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03/04/2018

Trump à la Maison blanche

Le feu et la fureur

Michaël Wolff

éditions Robert Laffont

 

Trump a essayé, sans succès,  de faire interdire ce livre, et on comprend pourquoi.

Le journaliste Michaël Wolff a passé un an dans les couloirs de la Maison blanche, discutant avec ministres et collaborateurs. Et puisqu'il y a trois clans dans l'entourage de Trump, personne n'hésitait à dire du mal des autres, ainsi, éventuellement du président. Il y a le clan de la fille et du gendre, le clan de Bannon (celui qui est venu dire aux militants du FN qu'ils devaient être fiers de leurs idées), et celui des Républicains traditionnels. Plus de deux cent entretiens.

Le point de départ est simple : Trump était persuadé qu'il ne sera pas élu. Il avait juré à son épouse qu'il n'avait aucune chance. Il a été candidat pour faire le "buzz". Une gigantesque campagne de publicité sur son nom. Compréhensible car ce qu'il vend ce ne sont pas des immeubles ou des hôtels, mais son nom, devenu fameux grâce à la télé-réalité. Et , depuis un an, il fait avec ses ministres et collaborateurs comme dans la télé-réalité : "vous êtes éliminés ! Vous devez laisser la place ". Au bout d'un an plus de la moitié des participants ont changé. Mais le verdict reste identique : "un imbécile entouré de clowns."

"Donald Trump et ses petits soldats sont résolus à perdre dans le feu et la fureur."

"J'invente des choses depuis toujours et ils les impriment"

"Le candidat, qui se prétend milliardaire-et le répète à satiété-refuse de mettre un $ dans sa propre campagne."

"La nouvelle politique n'est pas l'art du compromis, mais celui du conflit". "Donc agir- peu importe comment-et agir sans attendre".

"Ce président rageur, geignard et tourmenté raisonne émotionnellement, et non stratégiquement.

"L'une des particularités de Trump : son incapacité à voir ses actes comme les autres les voient."

"Le grand intérêt d'être Président, de son point de vue, est que l'on devient l'homme le plus célèbre du monde."

 

 

30/08/2017

Eurasie : miroir des dangers du monde

Eurasie, au coeur de la sécurité mondiale

Dirigé par Gaïdz Minassian

éditions "Autrement"

 

A cheval entre l'Europe et l'Asie, de Tbilissi à Astana, mosaïque de minorités et de conflits dans lesquels Moscou, Ankara, Téhéran et Pékin cherchent à avancer leurs "pions".

Grâce à ses ressources énergétiques, la Russie de Poutine est saisie d'un regain de puissance, avec des pratiques post-impériales, alors que de nombreux pays de l'ex URSS cherchent à se dégager de la tutelle, même en Abkhasie.

La Turquie se considère comme libérée de ses obligations occidentales puisqu'elle ,n'est plus la ligne de défense à l'Est.

Téhéran se cherche des alliés.

La Chine ne se contente plus de l'Asie.

La méthode de l'Union européenne qui consiste à stabiliser le continent par l'élargissement atteint ses limites.

Les organisations internationales sont impuissantes face au désordre mondial.

 

 

19/04/2017

Syrie, notre histoire

Le miroir de Damas

Jean-Pierre Filiu

éditions La Découverte

 

La Syrie est un des rares thèmes de relations internationales présent lors de la campagne des élections présidentielles. Soit directement (quelle attitude avoir à l'égard de Moscou...et de Trump ?), soit indirectement (les réfugiés). Les prises de position de Fillon, Le Pen, Mélanchon ont été "interpellantes" 

La population syrienne est estimée à 22 millions de personnes. Officiellement, la guerre de l'armée du régime et de ses alliés a déjà fait un demi-million de tués et deux millions de blessés. La moitié des habitants ont  été obligés de fuir leur domicile. Cinq millions se sont réfugiés à l'étranger.

"Les révolutionnaires qui se sont soulevés en 2011 étaient persuadés de la chute imminente du régime et ce fut sans doute leur plus grave erreur. Le monstre jihadiste est né sur le terreau de la dictature et il faut abattre celle-ci pour terrasser celui-là."

Mon père ayant fait son service militaire, comme infirmier, à Damas, je n'ignorais pas le lien historique entre la France et la Syrie. Jean-Pierre Filiu, professeur d'histoire, rappelle ce passé commun, et les erreurs commises, y compris par le général De Gaulle. Sans parler des présidents Mitterrand, Chirac et Sarkozy.

Importance historique de la Syrie, puisque "c'est en Syrie que le christianisme a commencé de s'émanciper du judaïsme comme culte religieux et pratique sociale." C'est en Syrie qu'ont été "posé les fondations de l'Eglise maronite."

"C'est en Syrie que Mohammed s'est vu, pour la première fois, attribuer le "sceau de la prophétie." Et c'est à Damas que sont exposées les dépouille d'Hussein, martyr du chiisme , amenant un flux soutenu de pèlerins iraniens. 

Un chapitre est  consacré au génocide arménien organisé par les Ottomans jusqu'à Diyarbakir. "Les Arméniens de Syrie sont dès marqués par les reculs successifs de la France face à la Turquie et par les transferts de populations qui en résultent vers Alep et Damas."

 

09/04/2017

Corée du Nord / Chine / Corée du Sud

Je voulais juste vivre

Yeonmi Park

En complément du livre de Philippe Pons, correspond du Monde dans la région, ce témoignage d'une jeune femme. Pas seulement en Corée du Nord, mais aussi sur la vie en Chine de ces Coréens ayant fuit la dictature, et enfin leurs problèmes d'intégration  en Corée du Sud.

Elle parle de la famine des années 90 : "les pays communistes qui avaient soutenu le régime nord-coréen l'ont complètement abandonné, et notre économie contrôlée par l'Etat s'est effondrée." alors que dans les années 60 et 70 "l'Etat prenait en charge les besoins alimentaires." Un Etat construit dans "un élan national de résistance à la domination japonaise."

"Considérer que la Corée du Nord était une victime perpétuelle de l'agression impérialiste faisait partie de mon identité."

"On possède si peu, un rien suffit au bonheur".

"On m'a enseigné à ne jamais exprimer mes opinions."

Le nord de la Corée du Nord possède "de longue date une tradition de commerce transfrontalier avec la Chine et un marché noir." Le long du fleuve Yalu ont toujours circulé les contrebandiers. C'est par là qu'arrivent, malgré les policiers du régime, les DVD interdits, et plus largement, toutes les nouvelles du monde extérieur à ce pays fermé sur lui même.

"Le grand déclin a débuté en 1990 lorsque l'Union soviétique s'est dissoute."  "Lorsque l'aide alimentaire étrangère a enfin commencé à arriver dans le pays pour secourir la population, le gouvernement en détournait la majeure partie pour l'armée, qui passait toujours en premier.""La famine et l'effondrement économique ont transformé le pays tout entier en une nation de commerçants qui ne cherchaient qu'à survivre". "La corruption, les pots-de-vin, le vol et même le capitalisme de marché étaient devenus un mode de vie suite à l'effondrement de l'économie centralisée.""Une fois qu'on commence à marchander tout seul, on commence à penser tout seul."

"Les Nord-Coréens sont élevés dans le culte de leurs pères et de leurs aînés ; cela fait partie de la culture héritée du confucianisme."

De l'autre coté du fleuve, la Chine, avec de nombreux habitants d'origine coréenne. C'est cette communauté qui organisent tous les trafics, y compris d'êtres humains. Celles qui fuient la Corée du Nord se trouvent généralement vendues, le plus souvent comme épouses dans les zones rurales où les femmes chinoises manquent. Elles sont dures à la tâche et habituées à se contenter de peu. Yeonmi découvre que la corruption des fonctionnaires sévit également en Chine.

Pour elle, comme pour beaucoup d'autres, une mission protestante lui permettra de quitter la Chine vers la Corée du Sud, où elle découvrira une autre forme de discrimination. Il est vrai qu'elle a tout à apprendre du monde moderne, et que son niveau scolaire est faible. Contrairement à la plupart des pays communistes, la Corée du Nord n'a pas investi dans l'éducation. "75% des réfugiés étaient des femmes pauvres des provinces du nord."

"Malgré ses trains à grande vitesse, son architecture moderne et sa culture pop, la Corée du Sud reste un pays très conservateur ."

 

 

06/04/2017

Un Etat-guérilla en mutation

Corée du Nord

Philippe Pons

éditions Gallimard

 

Il y a quelques années, j'ai raconté dans ce blog mon voyage dans ce pays si fermé. Philippe Pons, journaliste au Monde, propose une analyse très fouillée du passé, du présent et du futur de ce qu'il appelle cet "Etat guérilla".

La Corée, colonisée par le Japon à partir de 1905, , est sortie exsangue de la guerre qui a déchiré la péninsule après la dernière guerre mondiale, faisant au moins deux millions de morts coréens. D'un coté l'URSS et la Chine de Mao, de l'autre les Etats-Unis d'Amérique et ses alliés, dont la France. Il faut donc penser la RPDC dans le contexte de son histoire nationale qui explique, au moins en partie, pour quoi elle s'est transformée en "Etat forteresse", cherchant des marges de manoeuvre face à ses mentors chinois et russe. "La RPDC vit depuis plus d'un demi-siècle figée dans l'ère postcoloniale et la guerre froide."

"Un nationalisme ethnique exacerbé a progressivement évincé le marxisme- léninisme." "Un système totalitaire, "socialiste" dans sa forme, nationaliste dans sa substance. La Constitution de 1998 écarte toute référence au marxisme." Au pratiques staliniennes (répression, purges, camps de travail) s'ajoutent les méthodes de contrôle de la police d'occupation japonaise visant à réguler la vie quotidienne en jouant de la délation et de la surveillance mutuelle.

L'écroulement du bloc soviétique et la transformation de l'économie chinoise ont eu des répercussions catastrophiques pour l'économie de la RPDC. Famines, et pour survivre : marché noir et corruption généralisée après l'effondrement du système de distribution publique. Le décalage entre l'idéologie et la réalité est patent, même pour les Nord-Coréens.

La politique de W Bush a son égard  ("axe du mal" en 2002) a renforcé la mentalité d'assiégé permanent, "la militarisation à outrance absorbant les ressources nationales. La primauté accordée aux dépenses militaires s'opéra au détriment des conditions de vie." "Le pays le plus militarisé du monde" avec une surreprésentation des militaires dans l'appareil du pouvoir. L'intervention militaire américaine a été une leçon pour les dirigeants de la RPDC, paranoïaques non sans raison. Devenir une puissance nucléaire leur semble la seule façon d'éviter le sort de Sadam Hussein.

La Chine, même si elle désapprouve la politique des dirigeants nord-coréens, ne se débarrassera de la famille Kim que si celle-ci ne "tient plus le pays, et la remplacera alors par une junte militaire. La présence de ce "glacis" lui est indispensable.

La Corée du Sud ne pousse pas à l'effondrement du régime : elle a tiré les leçons de la réunification allemande et de son prix. D'autant que l'écart entre le nord et le sud est beaucoup plus important qu'il ne l'était entre l'oued et l'est.