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09/10/2007

Une vie à gauche

Une vie à gauche

 

 

Jean Le Garrec

 

 

Editions de l'aube

 

 

 

A l'occasion des dernières élections législatives, Jean Le Garrec a mis un terme à sa responsabilité de député du Nord. Il avait quitté le Conseil régional Nord Pas-de-Calais, dont il était le Président du Groupe socialiste, à l'occasion du dernier renouvellement de celui-ci.

 

 

J'ai connu Jean, il y a bien longtemps. J'avais 20 ans. Il en avait 20 de plus que moi. Il les a toujours et les porte fort bien.

 

C'est par son intermédiaire que j'ai connu Pierre Mauroy, à qui je dois presque autant que Roland Huguet.

 

Ensemble, nous avons milité pour une synthèse entre "les deux gauches", entre Mitterrand et Rocard, au Congrès de Metz en 1979.

 

 

En 1981, Jean est devenu ministre, chargé des nationalisations.

 

Quand, un peu plus tard,  il est devenu ministre de l'emploi, il m'a proposé de remplacer, au poste de Chef de son Cabinet, notre ami commun, Gilles Bardou, devenu depuis membre du Conseil d'Etat. J'ai refusé. J'avais quitté la SNCF pour le Groupe socialiste du Parlement européen,  sans idée de retour,  tant mon travail me plaisait. Mon épouse n'a pas eu trop de mal à me convaincre de ne pas céder à cette offre.

 

Pour une fois je n'ai pas suivi l'envie d'aller voir "ailleurs et plus loin" dont Jean parle à plusieurs reprises dans son livre.

 

 

A l'époque, Jean ne savait pas que Marcel Le Garrec, qui l'avait élevé n'était pas son père biologique. Il n'a appris que bien plus tard, largement passé la cinquantaine,  qu'il était le fruit d'un amour caché de sa mère avec un bel italien,  disparu tragiquement au large de la Bretagne. M'aurait-il confié ce terrible secret de famille ?

 

"Ma vie a son secret, mon cœur a son mystère..."

 

 

Citations :

 

 

" Les grands chefs socialistes sont ceux qui parviennent à arbitrer le vieux débat entre l'aspiration légitime à un monde meilleur et la prise en compte des réalités".

 

 

"L'honnêteté, notamment intellectuelle, ne suffit pas pour gagner les élections. Il faut aussi faire rêver à des lendemains qui chantent, pour susciter un élan."

 

 

"Le bon manager est celui qui choisit des collaborateurs meilleurs que lui." (Merci de m'avoir proposé d'être un des tes principaux collaborateurs...)

 

 

"L'important, c'est la volonté d'agir où l'on se trouve".

 

 

"J'ai besoin de lire, de regarder des films, de voir le monde. Comment asseoir une vision politique sans curiosité intellectuelle."

 

 

09:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)

06/10/2007

La ligne pourpre

La ligne pourpre

 

 

Wolfram Fleischhauer

 

 

Editions : J.C. Lattès

 

 

 

1599 : Paris

 

 

Gabrielle d'Estrées, maîtresse officielle d'Henri IV,  meurt soudainement d'une crise d'éclampsie,  juste avant le mariage que lui avait promis le Roi.

 

 

L'auteur est historien d'art,  et il utilise la forme du roman pour parler de l'énigme de ce tableau très connu, mais anonyme, qui se trouve au Louvre,  et  qui représente Gabrielle d'Estrées, les seins nus,  en compagnie d'une autre jeune femme qui lui pince le sein, énigme qu'il relie aux interrogations, légitimes, sur la mort soudaine de Gabrielle.

 

 

Gabrielle d'Estrées, comme le Roi ancienne protestante, a joué un rôle important dans la conversion d'Henri IV ("Paris vaut bien une messe").

 

Elle a 20 ans de moins que le Roi, mais 10 ans de plus qu'Henriette d'Entraygues, future favorite du Roi, que celui-ci a rencontré peu de temps avant la mort de Gabrielle.

 

Pour la petite histoire, le dernier grand amour d'Henri, Charlotte de Montmorency, avait 10 ans de moins qu'Henriette, donc 40 ans de moins que lui !

 

Henri a promis le mariage à Gabrielle et cette promesse de mariage à Gabrielle semblait sérieuse : tous les préparatifs étaient en cours.

 

Il y a, néanmoins,  quatre "bémols" :

 

1) le divorce avec "La Reine Margot" n'était pas encore prononcé, Marguerite de Valois n'ayant même pas encore donné son accord. Elle semblait plus encline à donner son accord pour un nouveau mariage d'Henri avec Marie de Médicis,  que pour laisser la place à la maîtresse du Roi. Et le Pape semblait dans les mêmes dispositions : oui à l'annulation du premier mariage,  pour un mariage avec la catholique militante Marie de Médicis (après l'assassinat d'Henri IV par Ravaillac, elle empêchera la guerre qu'avait déclarée le Roi contre les Pays-Bas espagnols), mais pas vraiment d'accord pour la protestante convertie Gabrielle, même si le Pape craignait un peu que le Roi de France ne suive l'exemple du Roi Henri VIII d'Angleterre (voir la note sur "Dissolution") ;

 

2) les négociations avec les Médicis, en particulier sur l'importante dot de Marie,  continuaient, et Henri avait dramatiquement besoin d'argent ;

 

3) Henri n'était pas avare en promesses de mariage. Après la mort de Gabrielle, il  fera la même promesse à Henriette, et même par écrit. Et il ne la tiendra pas davantage,  à la suite d'une fausse couche de celle-ci !

 

4) Gabrielle a donné à Henri des enfants, dont César, qui a été légitimé, nommé Gouverneur de Bretagne, puis Duc de Vendôme et Grand Maître de l'Ordre de Malte.

 

César pouvait-il devenir Roi de France si sa mère devenait Reine ? Cela n'aurait-il provoqué une nouvelle guerre civile ?

 

 

 

Il est donc clair que la mort subite de Gabrielle est "providentielle" et arrange beaucoup de monde, à commencer par le Roi. Faut-il considérer, comme le Pape,  que "Dieu a fait jouer la Providence" ? Ou la Providence a-t-elle été un peu aidée ?

 

La crise  d'éclampsie a pu être provoquée par ce que l'on appelle aujourd'hui un "stress" très important (dû au mariage ou à la connaissance du fait que  ce mariage n'aurait pas lieu, bien qu'annoncé, ce qui aurait humilié Gabrielle ?), par une fausse couche ? (naturelle ?), ou tout simplement par un taux d'albumine trop important ?

 

 

Et c'est là qu'intervient le mystère du tableau, dont on ne connaît ni l'auteur, ni la date. Comme le dit un proverbe allemand,  cité dans le roman : "l'œil dort jusqu'à ce que l'esprit l'interroge et le réveille".

 

Il est inconcevable que Gabrielle,  favorite du Roi,  et éventuelle future Reine,  ait posé nue. Il n'existe aucun autre exemple dans l'histoire de la peinture. Les nudités picturales prenaient toujours comme prétexte la mythologie. La femme qui se trouve à côté de Gabrielle est présentée, postérieurement,  comme étant sa sœur, "Duchesse de Vilars", ce qu'elle ne deviendra que 30 ans après la mort de Gabrielle...

 

L'hypothèse de l'auteur est que, dans cette époque qui aimait les rebus et les devinettes, et donc les tableaux symboliques, le peintre, anonyme, dénonce, probablement après la mort de Gabrielle,  les "mariages ratés" du Roi avec ses favorites, et qu'à côté de la blonde Gabrielle se trouve non pas sa sœur,  mais la brune Henriette,  qui va lui succéder comme favorite du Roi. Le geste du pincement du sein est généralement interprété non pas comme érotique mais comme un symbole de maternité. Gabrielle et Henriette ont toutes deux connu des grossesses tragiques, les empêchant, l'une après l'autre de se marier avec le Roi. Dernier indice concordant : Gabrielle tient dans sa main un anneau nuptial. Il existe à Florence, dans la ville des Médicis, un tableau un peu analogue, encore plus explicite,  sur lequel la blonde transmet à la brune un anneau non matérialisé.

 

 

09:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)

30/09/2007

Persépolis

Persépolis

 

 

De Marjane Satrapi

 

 

(Le livre)

 

 

Editions : "l'association"

 

 

 

J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le bien que je pense du film, qui retrace, avec humour, la vie d'une petite fille qui devient jeune femme, dans l'Iran de la "révolution" islamique et en exil en Autriche.

 

Prix spécial du Jury à Cannes, il a été sélectionné pour le prochain Oscar du meilleur film étranger.

 

Film transposé d'une Bande dessinée, j'ai eu envie de lire celle-ci.

 

Comme souvent, il y a plus de choses dans le livre que dans le film.

 

L'écriture permet de pouvoir revenir sur les dialogues ou les situations.

 

Mais dans la BD, il n'y a pas les voix du film, en particulier celle de Danielle Darrieux qui incarne, à merveille, la grand-mère.

 

Autre inconvénient : la réédition reprend les quatre albums qui ont servi de base au film, ce qui en fait un gros livre un peu coûteux : 33 euros.

 

Alors BD ou DVD ?

Les deux pour ceux qui ont les moyens...

 

09:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3)

29/09/2007

Dissolution

Dissolution

 

 

C.J. Sansom

 

 

Editions : Belfond

 

 

1537 : Sud de l'Angleterre

 

 

 

Thomas Cromwell (ancien lien avec Oliver Cromwell qui un siècle plus tard fera décapiter le Roi Charles 1er) est le "Garde des sceaux", et le principal conseiller religieux d'Henri VIII qui vient d'être excommunié pour avoir divorcé de Catherine d'Aragon sans la permission du Pape.

 

Nouvel épisode de la lutte entre Rois (ou Empereurs) et Papes, Henri VIII a décidé de se séparer de Rome, et de se proclamer chef de l'Eglise d'Angleterre.

 

Comme il a besoin d'argent et qu'il ne veut pas dépendre du Parlement, il charge Thomas de confisquer les biens des monastères, et de récupérer la "dîme" perçue par les religieux.

 

Comme cela sera le cas au moment de la Révolution française, avec la vente des biens de l'Eglise en "biens nationaux", et dans l'Allemagne "réformée", ces ventes à prix bradés profitent à de nouvelles classes montantes sur lesquelles s'appuie le pouvoir.

 

Tout cela au nom d'intentions religieuses louables : dire la messe non pas en latin mais dans la langue des fidèles, remettre en cause l'existence du purgatoire, prétexte à la vente d'"indulgences", remettre en cause l'adoration des reliques, réelles ou supposées, et plus généralement l'obscurantisme, mettre fin au relâchement et aux dérives de la vie monastique (voir les notes sur "Les piliers de la terre", "Le complot des Franciscains", et "Monestarium").

 

Le héros du roman est envoyé par Thomas Cromwell dans un couvent de Bénédictins, avec l'arrière pensée de le "dissoudre" (d'où le titre) et de confisquer ses biens, officiellement pour enquêter sur le meurtre de l'envoyé précédent. Pendant l'enquête les meurtres se multiplient et s'accélèrent. La fin est inattendue et le suspens dure jusqu'à la fin du roman.

 

Comme le remarque le héros, Cromwell, dont il est un des protégés, profite largement, financièrement,  des ces "dissolutions" de monastères. Mais ce n'est pas pour cela qu'il sera décapité trois ans plus tard : voulant affermir l'alliance d'Henri VIII avec les protestants allemands, il a organisé le mariage du Roi avec Anne de Clèves, et cette union sera une catastrophe totale, que Thomas Cromwell paiera donc de sa vie !

 

 

Quelques citations tirées du roman :

 

"Que font les femmes sur terre, sinon tenter les hommes ?" (C'est un moine qui parle)

 

"L'art doit résoudre les mystères du monde au lieu de les occulter davantage" ;

 

"La Bible dit que Dieu a fait l'Homme à son image, mais je pense que nous Le faisons, et Le refaisons à l'image qui correspond à nos besoins du moment" (Ce qui peut être une réponse à la question posée dans "Monestarium" : "Dieu a-t-il créé l'Homme à son image ?".

 

 

08:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3)

23/09/2007

Le rugby

Le rugby

 

 

Revue "Pouvoirs"

 

(Etudes constitutionnelles et politiques)

 

 

Editions Seuil

 

 

C'est donc au Havre que les Anglais ont réimporté, en 1872,  ce jeu dérivé de notre "soule" normande.

 

Dans un quartier que je connais bien (non Frédéric,  je n'étais pas au Havre en 1872 !), "entre la rue Augustin Normand et la rue François 1er". Enfant puis adolescent, j'y étais souvent,  puisque c'est là qu'habitaient mes grands parents paternels quand ils ont du se rendre à l'évidence : il n'y avait plus besoin de marins pêcheurs à Etretat.

 

 

C'est par un peu d'Histoire que s'ouvre cette série d'une dizaine d'articles écrits par des spécialistes du rugby qui sont, dans la vie professionnelle, professeur de droit, conseiller d'Etat, médecin, PDG...ou rugbymen.

 

 

Guy Carcassonne, ancien conseiller de Michel Rocard à Matignon, explique que, dans l'industrie comme dans le rugby,  métaphore de la société elle même, le temps de la production rationalisée, segmentée, spécialisée, taylorisée, qui "enferme la majorité dans des activités ingrates, réservant à la minorité l'ivresse de l'initiative, de la création", est remplacée par le temps de la polyvalence, de la mobilité, de la variété, de l'adaptabilité. "Nuls ne peut plus s'appuyer sur un talent et sur un savoir faire, si hauts soient-ils. Il leur en faut plusieurs." 

 

Daniel Lebetoulle, Président de la section "contentieux" du Conseil d'Etat va dans le même sens : "on ne distingue plus ceux qui déménagent le piano et ceux qui en jouent". Et, pour justifier les règles, qui doivent faire coexister l'affrontement physique avec la circulation du ballon, il explique que "le rugby n'est lui même que s'il comporte une dose suffisante de courses, passes, d'esquives, feintes nées de l'inspiration, de la fantaisie et du talent".

 

Pierre Villepreux, Directeur Technique National, Franck Eisenberg, sociologue, Patrick Tépé, médecin du sport et ostéopathe, responsable du Stade toulousain  et Franck Belot, Président du syndicat des joueurs, parlent de la professionnalisation, née du spectacle, surtout télévisé qui apporte les recettes : hausse du niveau par une formation plus poussée et permanente et une exigence, également permanente, d'entraînement physique et tactique, pour atteindre des performances toujours plus élevées liées aux exigences du spectacle : le temps de jeu effectif par match a doublé ! Et les matches se sont multipliés...

 

Le "dégât collatéral" est que,  dans le "Top 16", 40% des joueurs présentent des signes de surmenage, un joueur sur cinq est indisponible, blessé : 120 traumatismes pour 1.000 heures de rugby contre 17 pour 1.000 heures de foot.

 

Une véritable "révolution idéologique, culturelle et identitaire".

 

 

 

Citations :

 

"Chacun est tenu de se surpasser pour la bonne cause, celle de son camp, sans souci de paraître à son avantage. Reconnait-on dans un essaim un sujet plus méritant que les autres ?"

 

"Il faudra toujours souffrir ensemble, être solidaire, altruiste, être tout à tout brillant et besogneux pour gagner."

 

"L'exploit qui jaillit à la lumière est construit à partir d'un combat obscur, collectif, demandant abnégation et pugnacité."

 

"On ne fait jamais un "numéro" aux dépends de ses camarades".

 

09:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)