27/02/2019
Bruxelles, la belle
La capitale
Robert Menasse
éditions Verdier
L'action se passe à Bruxelles, sous les lampions de la place Sainte-Catherine, ou dans les locaux de la Commission européenne et du Conseil. Le Parlement européen étant quelque peu oublié...
Mais "la capitale" n'est pas Bruxelles mais Auschwitz.
"L'Union européenne doit construire une capitale, et elle doit s'offrir une capitale idéale."
"Le nationalisme et le racisme avaient donné le jour à Auschwitz et ne devaient plus jamais se répéter. Ce "jamais plus" était la base de tout le reste." "Plus jamais Auschwitz", voilà le socle sur lequel l'oeuvre d'unification européenne a été unifié."
"Pour tout membre de la Commission désireux de faire avancer un projet, constater que personne ne s'y intéressait était un grand soulagement."
"Tout le monde commençait par approuver l'idée, puis la soumettait à un tel bombardement d'objections de détail et de proposition de changements qu'il n'en restait plus rien."
"On élaborait tant de compromis infiniment laborieux que personne ne comprenait que ceux-ci préservaient ses intérêts."
"Le maladroit, rien d'étonnant, il passe son temps à lire"
"Le XXe siècle aurait dû être la transformation de l'économie nationale du XIXe siècle en économie de l'humanité du XXIe" Une petite élite politique a oublié l'énergie criminelle du nationalisme et les conséquences que l'on avait déjà tirées de cette expérience."
"Les gens sont comme ça, ils veulent se définir par leur appartenance à une nation, ils veulent décider qui en fait partie et qui n'en fait pas partie, ils veulent se sentir mieux que les autres et ils veulent, quand ils ont peur des autres, leur fracasser le crane."
"Des Etats-Nations concurrents au sein d'une union, cela bloque à la fois la politique européenne et la politique des Etats."
Sous couvert d'un roman policier l'auteur donne une vision assez pessimiste du fonctionnement des institutions européennes.
08:14 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, europe
23/01/2018
Meurtre à Bruxelles
Brexit oblige
Christian Jacq
XO éditions
Un haut fonctionnaire anglais farouchement opposé au Brexit est assassiné. Voilà qui est du plus grand intérêt !
Dès la deuxième page l'assassiné se révèle, sous la plume de l'auteur, non pas un membre de "la caste des hauts fonctionnaires européens, la plus privilégiée du monde dit civilisé", mais un lobbyiste. Hélas Christian Jacq mélange tout, les lobbyistes, la Commission européenne, le Conseil, le Parlement européen et se contente de reprendre des clichés dignes des journaux britanniques lors de la campagne en faveur du Brexit. Et ce n'est même pas au deuxième degré, comme je l'espérais tellement c'est énorme.
Les pays de l'Union européenne se laissent "tondre par l'implacable couple franco-allemand."
"Les médias évitaient d'envenimer la situation. Il fallait encourager les proeuropéens à façonner l'opinion."
"Cette Europe des planqués et des corrompus qui impose ses diktats aux pays naguère libres et engraisse une bureaucratie digne de l'Union soviétique." "Une bande de pourris, achetés par les multinationales". Bénéficiant d'"immenses appartements de fonction".
"Le bâtiment de l'UE, la forteresse des magouilleurs."
"Les fonctionnaires sont la plupart du temps en recyclage, en vacances ou en arrêt maladie."
"Les épouses de plusieurs députés européens exigeaient de nouvelles robes, en raison de festivités imminentes." "amants, maîtresses, amis et lobbyistes se taillent la part du lion."
"Le bâtiment Europa, à l'abri des agitations des Etats membres, est le siège du Conseil européen et du Conseil de l'Union européenne, un seul n'ayant pas suffi, et les deux permettant d'employer davantage de hauts fonctionnaires."
S'y ajoutent tous les clichés concernant les différentes nationalités: l'Allemand est autoritaire, le Grec malhonnête, etc. Il ne manque qu'une Italienne volubile pour compléter le tableau. Le haut fonctionnaire français est "le Français type : arrogant, sûr de lui, filou, persuadé qu'il représente la première puissance mondiale." Et il rêve d'être promu Commissaire européen. Mais ce que savent les fonctionnaires européens, mais que semble ignorer l'auteur, c'est que les Commissaires, nommés par les Etats membres et qui doivent passer un "grand oral" périlleux devant le Parlement européen, ne sont jamais des fonctionnaires européens. De même, seuls les Commissaires, l'équivalent de nos ministres, disposent à Bruxelles d'un logement de fonction, le temps de leur mandat, ce qui n'est pas le cas des fonctionnaires, même de haut niveau. De même, aucun ne dispose d'aucune sorte d'impunité.
Il faut rappeler que rien n'est imposé aux Etats membres, ni par le "couple" franco-allemand, et encore moins par la Commission. Le Conseil est le secrétariat des Etats membres qui ne sauraient être tenus à l'écart de l'immeuble Europa, car c'est là qu'ils se réunissent dans les différentes compositions du Conseil : ministres des affaires étrangères, des finances, de l'agriculture, de la pêche, etc. Le Conseil européen est la réunion des Chefs d'Etats et de gouvernements, et non pas une organisation séparée.
Enfin , les épouses des parlementaires, ou leurs maris, car il y a également des parlementaires femmes, ne demandent aucune nouvelles toilettes pour des réceptions, car ces festivités n'existent que dans l'imagination du romancier.
Une occasion d'une plongée dans les méandres bruxellois vient d'être manquée, et prouve qu'il faudra beaucoup de pédagogie avant les élections européennes de l'année prochaine.
Je suis d'autant plus déçu que j'avais beaucoup aimé les cinq volumes de Christian Jacq sur Ramsès, et inquiet. J'espère qu'il s'est mieux documenté sur l'Egypte qu'il ne l'a fait sur les institutions européennes !
08:32 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, littérature
28/12/2017
Guide à l'usage des eurosceptiques
Les salauds de l'Europe
Jean Quatremer
éditions Calmann Levy
Jean Quatremer, journaliste à Libération où il tient la rubrique "Europe", reprend tous les arguments des eurosceptiques...et rétablit quelques vérités.
Il défend l'idée européenne. "L'Europe est la dernière utopie pacifiste du monde moderne."Mais, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas un inconditionnel du fonctionnement actuel de l'Union.
Son livre a pour avantage de rappeler que la responsabilité essentielle des disfonctionnements revient aux Etats membres car ils sont à l'origine et à la conclusion de toutes les décisions. Y compris dans la nomination des Commissaires européens ainsi que des nomination des Présidents du Conseil et de la Commission. "Le pouvoir reste, pour l'essentiel, entre les mains des Etats qui décident de tout." "On ne peut renverser le Conseil".
Une Commission souvent présentée, en particulier au Royaume-Uni, comme un ramassis de fonctionnaires irresponsables, alors que les Commissaires sont de plus en plus choisis, par les Etats membres, parmi le vivier ministériel, y compris parmi les anciens premiers ministres. Ce que regrette Jean Quatremer.
Les citoyens européens ne savent généralement pas que les Commissaires, avant d'être en fonction doivent passer devant les commissions spécialisées du Parlement européen, qui ne les ménagent pas. A six occasions, les Etats concernés ont été obligés de retirer la candidature du Commissaire pressenti, et d'en désigner un(e) autre. Imagine-t-on les ministres français devant passer un "grand oral" devant les députés, un à un, avant d'être effectivement nommés au gouvernement ?
Jean Quatrmer souligne à juste raison, et à plusieurs reprises, que les dirigeants français ont été plus souvent le pied sur le frein de la démocratisation que des moteurs?
Il y a plusieurs points sur lesquels je suis en désaccord avec l'auteur :
- l'élargissement n'a pas été "imposé par Bruxelles". Qui est Bruxelles ? La vérité est que les pays les plus libre-échangistes, les Scandinaves, et surtout les Britanniques étaient acharnés pour obtenir cet élargissement. Je me souviens d'un ministre anglais m'expliquant que l'élargissement serait financé par les fonds récupérés de la PAC. Croyait-il lui même à ce qu'il racontait à ses électeurs ?
- "Le Conseil détient un pouvoir qu'aucun citoyen ne lui a confié" Quand nous avons voté lors de la présidentielle, ne savions nous pas quel serait l'attitude, au Conseil, de notre Président ?
- "La vacuité de la pensée européenne de François Hollande". Appréciation qui me semble tout à fait injuste. Comme les autres présidents il a été obligé de composer avec ses 27 collègues.
- "Le statut de fonctionnaire européen doit être abandonné". Quel serait alors leur indépendance à l'égard de leur pays d'origine ?
L'auteur a raison de rappeler que l'Union européenne concentre plus de la moitié des dépenses sociales de la planète, et qu'elle est la zone qui organise la régulation des marchés, comme nulle part ailleurs. Une zone parmi les plus réglementées en matière de normes sanitaires et phytosanitaires destinées à protéger les consommateurs.
"La monnaie européenne a permis un baisse sans précédent des taux d'intérêt."
La règle du jeu est bien connu...de ceux qui veulent savoir : "La communautarisation des échecs nationaux et la nationalisation des succès."
09:52 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe
21/08/2017
Caricatures sur l'Europe
Désunion européenne
Cartooning for Peace
60 dessins de presse
Préface de Daniel Cohn-Bendit
éditions Gallimard
L'Union européenne est souvent caricaturée...dans les discours des anti-européens.
Je préfère ces caricatures ironiques et talentueuses d'une trentaine de dessinateurs de presse, Européens ou non.
Mes préférés : les Suisses Chapatte et Mix&Remix, le Belge Kroll.
En raison de l'actualité, le Brexit et le problème des migrations tiennent un place de choix.
"Le populisme a réussi à faire croire aux gens que le bienfait de l'Europe était acquis pour toujours." (Daniel Cohn-Bendit)
08:27 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, dessins de presse
26/03/2017
60 ans...
Il y a 60 ans naissait le "marché commun" entre six pays. Depuis, ce marché est devenu "unique". Pour que la concurrence au sein de ce marché ne soit pas faussée, des normes communes ont été adoptées. Souvent à la demande des producteurs français, de fromages par exemple.
Ces normes communes ont débouché, depuis 30 ans sur une politique commune de protection des consommateurs.
Malheureusement, la vérification que la concurrence n'était pas faussée a débouché principalement sur l'interdiction des subventions nationales ou locales, alors que les dumpings fiscaux et sociaux faussent bien plus cette concurrence. Il n'a pas été possible d'y mettre fin.
Il est certain que, 60 ans plus tard, l'Union européenne est arrivée bien au delà de l'union douanière de départ. Beaucoup d'autres pays l'ont rejoint. Parfois essentiellement pour bénéficier du grand marché et participer à la définition des normes communes.
Les pays qui veulent aller plus loin dans la mise en commun de leurs politiques doivent pouvoir le faire sans être bloqués par ceux qui ne veulent pas, comme cela a été le cas pour la monnaie commune.
En particulier il est urgent que les politiques de sécurité, et de défense, soient mieux mises en commun et mieux intégrées.
11:45 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe