19/12/2009
Tonton clarinette
Tonton clarinette
Nick Stone
Série noire Gallimard
« Tonton clarinette » est la version contemporaine, et caraïbe, du « joueur de flute » d’Hamelin, qui attirait les enfants par sa musique.
Un ex flic, ex détective privé, tout récent veuf, et à peine sorti de prison, accepte la mission de retrouver un petit fils de très riches, mystérieusement disparu, alors qu’aucune rançon n’est demandée.
L’enquête est bien menée, il y a de l’action et des rebondissements, mais ce livre est également l’occasion d’une impressionnante immersion en Haïti, un des pays les plus pauvres du monde.
J’y ai retrouvé les souvenirs du voyage que j’y ai effectué en 2003 : le déboisement dans les campagnes, la célèbre « Cité soleil », bidonville d’un million d’habitants. J’ai le souvenir d’un dispensaire à la clientèle à 80% insolvable, et d’une équipe admirable, soignant avec deux heures d’électricité par jour. J’ai le souvenir d’une école où aucune cantine n’était possible : la nourriture était prise d’assaut par les adultes avant d’arriver à la table des enfants…
Alors, chercher un enfant dans ce contexte... « La police est le produit de la société » m’avait dit le Premier ministre haïtien de l’époque. Ce qui n’est pas faux, mais reste tout de même inquiétant, car cela justifie la thèse consistant à se faire justice soit même, un peu trop reprise, à mon goût, dans ce livre.
08:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
13/12/2009
répliques drôles
Les répliques les plus drôles du Théâtre
Présentées par Pierre Arditi
Editions du Cherche Midi
Pour celles et ceux qui aiment les livres de citations. Celles-ci sont tirées de répliques de pièces de théâtre.
Elles sont souvent mysogines, et généralement féroces.
J’ai noté en particulier :
« Comme ça doit être agréable de ne jamais réfléchir »
« L’avenir ne sert qu’à arranger le présent »
« La connerie est l’antidépresseur des pauvres »
« Tu as vu des femmes qui aiment des pauvres ? »
« Ce qu’il veut le lecteur, ce n’est pas de l’authentique, c’est du croustillant »
« Attendre, c’est presque toujours espérer »
« L’être humain est le seul animal qui peut faire l’amour par politesse »
« L’amour est le seul besoin naturel pour la satisfaction duquel il faille la collaboration d’un partenaire »
« Quel dommage qu’on ne puisse pas se faire opérer de la conscience, comme de l’appendicite »
« La mort d’un homme a tout juste l’importance que lui accordent ceux qui restent »
« Ce n’est pas parce que l’on saute dans un taxi de temps à autre que l’on doit abandonner sa voiture »
11:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre
12/12/2009
Les Catapilas, ces ingrats
Les Catapilas, ces ingrats
Venance Konan
Editions Jean Picollec
Les « Catapilas », ce sont ces hommes qui travaillent sur les « Caterpillars », « ces gros engins qui abattaient les arbres et aplatissaient les montagnes ».
Dans ce roman, il est facile de reconnaître la Côte d’ivoire et ses protagonistes.
Les « Catapilas » sont ces Ivvoiriens originaires du Mali ou du Burkina qui ont défriché la forêt pour y cultiver le cacao, et dont la réussite attire des jalousies.
Vision carrément moqueuse de l’Afrique en général, et de la Côte d’ivoire en particulier, de ses pratiques sociales et politiques.
Mais est-ce seulement en Afrique que les immigrés, et leurs descendants, sont traités d’ « ingrats », qu’on leur refuse la nationalité (qu’est-ce que l’identité nationale ? qu’est-ce que l’ « ivoirité » ?), après qu’ils aient travaillé plus que les autres à (re) construire le pays, effectué les travaux que les nationaux ne voulaient pas faire ?
« Une religion qui interdisaient de boire de l’alcool ne pouvait pas être une religion sérieuse. Celle qui interdisait à ses prêtres de coucher avec des femmes ne pouvait pas non plus être sérieuse »
« Ils leur parlaient de démocratie, de liberté, et du socialisme, un système dans lequel tout le monde aura à manger et à boire gratuitement sans travailler, même que nous serions les égaux des Blancs et pourrions coucher avec leurs femmes. »
« Depuis quand avez-vous vu un militaire au pouvoir perdre les élections ? »
« Un homme politique qui veut faire carrière se doit d’être présent à toutes les funérailles, et d’y donner de l’argent, même s’il ne connaît pas le défunt »
« Chez nous, lorsqu’un homme meurt, on considère que c’est parce que ses femmes ne se sont pas bien occupées de lui »
08:39 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
05/12/2009
Zulu
Zulu
Caryl Ferey
Série noire, Gallimard
Grand prix des lectrices de ELLE, policier 2009
Prix Quai du polar 2009
Prix du roman noir Nouvel Obs 2009
Grand prix du roman noir de Beaune 2009
Prix mystère de la critique 2009
Grand prix de littérature policière 2008
A la différence de « La mémoire courte », l’action ne se passe pas à Pretoria mais au Cap et ses environs (que je préfère, sans comparaison, à la capitale ; « un paradis sur terre pour qui peut payer »). Mais on retrouve la même violence (« principal moyen d’expression de ce pays »), liée au sida, le même contexte postapartheid (« avec la fin de l’isolement dû à l’apartheid, les activités criminelles étaient devenues transnationales »), avec des retours permanents à la période du régime raciste (« au mépris du Noir répondait la haine du Blanc »).
Le chef de la police criminelle, Zoulou, dans une ville qui ne l’a jamais été, enquête sur des meurtres qui pourraient être zoulous, qui pourraient avoir une dimension politique, et en prennent immanquablement une, à la veille de la Coupe du Monde de foot.
Un livre foisonnant, intense et dur : les riches, les pauvres dans les bidonvilles, généralement immigrés nigérians, la drogue, le sida, l’industrie pharmaceutique, la corruption, la violence sans espoir, et pourtant des instants d’amour…
« En étirant ses pôles, le monde devenait toujours plus dur pour les faibles, les inadaptés, les parias ».
« Les exclus étaient repoussés vers les périphéries des mégalopoles réservées aux gagnants d’un jeu anthropophage où télévision, sport et pipolisation du vide canalisaient les frustrations individuelles, à défaut de perspectives collectives »
« L’apartheid aujourd’hui n’est plus politique mais social »
« Les Huguenots français étaient venus, comme tous les migrants, avec leur culture et de quoi la développer »
« Les hommes seuls parlent trop, ou ils se taisent comme des carpes »
13:14 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
29/11/2009
La mémoire courte
La mémoire courte
Louis-Ferdinand Despreez
Points policiers N°P1834
Louis-Ferdinand Despreez est un sud-africain descenant de huguenots. Son héros est un policier, noir, de Prétoria. Chaque samedi matin un homme est retrouvé mort, le corps violemment mutilé, les doigts coupés, la peau du visage arraché, afin d'empêcher l'identification.
Sous pretexte d'enquête policière l'auteur nous parle de la République d'Afrique du Sud de l'après apartheid, avec des retour en arrière, pour ne pas oublier l'héritage. Avec "le sentiment d'être descendu encore un peu plus bas dans les abysses de la méchanceté humaine". Une société de violence. Avec un taux d'infection du Sida qui pousse au désespoir (1/3 de la population sexuellement active). Quand on est condamné à mourrir, une mort violente fait moins peur. Avec les meurtres rituels qui n'ont pas plus disparus que les superstitions dues l'impuisance. "Le racisme a cessé d'être institutionnel et légal".
Avec un retour sur la lutte pour l'indépendance, y compris en Angola (" on ne se sentait pas plus communistes qu'Angolais ; nous voulions nous battre chez nous et chasser les blancs du pouvoir"). Avec le difficile recyclage de ces combattants de la liberté dans la "Nation arc-en-ciel" cherchant sa réconciliation ("Mandela avait décidé de mettre un coussin sous le cul des blancs qui tombaient de leur piedestal de l'apartheid". "Certains avaient viscéralement besoin d'une lutte de libération, comme d'autres d'aller à l'église ou au bordel").
"Comme dans les romans de Mongo Beti, où il n'y avait d'ailleurs pas que la voiture de patrouille qui était pourrie"
"Quoi de plus moche que de vivre dans le noir dans sa cahute alors que l'autoroute d'à côté est illuminé comme un sapin de noël ?"
"Cette longue expérience des psy qui consiste à vous répétez, avec leurs mots à eux, ce que vous venez de leur dire, avec vos mots à vous, avant de vous réclamer leurs honoraires, avec leurs chiffres à eux".
"Pour un journaliste, le plaisir de coincer un élu, surtout en période électorale, est toujours supérieur au plaisir de connaître la vérité" (message pour Julien Dray ?)
"Il y a des limites à la bêtise, même chez un con."
08:21 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature