il osé ?) est également en prison, malgré une santé précaire. C'est un pays où la maison des syndicats a été fermée. C'est un pays où les opposants sont harcelés, y compris par des mesures judiciaires, souvent même torturés.

 

C'est un pays où la liberté de religion, et plus encore à l'égard des religions, n'est pas respectée, pas plus que la liberté d'association, et encore moins la liberté d'expression.

 

C'est un pays toujours sous "état d'urgence" et "Loi martiale", sans réelle indépendance de la justice.

 

Notre Président ne parle-t-il des Droits de l'Homme qu'avec Kadhafi ?

 

 

15/01/2008

L'élection présidentielle libanaise

Au Liban L'élection présidentielle a constitué le point essentiel de nos rencontres. Il y a un candidat de consensus : le Chef de l'Etat major de l'Armée, qui avait succédé à ce poste au précédent Président de la République, Emile Lahoud (pourquoi ce système politique n'est-il capable d'élire que des militaires ?). Il est Chrétien, comme le veut la Constitution, mais apprécié des Chiites. Les Chrétiens ne veulent pas que le vide institutionnel dure trop longtemps. Ce que souhaite également l'Union européenne. Pour la majorité, ce choix a représenté un virage à 180°. Le Général Michel Sleimane était considéré jusque-là plutôt comme une "marionnette" des Syriens. Saad Hariri, chef des Musulmans sunnites et de la majorité parlementaire, insiste : "ce choix est un geste en direction de la minorité, il n'y en aura pas d'autres. La recherche du consensus ne doit pas faire oublier qu'il y a une majorité et une minorité". La minorité accepte ce choix de consensus mais pose des conditions, à la fois à la majorité et au futur Président,  sur la future répartition des postes, à la fois au sein du Gouvernement et dans la haute administration (en particulier Chef d'Etat-major et chef des services de renseignements de l'armée). Le Hezbollah nous parle de "démocratie non majoritaire et donc consensuelle et conditionnelle". L'élection du Général nécessite une modification de la Constitution. Michel Aoun, qui se voyait déjà Président puisqu'il est le leader dominant dans la communauté chrétienne, pose une condition supplémentaire : un mandat limité à deux ans pour le faire coïncider avec les législatives qu'il espère gagner. Mais il ne pourra tenir qu'avec l'appui de ses alliés chiites, ce qui place le Hezbollah au centre du "jeu" politique. Le Hezbollah le soutient dans sa volonté d'avoir un "paquet de compromis" avant l'élection du Président et propose comme alternative des élections législatives anticipées qu'il pense gagner. Toutes ces conditions posées pour élire un Président sur le nom duquel tout le monde est pourtant d'accord explique le nouveau report de l'élection. Après l'échec de Bernard Kouchner, c'est le Secrétaire général de la Ligue arabe qui tente de jouer les bons offices entre les différents protagonistes.  Selon le Premier ministre Fouad Siniora, qui insiste également sur l'aspect "mosaïque" du pays, le Hezbollah n'est que l'instrument de la Syrie ("allié fidèle, pas instrument", rectifie pour nous le Représentant du Hezbollah). Selon le Premier ministre Siniora, le but essentiel du Hezbollah n'est plus de détruire Israël, ni l'OLP, mais les affaires internes libanaises, pour servir l'Iran qui arme "jusqu'aux dents" le Hezbollah et le Hamas  afin d'accomplir le rêve de Darius d'une grande Perse. L'argent et les armes en provenance d'Iran et à destination de ses alliés transitent par la Syrie, ce qui sert d'excuse à Israël pour continuer à survoler le Liban.

08/01/2008

Le Liban et ses voisins

Le Liban dans la région Pour son Premier ministre, le Liban est victime d'abord du problème palestinien, non résolu depuis 60 ans, ainsi que de ses voisins. Les Palestiniens ont toujours des bases militaires au Liban. Les parlementaires de la majorité sont en danger de mort (six assassinés en deux ans), les assassins bénéficiant d'une impunité scandaleuse. Cette déstabilisation du Liban freine la croissance du pays, les investisseurs n'aimant pas les troubles. Walid Joumblatt considère que le Liban est pris en tenaille entre la Syrie et Israël, donc entre la Syrie et les USA. Il demande le désarmement du Hezbollah, conformément aux résolutions 1559 et 1701 de l'ONU, et considère comme impossible le dialogue entre les démocraties et les dictatures

03/01/2008

la Syrie et ses voisins

La Syrie dans le contexte régional et international

La Syrie se considère dans la continuité historique et culturelle du monde arabe, du monde méditerranéen et  du monde musulman,  mais dans un esprit laïc, œcuménique, de défense des minorités religieuses afin de préserver la diversité religieuse et "ethnique" (10% de Kurdes).

La Syrie se veut un partenaire de tous les Etats qui luttent contre le terrorisme et le fanatisme religieux.

Le Ministre des Affaires étrangères souligne le fait qu'al Qu'Aïda est un problème pour tous les pays de la région.

Le "Mufti de la République", qui prône la laïcité, veut être, lui aussi,  en première ligne dans la coopération contre le terrorisme des extrémismes religieux,  et antireligieux,  car "on ne tue pas les idées en tuant les personnes". "Il n'y a pas de guerre sainte, car seul l'Homme est sacré".

Il demande aux Européens de ne pas traiter comme réfugiés politiques les extrémistes religieux car ceux-ci "utilisent les processus démocratiques contre la démocratie".

Selon lui, le cœur du problème, qui permet d'endoctriner de nombreux jeunes, est l'injustice faite au peuple palestinien : "il faut régler le problème palestinien comme vous avez été capables de régler celui du Mur de Berlin : sans effusion de sang".

Il se prononce en faveur de l'interdiction de toute arme de destruction massive dans la région, y compris donc en Israël.

Il n'a pas été le seul à nous rappeler la responsabilité européenne dans la naissance d'Israël et dans le non-respect des résolutions de l'ONU !

La Syrie se considère comme prise en tenaille entre Israël et l'Irak, en "première ligne", considérant que sa survie est menacée, comme Etat, et, peut-être surtout, comme régime politique.

L'annexion du Golan sert à justifier l'état de guerre, la paranoïa qui empêche toute évolution démocratique et toutes les atteintes au Droits humains.

La Syrie a un allié essentiel, l'Iran. En contrepartie,  elle doit tenir compte des intérêts de celui-ci.

Une des justifications qui nous a été données est que la Syrie souhaite éviter l'affrontement entre le monde arabe et le monde perse.

Fallait-il, faut-il,  isoler la Syrie, comme certains pays l'ont souhaité ?

Les relations se sont tendues après les assassinats de plusieurs parlementaires et journalistes libanais, la Syrie étant ouvertement soupçonnée. La création du Tribunal international, refusée par la Syrie,  pour enquêter sur le meurtre du Premier ministre libanais Rafiq Hariri avait envenimé les choses, même si cette création n'entraîne aucune obligation pour la Syrie qui ne reconnait pas ce tribunal.

Les relations ont été reprises pour demander au régime syrien de ne pas bloquer l'élection du Président libanais et pour réussir la Conférence d'Annapolis.

L'invitation puis la  participation syrienne,  à la Conférence d'Annapolis, la promesse d'avoir une réunion spéciale sur le Golan à Moscou ont détendu l'atmosphère car les pays européens et les pays arabes ont poussé dans ce sens (7 pays arabes conditionnaient leur présence à la présence syrienne).

Le prochain Sommet de la Ligue arabe est prévu pour mars à Damas, même si lors du raid israélien de septembre, les protestations des pays arabes ont été des plus modérées.

Selon Israël,  ce bombardement visait un réacteur nucléaire en construction.

La Syrie est-elle une puissance nucléaire potentielle ?

 "Je serais très heureux si nous pouvions être dans la capacité d'avoir un réacteur nucléaire car nous avons besoin d'électricité" (Ministre des Affaires étrangères).

(La Corée du Nord a démenti avoir aidé la Syrie dans ce domaine).