01/02/2016
La Tchécoslovaquie, enjeu de la diplomatie américaine
L'ami américain
Justine Faure
éditions Tallandier
Ce livre est un condensé de la thèse de doctorat de Justine Faure qui enseigne à Sciences-Po Strasbourg. Travail pour lequel elle a obtenu le "Prix Duroselle".
Elle démontre les distorsions entre les discours et l'action, surtout de la part des Républicains, malgré leur surenchère verbale anti-communiste sur les Démocrates.
"Le rideau de fer tomba en Europe en février 1948, lorsque les communistes prirent le pouvoir à Prague.""L'Allemagne fut le principal pays d'accueil des réfugiés."
"La région ne fut jamais prioritaire pour les Etats-Unis." "L'impression d'activisme américain en Europe centrale et orientale ne s'appuyait sur aucun acte concret."" La politique de déstabilisation du bloc soviétique menée après 1948 ne gêna Moscou que dans une faible mesure."
Après 1955 , avec la "coexistence pacifique", "glissement des ambitions soviétiques vers les pays en voie de développement." "L'Europe de l'Est disparut alors des préoccupations américaines." La priorité était alors de "dresser une sorte de cordon sanitaire antisoviétique en Asie, en Afrique et en Amérique latine." "L'Europe n'est plus le terrain où le combat se livre (Président JF Kennedy). La Tchécoslovaquie devient alors "le fer de lance de l'offensive communiste dans le tiers-monde."
"Alors que les USA s'enlisaient toujours plus au Vietnam, la poursuite de la bonne entente avec l'URSS était un objectif essentiel." "Les experts américains sous-estimèrent régulièrement la violence des forces de changement en Europe de l'Est." "Les mouvements hostiles à l'URSS en Europe de l'Est étaient perçus comme une gêne dans la conduite de la normalisation des relations américano-soviétiques.""Brejnev savait qu'il ne risquait pas de représailles. La prudence américaine se transforma en passivité." Michel Debré qualifia d'"accident de parcours de la détente" l'insurrection de Prague de 1968.
La politique russe actuelle en Ukraine et en Georgie se comprend mieux à l'aune de celle de 45 : "l'extension de la zone d'influence russe comme un moyen de protéger l'intégrité territoriale d'un pays aux frontières vulnérables."
"En 1946, les Soviétiques cherchaient réellement à envahir la Turquie."
Et, déjà, les Etats- Unis considéraient qu'ils devaient "assumer la direction morale du monde."
16:43 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, europe centrale
19/11/2015
L'internationale de la xénophobie et du populisme
Aux Etats-Unis, où je me trouve actuellement, les attentats de Paris hystérient le débat sur les réfugiés.
3/5e des Gouverneurs refusent l'arrivée de réfugiés syriens dans "leur" Etat. Avec un argument autant imparable que populiste et absurde : "pouvez-vous nous garantir qu'aucun terroriste potentiel ne peut se cacher parmi les réfugiés ?" Non, il n'y a aucune garantie, ni parmi les réfugiés, ni parmi les touristes...ni même parmi les Américains.
Un Sénateur, "Républicain" poursuit la logique en proposant que les USA interdisent l'accès de leur territoire aux touristes français. Et pourquoi par les Belges ? Mon petit-fils dont l'adresse, sur son passeport français, indique qu'il est domicilié à Molenbeek pourra-t-il poursuivre ses études aux USA ?
Puisqu'il y a libre circulation entre les Etats américains , il est impossible d'empêcher qui que ce soit de déménager d'un Etat à un autre. Les Gouverneurs peuvent décider de n'apporter aucune aide aux réfugiés, mais ils ne peuvent pas les empêcher de venir. Je suppose que cette posture a pour but de plaire à leur électorat dans le contexte actuel de peur, malheureusement justifiée.
19:10 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : attentats, usa
22/09/2015
Réfugiés syriens : aider le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés
Il ne faut pas rêver à une solution rapide en Syrie. Il faut avoir un culot sans complexe pour affirmer être capable de régler le problème en quelques mois.
Aujourd'hui, les représentants des gouvernements des 28 Etats membres de l'Union européenne discutent sans fin de la répartition d'un peu plus de 100.000 réfugiés syriens...alors que plus de 400.000 sont déjà entrés ces derniers mois. Et que plus de 4 millions s'entassent dans les camps de réfugiés des pays voisins de la Syrie, en particulier la Jordanie et le Liban.
Une des raisons qui poussent les réfugiés à quitter ces camps, c'est que l'Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, et le Programme Alimentaire Mondial de l'ONU, n'ont pas les moyens de faire en sorte qu'ils restent.
Mon ami Antonio Gutteres, que j'ai bien connu alors qu'il était Premier Ministre du Portugal, puis Président de l'Internationale Socialiste, est transformé en mendiant qui rappelle à nos Etats membres leurs promesses de dons qui ne sont toujours pas tenues.
Ceux qui ne veulent pas payer pour les camps de réfugiés sont les mêmes qui ne veulent pas de réfugiés chez eux. Comment leur faire comprendre que les barbelés et le droit donné aux armées de tirer sur les migrants n'arrêteront pas le désespoir ?
16:31 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réfugiés
15/08/2015
Chrétiens d'Orient
En ce jour d'Assomption, l'Eglise de France a entrepris une action en faveur des chrétiens d'Orient, largement relayée par les médias .
En Irak, et dans certaines zones de Syrie (pas dans les zones encore contrôlées par Bachar), ils sont persécutés pour leur foi. Ils doivent donc être aidés en raison de cette oppression spécifique.
Mais en voyant les milliers de réfugiés qui arrivent chaque jour en Grèce ou en Italie, je n'imagine pas une seconde un tri, chrétiens d'un côté, et non chrétiens de l'autre. Mais, un pas plus loin, nous savons bien qu'ils ont été reçus, et continueront à être reçus de façon discriminatoire, en particulier grâce aux réseaux chrétiens, mais aussi dans le climat d'islamophobie entretenu par la droite et l'extrême droite. Discrimination positive pour eux, très négative pour les autres. Dommage pour un pays laïc...
22:06 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : immigration
20/04/2015
Drames en Méditerranée
Plus de mille personnes noyées en une semaine, il y a de quoi émouvoir. Tous les journaux en parlent.
Je rapproche cet évènement tragique avec deux autres informations : les violences xénophobes en Afrique du Sud, et le résultat des élections législatives en Finlande.
L'Afrique du Sud nous rappelle que l'immense majorité des migrations se font Sud/ Sud et non Sud / Nord. Fuyant le régime très autoritaire (Zimbabwe) d'un pays qui fut un des plus riches d'Afrique, ou un des plus pauvre, le Malawi, ou un pays riche dont les habitants sont pauvres, le Nigéria, les Africains migrent d'abord vers un autre pays africain. Et pas seulement les Africains. Je me souviens avoir visité les réfugiés irakiens en Syrie. Aujourd'hui les Syriens se réfugient d'abord au Liban ou en Jordanie. Les conditions de vie dans ces camps, l'absence de perspective de paix, expliquent largement leur désir de quitter la région.
Les Africains du Sud ne sont pas plus, ni moins, xénophobes que les électeurs de Finlande, pourtant bien loin de Lampedusa, qui ont, trop largement, voté pour le parti "des vrais Finlandais", ou que les électeurs italiens de la "Ligue du Nord", sans parler du Front National...
Toute l'ambiguité des reproches faits à l'Union européenne vient de cette double mission, contradictoire : surveiller , sous entendu pour empêcher les migrants d'arriver, ou secourir ?
L'Union européenne n'a aucun mandat pour sauver des vies. Elle le fait tout de même. 1/3 des vies sauvées le sont dans le cadre de l'organisation européenne "Frontex". Pas assez ? Ou son rôle est d'être le poste avancé de la "forteresse Europe" ?
Comment ne pas noter le silence assourdissant des gouvernements des Etats membres de l'Union européenne ?
Qu'est-il possible de faire ?
- D'abord essayer d'anéantir les réseaux criminels, premiers responsables de ces tragédies. Notre Président l'a répété hier. Tout le monde en sera d'accord. Mais ces criminels ne sont pas sur le sol européen, et il ne sera donc pas facile de les supprimer. Comme pour le trafic de drogue : tant qu'il y aura une forte demande, vous pouvez démanteler une filière, une autre se mettra en place !
- Essayer d'aider les pays de départ et les pays de transit. Quelle serait la situation si François Hollande n'avait pas décidé de l'intervention de l'armée française au Mali devant l'avancée des djihadistes ? Quelle est la responsabilité de Nicolas Sarkozy dans la situation actuelle en Libye, pays d'où partent la presque totalité des embarcations incriminées ?
Les ONG humanitaires demandent une politique d'immigration européenne plus généreuse, plus ouverte. Ouvrir un peu plus changerait-il la donne ? Cela ne serait jamais assez. Depuis le début de l'année 23 000 personnes sont arrivées en Italie. Combien en Grèce et en Espagne ?
J'ai entendu citer en exemple la politique d'immigration légale du Canada. Mais celle-ci est contingentée. Le Canada fait entrer des travailleurs manuels et intellectuels qualifiés, choisis, et n'a pas de pression migratoire de milliers d'immigrés désespérés arrivant sur ses côtes.
Le premier drame me semble être l'échec complet des différentes et successives politiques d'aides au développement dont aucune n'a permis le décollage économique de pays dirigés par des élites prédatrices.
16:14 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : migrations, lampedusa