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22/11/2007

Afrique et expérimentation de médicaments

Le numéro 7

 

 

Martin Winckler

 

 

Editions : Le cherche midi

 

Collection Néo

 

 

Comme beaucoup, j'ai découvert Martin Winckler à l'occasion de "La maladie de Sachs", prix du "livre Inter" 1998, réédité dans la collection "Folio" et ayant donné lieu à une adaptation cinématographique.

 

Je ne sais pas si Martin Winckler exerce toujours la médecine, mais il écrit, beaucoup et assez bien, et ses romans, tendance "policiers", dénoncent sans relâche le mauvais mariage entre la recherche médicale et les profits : "Touche pas à mes deux seins", "Mort in vitro",  "Les trois médecins", "Camisoles", pour ne citer que ceux que j'ai lus.

 

Il n'est pas surprenant que cela l'ait amené à écrire un roman policier qui fasse directement allusion aux expérimentations médicales en Afrique.

 

John Le Carré l'a fait avant lui dans "La constance du jardinier" (adapté au cinéma).

 

Comme Martin Winckler est également un passionné de séries télévisées anciennes, ce roman s'inspire de la série "Le prisonnier", dont je n'ai pas beaucoup de souvenirs, car, à l'époque, je n'avais pas la télévision. C'était en noir et blanc, il y a moins d'un demi siècle...

 

 

 

 

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17/11/2007

La modiste de la Reine

La modiste de la reine

 

 

Catherine Guennec

 

 

Editions Jean-Claude Lattès

 

 

 

Abbeville 1747 / Epinay-lès-Saint-Denis (aujourd'hui Epinay-sur-Seine) 1813

 

 

Un retour en arrière un peu plus léger après "le boucher des Hurlus".

 

Plus léger (la mode) même si un monde alors s'écroule,  sans que les victimes n'y comprennent rien.

 

 

Ce roman se présente comme le journal de Rose Bertin, née en Picardie, "montée" à Paris comme couturière et qui y fait fortune, en passant, après "deux heures de carrosse et sept années de patience",  de Paris à Versailles ("ce n'était pas un château, c'était une ville"),  comme "ministre de la mode" de Marie-Antoinette, Dauphine puis Reine.

 

 

"L'essentiel de la vie de Cour : se montrer assidûment, être là, toujours là et travailler à se faire remarquer" (Les choses n'ont pas beaucoup changé. Ne se seraient-elles multipliées pas ?) ;

 

"A part s'ennuyer, mendier des faveurs et médire les uns des autres, leur occupation favorite était de se faire remarquer, de plaire. Aussi, avaient-ils l'ambition d'être "bien mis" et au goût du jour, pour tenir leur rang. Une des rares vertus qu'une marchande de mode pouvait leur trouver", mais très vite, "le château est un pays mort.  Trop de vieilles gens, pas assez de marmots, hormis les enfants royaux", "on ne dira jamais assez la responsabilité des nobles sans noblesse".

 

Elle défend son travail et le rôle de la Reine d'ambassadrice de la mode française et de l'industrie du luxe dont la réputation perdure aujourd'hui dans le monde entier, mais elle reconnaît qu'en 1788 "le pays crevait de faim".

 

 

A travers la couturière-modiste, l'auteur ne cache pas son affection pour Marie-Antoinette :

 

"Elle plaisait comme elle respirait" (c'était au début...), même si elle reconnait que " la seule pensée d'ouvrir un livre lui donnait la migraine" ;

 

"La vérité, c'est que l'on ne passe rien aux têtes qui sortent du lot",  et le Roi "mangeait comme d'autres boivent. Pour oublier".

 

 

Elle considère l'année 1793,  avec quelques raisons, comme "un année maudite", surtout pour la famille royale : 21 janvier : exécution de Louis XVI, 16 octobre : exécution de Marie-Antoinette. Pour les autres : Première coalition contre la France, soulèvement de la Vendée, le général Dumouriez qui passe à l'ennemi, Toulon livré aux Anglais par les royalistes, création du Tribunal révolutionnaire, massacres de contre-révolutionnaires,  dont les Girondins...

 

 

Citations tirées du livre :

 

"Le malheur invisible n'existe pas pour les imbéciles" ;

 

"Le souvenir de l'Amour, c'est toujours de l'Amour".

 

 

J'ai appris dans ce livre que la coutume de la robe de mariée blanche ne date que du Consulat.

 

 

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11/11/2007

11 novembre

Le boucher des Hurlus

 

 

Jean Amila

 

 

Folio policier n°190

 

 

 

Les lectrices et lecteurs régulier(e)s de ce blog ont probablement remarqué que chaque samedi, depuis septembre, dans l'ordre chronologique, je parle d'un roman "historique".

 

Cette semaine, je m'autorise une double exception, en raison du 11 novembre :

 

- ce n'est pas samedi, c'est dimanche

 

- je "saute", provisoirement,  quelques romans, se passant au temps de Louis XVI, de Napoléon, de la "Monarchie de Juillet", programmés pour les prochains samedis, afin de parler de la guerre de 14/18, la préférée de Georges Brassens.

 

 

Jean Amila est le pseudonyme d'un auteur de romans policiers de la  "Série noire", orphelin d'un de ces mutins fusillés en 1917, et dont la mémoire a été réhabilitée par Lionel Jospin quand il était Premier ministre.

 

Comme l'auteur l'écrit dans sa préface : " écrire, c'est revendiquer une place pour l'Homme dans l'univers, c'est revenir sur l'Histoire pour l'éclairer et lui donner un sens".

 

 

Ce roman policier n'est pas une enquête sur un meurtre, ce qui n'empêche pas le suspens : ces quatre gamins, placés en "institution", orphelins de mutins fusillés, qui veulent, à la fin de 1918, voir sur place les champs d'horreur de l'Est de la France, en particulier "les Hurlus" où furent envoyés se faire tuer des centaines d'hommes à l'assaut des tranchées ennemies, provoquant des mutineries (ils auraient également pu aller dans la Somme ou le Pas-de-Calais), vont-ils réussir à venger leurs pères et à tuer "le boucher des Hurlus", ce général, semblable à tant d'autres, couverts de médailles, qui n'hésitaient pas à envoyer leurs hommes à la mort, risquant, au pire, en cas d'échecs répétés,  d'être envoyés  à Limoges, loin du front ("limogés") ?

 

Le "boucher des Hurlus" va-t-il mourir tranquillement dans son lit, comme ses congénères ?

 

 

Sur le rôle des généraux français pendant la Première guerre mondiale, lire également le livre de l'historien Pierre Miquel : "Le gâchis des généraux " aux éditions Plon, et sur les mutins de 1917 l'émouvant : "Un long dimanche de fiançailles", en livre ou en film.

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10/11/2007

L'impasse, de Jospin

L'impasse Lionel Jospin Editions Flammarion Lionel Jospin a-t-il encore le droit d'intervenir dans le débat politique interne au PS ? Probablement, mais il faut bien constater que cela passe mal. Je n'ai pas été choqué, ni encore moins surpris,  par sa déclaration le soir de son élimination au 1er tour de l'élection présidentielle : elle ressemblait à l'homme qu'il est : l'Elysée ou l'île de Ré... "On est pas obligé, face à l'échec de poursuivre sa carrière". Quand il a annoncé qu'il quittait la politique, il n'a pas dit "définitivement", et de nombreux candidats aux dernières législatives ont encore fait appel à lui. A-t-il le droit de critiquer la campagne menée par notre candidate, alors qu'il est très mesuré dans sa propre autocritique ? Il a raison de dire qu'il a été battu par la multiplication des candidat(e)s de gauche : c'est une évidence arithmétique. Il pourrait, à juste titre,  faire remarquer que les côtes de popularité des Premiers ministres fondent très vite : voir Fillon et avant lui Raffarin et De Clairstream (ce n'est pas son vrai nom, mais vous le reconnaitrez sans doute !). Il aurait pu noter que cinq ans, c'est un record, mais cela reviendrait à reconnaître qu'il s'est peut-être trompé en voulant aller au bout de son mandat. Et dans ce livre Lionel voit mieux les erreurs de Ségolène que les siennes, ce qui plombe la démonstration. (La paille et la poutre...) Il y a quelques critiques sur la personne, "figure seconde de la vie publique" qui n'a pas, selon lui,  "les qualités humaines ni les capacités politiques" : "Elle avait rejeté les armes classiques du combat politique parce qu'elle ne les possédait pas. Celles qu'elle détenait ne pouvaient nous conduire à la victoire" ; Et ce reproche,  inexcusable : "entre François Mitterrand et elle, l'histoire des socialistes devait disparaître". Il y a surtout des critiques sur le fond : "On présente comme moderne et novatrice une démarche archaïsante et régressive" ; " Les diverses annonces sont conçues pour focaliser l'attention, pour provoquer une adhésion immédiate, généralement attestée par un sondage. Elles sont assez décalées par rapport aux références classiques de la gauche. Elles relèvent plus de l'art de communiquer que de celui de gouverner" ; Mais il y a également des remarques qui restent valables pour de futures échéances, proches, dans le temps et dans l'espace : "On gagne sur les fondamentaux et non sur les écarts" ; "La mission fondamentale d'un parti est de faire ensemble de la politique" ; "Au lieu de porter sur les idées et les projets, les échanges au PS ont été dominés par les spéculations sur les candidatures potentielles" ; "Au prétexte de nous garantir la victoire, on nous a pressés de faire bon marché d'un certain nombre de principes" ; "Je n'ignore pas ce que les partis politiques peuvent receler de jeux tactiques éprouvants et de motivations parfois médiocres" ; "Le désir de changement est un atout pour qui sait le capter : il faut présenter et incarner une alternative crédible" ; "Tout se joue sur la crédibilité" ; "Le Parti socialiste est resté traversé de divisions et de rancœurs. La dynamique politique, jusque là favorable au PS a été cassée." "Le PS, principale formation de l'opposition, reste la seule force autour de laquelle peut se concevoir une alternance" ; "Une campagne électorale est une épreuve intellectuelle et physique. Qui l'affronte mérite de la considération" ;

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03/11/2007

un combat pour l'intelligence

Sophie la libertine

 

 

(Die Philosophin : la philosophe)

 

 

Peter Prange

 

 

Editions du Rocher

 

 

Paris 1740 / 1794

 

 

Le titre français, nettement plus "accrocheur" que le titre original allemand, a probablement été choisi pour attirer les lecteurs. Sophie est "libertine" d'abord et essentiellement au sens philosophique du terme (voir "Les fêtes galantes", le billet de samedi dernier),  et les amateurs d'histoires croustillantes seront déçus,  car ce roman se veut d'abord le roman de la création de l'Encyclopédie, cette prodigieuse volonté de rassembler, et de publier,  toutes les connaissances de l'époque ("Sans l'idée de tout, plus de philosophie" Denis Diderot) : probablement l'entreprise d'édition la plus importante depuis l'invention de l'imprimerie : 17 volumes de textes + 11 volumes de planches publiés de 1747 à 1772, même si chez les Arabes et en Chine des entreprises d'ampleur comparable avaient été menées à bien.

 

Entreprise menée dans un combat sans relâche entre le parti des dévots, emmené par la Reine, contre les "philosophes", qui voudraient trouver le bonheur ici bas,  protégés par Madame de Pompadour,  et Malesherbes ("Garde des sceaux"). "Donner aux hommes le savoir revient à leur conférer le pouvoir de disposer de leur propre vie".

 

Arbitrage difficile pour le Roi, de droit divin, puisqu'il s'agit de "placer la liberté de penser au dessus de la liberté pour l'Etat de se défendre de ses ennemis".

 

Devait-il censurer ou considérer que "ce sont les désordres qui provoquent les dérèglements dans les écrits, et non les écrits qui provoquent les désordres" ?

 

Avec cette Encyclopédie, "la raison et l'expérience ont pris la place de la Révélation divine comme source de toute connaissance".

 

L'éclairage n'est plus la foi révélée et les dogmes mais l'investigation empirique et la raison. Les recherches et les analyses pour penser par soi même, plutôt que les prières.

 

On comprendra que les Jésuites supportaient mal ce désir d'éliminer "tout ce qui entrave le libre esprit,  osant penser par lui même,  et n'acceptant que ce qui lui est prouvé par l'expérience et la raison" et considérait, bien avant que nous entendions parler d'islamisme militant que "de l'ardeur religieuse à la barbarie, il n'y a qu'un pas".

 

Mais les accusations contre les Jésuites (blasphèmes, mensonges, magie noire, pédérastie) conduisant à la confiscation de leurs biens, ressemblent beaucoup à ce qui est arrivé aux Templiers quelques siècles plus tôt.

 

 

L'histoire est racontée à travers la vie, totalement imaginée, de Sophie Volland, dont les historiens connaissent l'existence, mais pas beaucoup plus,  par le testament de Denis Diderot.

 

Dans ce roman,  Sophie, qui ose être philosophe dans un monde où règne la misogynie, même parmi les philosophes, épouse le Lieutenant général de police Sartine (bien moins sympathique que dans les livres de Jean-François Parot,  dans lesquels il raconte les aventures du Commissaire Nicolas Le Floch), a un fils, adultérin, avec Diderot,  dont elle est amoureuse, mais qui ne veut pas quitter sa femme et ses enfants,  et devient la maîtresse du responsable de la censure, Malesherbes.

 

 

A noter, pour les Airoises et Airois, la description de la coutume du lancer de saucisses (de l'andouille ?), depuis le premier étage de l'hôtel de ville de Paris, à la Saint Jean.

 

 

Quelques citations tirées du livre, certaines étant de Diderot :

 

 

"La vie est trop courte pour la gaspiller à des choses que nous ne pouvons pas changer. Nous devrions,  en revanche, nous consacrer de toutes nos forces à des tâches pour lesquelles il nous reste le pouvoir d'agir" ;

 

"La politique n'est rien d'autre que l'art de distinguer ses amis de ses ennemis" ;

 

" La politique est la poursuite de la danse par d'autres moyens" ;

 

"Les hommes ne garderont de motifs de vivre que s'ils gardent la foi en un avenir meilleur" ;

 

"Je ne sais pas si je me plairai au ciel : j'ai bien peur de n'y retrouver que fort peu de mes connaissances" ;

 

"Seul l'argent que l'on possède est l'instrument de la liberté. Celui que l'on recherche est l'instrument de la servitude" ;

 

"L'amour n'existe qu'en fonction de l'imagination" ;

 

"Une femme est comme une table richement servie. La différence est grande selon qu'on la contemple avant ou après le repas".

 

08:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (12)