19/08/2008
L'aube, le soir ou la nuit
Yasmina Reza
Editions Flammarion, Albin Michel
Que Yasmina Reza sache écrire, c'est indiscutable. Elle l'avait prouvé dans une quinzaine de pièces de théâtre, la plupart à succès.
Qu'elle soit tombée sous le charme du personnage de théâtre qu'était le candidat gagnant de l'élection présidentielle, c'était inévitable et personne ne peut l'en blâmer.
Le livre a été très médiatisé et pourtant les chiffres de vente n'ont pas été mirobolants.
Pas assez ou trop politique selon les goûts...
Il est écrit de façon à être agréable à lire.
Et je ne suis pas devenu sarkozyste en le lisant !
Comme Sarkozy a gagné, ce n'est pas une tragédie."Il n'y a pas de lieux dans la tragédie. Et il n'y a pas d'heures non plus. C'est l'aube, le soir ou la nuit".
Citations
"Les écrivains ont en commun avec les tyrans de plier le monde à leur désir"
"Je le trouve élégant. Il est retourné chez Dior. Avant il allait chez Lanvin.
"Il n'y a de vérité qu'au présent"
"Ils ne jouent pas leur existence, mais plus grave, l'idée qu'ils s'en sont faite"
"Ces hommes ne veulent pas le bonheur, ils veulent leur chance dans la bataille"
"Il ne s'adresse qu'à lui même"
"On ne peut qu'admirer le don et la compétence"
"Se faire élire n'est pas se faire aimer"
"Il n'y a pas de gène du destin, ni malheureux, ni heureux"
"Etre adulte c'est être seul" Jean Rostand
"La jeunesse, c'est la promesse des commencements" Rilke
"Il a réinventé la politique par le verbe, maintenant on est dans l'action"
Citations de "l'entourage"
"Quand on a bien travaillé, il n'y a rien de déshonorant à échouer"
"C'est un métier de con pour gens intelligents"
"La réalité n'a aucune importance, il n'y a que la perception qui compte."
"Quand le prince devient Roi, ceux qui ont vu le prince pleurer sont envoyés dans les mines de sel. Depuis la nuit des temps."
"Encore deux semaines de discours sur le devoir et le respect et je passe à l'extrême gauche"
"Le pouvoir, c'est comme l'horizon, plus il s'approche, plus il s'éloigne. Mais il faut voir le paysage qu'il y a derrière la montagne"
Citations du personnage principal
"C'est limite mauvaise foi, c'est même terrifiant de mauvaise foi, mais enfin, il faut y aller !"
"Si les électeurs de Le Pen me quittent, on plonge"
"En politique on est tous tournés sur nous mêmes"
"J'aime pas dépendre et j'aime pas qu'on dépende de moi"
"Je t'embrasse mon Omar" (à Omar Bongo)
08:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique, sarkozy
16/08/2008
Retour à Bruxelles
Retour à Bruxelles
Vincent Delecroix
Actes Sud
Voyage en France, retour à Bruxelles, Vincent Delecroix, professeur de philosophie, nous offre un bref voyage lyrique à Bruxelles ("c'est la plus littéraire des langues, celle que parlent les rues de Bruxelles" mais "Bruxelles est sans doute la seule ville d'Europe qui ait été à ce point martyrisée par les promoteurs" ; "j'ai vu souvent ce miracle à Bruxelles, d'un soleil rafraîchi de pluie"), le temps d'une aventure amoureuse ("je désirais seulement que tu ne sois pas cruelle, et tu ne l'as pas été").
Extraits "Rien n'est plus difficile que de marcher à côté de quelqu'un que l'on ne connaît pas et que l'on commence à aimer"
"Dans la vie, le corps des autres est toujours ou trop loin ou trop près de nous."
"Il n'y a aucun amour véritable, si l'on a pas ensemble mangé"
"Il ne faut pas craindre de ne jamais connaître l'autre"
"Il n'y a même plus de petits bouchers dans cette rue de l'Ilot qui vomit ses flots de touristes vers les restaurants tapageurs et tristes. Elle est invisible la montagne aux herbes potagères" "Mince porte de chair donnant sur toute la gloire d'aimer, tes lèvres étaient fines et douces."
"Tout mon corps se gonflait de jouissance comme la voile dans le vent debout"
"Au moment de me détacher de toi, j'ai eu peur de ne pouvoir t'oublier, de devoir toujours t'aimer" ; "Qu'est-ce qu'il y a à aimer dans un souvenir ?"
"Seule la gare offre un attrait : celui de pouvoir en partir" ; "Mon train reviendrait et ferait cercle autour de la terre. De Bruxelles à Bruxelles."
"Et pour tout ce qui n'a jamais existé et n'existera jamais, je laisse un peu de blanc au bas de la page".
08:36 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
14/08/2008
L'Afrique des idées reçues
L'Afrique des idées reçues
Georges Courade
Editions Belin
Nous avons plein d'idées toute faites, reçues ou que nous pensons tirées de nos réflexions et de nos observations. Sur l'Afrique en particulier, continent pour lequel les lieux communs se multiplient, généralement dévalorisants. Ce livre en présente une cinquantaine, traitée de manière claire et rapide, par une trentaine d'auteurs spécialistes des questions soulevées. Pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin, chaque chapitre contient une biographie et une liste de sites internet où aller chercher des renseignements complémentaires.
Toutes ces "fiches" sont regroupées en cinq parties dont les titres sont emblématiques des "idées reçues" : -"L'Afrique est riche...mais les Africains dilapident les ressources" ; - "Lire le passé pour comprendre le présent et construire l'avenir" ; - "Comportements irrationnels, mentalités rétrogrades" ; - "Le progrès doit être imposé à des paysans archaïques" ; - "L'Afrique est partie...dans quelle direction ?"
Extraits
"L'inefficacité de l'aide, sous toutes ses formes, est aujourd'hui patente" ; "L'image dévalorisante de l'Afrique est diffusée dans le sous continent lui même" ; "80% des revenus nigérians ne bénéficient qu'à 1% de la population"
"La fuite des capitaux privés (285 milliards de $) doit être comparée à la dette externe (178 milliards)" "70% du patrimoine privé est placé hors du pays"
"Un enfant sur deux, privé de scolarité et de loisirs, est forcé de travailler"
"L'ethnie est d'abord un sentiment d'appartenance, conforté par le regard des autres. La modernité brasse les peuples ; c'est dans le sang que se construisent les identités collectives." "Les conflits africains récents se sont construits sur des conditions économiques extrêmement dégradées et des Etats déliquescents"
"L'Afrique compte 1/3 des réfugiés et la ½ des conflits dans le monde" "Ce ne sont pas les frontières qui posent problème, mais l'Etat dans sa capacité à intégrer diverses populations" "L'homme qui a plusieurs femmes ne dort jamais affamé"
"On oblige l'homme à dépenser pour limiter le nombre des co-épouses"
"Les anciens, auréolés de sagesse ou investis de pouvoirs occultes, sont à la fois admirés et craints"
"La réduction des inégalités et la lutte contre la pauvreté passent certainement par la confrontation avec le réel"
Idées reçues ? Valables ou dépassées ? Les réponses sont dans le livre...
07:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, livre
12/08/2008
L'assassinat raté de georges Frêche
Alain Rollat
Editions Singulières
Ce livre ne s'adresse pas spécialement aux habitants de Montpellier et de ses environs.
A partir du cas de Georges Frêche, ancien maire et président de l'agglomération, et du conseil régional de "Septimanie", l'auteur, journaliste, ancien du Monde et de Midi Libre, fondateur de "la Gazette de Sète", démonte comment fonctionne les médias.
Un mécanisme qui devrait être étudié dans tous les cours de déontologie des écoles de journalisme ("L'information que le journaliste digne de ce nom doit au public n'est pas un produit marchand mais un bien social").
Une démonstration qui nous sert de "vaccin" de rappel pour relativiser la "vérité" journalistique ("Le temps des médias n'est pas celui de la connaissance" ; "On ne rencontre jamais, nulle par, aucune vérité absolue"; "On ne transmet plus une information, on exprime une émotion").
Georges Frêche est un potentat local, féodal, et qui se comporte comme tel.
Intellectuel brillant, politicien ambitieux, il a arraché, avant d'avoir 40 ans, la ville de Montpellier à la Droite, à la surprise générale, lui a donné une image de "surdouée". Elle a, avec Toulouse, le plus fort taux d'expansion. Frêche est un bâtisseur flamboyant qui n'a jamais manqué de projets pour sa ville et au delà ("Il suffit de comparer la Montpellier d'aujourd'hui à la Montpellier d'avant Frêche" ; "Montpellier est un chantier dont son maire serait le bulldozer").
Fort en gueule, les médias l'ont lynché et lui ont collé l'étiquette infamante du racisme.
Alain Rollat décrypte dans ce livre, à partir du cas de Frêche, les mécanismes des relations entre politique et journalisme.
L'étude de cas commence avec l'affaire des "harkis", ou plutôt ceux d'entre eux que Frêche traite de "sous-hommes". C'est un mot déplacé, mais "il est parfaitement clair que les propos ne visent pas les anciens harkis en général, en tant que communauté, leur appartenance à une race ou une religion (comme si les harkis, anciens militaires relevaient d'une ethnie, une race ou une religion), mais simplement ses deux ou trois contradicteurs venus le provoquer".
"Si tu traites un type de connard et qu'il est noir, tu ne traites pas les Noirs de connards pour autant".
L'affaire est montée en épingle par le quotidien local "Midi Libre", en conflit ouvert avec Frêche depuis que celui-ci a décidé de couper publicités et annonces légales suite à un article qui lui a déplu.
Le Monde, quotidien de référence, est alors propriétaire de Midi Libre, et tous les articles concernant la vie locale proviennent de Midi Libre.
Pour Alain Rollat, il s'agit clairement de "représailles concertées", mais "la vérité, la vraie vérité n'intéressait personne"."Il était devenu médiatiquement incorrect de ne pas participer à l'hallali". "Midi Libre a préféré la loi du talion à celle de la vérité" ; "les lecteurs du Monde ont avalé, à leur insu, le faux témoignage de Midi Libre". Et à partir du moment où "l'affaire" été reprise par la télévision...
C'est dans ce contexte qu'il parle, à propos des mauvais résultats de l'équipe de Montpellier, de la composition de l'équipe de France de foot : "Dans cette équipe, il y a neuf Blacks sur onze. Qu'il y en ait trois ou quatre serait le reflet de la société. S'il y en a autant, c'est parce que les blancs sont nuls". La justice a relaxé Frêche des accusations de racisme. Et pourtant, comme l'a noté ironiquement Le Pen, le racisme anti-blanc est évident.
Sommé de s'expliquer il s'enfonce : "les compatriotes dont j'ai parlé (pas les Blancs) ont une rage de vaincre qui les honore. Ils sont souvent ceux qui se battent le plus pour réussir. Ils en veulent. Ils utilisent le foot pour la promotion sociale et c'est très bien pour eux.
"L'équation Frêche = Le Pen ne résiste pas un instant au révélateur du bilan des actes de GF : urbanisme, logement, éducation, sécurité, loisirs, culture, sport, basés sur un objectif clair : l'intégration passe par une politique laïque, cohérente et volontariste."
40% des logements d'Antigone sont des HLM semblables aux autres logements de ce quartier proche du centre, imaginé par Ricardo Bofill. "L'homme politique digne de ce nom s'incarne dans son œuvre".
Mais "on est toujours, quelque part, responsable des inimitiés qu'on suscite" et "on ne recourt pas impunément à la violence verbale"."Il faudrait que quelqu'un se dévoue pour expliquer à GF que la politique consiste à peser ses mots".
Citation
"Partout sont à craindre la ruse, les embûches, la perfidie". Quintus Cicéron
08:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, politique
09/08/2008
Un homme
Philip Roth
Editions nrf Gallimard
Un homme, un homme parmi tant d'autres.
Un livre qui commence par son enterrement et se termine par son décès.
Un homme qui mène une vie saine ("avec l'hygiène de vie qu'il pratiquait depuis toujours, l'idée qu'il puisse être candidat au pontage coronarien lui paraissait saugrenue"), que la maladie accable sur ses vieux jours ("65 ans, sa santé le lâchait, son corps semblait en péril permanent"), tandis qu'il voit ami(e)s et anciens collègues disparaitre.
Une vie qui se termine par la seule expérience qui nous soit commune : la mort ("oublier que nous sommes nés pour vivre, nous qui mourrons pourtant").
Un livre à interdire au plus de 65 ans !
Extraits :
"Il lui fallait désormais déployer des trésors de ruses pour faire échec à l'obsession de sa propre mort" ; "échapper à la mort semblait devenir la grande affaire de sa vie, qui se résumait désormais à l'histoire de son déclin physique" ; "La vieillesse est une bataille" ;
"L'inévitable siège que l'homme doit soutenir en fin de vie, ce n'est pas une bataille, c'est un massacre"
"Il était taraudé par le sentiment qu'il amorçait la dernière ligne droite"
"Jours sans but et nuits incertaines, témoins de sa dégradation physique irréversible, l'attente de celui qui n'a rien à attendre"
"Contrairement à lui, beaucoup étaient capables d'entretenir toute une conversation sur le chapitre de leurs petits enfants et, qui plus est, de trouver dans l'existence de ces petits-enfants des raisons d'exister eux mêmes".
"On ne peut pas réécrire l'Histoire. Il faut tenir et prendre la vie comme elle vient".
"Faire son testament, c'est peut-être la meilleure contrepartie de la vieillesse, voire de la mortalité"
"Penche toi sur ton passé, répare ce que tu peux réparer, et tâche de profiter de ce qui te reste"
"On a beau s'y attendre, on est jamais prêt"
"L'expérience la plus intense, la plus perturbante de la vie, c'est la mort. Une fois qu'on a goûté à la vie, la mort ne paraît même pas naturelle"
"Chaque chose en son temps. Laisse moi d'abord mourir, si tu veux que je t'aide à supporter ton chagrin"
08:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature