28/09/2016
La fin de Kadhafi
La dernière nuit du Raïs
Yasmina Khadra
Pocket n°16631
Un roman écrit à la première personne, comme si Kadhafi lui même nous racontait ses dernières heures.
Yasmina Khadra, écrivain algérien talentueux , nous présente un "Raïs" (terme arabe utilisé également en Egypte et en Palestine, équivalent de "président") mégalo et caractériel jusqu'à la caricature. Persuadé d'être "l'élu de Dieu", il ne comprend pas la révolte de son peuple dont il est le "Guide". Plus brutal que jamais avec ses subordonnés.
Cette nuit "blanche", qu'il ne croit pas être la dernière, est l'occasion de repenser à ses 63 années, commencées à Syrte où elles vont se terminer.
Ce n'est qu'à la dernière extrémité qu'il regrette de ne pas avoir accepté "l'invitation" d'Hugo Chavez qui lui offrait l'asile politique au Venezuela.
Bientôt cinq années plus tard nous savons que la disparition de ce dictateur, que personne ne pleure, n'a résolu aucun problème en Libye qui est toujours dans le chaos. Sarkozy et Cameron ont été plus déterminés à chasser ce gêneur qu'à reconstruire le pays toujours aux mains de milices rivales.
08:34 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, moyen-orient
26/09/2016
Laurent Binet trouve Saussure à son pied
La Septième fonction du langage
Laurent Binet
éditions Grasset et Livre de Poche
Février 1980 : Roland Barthes est renversé par une camionnette . Assassinat ? Quel est le mobile ? Tout le monde, dans le monde intellectuel de la philologie, de la linguistique, donc de la sémiologie, de la philosophie, est suspect : Derrida, Deleuze, Foucault, Sollers et Kristenva, BHL, Debray, Lacan, Todorov, Umberto Eco, Searle, etc. Que du "lourd" !
L'enjeu est une septième fonction du langage "découverte" par le linguiste russe Roman
Jakobson à l'origine du structuralisme. "Elle permet à celui qui la maitrise de convaincre n'importe qui en n'importe quelle circonstance."
L'enquête en menée par un commissaire ayant peu de culture, assisté par un prof de la fac de Vincennes, contraint et forcé. "Contrairement aux flics des romans ou des films, il a d'autres affaires en cours, il ne peut pas consacrer 100% de son temps de travail à celle-ci".
L'histoire se termine par la victoire de François Mitterrand en mai 81, en particulier après sa victoire dans son débat contre le président sortant.
Très intello !
"On prétend toujours à ce qu'on ne peut pas être ou à ce qu'on a été un jour et qu'on ne redeviendra jamais."
"Simon se demande si dans la vraie vie, la gauche peut réellement être au pouvoir. Ou, plus exactement, si dans la vraie vie, la gauche peut réellement être au pouvoir. Ou, plus exactement, si, dans la vraie vie, on peut changer la vie."
08:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
22/09/2016
Cartooning for Peace fête ses 10 ans
Le dessin de presse dans tous ses états
éditions Gallimard
Cartooning for Peace a été créée il y a 10 ans par Koffi Annan et Plantu et regroupe 147 dessinateurs de presse du monde entier.
Il y a un an, l'association organisait à Paris un colloque international sur le thème "le dessin de presse dans tous ses états."
Le livre reprend des extraits de certaines interventions, et surtout presque 200 pages de dessins de presse, dont certains assez récents, comme celui du Mexicain Bodigàn sur l'attentat de Nice du 14 juillet dernier.
Parmi mes préférés : le Belge Kroll, le Suisse Chappatte, Willis from Tunis, et le duo formé par le Palestinien Khallil et l'Israélien Kichka.
"Je suis responsable de ce que je dis, mais toi tu es responsable de ce que tu interprètes" (Bonil, dessinateur équatorien)
"Caricaturer l'Europe, c'est construire l'Europe. C'est aussi par la liberté des caricaturistes qu'elle se dessine comme un espace commun." (Harlem Désir, Secrétaire d'Etat aux affaires européennes)
08:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessins de presse
21/09/2016
N'oubliez jamais que le seigneur vous regarde !
Filles des oiseaux
Florence Cestac
éditions Dargaud
Une BD pleine d'humour, ce qui n'est pas étonnant de la part de Florence Cestac. Son "Démon de midi" date de vingt ans et je m'en souviens encore !
L'action se passe il y a une cinquantaine d'années, mais reste d'actualité. Les religieuses catholiques ont probablement beaucoup évolué, mais les tabous, en particulier sexuels, n'ont pas disparu. Comme l'écrit Jean Teulé dans sa préface, nous sommes passés de "l'emmerdement des soutanes" à "la chierie des djellabas avec des prisons grillagées de burka et les tristes morales qui les accompagnent". Avec le même avertissement : "n'oubliez jamais que le seigneur vous regarde".
Pas beaucoup de différence entre les talibans obsédés par les serviettes hygiéniques, non prévues dans le Coran, et les religieuses considérant les tampons périodiques "un objet de Satan".
Ne serait-il pas possible de mettre aujourd'hui dans la bouche des Salafistes les paroles prononcées alors par des religieuses catholiques : "tu n'es rien , mais tu peux devenir une servante du seigneur ou une épouse exemplaire : jolie, douce, aimable, modeste et polie. Vous n'êtes pas là pour la fantaisie, ou le plaisir, mais pour occuper la place que vos parents et Dieu ont choisie pour vous !"
Donc, il y a cinquante ans, dans un pensionnat religieux de provinces, deux adolescentes de milieux sociaux très différents se rencontrent et se lient d'amitié, jusqu'à ...mai 68 !
08:39 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
09/09/2016
Héros romantique par excellence ?
Adolphe
Benjamin Constant
Maxi poche
L'excellent film "Le prénom", reprise d'une pièce de théâtre à succès, m'a donné envie de relire "Adolphe".
Pour celles et ceux qui ne connaitraient par le film : Vincent, homme à la 4X4 et à la Rolex (interprété par Patrick Bruel) fait "marcher" la famille en faisant croire qu'il va appeler son fils Adolphe -PHE, "héros romantique par excellence".
En fait, dans le roman, Adolphe n'est en rien romantique. Il séduit Eléonore, mère de famille, par défi et ensuite, par lâcheté, n'ose pas la quitter. Eléonore meurt d'amour pour cet égoïste total que Benjamin Constant qualifie "d'être malfaisant".
"La difficulté véritable était de ma part l'absence d'amour." "Eléonore ne m'inspirait qu'une pitié mêlée de fatigue."
Que le personnage de Bruel ne connaisse Adolphe que par oui-dire, passe encore, mais que le personnage de son beau-frère, professeur de littérature à la Sorbonne (Charles Berling), ne relève pas le contre- sens n'est pas crédible, pour ceux qui ont lu le livre, une infime minorité sans doute.
"Cela leur fait si peu de mal, et à nous tant de plaisir ! "
"La grande question dans la vie, c'est la douleur que l'on cause."
16:28 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature