10/02/2008
Ma plus belle hsitoire, c'est vous (Ségolène Royal)
Ségolène Royal
Editions Grasset
Il y a eu tellement de livres, essentiellement critiques, sur Ségolène et sur sa campagne électorale, qui s'est achevée par la victoire de Sarkozy, qu'il n'est pas anormal qu'elle ait éprouvé le besoin de se justifier, un peu, et même de faire, à peine, d'autocritique.
La première partie est le relevé des coups bas dont elle a été victime, depuis la déformation de ses propos jusqu'aux attaques venant du parti dont elle était la candidate.
La deuxième partie met en lumière la complicité de Sarkozy avec les patrons de presse et d'instituts de sondages. L'addition des deux instruments étant d'une redoutable efficacité.
"J'aurais, pour ma part, voulu non pas un mais trois débats avec lui (le candidat Sarkozy) car ils auraient permis d'aller au fond des choses devant les Français."
La troisième partie parle du combat des femmes pour l'égalité, bien au delà de la campagne des présidentielles, en partant de ce constant : ce sont les femmes âgées qui ont donné la victoire à Sarkozy.
"Les femmes, plus libérales que les hommes en matière de mœurs, sont aussi celles dont la demande de sécurité est la plus forte, et s'aiguise avec l'âge qui fragilise".
Vers la fin, un mot sur ses relations avec François Hollande, en parlant à la troisième personne ("la candidate") et ce jugement plus personnel : "Je souhaite qu'il soit heureux. Il a tant de qualités. Et je l'ai aimé si longtemps, homme politique le plus brillant de sa génération".
"La seule campagne parfaite est celle du vainqueur" ;
"Le mot "revers" est préférable à celui d'"échec" (personnel) ou de "défaite" (collective). "Revers" contient une promesse de rebond, donc de victoire".
"La vérité est en marche, et c'est la marche du progrès"
Citations :
"Pourquoi un tel torrent de jugements hostiles ? Pourquoi de telles attaques personnelles ? Notamment de la part de socialistes qui ont parlé de moi comme jamais ils n'auraient osé parler d'un adversaire politique ? Leurs auteurs ont-ils eu conscience qu'ils ne se grandissaient pas en s'évertuant à m'abaisser ?"
"C'est vrai qu'un candidat désigné par un petit conclave, cela représente des avantages et n'offre pas de surprises. Désolée, ce n'est pas ma culture politique" ;
" Les gens ne veulent plus être assujettis, voilà la vérité. Ils veulent être vraiment consultés et que leur parole soit respectée."
"Personne n'a eu suffisamment de sagesse et de force de caractère pour dépasser les divisions, les amertumes, les blessures de l'ego afin de créer l'union sans laquelle aucune victoire n'est possible" ;
"L'humanité, je le crois, se divise en deux. Ceux qui détournent les yeux face à l'injustice. Et ceux qui disent : la souffrance des autres me regardent, toujours, par principe". Je reste, à jamais, dans cette seconde catégorie."
"Je ne puis croire qu'il faille tout asservir au but que l'on poursuit. Il est des moyens qui ne s'excusent pas" Albert Camus
"Vous vous battrez dos au mur. Il vous faudra du courage, et sans cesse recommencer." François Mitterrand
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20/01/2008
La reine du monde
Patrick Cauvin
Livre de poche (policier) n°3716
"Paris ne me retient pas. J'ai senti qu'il me chassait, je le quitte.Les vraies causes des grands choix sont toujours aléatoires et anodines".
Le héros part donc pour l'Afrique...où il fait fortune comme grand exploitant agricole.
Mais si l'Afrique est un continent d'opportunités pour gagner de l'argent, c'est également une terre à problèmes, dont le premier : les guerres internes pour le pouvoir, avec la contribution occulte, mais active, de pays riches et puissants ("la plupart des pays occidentaux offrent aide et assistance à des gens qui ont érigé le pouvoir politique en entreprise de gangstérisme."Pourquoi ? " Tout cela vient d'une idée qui traîne depuis des siècles dans la tête des politiques : il faut toujours être présent dans les endroits chauds". "Les forces révolutionnaires n'ont pas de culture démocratique. Il en résulte une gangstérisassion des sphères du pouvoir, une fusion du judiciaire, du politique et de l'écononomique, et un effacement du parlementaire instauré pour la galerie. Et qui dit gangstérisassion, dit lutte des gangs, facilité et exacerbée par les conflits traditionnels des ethnies". "Les conflits ethniques et religieux n'étaient qu'un prétexte secondaire fourni aux exécutants, une sorte de justification incantatoire à l'usage des tueurs salariés. On allait pas leur faire écrire sur les murs le nombre de milliards de $ qui allaient changer de mains en cas de victoire". Remarque personnelle : voir ce qui se passe au Kenya.)
En se souvenant du Rwanda, on ne peut pas donner tort à Cauvin quand il épingle les "casques bleus" et qu'il écrit :
"L'habileté suprême est d'intervenir trop tard. Pour cela on peut compter sur le savoir faire des fonctionnaires internationaux, grands spécialistes en obstacles de toutes sortes" et "les casques bleus sont bien les carabiniers de l'Histoire : des régiments de fossoyeurs, les croque-morts d'après les batailles".
Mais, même s'il assène quelques vérités dérangeantes, ce livre est d'abord un roman (avec de l'Amour et des aventures) !
Extraits :"Pas une ligne ne vaut un orgasme, même pas un livre entier".
"L'Afrique a sauté son passage à l'Histoire. Directement elle est passée du monde immobile et répétitif des saisons à celui, exacerbé, du crime. Ce continent a basculé, ivre d'une apparente et factice liberté, entre les bras des plus forts. Marx l'a répété : l'idéologie dominante est celle de la classe dominante. Il en découle que le modèle offert aux générations à venir est celui des assassins."
"Nous n'avons plus la latitude de choisir entre le Bien et le Mal, mais entre le mal et le moindre mal".
"Pour supporter cette trahison, il avait sombré dans la sagesse, dans l'ironie désabusée de ceux qui ne croient plus en rien car tout les a déçus."
07:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3)
14/01/2008
de François à Ségolène
François Rebsamen
Fayard
François Rebsamen est le n°2 du PS, et il était le directeur de campagne de Ségolène.
Dans mon esprit, et probablement dans celui de beaucoup de militants, il était le garant de la bonne coordination entre le parti et sa candidate (en plus des relations, que nous pensions bonnes, entre la candidate et le 1er Secrétaire).
Beaucoup de livres sur la campagne présidentielle, dont nous avons rendu compte, ont souligné les dissonances entre le parti et la candidate. Le moins que l'on puisse dire est que, du point de vue des explications de ce raté, le livre est décevant.
Il y a, quand même, un mea culpa : "mon obsession était de bien scander le rythme de la campagne, et je n'y suis pas arrivé".
Il est dommage que son obsession n'ait pas été de mettre au diapason le parti et l'équipe de la candidate...
L'auteur revient longuement sur la période Jospin et une impression domine à la lecture du livre : Rebsamen a hâte de voir disparaitre la "génération Jospin" (et plus encore la génération des mitterrandistes historiques qu'il accuse d'accaparer les "bonnes" circonscriptions de gauche depuis les années 70), de façon à ce que celles-ci laissent, enfin, la place à des gens comme lui qui n'ont pas encore été ministres.
Comme perspective d'avenir : construire un parti de toute la gauche.
Citations :
"Au PS, pour accrocher le regard des médias, il faut être contre ce qui se fait collectivement".
"Un Premier Secrétaire doit faire preuve d'autorité, et ne pas craindre de remettre son mandat en jeu."
"Fonctionner avec des gens qui ont des ego surdimensionnés et sont flanqués de camarades qui n'ont aucun sens collectif, c'est un métier de chien".
"Nous étions peu nombreux à nous pencher sur ce qui se passait dans les autres partis socialistes européens, comme d'habitude. Les socialistes français sont un peu hexagonaux et suffisants."
"Notre principale lacune est de ne pas avoir une conception claire de notre combat contre la droite."
"Il ne faut pas avoir 36 idées pour gagner une élection, mais deux ou trois, ciblées, fortes".
"Il y a chez Ségolène une particularité étonnante : elle se met toujours en situation périlleuse pour mieux franchir l'obstacle".
"La fiscalité n'est pas un but en soi, mais un moyen pour mettre en œuvre une politique."
"Le socialisme n'est pas l'individualisme, mais l'attention à l'individu".
"A un moment, il faut bien affirmer une volonté politique. Il ne suffit pas d'être brillant et fin". (à propos de François Hollande)
08:25 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)
12/01/2008
L'homme sans qualités
Robert Musil
"Points"
Dans une biographie de Lionel Jospin, celui-ci racontait que ce livre avait été marquant pour sa jeunesse. Cela m ' a incité à le lire.
Au dos de la couverture, Thomas Mann qualifie le livre d ' "étincelant", et parle de "comédie épique", d ' "ironie", d ' "intelligence".
Le livre, surtout la première partie, raconte la marche vers la guerre (celle de 14), et vers son éclatement, de l ' Empire austro-hongrois, à travers les yeux d ' une bourgeoisie oisive.
Comme l ' écrit l ' auteur dans ses "grandes lignes de la construction" : "la peinture immanente de l ' époque qui a conduit à la catastrophe doit former le vrai corps du récit, le contexte auquel il faut toujours se référer. Tous les problèmes tels que recherche de l ' ordre et de la conviction sont aussi des problèmes de l ' époque et doivent être décrits comme tels".
Malheureusement, il y en a deux mille pages (en format "poche"), et j ' ai bien eu peur de ne jamais parvenir à le terminer.
Si Musil vivait encore, je crains qu ' il ne soit encore en train d ' en rajouter, encore et encore.
Musil avait une formation d'officier, d'ingénieur, et de philosophe. J'ai eu parfois l'impression qu'il cherchait à appliquer à la littérature le principe du mouvement perpétuel...
Extraits : "L ' homme sans qualités est contre l ' action : c ' est un homme que ne satisfait aucune des solutions présentes". "Les hommes sont toujours infiniment heureux qu ' on les laisse dans l ' incapacité de réaliser leurs idées". "La politique réaliste, c ' est le contraire de ce qu ' on aimerait faire". "La fidélité, limitée à une femme, sent un peu la mesquinerie". - "La diplomatie admet qu ' un ordre sûr ne peut être atteint qu ' en utilisant le goût du mensonge, la lâcheté, le cannibalisme, en un mot, les solides bassesses humaines - Vous confondez la politique avec l ' intrigue". "Il faut avoir de l ' influence tout court, avant de pouvoir en avoir une bonne". "On ne peut exiger de la vie, lorsqu ' elle est intense, qu ' elle soit facile". "L ' un des principes essentiels de l ' art de la guerre est d ' être renseigné sur les forces de l ' adversaire". "Les âmes s ' unissent quand les lèvres se séparent". "Il y a beaucoup de choses incompréhensibles, mais il suffit de chanter son hymne national pour ne plus les sentir". "Nous sommes nés pour nous créer nous mêmes notre royaume" "L ' évolution historique ne s ' est jamais accomplie par une organisation planifiée des idées". "La beauté et la bonté des Hommes proviennent de ce qu ' ils croient, et non point de ce qu ' ils savent." "Les êtres qui se vantent de comprendre et d ' expliquer le monde sont à jamais incapables d ' y rien changer." "A l ' origine, l ' amour est un simple désir de rapprochement, l ' association d ' une excitation épidermique". "Le désir de posséder un être si exclusivement qu ' aucun autre ne puisse en approcher, est un signe de solitude personnelle au sein de la communauté humaine". "Chacun fait de l ' autre la poupée avec laquelle il a joué dans ses rêves d ' amour". "La vie est une perpétuelle oscillation entre le désir et la satiété". "C ' est l ' imagination qui provoque les excitations physiques vraiment considérables". "Seuls sont heureux les convaincus."08:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (4)
02/01/2008
Bonnes résolutions de début d'année
Que vient faire ce livre sur ce blog ?
Il y est non pas pour donner des conseils conjugaux, mais parce qu ' il s ' agit d ' un livre de sociologie, qui parle de notre société ("si agressive et si éprouvante"), et de la place faite à la femme dans celle-ci, avec, pour les couples, "cette injonction contradictoire : l ' égalité parfaite entre les hommes et les femmes, et la créativité individuelle, loin des inacceptables rôles imposés".
Il y est parce que la conclusion que j ' en ai tiré (mais j ' étais déjà convaincu) est que l ' égalité doit se faire dans la diversité. Nous sommes égaux mais différents et, pour vivre ensemble, il nous faut accepter ces différences. Non pas parce que nous viendrions de Mars ou de Vénus, car "une large part de ce qui nous irrite n ' est pas déterminé sexuellement", même si "nous avons une mémoire historique sexuellement différenciée". Mais parce que nous sommes tous différents, et que nos différences produisent des dissonances. "Nous nous irritons aussi tout seuls !". Le tout, pas toujours facile, est de faire des agacements, nés des dissonances, des instruments positifs utiles à l ' action.
Extraits :
"Le foyer conjugal est le lieu où chacun peut enfin s ' abandonner. Le conjoint serait-il devenu la dernière personne digne d ' être séduite ?"
"Les objets familiers ne sont pas un simple décor. Ils portent et structurent la personne au plus profond d ' elle même."
"Le couple est une danse qui, pour le pire et le meilleur, marie continuellement les contraires".
"L ' idée de compromis présuppose que l ' individu reste lui même, inchangé tout en acceptant des concessions".
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